UNION J4
  • ACCUEIL
  • MESSAGE POUR LA TERRE
  • STANCES ATMAN
  • ALICE BAILEY
  • HELENA BLAVATSKY
  • HELENA ROERICH
  • ANNIE BESSANT
  • AUGMENTER LE TAUX VIBRATOIRE

ANNIE BESSANT

  • L'AVENIR IMMINENT Par Annie BESANT - 1911
  • LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944
  • H. P. BLAVATSKY ET LES MAITRES DE LA SAGESSE
  • LE CHRISTIANISME ÉSOTÉRIQUE OU LES MYSTÈRES MINEURS Par Annie BESANT - 1903
  • LE CHRISTIANISME THÉOSOPHIQUE Par Annie BESANT -1922
  • COMMENTAIRES SUR LA BHAGAVAD GITA Par Annie BESANT - 1905
  • LA CONSTRUCTION DE L'UNIVERS — YOGA — SYMBOLISME Par Annie BESANT -1893
  • LE DHARMA - Par Annie BESANT - 1898
  • LA DOCTRINE DU COEUR Extraits de lettres indiennes Avant-propos d'Annie BESANT - 1901
  • ÉTUDE SUR LA CONSCIENCE Par Annie BESANT - 1904
  • L'ÉVOLUTION DE LA VIE ET DE LA FORME - Par Annie BESANT - 1898
  • LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903
  • L'HOMME ET SES CORPS Par Annie BESANT - 1896
  • KARMA Par Annie BESANT - 1895
  • LA MORT, UNE ILLUSION ! — Condensé d'une conférence donnée en Australie en 1908 Par Annie BESANT -1919
  • LES LOIS FONDAMENTALES DE LA THÉOSOPHIE Par Annie BESANT - 1910
  • LES LOIS DE LA VIE SUPÉRIEURE — Conférences données à la douzième Convention annuelle de la Section Indienne de la Société Théosophique en décembre 1902 à Bénarès Par Annie BESANT - 1902
  • LES MAITRES - Par Annie BESANT - 1912
  • LE MONDE DE DEMAIN Par Annie BESANT - 1909

HELENA ROERICH

  • LA SERIE AGNI YOGA
  • 1. LES FEUILLES DU JARDIN DE MORYA I
  • 2. FEUILLES DU JARDIN DE MORYA II (ILLUMINATION)
  • 3. ERE NOUVELLE – COMMUNAUTE 1926
  • 4. AGNI YOGA 1929
  • 5. L'INFINI TOME I 1930
  • 6. L'INFINI (INFINITE) TOME II 1930
  • 7. HIERARCHIE 1931
  • 8. CŒUR 1932
  • 9. MONDE DE FEU I 1933
  • 10. MONDE DE FEU II 1934
  • 11. MONDE DE FEU III 1935
  • 12. AUM 1936
  • 13. FRATERNITE 1937
  • 14. SURTERRESTRE (LA VIE INTERIEURE DE LA FRATERNITE) VOLUME 1 1938

HELENA BLAVASKY

  • LA CLEF DE LA THEOSOPHIE
  • FONDEMENTS DE LA PHILOSOPHIE ÉSOTÉRIQUE
  • LA VOIX DU SILENCE
  • ISIS DÉVOILÉE
  • LES SIX VOLUMES DE LA DOCTRINE SECRETE
  • LA DOCTRINE SECRETE VOLUME I : EVOLUTION COSMIQUE.
  • LA DOCTRINE SECRETE VOLUME II : L'EVOLUTION DU SYMBOLISME.
  • LA DOCTRINE SECRETE VOLUME III : ANTHROPOGENESE.
  • LA DOCTRINE SECRETE VOLUME IV: SYMBOLISME ARCHAIQUE DES RELIGIONS DU MONDE.
  • LA DOCTRINE SECRETE VOLUME V : MISCELLANEES.
  • LA DOCTRINE SECRETE VOLUME VI : MISCELLANEES.

HIERARCHIE.EU

CHAPITRE III — LE DÉSIR (suite) 1 — LE VÉHICULE DU DÉSIR

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 65188

CHAPITRE III

—

LE DÉSIR (suite)

1

—

LE VÉHICULE DU DÉSIR


Nous aurons à revenir à cette lutte qui se livre au sein de la nature des désirs, pour y apporter quelques nouveaux détails utiles ; mais il est nécessaire d'étudier d'abord le véhicule des désirs, le corps des désirs ou corps astral, car nous comprendrons mieux la méthode précise qu'il nous faudra suivre pour subjuguer les désirs inférieurs et nous en débarrasser.
Le véhicule des désirs est formé de ce qu'on appelle la matière astrale, la matière du plan immédiatement supérieur au plan physique. Cette matière, comme la matière physique, se présente sous sept modes différents qui, l'un par rapport à l'autre, sont, comme les solides, les liquides, les gaz, etc., des sous-états de la matière du plan physique. De même que le corps physique renferme en lui ces différents sous-états de matière physique, le corps astral est composé, lui aussi, des différents sous-états de la matière astrale. Chacun de ces sous-états renferme des agrégats [262] plus ou moins subtils ou grossiers et l'oeuvre de purification astrale consiste, comme pour la purification physique, à remplacer la matière grossière par de la matière plus subtile.
De plus, les sous-états de la matière astrale servent principalement à la manifestation des désirs inférieurs, tandis que les sous-états supérieurs vibrent en réponse à des désirs transformés en émotions par l'intelligence qui s'unit à eux. Les désirs inférieurs – ceux qui poussent l'individu à rechercher les objets qui procurent le plaisir – trouvent ces sous-états inférieurs disposés pour servir de médium à leur force attractive ; et plus les désirs sont bas et grossiers, plus grossiers aussi sont les agrégats de matière capable de leur donner expression.
Lorsqu'un désir quelconque fait entrer en vibration la matière correspondante du corps astral, cette matière est fortement vitalisée et attire à elle, du dehors, une nouvelle quantité de matière du même genre, et augmente ainsi la quantité de cette matière particulière entrant dans la constitution du corps astral, dans son ensemble. Lorsque les désirs, se purifiant graduellement, se transforment en émotions, que l'élément intellectuel entre dans leur constitution et que l'égoïsme diminue, la quantité de matière subtile augmente proportionnellement dans le corps astral, tandis que la matière grossière, n'étant plus vitalisée, perd toute son énergie et se fait de plus en plus rare.
Mis en pratique, ces faits nous aideront à vaincre l'ennemi qui trône au-dedans de nous, car nous pourrons le priver de ses instruments. Un traitre dans la place est plus dangereux qu'un ennemi au dehors des murs ; le corps astral agit [263] comme un traitre aussi longtemps qu'il entre dans sa composition des éléments qui répondent aux tentations du monde extérieur.
L'intelligence doit repousser le désir, si celui-ci attire, dans le corps astral, des matériaux d'ordre grossier ; il faut que l'intelligence refuse de créer une image du plaisir passager que lui procurerait la possession de l'objet désiré, et qu'elle se représente les ennuis beaucoup plus durables qui en résulteraient. Au fur et à mesure que nous nous débarrassons de la matière grossière qui vibre en réponse aux attractions inférieures, ces attractions perdent toute influence sur nous.
Il nous faut donc prendre sérieusement en main ce véhicule des désirs ; la nature des attractions qui nous parviennent du dehors dépend de sa constitution interne. Il nous est possible d'améliorer le véhicule, de changer les éléments qui le composent, et de faire ainsi d'un ennemi un défenseur.
Lorsque le caractère de l'homme évolue, il se trouve face à face avec des difficultés qui souvent l'alarment et le tourmentent. Il se voit la proie de désirs auxquels il voudrait se dérober et dont il a honte ; et malgré tous les efforts qu'il fait pour s'en débarrasser, ils s'accrochent à lui sans relâche, s'opposant à ses efforts, ses espérances, ses aspirations, et cependant dans un certain sens, paraissant être une partie de lui-même. Cette douloureuse épreuve résulte de ce que la conscience évolue plus rapidement que la forme, et toutes deux se trouvent en quelque sorte en lutte l'une contre l'autre. Il reste encore dans le plan astral une grande quantité d'agrégats grossiers, mais comme les désirs se [264] sont purifiés, ces matériaux ne sont plus vivifiés. Cependant il leur reste encore une certaine vitalité et, bien qu'ils dépérissent, ils ne sont pas entièrement éliminés.
Mais, quoique la nature des désirs ne se serve plus de ces matériaux pour se manifester, il peut se faire cependant qu'ils retrouvent une activité passagère, sous une influence extérieure, et qu'ils prennent une apparence de vie, comme un cadavre sous l'influence du courant galvanique. Des désirs émanant d'autres individus – des élémentals du désir d'un genre pernicieux – peuvent s'attacher à ces éléments sans emploi, et les appeler à l'activité, leur donner une vie nouvelle, faisant naitre ainsi dans l'homme des désirs qui le remplissent d'horreur. Que le combattant désespéré reprenne courage, lorsqu'il lui faut traverser ces épreuves ; qu'il repousse ces désirs, même au plus fort de leurs assauts, comme des choses qui ne lui appartiennent pas ; qu'il sache que les éléments dont ils font usage, en lui, font partie du passé, qu'ils sont en voie de désintégration et qu'avec leur disparition sonnera pour lui l'heure de la délivrance.
Prenons le rêve comme exemple pour montrer comment cette matière de rebut agit dans le corps astral. Un homme dans une existence antérieure s'est adonné à l'ivrognerie ; ses expériences post mortem ont laissé en lui une profonde aversion pour la boisson ; lorsqu'il se réincarne, l'Égo imprime ce sentiment de dégout dans ses nouveaux véhicules physique et astral ; mais, malgré cela, il entre dans le corps astral une certaine quantité de matière attirée par les vibrations que cet ivrogne avait provoquées au sein de l'atome permanent. Durant la vie présente, cette [265] matière n'est vivifiée par aucun désir impérieux pour la boisson, par aucune tendance à boire ; au contraire, durant la veille, l'homme est d'une sobriété exemplaire. Mais, pendant le rêve, cette matière entre en activité sous l'influence d'une excitation extérieure et, comme l'Égo n'exerce qu'un faible contrôle sur le corps astral 75, cette matière répond aux vibrations des désirs passionnés pour la boisson, et l'homme rêve qu'il boit. S'il reste en lui à l'état latent un désir pour la boisson, ce désir, trop faible pour s'affirmer pendant l'état de veille, pourra réapparaitre pendant l'état de rêve ; car la matière physique est relativement lourde et difficile à mouvoir, et un désir faible n'aura pas assez d'énergie pour la faire entrer en vibration ; mais ce même désir pourra faire vibrer la matière astrale, infiniment plus subtile, si bien que l'homme pourra, en rêve, se trouver influencé par un désir qui n'aurait aucun pouvoir sur lui durant la veille. Ces rêves affligent beaucoup ceux qui en sont la proie, parce qu'ils ne les comprennent pas. L'homme devrait se rendre compte que ces rêves montrent que la tentation est conquise, en ce qui le concerne, et qu'il n'est tourmenté que par les vestiges de désirs passés, vivifiés sur le plan astral par une influence extérieure ou bien, si cette influence vient du dedans, par un désir en voie de disparaitre et trop faible pour le troubler durant la veille. Ce rêve est le signe d'une victoire presque complète. Et c'est en même temps un avertissement, car il fait voir à l'homme qu'il [266] y a encore dans son corps astral de la matière capable d'être vivifiée par les vibrations du désir pour la boisson, et qu'il lui faudra par conséquent éviter, durant la veille, toutes les conditions où il pourrait se trouver à la merci de ces vibrations. Tant que les rêves de ce genre n'ont pas entièrement cessé, le corps astral n'est pas complètement débarrassé de toute matière constituant une source de danger.

