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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944

LES BASES DU MONDE NOUVEAU 16 - L'ÉVOLUTION

LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

16 - L'ÉVOLUTION


16. Ceux qui comprennent le Plan travaillent pour l'évolution. La conjoncture de guerre actuelle offre, semble-t-il, d'immenses possibilités pour aller de l'avant. Quelle sera pour nous la meilleure façon de collaborer avec la Compagnie des Hommes Justes rendus Parfaits qui dirigent les forces évolutives.
Il est des périodes dans l'histoire du monde où l'on se trouve à une croisée de chemins. L'accomplissement loyal du devoir signifie alors un pas en avant sur le chemin ascendant alors que la défaillance dans l'accomplissement du devoir signifie un pas engagé sur le chemin descendant. Le monde se trouve aujourd'hui à une croisée de chemins. Et le pas décisif qui va être entrepris décidera de l'orientation progressive ou régressive, ascendante ou descendante, de la civilisation occidentale (37).


LA MENTALITÉ DU CHASSEUR


Le perpétuel esprit de compétition qui caractérise l'ensemble de la civilisation de cette cinquième sous-race, cet esprit de compétition auquel nos enfants mêmes sont entrainés dès l'école, l'antagonisme qui [174] dresse les êtres les uns contre les autres, tout cela doit être changé. Nous devons apprendre aux enfants que la force de caractère et la force corporelle ne leur sont données que pour qu'ils puissent venir en aide aux faibles et pour qu'ils puissent servir. C'est cela l'idée de la prochaine sous-race et de la prochaine race (111).
L'homme est un agent permanent de destruction, soit qu'il mène la guerre contre ses semblables, soit qu'il détruise les animaux inférieurs. Il tue, enfin, de toutes les manières possibles. Il a réussi à développer en lui cette particularité unique, on est heureux de le reconnaitre, car aucun animal sauvage n'en est affligé – de tuer pour le seul plaisir de tuer.
Ce que nous appelons la "chasse" consiste à aller tuer délibérément et l'idéal du plaisir dans ce jeu est d'assassiner le faible. L'homme ne semble pas avoir réussi à inculquer à l'animal cette marque ultime de bestialité ; l'animal ne chasse que lorsqu'il a faim. L'homme peut lui apprendre à chasser pour lui en l'affamant et en utilisant ensuite, pour son propre bénéfice, les effets de la faim sur l'animal. Mais il n'a pas réussi à le dégrader davantage. Une malheureuse exception doit cependant être faite en ce qui concerne l'animal que l'homme a le plus domestiqué : le chien. Ces animaux qui donnent tant de promesses par le développement de leur loyauté, de leur fidélité et de leur affection, ont appris de l'homme le plaisir de tuer pour tuer. Un foxterrier, me dit-on, prend autant plaisir à la brutale chasse aux rats ou à tout autre animal que son maitre lui-même ; les chiens domestiques tuent pour le plaisir de tuer. C'est ainsi que l'on a détruit le sens moral chez tous les chiens de chasse. Il est curieux de constater que le gout de tuer pour le plaisir semble se développer en même [175] temps que ce que nous appelions la civilisation. Les sauvages du type le plus bas ne tuent que pour se procurer des aliments, mais il semble qu'au fur et à mesure qu'ils développent leur esprit, ils commencent à chasser pour le plaisir de chasser. Ce gout de la chasse sans cesse accru a atteint chez l'Anglais du XIXe siècle le degré extrême de la bassesse dans ce que l'on nomme la "battue".
L'oppression sous laquelle vivent les animaux et la cruauté manifestée envers eux ont, au cours de milliers d'années, créé un courant magnétique humain tel que les animaux fuient l'ambiance de l'homme. Ils fuient même l'homme qui, entre tous les autres, pourrait les aimer et ce n'est que par un long processus d'amitié que ce dernier peut arriver à leur faire comprendre qu'il est leur ami et qu'il les aime. Alors, lentement, le vieil antagonisme disparait.