75 Pendant le sommeil, l'Égo tourne son attention vers l'intérieur jusqu'au jour où il peut se servir de son corps astral d'une façon indépendante ; c'est pourquoi le contrôle qu'il exerce est très faible.


2 — LA LUTTE ENTRE LE DÉSIR ET LA PENSÉE


Examinons maintenant cette lutte qui se livre au sein de la nature des désirs, et à laquelle nous avons déjà fait allusion, afin d'y apporter quelques détails complémentaires.
Cette lutte appartient à ce qu'on pourrait appeler le stade moyen de l'évolution, ce stade de longue durée qui forme le trait d'union entre cet état de l'homme entièrement dominé par les désirs, qui s'empare de tout ce dont il a besoin, sans écouter la voix de sa conscience, sans être troublé par le remords, et cet état de l'homme spirituel hautement évolué, chez lequel la volonté, la sagesse et l'activité sont harmonieusement et également actives. La lutte s'engage entre le désir et la pensée, entre la pensée qui commence à comprendre la relation gui existe entre elle et le non-soi et les autres Soi séparés, et le désir, influencé par les objets qui l'entourent, stimulé par les attractions et répulsions, attiré de côté et d'autre par les objets qui le séduisent.
Nous allons étudier ce stade de l'évolution où les souvenirs des expériences passées, [267] accumulés et emmagasinés dans l'intelligence, viennent s'opposer à la gratification des désirs qui, ainsi qu'ils l'ont prouvé eux-mêmes provoquent la douleur ; ou, pour mieux dire, ce stade dans lequel nous voyons les conclusions que le Penseur a tirées de ces expériences répétées, s'affirmer elles-mêmes en face d'une demande impérieuse de la nature des désirs pour un objet reconnu dangereux.
Cette habitude de s'emparer des objets du désir et d'en jouir a été établie par des centaines d'existences successives, et est devenue toute-puissante, tandis que l'habitude de résister à un désir présent afin d'éviter une douleur future commence seulement à se former, et est par conséquent très faible. Il en résulte que pendant longtemps la lutte de la pensée contre les désirs se termine par une défaite. La jeune intelligence, luttant contre le corps des désirs qui a atteint sa pleine maturité, est constamment vaincue. Mais comme à chaque victoire des désirs fait suite un plaisir très court et une douleur de longue durée, une force nouvelle prend naissance, une force hostile à elle-même, qui s'empare de la puissance de son adversaire. Chaque défaite du Penseur est une promesse de sa victoire future, et sa force grandit de jour en jour, tandis que celle de la nature des désirs diminue.
Lorsque nous aurons compris ceci, nous ne nous lamenterons plus sur nos fautes et sur celles de ceux qui nous sont chers, car nous saurons que ces chutes seront pour nous un point d'appui sûr à l'avenir, et que c'est dans la douleur que grandit le conquérant futur.
Notre connaissance du bien et du mal grandit par l'expérience et n'évolue que par l'épreuve. [268]
Le sentiment du bien et du mal, sentiment inné chez l'homme civilisé de notre époque, s'est développé au cours d'expériences sans nombre. Aux premiers stades de la vie du Soi séparé, toutes les expériences étaient nécessaires à son évolution et lui apportaient des leçons utiles qui hâtaient sa croissance. Graduellement il s'est rendu compte que lorsqu'il cédait à des désirs qui causaient du tort à son entourage il en récoltait une somme de douleur hors de proportion avec le plaisir fugitif qu'ils lui avaient procuré. Il a commencé à appeler mal tous les désirs qui lui apportaient surtout de la douleur lorsqu'il les gratifiait, d'autant plus que les Maitres qui guidaient son évolution au début avaient désapprouvé les objets de ces désirs en les proscrivant sévèrement. Lorsqu'il obéissait à ces désirs et qu'il en résultait pour lui de la souffrance, ces avertissements antérieurs des Maitres ne rendaient que plus forte l'impression faite sur le Penseur, et la conscience – la volonté de faire le bien et d'éviter le mal – se trouvait fortifiée d'autant.
Nous voyons toute la valeur que peuvent avoir sous ce rapport les avertissements, les reproches, les bons conseils. Tout cela est emmagasiné dans l'intelligence ; ce sont des forces qui viennent s'ajouter à la somme des souvenirs qui poussent l'homme à résister aux désirs mauvais ; si l'individu, après avoir été mis en garde, cède à la tentation, c'est que le désir est encore plus fort que lui ; lorsque la souffrance prédite se fera sentir, l'intelligence se souviendra de tous ces avertissements, de toutes ces remontrances, et gravera d'autant plus profondément au fond d'elle-même la conviction que : Ceci est mal. [269] Si un individu fait un acte répréhensible, cela montre simplement que ces souvenirs de souffrances passées n'étaient pas encore assez profondément ancrés en lui pour contrebalancer l'attraction d'un plaisir immédiat ardemment convoité. Il faut qu'il répète la leçon encore plusieurs fois, afin de fortifier la mémoire du passé ; lorsqu'il l'aura fait, la victoire
sera certaine. La souffrance est un élément nécessaire à la croissance de l'âme, et cache en elle-même la promesse de cette croissance. Si nous savons ouvrir les yeux, nous verrons que partout autour de nous le bien grandit et que nulle part le mal n'est sans remède.
Cette lutte se trouve exprimée toute entière dans ces exclamations de désespoir de bien des gens : "Ce que je voudrais faire, je ne puis le faire, et ce que je ne voudrais pas faire, je le fais malgré moi !", "Lorsque je cherche à faire le bien, c'est le mal qui s'offre à moi." Le mal que nous faisons, tout en ayant le désir de ne pas le faire, est le résultat d'une habitude acquise dans le passé, Une volonté faible est subjuguée par un désir puissant.
Mais dans sa lutte contre les désirs, c'est à la nature même des désirs que le Penseur fait appel : il cherche à faire naitre en elle un désir qui s'opposera aux désirs contre lesquels il lutte actuellement. De même que l'attraction d'un aimant de faible puissance peut être neutralisée par un aimant plus fort, de même un désir peut être fortifié pour en dominer un autre, un bon désir pourra être cultivé pour en combattre un mauvais. C'est en cela que réside toute la valeur d'un idéal. [270]


3 — VALEUR D'UN IDÉAL


Un idéal est une conception mentale fixe, d'un caractère inspiré, créée pour servir de guide dans la conduite ; la création d'un idéal constitue un des moyens les plus efficaces pour influencer les désirs. L'idéal peut s'incarner ou ne pas s'incarner dans un individu, selon le caractère de celui qui le crée : il ne faut pas oublier que la valeur de l'idéal dépend dans une grande mesure de ses qualités attractives, et ce qui attirera un tempérament n'en attirera pas nécessairement un autre. Un idéal abstrait et un idéal personnel sont également bons, l'un et l'autre, si on les considère à un point de vue général, et l'individu devra choisir celui qui a le plus d'attrait pour lui. En général, une personne au tempérament intellectuel trouvera que l'idéal abstrait convient mieux à ses besoins, tandis qu'une personne au tempérament émotionnel demandera à ce que sa pensée prenne une forme concrète. Le point faible de l'idéal abstrait est qu'il manque parfois de pouvoir d'inspiration ; d'un autre côté, l'idéalisation concrète a le désavantage de tomber parfois au-dessous de l'idéal.
C'est l'intelligence, naturellement, qui crée l'idéal, et elle le conserve sous forme d'abstraction ou l'incorpore dans une personne. Le moment le plus propice à la création d'un idéal est celui où le mental est parfaitement
calme, immobile et pur, où la nature des désirs est engourdie. Le Penseur examine alors le but de sa vie, le but vers lequel il tend, et guidé dans son choix par le résultat de son examen, il choisira les qualités qui lui sont nécessaires pour atteindre ce [271] but. Il combinera ces qualités en un concept unique, en créant par l'imagination une image aussi nette que possible de cette assimilation des qualités dont il a besoin. Il répètera chaque jour cet exercice jusqu'à ce que son idéal se détache clairement dans son mental, avec toute la merveilleuse beauté d'une pensée élevée, d'un caractère noble : une image dont l'attrait sera pour lui irrésistible. L'homme au tempérament intellectuel conservera à cet idéal la forme d'une pure conception. L'homme au tempérament émotionnel l'incarnera dans un personnage comme le Bouddha, le Christ, Shrî Krishna ou quelque autre Instructeur divin. Il étudiera la vie, les enseignements, les actions de cet Instructeur, et son idéal deviendra de plus en plus vivant et réel pour le Penseur. Un amour intense pour cet idéal personnifié naitra en son coeur et le désir tendra vers lui de toutes ses forces pour l'atteindre. Et lorsque la tentation viendra l'assaillir et que les désirs inférieurs demanderont impérieusement satisfaction, le pouvoir attractif de son idéal s'affirmera, les désirs élevés combattront les désirs inférieurs et tous les désirs les plus nobles viendront apporter leur force au Penseur ; le pouvoir négatif de la mémoire qui commande : "Abstiens-toi de ce qui est vil" sera décuplé par la force positive de l'idéal qui dit : "Accomplis ce qui est beau et noble."
L'homme qui porte constamment en son coeur un idéal élevé possède une arme contre laquelle se brisent tous les désirs mauvais, une arme que lui donne son amour pour cet idéal, sa honte de paraitre méprisable à ses yeux, son désir ardent de ressembler à l'objet de sa dévotion, et aussi la direction, la tendance générale de son [272] intelligence vers un genre de pensée noble et élevée. Les désirs mauvais deviennent chez lui de plus en plus rares. Ils dépérissent tout naturellement, incapables de substituer dans une atmosphère aussi pure.
Il serait peut-être nécessaire de remarquer ici, à cause des résultats destructifs qu'a la critique historique aux yeux de certaines personnes, que la valeur de l'idéal du Christ, du Bouddha, de Krishna, ne se trouve pas amoindrie en quoi que ce soit par le manque de données historiques ou par l'imperfection des preuves d'authenticité d'un manuscrit quelconque. Un grand nombre de légendes rapportées par la tradition peuvent ne pas être vraies historiquement parlant, mais elles le sont au point de vue éthique et vital. Que tel ou tel évènement ait ou n'ait pas eu lieu durant la vie du Maitrecela n'a aucune importance ; l'influence d'un tel caractère idéal sur le monde qui l'entoure n'en est pas moins éternellement vraie. Les Écritures du monde entier représentent des faits spirituels, que les incidents de la vie physique soient ou ne soient pas vrais au point de vue de l'histoire.
La pensée peut donc façonner et diriger le désir et, au lieu d'un ennemi, s'en faire un allié. En changeant la direction du désir, elle en fera une force stimulante, accélératrice, au lieu d'une force retardatrice, et là où le désir pour les objets extérieurs nous tenait enchainés dans la boue, le désir de l'idéal nous portera vers les cieux sur ses ailes puissantes. [273]


4 — PURIFICATION DES DÉSIRS


Nous avons déjà montré tout ce que l'on peut faire dans le véhicule des désirs pour purifier ces désirs ; la contemplation et le culte de l'idéal dont nous venons de parler constituent un des facteurs les plus puissants de cette purification. Les mauvais désirs dépérissent à mesure que l'homme cultive et entretient les désirs élevés ; ils meurent faute de nourriture.
Tout effort que l'individu fait pour rejeter un désir mauvais, est accompagné d'un refus formel, de la part de la pensée, de permettre à ce désir de se transformer en acte. La volonté commence à réfréner l'action, même lorsque le désir demande impérieusement à être satisfait. En refusant d'agir sous l'influence d'un désir mauvais, il arrive un moment où les objets qui ont provoqué ce désir perdent tout leur pouvoir attractif. "Les objets des sens se détournent de l'habitant du corps qui vit dans l'abstinence 76." Les désirs se meurent faute d'être satisfaits. Le refus catégorique de satisfaire les désirs constitue un des plus puissants moyens de purification.
Il y a un autre moyen qui utilise la force répulsive du désir, de la même façon qu'avait été utilisée la force attractive dans la contemplation de l'idéal. Ce moyen devient utile dans les cas extrêmes, lorsque les désirs sont par trop tumultueux et indisciplinés, comme pour la gloutonnerie, l'ivrognerie, le libertinage. Il arrive parfois que l'homme soit incapable de se débarrasser de certains désirs mauvais, et malgré tous ses [274] efforts, son intelligence cède à leur influence irrésistible et des imaginations malsaines s'emparent de son cerveau. Mais il peut les conquérir en faisant semblant de céder à leur attraction, en allant au-devant des résultats vers lesquels elles doivent inévitablement le conduire. Il se voit lui-même tomber de plus en plus bas et devenir l'esclave absolu de ses passions. Il suit pas à pas, en imagination, les différentes phases de sa chute ; il voit comment son corps devient de plus en plus grossier et finit par tomber malade. Il contemple avec horreur ses nerfs atrophiés, les ulcères repoussants qui couvrent ses membres, la corruption hideuse et la ruine finale de ce corps qui fut un jour plein de santé et de force. Il imagine la fin déshonorante qui l'attend et se rend compte du triste legs que sera pour sa famille et ses amis la honte attachée à son nom. Il se représente par la pensée la mort et l'Au-delà ; il voit son corps astral malade, image de tous les ravages, de toutes les altérations causées par ses vices et se représente l'agonie terrible que lui causeront des désirs effrénés impossibles à satisfaire. Résolument il force sa pensée qui cherche à se dérober, à s'arrêter sur ce spectacle effrayant du triomphe des désirs mauvais, jusqu'à ce que naissent en lui un dégout irrésistible, une peur et une aversion intolérables pour les résultats qui se produisent lorsqu'il cède à leur influence.