IL FAUT RÉPANDRE LA PAIX ET LA COMPASSION


Cet état d'esprit amical que l'on trouve chez quelques individus de notre race pourrait devenir – et deviendra – commun à tous. Bien qu'un désir passager soit insuffisant pour nous débarrasser des tendances acquises au cours de milliers de siècles nous pouvons cependant commencer à les affaiblir en acceptant de bon gré la place que nous occupons dans la Nature et en décidant de nous y maintenir ; en comprenant que nous devrions être des messagers de paix et non des fauteurs de guerre, que nous devrions favoriser l'avènement d'une vie plus élevée et non celui de la Mort ; en comprenant aussi que l'insouciance est un crime et que lorsque nous empêchons ou que nous [176] retardons l'évolution, nous nous dressons contre la loi de Dieu. Toute personne qui reconnait cela et qui agit en conséquence fait du moins ce qui est en son pouvoir pour répandre la paix et la compassion sur la terre et pour hâter l'avènement d'une époque où nous travaillerons tous en commun pour le bien de la collectivité. L'action isolée contribue à faire dériver le courant de l'opinion publique et à le diriger vers la bonne voie. L'acceptation volontaire de la loi de l'Amour, ne fût-ce que par quelques centaines de personnes, rendrait sensible une appréciable différence. Les membres de la Société théosophique, eux, devraient accomplir au moins cet évident devoir et éviter de dire des platitudes sur la Fraternité tout en négligeant sa réalité.
… Un homme qui tenterait d'aider l'évolution ne détruirait pas ce qui, dans un arbre, est comparativement permanent. Il utiliserait pour soutenir sa propre vie celles des parties de l'arbre qui se renouvèlent continuellement. Il ne devrait jamais non plus, que ce soit par insouciance ou par indifférence, ou parce qu'il n'a pas le sens de son devoir en tant que force consciente de la Nature, commettre des actes destructifs inutiles.
Le fait que tant de gens, lorsqu'ils se trouvent à la campagne, agissent comme des agents de destruction peut sembler minime ; il a pourtant son importance : ils coupent des fleurs dont ils n'ont pas besoin et les jettent ensuite ; ils étêtent les autres au passage. Ils satisfont ainsi leur désir d'infliger à ces formes inférieures de la conscience gêne et souffrance. On répondra à la légère que les fleurs n'ont pas de sens ; mais le fait est, pourtant, que ces actes leur causent une souffrance vague, qui est inutile et qui ne leur est infligée que par oisiveté et insouciance. Ces choses [177] vivantes auraient pu continuer à jouir de l'air, de la pluie, du soleil, au lieu de ressentir cette sensation lourde de la souffrance et, par ces torts minimes, l'homme augmente sans nécessité le côté sombre et malheureux de la nature. Ne peut-on se promener dans la campagne en se réjouissant simplement du spectacle de sa beauté et sans laisser derrière soi des traces de son passage ? Pourquoi faut-il que l'on puisse déceler le passage des hommes à travers champs et forêts en suivant la trace des destructions qu'ils ont commises sur leur chemin, par les arbustes qu'ils ont brisés, par les fleurs qu'ils ont cueillies et jetées ensuite sur le chemin poussiéreux où elles achèvent d'exhaler leur vie ? Pourquoi font-ils le mal et non le bien, pourquoi détruisent-ils au lieu d'améliorer la vie, démontrant ainsi qu'ils n'ont pas compris ce que l'homme est à la nature et combien plus rapide pourrait être le cours de l'évolution s'ils étaient des amis et des soutiens plutôt que des forces de destruction.


L'ÉDUCATION DES ENFANTS


… Cette attitude amicale et utile envers la nature deviendrait une habitude si les enfants y étaient entrainés ; cette attitude serait d'ailleurs pour l'enfant une source de joies continuelles. Si nous enseignions aux enfants quels sont leurs devoirs envers tout ce qui vit autour d'eux, si nous leur inculquions petit à petit le sens du devoir de l'homme en tant que guide et ami des animaux et des plantes, l'exercice de ce devoir leur deviendrait vite une tâche agréable et sympathique. Ils parcourraient les champs et les bois, leur attention à l'affut de tous les appels à l'aide [178] qui s'expriment silencieusement. Les choses vivantes gagneraient à leur passage, les fleurs seraient plus belles, plus délicatement colorées. Derrière les pas de ces aides de la nature, les formes jailliraient, plus belles, et le sillage de l'homme à travers les âges serait marqué par une beauté glorieuse ; ce serait le sillage d'un Dieu créateur et non une piste noircie par le sang et par le feu.
Il est évident que le devoir de l'homme est d'aider les animaux tels que le chien, le cheval, l'éléphant, etc., à évoluer et à sortir du règne animal. Il ne peut y parvenir qu'en extirpant d'eux les mauvais instincts que lui-même leur a communiqués dans le passé et en suscitant en eux ceux qui se rapprochent des qualités morales de l'homme. Il les aidera ainsi dans leur évolution jusqu'au point où l'individualisation leur deviendra possible.