76 Bhagavad Gitâ, II, 59.

Cette méthode de purification ressemble au bistouri du chirurgien qui vient couper le cancer menaçant la vie d'un malade : et comme toutes les opérations chirurgicales, il faut l'éviter, à moins qu'il n'y ait plus d'autre moyen de guérison. Il vaut mieux conquérir les désirs par la [275] force attractive de l'idéal que par la force répulsive de ce tableau de ruine et de désolation. Mais là où l'attraction restera impuissante, la répulsion pourra entrer en jeu avec succès.
Cette méthode présente de plus un danger : en concentrant ainsi sa pensée sur le mal, l'individu augmente la quantité de matière grossière dans son corps des désirs, et la lutte est beaucoup plus longue que lorsqu'il lui est possible de cultiver des désirs nobles, des aspirations élevées. Des deux méthodes, celle-ci est donc la moins désirable, et on ne doit y avoir recours que lorsqu'il est impossible de pratiquer l'autre.
C'est par l'attraction élevée, par la répulsion ou bien par les lents enseignements de la souffrance que le désir doit être purifié. Ce "devoir" n'est pas simplement une nécessité imposée par une déité extérieure ; c'est le commandement impérieux du Dieu qui est en nous et qui ne veut pas se laisser renier. Toutes les forces de la Nature travaillent en harmonie avec cette volonté pure de la Divinité qui constitue notre Soi, et c'est ce Soi qui veut que ce qui est noble, que ce qui est élevé, domine et subjugue toutes choses.
Après cette victoire, les désirs cessent de se faire sentir. Les objets n'attirent ni ne repoussent plus, dès lors, les énergies rayonnantes de l'Atmâ, et ces énergies sont entièrement sous la direction d'une sagesse qui se détermine elle-même ; c'est-à-dire que la volonté a pris la place du désir. Le bien et le mal apparaissent alors comme des forces divines qui coopèrent à l'oeuvre de l'Évolution, l'une aussi nécessaire que l'autre, l'une n'étant que le complément de l'autre. Le bien est la force avec laquelle nous devons tous [276] nous mettre en harmonie ; le mal est la force contre laquelle nous devons lutter : c'est en nous servant d'une façon raisonnable de ces deux forces, que nous manifesterons tous les pouvoirs du Soi.
Lorsque le Soi a développé l'aspect sagesse, il considère d'un même oeil l'homme juste et l'homme méchant, le saint et le pécheur ; il est prêt à leur venir en aide à tous deux également, à leur tendre à tous deux sa main compatissante. Le désir, qui, lui, les considérait selon l'attraction ou la répulsion, comme des objets qui engendrent la joie ou la douleur, a disparu, et la volonté, c'est-à-dire l'énergie guidée par la sagesse, apporte à propos son aide secourable. L'homme échappe ainsi à la tyrannie des paires d'opposés, et repose au sein de la Paix éternelle.

CHAPITRE II — LE DÉSIR 1 — NATURE DU DÉSIR

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 65392

CHAPITRE II

—

LE DÉSIR

1 —

NATURE DU DÉSIR


Lorsque la Monade envoie ses rayons dans la matière des troisième, quatrième et cinquième plans, et s'empare d'un atome de chacun de ces plans 67, elle donne naissance à ce qu'on appelle souvent sa réflexion dans la matière – l'Esprit dans l'homme – et l'aspect volonté se trouve reproduit dans l'Atmâ de l'homme qui a sa demeure sur le troisième plan, ou plan âtmique. Par cette première hypostase, la Monade perd naturellement certains de ses pouvoirs, à cause des voiles de matière qui viennent l'envelopper, mais sa nature n'est altérée en aucune façon. De même que l'image d'un objet reflété par un bon miroir est une reproduction parfaite de cet objet, de même l'Esprit humain, Atmâ-Bouddhi-Mânas, est une image parfaite de la Monade ; c'est, en vérité, la Monade elle-même, voilée par la matière dense qui l'entoure. Mais de même qu'un miroir convexe ou concave ne nous donnera qu'une image faussée de l'objet qui s'y reflète, de même la réflexion ou l'involution de [246] l'Esprit dans de la matière encore plus dense, ne nous donnera qu'une image déformée de cet Esprit.
Ainsi, lorsque la volonté, qui dans sa descente se voile de plus en plus en passant par les plans successifs, arrive au monde immédiatement supérieur au monde physique, c'est-à-dire le monde astral, elle apparait sous la forme du désir. Le désir présente toute l'énergie, toute la concentration, tout le caractère impulsif de la volonté, mais la matière l'a enlevé au contrôle et à la direction de l'Esprit, et c'est elle qui en devient maitresse. Le désir, c'est la volonté à laquelle on a arraché sa couronne, c'est la volonté captive, esclave de la matière. Elle n'agit plus par elle-même, mais sous l'empire des attractions de ce qui l'entoure.

67 Voir première partie, chap. IV, $ 3,

Telle est la différence entre la volonté et le désir. Leur nature intime à tous deux est identique, car tous deux ne sont, en réalité, qu'une seule et même modification, l'Atmâ, le pouvoir moteur unique dans l'homme, qui se détermine lui-même et devient le pouvoir qui pousse à l'activité, qui incite l'homme à agir sur son entourage, sur le non-soi. Lorsque c'est le Soi qui détermine cette activité, sans être influencé par les attractions ou les répulsions des objets extérieurs, c'est la volonté qui se manifeste. Lorsque ce sont les attractions et les répulsions des objets extérieurs qui déterminent l'activité, et que l'homme, sourd à la voix du Soi, inconscient de la présence du Maitre intérieur, devient le jouet de ces influences, c'est le désir qui apparait.
Le désir, c'est la volonté revêtue de matière astrale, de cette matière, dont la deuxième vague de vie a formé des combinaisons nombreuses, [247] et qui, dans sa réaction sur la conscience, donne naissance, en celle-ci, à des sensations. Revêtue de cette matière dont les vibrations sont accompagnées de sensations dans la conscience, la volonté se transforme en désir. Enveloppée de matière donnant naissance à des sensations, sa nature essentielle, qui est de donner des impulsions motrices, répond par une énergie impulsive et c'est cette énergie qui s'éveille et agit dans la matière astrale qu'on appelle le désir.
Sur les plans supérieurs la volonté constitue le pouvoir actif ; sur les plans inférieurs c'est le désir qui remplit ce rôle. Lorsque le désir est faible, toute la nature de l'individu est faible dans sa réaction sur le monde extérieur. La force effective de la nature d'un individu se mesure d'après sa force de volonté ou de désir, selon le stade de son évolution. Il y a une grande vérité au fond de ce dicton populaire : "Les plus grands pécheurs font les plus grands saints."
Une personne de nature tiède ne sera jamais ni très bonne ni très méchante ; elle n'est pas assez forte de tempérament pour avoir autre chose que des demi-vertus ou des demi-vices. La force de la nature de désirs d'un individu nous donne la mesure de sa capacité de progresser, la mesure de l'énergie motrice, grâce à laquelle il pourra se frayer son chemin. La force qui pousse l'individu à réagir sur son entourage nous donne la mesure de son pouvoir de modifier, changer, conquérir cet entourage. Dans la lutte contre la nature des désirs, lutte qui marque l'évolution supérieure, l'énergie motrice ne sera pas détruite, mais transmuée ; les désirs inférieurs seront transmués en désirs plus élevés ; l'énergie s'affinera sans perdre rien de son pouvoir, et finalement [248] la nature des désirs disparaitra pour réapparaitre sous forme de volonté, toutes les énergies se trouvant rassemblées et fondues dans l'aspect volonté de l'Esprit, le pouvoir du Soi.
Aussi l'aspirant ne se découragera pas devant l'assaut furieux des désirs, pas plus qu'un dresseur de chevaux ne saurait s'émouvoir devant les bonds et les ruades d'un poulain fougueux. L'impétuosité du jeune animal encore indiscipliné et sa révolte contre les efforts que son maitre fait pour le dompter ne sont que les promesses de tous les services qu'il rendra un jour lorsqu'il aura été dompté et dressé. De même, la résistance qu'opposent les désirs au joug de l'intelligence n'est que la promesse de la future puissance de la volonté, l'aspect pouvoir du Soi.
Là où la difficulté apparait plutôt, c'est lorsque les désirs sont faibles, avant même que la volonté se soit affranchie des entraves de la matière astrale, car dans ce cas la volonté de vivre ne se manifeste que faiblement et la force motrice qui active l'évolution est presque nulle.
Les véhicules constituant une sorte d'obstacle, de barrière, qui arrête l'énergie de la Monade et en empêche le libre épanchement ; et tant que cet obstacle n'est pas supprimé, tout progrès est à peu près impossible. Le navire file droit devant lui dans la tempête, s'exposant peut-être par-là à un naufrage, mais, lorsque la mer est calme comme un lac, il reste immobile et n'obéit plus à la voile ni au gouvernail.
Et comme dans ce grand voyage qu'est l'évolution, la catastrophe finale est impossible, et que seule une avarie passagère peut se produire, comme l'ouragan souffle, plutôt que le calme plat, vers le progrès, ceux qui se voient ballotés [249] par la tempête peuvent attendre avec confiance le jour où les coups de vent impétueux des désirs feront place aux courants continus de la volonté.


2 — APPARITION DU DÉSIR


C'est du monde astral que dépendent toutes nos sensations. Les centres par lesquels nous sentons sont situés dans le corps astral, et les réactions qu'ils opposent aux contacts de l'extérieur donnent naissance, dans la conscience, aux sensations de plaisir ou de douleur. D'ordinaire, le physiologiste fait partir la sensation de plaisir ou de douleur du point de contact avec un centre du cerveau, et ne reconnait que des vibrations nerveuses, allant de la périphérie au centre, et la réaction de la conscience dans le centre du cerveau constitue pour lui la sensation. Mais nous suivons les vibrations plus loin ; nous ne trouvons dans le centre du cerveau et dans l'éther qui le pénètre que des vibrations pures et simples et pour nous, le centre astral est l'endroit où la réaction de la conscience prend place.
Lorsque le corps astral se sépare du corps physique, que ce soit sous l'influence du chloroforme, de l'éther, d'un gaz stupéfiant ou d'une drogue quelconque, le corps physique, avec tout son système nerveux, n'a pas plus conscience que s'il avait été privé de tous ses nerfs. Les liens entre le corps physique et le corps des sensations perdent l'équilibre de leurs fonctions, et la conscience ne répond plus aux influences de l'extérieur. L'éveil des désirs se produit dans le corps des sensations et fait suite aux premières vagues sensations de plaisir et de douleur. Comme nous l'avons dit plus [250] haut 68, "le plaisir se traduit par un sentiment d'augmentation, de vie plus intense, plus riche". Tandis que la douleur provoque un sentiment de suppression, de diminution de la vie. Toutes deux font partie de la conscience dans sa totalité. À cet état primitif, la conscience ne manifeste pas les trois aspects familiers de volonté, sagesse et activité, même à l'état de germe ; la sensation les précède, et appartient à la conscience dans son ensemble, quoique dans deux stades ultérieurs de l'évolution, elle se montre si souvent alliée à l'aspect volonté-désir, qu'on l'identifie presque avec lui. À mesure que les états de plaisir et de douleur deviennent plus fréquents dans la conscience, ils donnent naissance à un état spécial ; lorsque le plaisir est passé, il reste dans la conscience une attraction qui se transforme en un tâtonnement vague vers ce plaisir – et, chose importante à noter, un tâtonnement, non pas vers un objet procurant le plaisir, mais vers la continuation de la sensation de plaisir – une vague poursuite de la sensation qui s'évanouit, un mouvement – trop peu défini pour qu'on l'appelle un effort – pour s'emparer de cette sensation et la retenir. De même lorsque la douleur est passée, il reste dans la conscience un sentiment de répulsion qui devient un vague effort pour repousser la douleur. Ce sont ces états qui donnent naissance au désir. Cet éveil du désir est un faible effort, un mouvement, un tâtonnement vague, sans direction déterminée, que fait vers l'extérieur la Vie en quête du plaisir. Il ne peut pas aller plus loin tant que la pensée ne s'est pas [251] développée jusqu'à un certain point, et n'ait reconnu la présence d'un monde extérieur, un non-soi, et n'ait appris à rattacher à différents objets de ce non-soi, le sentiment de plaisir ou de douleur, que leur contact produit dans la conscience.
Mais bien avant que la présence des objets extérieurs ait été reconnue, les résultats de ces contacts ont provoqué, comme nous l'avons dit plus haut, une division, un dédoublement du désir. Prenons un exemple très simple : le désir de la nourriture dans un organisme inférieur ; lorsque le corps physique s'use, s'affaiblit, il se produit dans le corps astral une sensation de douleur, un besoin, une demande impérieuse, mais vague et indéterminée ; par l'usure, le corps est devenu un véhicule moins effectif de la vie qui se déverse à travers le plan astral, et cet arrêt provoque la douleur. De la nourriture est apportée par le courant d'eau qui baigne cet organisme ; à mesure qu'elle est absorbée, l'usure est réparée, la vie reprend son cours normal : c'est le plaisir. À un stade un peu plus élevé nous voyons, sous l'influence de la douleur, apparaitre le désir de se soustraire à son atteinte, un sentiment de répulsion, opposé au sentiment d'attraction provoqué par le plaisir. Il en résulte que le désir se trouve divisé en deux. De la volonté de vivre est né le désir ardent de la sensation, et cette envie qui apparait dans les véhicules inférieurs sous la forme du désir, devient d'une part le désir intense des sensations qui donnent plus de force à la vie et d'autre part un dérobement à tout ce qui affaiblit ou amoindrit cette vie. Cette attraction et cette répulsion sont toutes deux également de la nature du désir. De même qu'un aimant attire ou repousse certains métaux, de même le [252] Soi attire et repousse ce qui l'entoure. L'attraction et la répulsion sont toutes deux le désir ; ce sont les deux grandes énergies motrices de la vie, dans lesquelles peuvent se résoudre tous les désirs. Le Soi tombe sous le joug du désir, de l'attraction et de la répulsion, et se trouve attiré de ce côté, repoussé de celui-là, jeté au milieu d'une foule d'objets qui provoquent le plaisir ou la douleur, comme un bateau sans gouvernail au milieu des tourbillons du vent et des eaux.

68 Voir première partie, chap. IV, 1.


3 — RELATIONS ENTRE LE DÉSIR ET LA PENSÉE

Voyons maintenant quelles relations il y a entre le désir et la pensée et voyons comment ce désir gouverne d'abord la pensée et se trouve ensuite lui-même gouverné par elle.
La raison pure est la réflexion de l'aspect sagesse de la Monade, et se montre dans l'esprit humain sous la forme de Bouddhi. Mais nous ne nous occuperons pas ici de la relation entre le désir et la raison pure, car on ne peut pas dire qu'il y ait une relation directe avec la sagesse, mais plutôt avec l'amour, manifestation de la sagesse sur le plan astral. Ce qu'il nous faut étudier plutôt, c'est la relation avec l'aspect activité de la Manade, aspect qui apparait sur le plan astral sous forme de sensation et sur le plan mental sous forme de pensée. Nous ne nous occuperons pas de l'intelligence supérieure, l'activité créatrice, manas, dans toute sa pureté, mais de sa réflexion déformée, l'intelligence inférieure. C'est cette intelligence inférieure qui se trouve en relation directe avec le désir, auquel elle est indissolument liée dans [253] l'évolution humaine ; ils sont si intimement liés l'un à l'autre qu'on emploie souvent le terme kâma-manas, l'intelligence-désir, comme si c'était une seule chose, tant il est rare de trouver dans la conscience inférieure une seule pensée qui ne soit pas influencée par le désir. "En vérité il est dit que manas est double, pur et impur ; le manas pur est déterminé par la pensée 69."
Cette intelligence inférieure devient la pensée sur le plan mental. Sa propriété caractéristique est l'affirmation et la négation ; elle ne connait pas la comparaison ; elle perçoit et se souvient. Comme nous l'avons vu plus haut, ce même aspect, qui, sur le plan mental, est la pensée, devient sur le plan astral la sensation et résulte du contact avec le monde extérieur.
Lorsqu'un plaisir a été ressenti et s'est évanoui ensuite, le désir prend naissance de le ressentir à nouveau comme nous venons de le voir. Ceci implique la présence de la mémoire, qui est une fonction de l'intelligence. Ici comme partout, il faut se rappeler que la conscience agit toujours sous ses trois aspects, quoique l'un ou l'autre des aspects prédomine, car il est impossible qu'un désir, si rudimentaire soit-il, prenne naissance, si la mémoire n'existe pas. Il faut que la sensation produite par un impact extérieur se renouvèle un grand nombre de fois avant que l'intelligence n'établisse une relation entre la sensation dont elle a conscience et l'objet extérieur qui l'a provoquée. L'intelligence finit par percevoir l'objet, c'est-à-dire le rattache à l'un des changements qui se produisent en elle-même, reconnait qu'une modification a été provoquée [254] en elle par un objet extérieur. La répétition de cette perception établit un lien défini dans la mémoire entre l'objet et la sensation de plaisir ou de douleur, et lorsque le désir pousse l'individu à répéter le plaisir, l'intelligence se remémore l'objet qui lui a procuré ce plaisir. Le mélange de la pensée et du désir donne naissance à un désir particulier, le désir de trouver et de s'approprier l'objet qui procure le plaisir.
Ce désir pousse l'intelligence à exercer son activité naturelle. Le désir intense, lorsqu'il n'est pas satisfait, provoque un sentiment de gêne, et l'individu fait un effort pour s'en défaire, en s'emparant de l'objet convoité.
L'intelligence jette des plans, forme des projets, pousse le corps à agir, en vue de satisfaire l'ardeur du désir. De la même façon, poussée par le désir, elle jette ses plans, forme des projets, pousse le corps à agir, pour éviter le retour de la douleur provoquée par un objet, qui, elle le sait maintenant, donne naissance à la douleur.
Telle est la relation qui existe entre le Désir et la pensée. Elle provoque, stimule, engendre les efforts de l'intelligence. Cette intelligence au début est l'esclave du désir, et la rapidité de sa croissance dépend de l'intensité des excitations du désir. Nous désirons, et nous sommes forcés de penser.