POINT DE VUE ASTRAL


Il est tellement évident que le fait de tuer des animaux pour dévorer leur chair est un outrage à tous les sentiments humains, que l'on a presque honte d'en faire mention dans un journal qui considère l'homme comme le directeur de l'évolution. Si l'on pouvait conduire tous ceux qui mangent de la viande dans un abattoir et les faire assister à l'angoisse d'agonie des victimes terrifiées tandis qu'on les entra/ne vers l'endroit où on les tuera d'un coup de couteau ou de maillet ; si on pouvait leur faire respirer longuement l'odeur du sang dont ces établissements sont imprégnés ; si une vision astrale leur était donnée qui leur permette de voir les créatures qui se rassemblent pour jouir comme d'une fête de ces exhalaisons [179] et d'assister au spectacle de la crainte et de l'horreur des animaux massacrés lorsqu'ils arrivent dans le monde astral, d'où repartent ces courants de crainte et d'horreur qui se répandent ensuite parmi les êtres de la terre en flux constamment renouvelés et qui séparent bêtes et gens ; si l'on pouvait leur faire vivre ces expériences, du moins seraient-ils à jamais guéri du gout de la viande.
L'on peut du moins faire quelque chose qui tende à l'amélioration : le devoir de l'homme doit être clairement exprimé sous la forme d'un idéal à la réalisation duquel tous les êtres peuvent travailler dans la mesure permise par la pauvreté imaginaire de leurs forces. Ils pourraient, dès à présent, renoncer à toutes les formes de la chasse ; ils pourraient réduire au minimum la cruauté dont on fait preuve dans le massacre des animaux destinés à l'alimentation et ils pourraient – et de ceci, les femmes seraient particulièrement responsables – se refuser à utiliser comme ornements les fourrures et les plumes d'animaux tués.
Si l'on pouvait mettre fin à ces mauvaises actions, si elles étaient l'objet de la désapprobation de tous ceux dont l'esprit, est droit, les offenseurs sentiraient bientôt le poids de la réprobation publique. Ce serait là un commencement et les enfants élevés dans cette atmosphère seraient en mesure d'accomplir ce que leurs parents ne se croient pas en mesure de faire.
Ce changement doit survenir quelque jour. Le temps viendra, sur notre planète, où l'homme n'agira plus comme il l'a fait dans le passé, comme il le fait encore actuellement. Nous ne resterons pas toujours des cannibales qui se nourrissent du sang de nos frères plus faibles que nous, qui arrachent des plumes du corps d'animaux vivants ou morts pour nous en orner, qui jalonnent leur passage sur le globe de squelettes [180] et de champs ravagés. Nous évoluerons hors de ce stade de dégradation et, dans les années futures, nous vivrons en termes d'amitié avec tout ce qui nous entoure. Nous marcherons sur la terre comme les guides de l'évolution, comme les instructeurs et les soutiens des êtres dont l'intelligence est inférieure à la nôtre. En accomplissant loyalement nos devoirs nobles, nous aiderons toutes les choses vivantes à s'élever comme nous nous élèverons et nous hâterons ainsi, dans une mesure aujourd'hui encore incalculable, le progrès de l'évolution en nous débarrassant de nos mauvais instincts d'une manière qui, aujourd'hui, paraitrait ressortir du conte de fées.
… Nous pouvons retarder l'évolution ; nous ne pouvons pas l'arrêter. Il existe des pouvoirs qui oeuvrent pour l'Amour, pour la compassion, pour l'amitié universels. Ils sont plus forts que nous, dans notre aveuglement et notre ignorance et ils feront certainement leur chemin. Le temps viendra sur la terre où tout ce qui vit aimera, où chacun cherchera à faire le bien d'autrui, où personne ne craindra son voisin. Ces Forces, plus puissantes que les forces humaines, oeuvrent pour cette évolution.
Elles peuvent être, contrecarrées pour un temps car elles ne peuvent exercer de coercition sur la volonté humaine. Nous pouvons dresser sur leur chemin des obstacles, qui les retarderont. Mais comme Leur Amour est immortel et éternel, de même que Leur pouvoir, Leur oeuvre sera finalement accomplie et menée à la perfection. Notre planète fera rouler dans l'espace un monde de joie au lieu d'un monde de peines ; les formes seront belles, les couleurs splendides ; personne ne tuera pour posséder. Cela est la destinée, la destinée certaine qui est devant nous. Pourquoi, alors, ne pas l'accepter dès maintenant [181] puisque nous devrons l'accepter dans le cours des temps ? Pourquoi, en ces jours de haine, ne répandrions-nous pas la compassion autour de nous. Là où vit une âme qui reconnait les Maitres et qui murmure Leurs noms, que cette âme soit, dans son humble mesure, le reflet de Leur incommensurable compassion. Bien que ce qui est en Eux soit un océan et que ce qui est en nous ne soit, au début, qu'un mince ruisseau, que ce ruisseau répande par le monde son pouvoir fertilisant, et ceci jusqu'à ce que le désert du monde se réjouisse et s'épanouisse comme la rose (42).

 

NOUS DEVONS


… poser les fondements d'une civilisation dont la clé sera la Fraternité, non seulement la Fraternité de l'homme, mais la Fraternité universelle, embrassant les règnes inférieurs de la Nature, le subhumain, montant vers la Lumière, de même que le règne supérieur, le super humain, qui chevauchera les merveilleuses hauteurs de gloire éblouissante jusqu'à se perdre dans "l'excès de Lumière".
ANNIE BESANT