69 Bindopanishad, 1.


4 — DÉSIR, PENSÉE, ACTION


Le troisième stade de ce contact du Soi et du non-soi est l'action. L'intelligence ayant perçu l'objet de son désir, provoque l'action, qu'elle guide et façonne. On dit souvent que l'action nait du désir, mais le désir seul ne pourrait [255] donner naissance qu'à un mouvement, à une action imprécise. La force du désir est propulsive et non directe. C'est la pensée qui apporte l'élément directeur et guide l'action selon les besoins.
Ce cercle – désir, pensée, action – se répète continuellement dans la conscience. Le pouvoir propulsif du désir fait naitre la pensée ; le pouvoir directeur de la pensée guide l'action. Cette succession est invariable et il est de toute importance de bien le comprendre, car le contrôle de la conduite dépend de sa compréhension et de son application dans la pratique. Pour façonner le karma, il faut bien comprendre cet ordre de succession, car ce n'est qu'ainsi que nous pourrons distinguer entre l'action que l'on peut éviter et celle qui est inévitable.
C'est par la pensée que nous pouvons transformer le désir et, par suite, l'action. Lorsque l'intelligence s'est rendu compte que certains désirs l'ont poussé à des actions qui ont eu des résultats désastreux, elle est capable de résister à l'avenir à tous les assauts des désirs de ce genre, et de refuser de guider des actions qu'elle sait devoir se terminer d'une façon malheureuse. Elle peut se représenter ces résultats douloureux et éveiller ainsi l'énergie répulsive du désir et peut voir en imagination les résultats heureux que donneraient des désirs d'espèce opposée. L'énergie créatrice de la pensée peut s'employer à façonner les désirs, et son énergie propulsive peut prendre une direction plus avantageuse. Ainsi, la pensée peut s'employer à maitriser les désirs et devenir le maitre au lieu d'être l'esclave. Et lorsqu'elle affirme ainsi sa suprématie sur son partenaire rebelle, elle commence la transmutation du désir [256] en volonté, transférant le contrôle de l'énergie rayonnante, de l'extérieur à l'intérieur, des objets extérieurs qui attirent ou repoussent, à l'Esprit, le Maitre intérieur.


5 — LES LIENS DU DÉSIR


Comme la volonté de vivre est la cause du rayonnement vers l'extérieur, la cause qui pousse la vie à s'incorporer et à s'approprier ce qui est nécessaire à sa manifestation et à sa subsistance dans la forme, le désir, étant la volonté sur un plan intérieur, offrira les mêmes caractéristiques ; il cherchera à s'approprier, à attirer pour en faire une partie de lui-même, tout ce qui pourra contribuer à maintenir et favoriser sa vie dans la forme. Lorsque nous désirons un objet, nous cherchons à faire de cet objet une partie de nous-mêmes, une partie du Moi, afin qu'il fasse partie de la forme dans laquelle le Moi est incorporé.
Le désir est la manifestation du pouvoir d'attraction, c'est lui qui attire à nous l'objet de nos désirs. Tout ce que nous désirons, nous l'attirons à nous. Le désir de posséder établit un lien entre l'objet et l'être qui désire cet objet. Nous attachons ainsi au Soi cette portion du non-soi, et le lien ainsi établi persiste jusqu'à ce que l'objet entre entièrement en notre possession ou que le Soi ne brise ce lien et ne refuse d'accepter l'objet. Ce sont là les "liens du coeur", qui attachent le Soi à la roue des renaissances et de la mort.
Ces liens entre celui qui désire et les objets désirés sont comme des cordes qui tirent le Soi vers l'endroit où il trouvera les objets de ses désirs, et déterminent sa naissance dans un monde ou dans l'autre. C'est de cela que parle [257] ce verset :
"Et celui qui est attaché, obtient toujours par l'action, l'objet sur lequel son intelligence s'est arrêtée. Et ayant obtenu l'objet de l'action qu'il accomplit ici-bas, il revient de l'autre monde dans celui-ci pour l'amour de l'action. Il en est ainsi de l'intelligence qui désire 70".

70 Brihadaranya Upanishad, IV, 6.

Si un homme désire les objets d'un autre monde plus ardemment que ceux de celui-ci, c'est dans cet autre monde qu'il renaitra. Ce lien du désir se resserre continuellement, jusqu'au moment où le Soi et l'objet se trouvent réunis.
Cette grande et unique énergie directrice, la volonté de vivre, qui maintient le cours des planètes autour du soleil, qui empêche la dissociation de la matière des mondes, et maintient la forme de nos corps, c'est l'énergie du désir, et ce désir attire infailliblement à nous tous les objets sur lesquels il a jeté son dévolu ou bien nous attire nous-mêmes vers ces objets. L'hameçon du désir se fixe dans un objet comme un harpon dans le flanc de la baleine. Lorsque le désir s'est fixé sur un objet, le Soi se trouve attaché à cet objet ; il se l'est approprié par la volonté et bientôt va le faire sien par l'action. C'est pourquoi un grand sage a dit : "Si ton oeil droit te gêne, arrache-le et jette-le loin de toi… Si ta main droite te déplait, coupe-la et jette-la loin de toi 71." La chose désirée devient partie intégrante du Soi, et, si cette chose est mauvaise, il faut l'arracher coute que coute. Autrement elle ne disparaitra que sous l'influence du temps ou de l'usage continu. "L'homme fort, [258] seul, pourra l'anéantir. Le faible devra attendre qu'elle croisse, murisse et meure 72."


6 — RUPTURE DES LIENS


Pour briser les liens du désir, il faut avoir recours à l'intelligence. C'est en elle que réside le pouvoir qui purifiera d'abord et transmuera ensuite le désir.
Chaque fois qu'un individu s'empare de l'objet de son désir, l'intelligence enregistre les résultats de l'action, et remarque si cette union de l'objet avec le Soi incorporé provoque le plaisir ou bien la douleur. Lorsqu'elle s'est appropriée un certain nombre de fois un objet et se rend compte que le résultat est chaque fois une sensation douloureuse, elle range cet objet dans la catégorie de ceux qu'elle devra éviter à l'avenir. "Les plaisirs qui naissent des contacts sont en vérité des sources de douleur 73".

71 Mathieu, V, 29-30.
72 Lumière sur le Sentier, 4.
73 Bhagavad Gitâ, V, 22.

C'est alors qu'une lutte s'engage. Lorsque l'objet attractif se présente à nouveau, le désir lance son harpon pour le saisir, et commence à l'attirer. L'intelligence, se souvenant des résultats pénibles qu'ont eus les précédentes captures de ce genre, cherche à trancher avec le glaive de la connaissance le lien qui l'enserre. Un combat furieux se livre dans l'homme. Il est poussé en avant par le désir et retenu en même temps par la pensée. Maintes fois le désir triomphera et s'emparera de l'objet convoité ; mais la douleur qui en résulte se renouvèle continuellement, et à [259] chaque nouvelle victoire qu'il remporte, le désir voit se dresser devant lui un nouvel ennemi en la personne du pouvoir de l'intelligence. Inévitablement, quoique bien lentement, la pensée montrera sa suprématie, jusqu'à ce qu'enfin la victoire soit de son côté ; et un jour viendra où le désir, devenu plus faible que l'intelligence, l'objet attractif perdra tout son intérêt, et le lien se trouvera brisé. Le lien avec cet objet sera rompu à tout jamais.
La pensée cherche, dans ce conflit, à utiliser la force du désir contre le désir lui-même. Elle choisit parmi les objets du désir ceux qui procurent un plaisir relativement durable, et cherche à s'en servir contre les désirs qui provoquent rapidement la douleur. Ainsi, elle opposera les plaisirs artistiques aux plaisirs sensuels ; elle se servira de la renommée, du pouvoir politique ou social contre les jouissances de la chair ; elle stimulera le désir de faire le bien et de s'abstenir du vice ; et pour finir elle laissera le désir de la paix éternelle prendre la suprématie sur les jouissances temporelles. Par l'unique grande attraction, les attractions inférieures se trouvent obscurcies et cessent d'être l'objet des désirs. "Même le gout (pour ces objets) se détourne de lui, lorsqu'il a vu le Suprême" 74. L'énergie même du désir peut l'arracher à ce qui provoque la douleur, et l'attacher à ce qui apporte la joie. Cette même force qui, auparavant, tenait tout sous son joug, devient maintenant un instrument de délivrance. S'arrachant à l'attraction des objets extérieurs, elle tourne ses regards en haut, vers l'intérieur, et réunit l'homme à la Vie [260] dont il est sorti, et de l'union avec cette Vie naitra pour l'homme la félicité sans bornes.
En cela réside toute la valeur de la dévotion, comme agent libérateur. L'amour pour l'Être suprême trouve cet Être éminemment désirable, le considère comme un objet de plaisir sans borne, et les liens avec les objets inférieurs, qui tiennent le coeur captif, sont brisés.
C'est seulement par le Soi en tant que pensée, que le Soi, en tant que désir, peut être maitrisé ; le Soi qui a reconnu qu'il est la Vie l'emporte sur le soi qui se croit la forme. Il faut que l'homme apprenne à se séparer des véhicules dans lesquels il désire, pense, agit, afin de reconnaitre que tous font partie du non-soi, qu'ils constituent la vie en dehors de lui-même. De sorte que l'énergie qui, dans les désirs inférieurs se portait sur les objets, devient le désir supérieur, guidé par l'intelligence et prêt à se transmuer en volonté.

74 Bhagavad Gitâ, II, 59.

À mesure que l'intelligence inférieure se fond ainsi dans l'intelligence supérieure, et cette dernière dans la sagesse, l'aspect volonté pure apparait sous la forme du pouvoir de l'Esprit, qui se détermine et se gouverne lui-même, en harmonie parfaite avec la Volonté suprême, et libre par conséquent. C'est alors seulement que tous les liens sont brisés et que l'Esprit se trouve libéré de tout. C'est à ce moment seulement qu'on peut dire de la volonté qu'elle est libre.

DEUXIÈME PARTIE : VOLONTÉ, DÉSIR, ÉMOTION CHAPITRE I — LA VOLONTÉ DE VIVRE

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 65541

DEUXIÈME PARTIE : VOLONTÉ, DÉSIR, ÉMOTION

CHAPITRE I

—

LA VOLONTÉ DE VIVRE


Dans l'étude succincte des origines, 1 et 2 de l'introduction à ce livre, nous avons vu que la Monade, émanant du Premier Logos, montrait, dans sa nature même, la tri-unité de sa source, les aspects volonté, sagesse et activité.
C'est sur l'étude de la volonté – se manifestant comme volonté sur le plan supérieur, et comme désir sur le plan inférieur – que nous allons porter maintenant notre attention ; et l'étude du désir nous mènera à l'étude de l'émotion qui lui est indissolublement rattachée. Nous avons déjà vu que nous sommes ici-bas parce que nous avons voulu vivre dans les mondes inférieurs et que c'est la volonté qui détermine notre séjour sur terre. Mais la plupart du temps, [240] on ne réalise que très imparfaitement la nature, le pouvoir et l'oeuvre de la volonté car, au début de l'évolution, elle ne se manifeste pas autrement sur les plans inférieurs que comme désir, et c'est sous cet aspect qu'il nous faut l'étudier avant de pouvoir la comprendre en tant que volonté.
C'est l'aspect pouvoir de la conscience, toujours voilé dans le Soi, caché pour ainsi dire derrière la sagesse et l'activité, mais les poussant toutes deux à se manifester. Si cachée est sa nature que beaucoup la considèrent comme ne faisant qu'un avec l'activité et refusent de lui accorder le titre d'aspect de la Conscience. Cependant, l'activité c'est l'action du Soi sur le non-soi ; c'est ce qui donne au non-soi sa réalité passagère ; c'est ce qui crée ; mais la volonté y est toujours cachée ; c'est elle qui pousse à l'activité, attire, repousse ; elle est le noyau du coeur de l'Être.
La volonté est ce pouvoir qui forme la base de la connaissance et qui stimule l'activité. La pensée est l'activité créatrice et la volonté est le pouvoir moteur. Nos corps sont ce qu'ils sont parce que le Soi a voulu, depuis des âges sans nombre, que la matière soit façonnée en formes par l'intermédiaire desquelles il pourrait connaitre et influencer tout ce qui l'entoure. Il est dit dans un écrit antique :
"En vérité ce corps est mortel, ô Maghavan, et est sujet à la mort. Et cependant c'est le lieu de repos de l'Atmâ immortel et sans corps… Les yeux sont là comme organes d'observation pour l'Être qui repose dans ces yeux. Celui qui veut : "Je sentirai", c'est l'Atmâ qui désire sentir l'odeur. Celui qui veut : "Je parlerai", c'est l'Atmâ [241] qui désire écouter les sons. Celui qui veut : "Je penserai", c'est l'Atmâ. Le mental est l'oeil céleste qui observe les objets désirables. À l'aide de l'oeil céleste de l'intelligence, "Atmâ jouit de tout 66".
C'est là le pouvoir secret, le pouvoir moteur de l'évolution. Il est parfaitement vrai que la grande volonté trace la route de l'évolution ; il est vrai aussi que des intelligences spirituelles de différents ordres guident les entités évoluantes sur la voie ; mais on n'attache pas assez d'importance aux expériences sans nombre, aux succès, aux insuccès, aux chemins tortueux, aux détours – dus aux tâtonnements des volontés séparées – chaque volonté de vivre cherchant à s'exprimer elle-même. Les contacts avec le monde extérieur éveillent dans chaque Atmâ la volonté de savoir ce qui les provoque. La connaissance est nulle dans la méduse, mais la volonté de savoir façonne – en passant par des formes variées – un oeil de plus en plus perfectionné, qui présente un moins grand obstacle au pouvoir de perception. Lorsqu'on étudie l'Évolution, on reconnait de plus en plus la présence de volontés qui façonnent la matière, mais qui la façonnent à tâtons, par des essais répétés, et non avec une vision précise. C'est la présence de ce grand nombre de volontés qui est la cause du dédoublement continu des branches de l'arbre de l'Évolution. Il y a une grande vérité dans cette histoire humoristique que le professeur Clifford raconte à nos jeunes écoliers au sujet des grands sauriens des premiers âges : "Un certain nombre d'entre eux, dit-il, décidèrent de voler et devinrent oiseaux : d'autres décidèrent [242] de ramper et devinrent des reptiles". Parfois nous voyons une tentative échouer et l'effort prendre alors une autre direction. D'autres fois, nous voyons les combinaisons les plus grossières marcher de pair avec les proportions les plus parfaites. Celles-ci sont dues à des Intelligences qui connaissent le but vers lequel elles tendent et qui pétrissent continuellement la matière en formes appropriées ; quant aux autres elles résultent des efforts venant de l'intérieur, aveugles encore et tâtonnants, mais n'ayant d'autre but que de se manifester eux-mêmes. S'il n'y avait que les constructeurs extérieurs – qui, eux, voient dès l'origine le but vers lequel ils tendent – la Nature ne nous offrirait que des énigmes indéchiffrables, tant sont nombreux ses essais infructueux, ses projets qui n'aboutissent pas. Mais, dès que nous reconnaissons, dans chaque forme, la volonté de vivre qui cherche à s'exprimer ; qui façonne des véhicules pour ses besoins particuliers, nous comprenons le plan de création qui est à la base de tout – le plan du Logos – nous comprenons ce que sont ces formes qui travaillent à l'accomplissement de Son plan – le travail des Intelligences édificatrices ; et nous nous rendons compte des combinaisons inhabiles, des moyens maladroits – dus aux efforts des Soi qui veulent, mais n'ont pas encore les connaissances ou les pouvoirs nécessaires pour accomplir leurs volontés.

66 Chândogyopanishad, VIII, XII, 1, 4, 5.

C'est ce Soi qui tâtonne, qui cherche, qui lutte, c'est ce Soi divin qui, avec le progrès de l'Évolution, devient de plus en plus le véritable Souverain, le Maitre intérieur, l'Immortel. Celui qui arrive à réaliser que ce Maitre intérieur, qui demeure au sein des véhicules qu'il s'est créés [243] pour son expression, c'est lui-même, celui-là voit naitre en lui un sentiment de dignité, de pouvoir, qui grandit de plus en plus et subjugue la nature inférieure. Seule la connaissance de la vérité nous rend libres. Le Maitre intérieur peut se trouver encore limité dans son action par les formes mêmes qu'il a façonnées pour s'exprimer, mais sachant que lui seul est le Maitre, il peut travailler avec persévérance à devenir le souverain Seigneur de son propre royaume. Il sait qu'il est venu ici-bas dans un but déterminé, pour devenir capable de travailler en harmonie avec la Volonté suprême, et, pour atteindre ce but, il saura faire et supporter tout ce qui sera nécessaire. Il sait qu'il est de nature divine et que la réalisation de sa Divinité n'est pour lui qu'une question de temps. Il a conscience de la divinité au-dedans, bien que celle-ci ne se manifeste pas encore au dehors, sa seule tâche est de travailler à devenir en réalité ce qu'il n'est qu'en essence. Il est roi DE JURE, mais pas encore DE FACTO.
Comme un prince, né pour porter la couronne, se soumet patiemment aux épreuves qui feront de lui un roi, la volonté souveraine évoluant en nous marche vers le moment où les pouvoirs royaux lui reviendront en partage, et se soumet en attendant à la discipline nécessaire de la vie.

CHAPITRE XII — NATURE DE LA MÉMOIRE 1 — LE GRAND SOI ET LES PETITS SOI

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 66011

CHAPITRE XII

—

NATURE DE LA MÉMOIRE

1

—

LE GRAND SOI ET LES PETITS SOI


Qu'est-ce que la mémoire ? Comment agit-elle ? De quelle façon arrivons-nous à nous remémorer les choses du passé, que ce passé soit proche ou lointain ? Car, somme toute, qu'il soit proche ou lointain, qu'il appartienne à notre vie actuelle ou à une vie antérieure, les lois qui gouvernent le souvenir du passé doivent toujours être les mêmes, et ce que nous cherchons, c'est une théorie qui embrasse tous les cas de mémoire, et qui nous permette en même temps d'expliquer chaque cas particulier.
La première chose à faire pour arriver à une théorie intelligible et définie, c'est de bien comprendre la composition de notre être, celle du Soi et de ses enveloppes, et leurs relations mutuelles ; nous pouvons retracer brièvement les faits principaux des chapitres précédents qui ont trait à ce problème de la mémoire. Il ne faut jamais perdre de vue que notre conscience est une unité et que cette unité agit par l'intermédiaire [216] d'enveloppes variées qui lui donnent cette apparence trompeuse de multiplicité d'aspects. La plus intérieure, la plus subtile de ces enveloppes est inséparable de l'unité de conscience ; par le fait, c'est cette enveloppe même qui fait de la conscience une unité. Cette unité, c'est la Monade, dont la demeure est le plan Anoûpâdaka ; mais dans la pratique on peut la prendre dans son aspect habituel : l'Homme-intérieur, le triatome, Atmâ-Bouddhi-Manas, considéré comme séparé des enveloppes âtmiques, bouddhiques et manâsiques. Cette unité de conscience se manifeste par les enveloppes où elle réside, enveloppes appartenant chacune à l'un des cinq plans sur lesquels elle agit ; nous l'appellerons le Soi agissant dans ses enveloppes. Nous devons donc nous représenter le Soi habitant des véhicules capables de vibrer. Ces vibrations, au point de vue de la matière, correspondent avec les changements dans la conscience, au point de vue du Soi. Il n'est pas tout à fait exact de parler de vibrations de la conscience, car les vibrations ne peuvent se former que dans la partie matérielle des objets, le côté de la forme ; le terme conscience vibrante ne peut donc être employé que dans un sens tout à fait général. Des changements se produisent dans la conscience, et des vibrations correspondantes prennent naissance dans les enveloppes.
La question des véhicules ou corps dans lesquels la conscience, le Soi agit, est d'une importance capitale dans l'étude de la mémoire. Le travail mental, grâce auquel l'individu peut se remémorer des événements plus ou moins lointain, consiste à reproduire ces événements dans une enveloppe particulière, à façonner, à l'image [217] de ces événements, la matière de cette enveloppe dans laquelle la conscience agit à ce moment. Dans le Soi, fragment du Soi universel – que nous pouvons considérer pour le moment comme le Logos lui-même, bien qu'en réalité le Logos ne soit qu'une portion du Soi universel – tout est présent ; car le Soi universel contient tout ce qui a eu ou aura lieu dans l'Univers. Tout ceci, et beaucoup plus encore, se trouve emmagasiné dans la Conscience universelle. Figurons-nous pour un instant un Univers unique avec son Logos. Considérons ce Logos comme omniprésent et omniscient. Fondamentalement, cette omniprésence et cette omniscience se trouvent aussi dans le Soi individualisé, car il est un avec le Logos ; mais – et ce mais est nécessaire ici – il y a une différence, et la voici : bien que dans le Soi séparé, en tant que Soi, abstraction faite de tous ses véhicules, cette omniprésence et cette omniscience existent en vertu de son unité avec le Soi unique, les véhicules qu'il occupe n'ont pas encore appris à vibrer en réponse aux changements de conscience, lorsqu'il tourne son attention sur une partie quelconque de son contenu. C'est pourquoi nous disons que tout existe en lui potentiellement, et non pas virtuellement comme dans le Logos. Tous les changements qui ont lieu dans la conscience du Logos peuvent se produire dans ce Soi séparé, qui est une partie indivisible de sa vie, mais les véhicules ne sont pas encore prêts à servir d'intermédiaires pour leur manifestation. C'est à cause de la séparation engendrée par la forme, à cause de l'emprisonnement du Soi séparé ou individualisé, que tous ces pouvoirs, en tant que portion du Soi universel, sont latents et non [218] manifestés, sont des potentialités et non des réalités. De même qu'il y a dans chaque atome entrant dans la composition d'un véhicule des possibilités infinies de vibrations, de même il y a dans chaque Soi séparé des possibilités sans limites de changements de conscience.
Nous ne trouvons pas cette variété infinie de vibrations dans l'atome au commencement d'un Système solaire, mais nous savons que cet atome possède les capacités d'acquérir une variété immense de pouvoirs vibratoires ; ces vibrations, il les acquiert au cours de son évolution, tandis qu'il répond sans cesse aux vibrations qui viennent frapper son enveloppe extérieure ; lorsque la période d'activité du Système touche à sa fin, un nombre immense des atomes qu'il renfermait ont atteint un stade d'évolution où ils sont capables de vibrer en réponse à n'importe quelle vibration prenant naissance au sein de ce Système ; on dit alors que les atomes y ont atteint la perfection. Il en est de même pour les Soi séparés ou individualisés. Tous les changements qui se produisent dans la conscience du Logos et qui se trouvent représentés dans l'Univers et y prennent une forme quelconque, se retrouvent aussi dans les consciences qui ont atteint la perfection dans cet univers, et n'importe lequel de ces changements peut se répéter dans l'une quelconque de ces consciences. Voilà en quoi consiste la mémoire : la réapparition, la réincorporation dans la matière, de tout ce qui a existé au sein de cet Univers et qui est, par conséquent, dans la conscience du Logos, et dans les consciences qui sont des parcelles de Sa Conscience. Bien que nous nous représentions le Soi comme séparé par rapport à tous les autres Soi, il ne faut pas [219] oublier qu'il est inséparable par rapport au Soi unique, le Logos. Aucune partie de son Univers n'est privée de Sa vie, et en Lui nous vivons, nous agissons et nous existons, toujours ouverts à Son influence, toujours pleins de Sa vie.
À mesure que le Soi se revêt de ses enveloppes de matière les unes après les autres, ses pouvoirs d'acquérir la connaissance deviennent de plus en plus restreints, mais par contre plus définis. Arrivée sur le plan physique, la conscience en est réduite aux seules expériences qui peuvent être perçues par le corps physique et en particulier par ces ouvertures qu'on appelle les organes des sens ; ce sont les avenues par lesquelles les expériences peuvent arriver jusqu'au Soi – emprisonné dans les enveloppes – bien qu'elles semblent souvent être plutôt des obstacles à l'admission des connaissances, lorsqu'on songe aux capacités des véhicules plus subtils. Le corps physique rend la perception définie et précise, un peu de la même façon qu'un écran percé d'un trou permet à une image du monde extérieur de se former sur un mur, parfaitement nu autrement ; en réalité, l'écran empêche les rayons de lumière d'atteindre le mur, mais c'est cela même qui fait que les quelques rayons qui peuvent passer forment sur le mur une image bien définie.


2 — CHANGEMENTS DANS LES VÉHICULES ET DANS LA CONSCIENCE


Examinons maintenant le véhicule physique pour voir ce qui se passe lorsqu'il reçoit une impression quelconque, et comment cette impression est rappelée à la mémoire. Une [220] vibration de l'extérieur vient frapper un organe sensoriel et est transmise à un centre correspondant dans le cerveau. Un groupe de cellules du cerveau entre en vibration et lorsque cette vibration a cessé, les cellules restent dans un état un peu différent de celui dans lequel
elles se trouvaient précédemment. Cette réponse laisse une trace qui constitue une possibilité vibratoire pour le groupe de cellules ; ce groupe a vibré une fois d'une façon particulière et il conservera durant tout le reste de son existence, en tant que groupe, la possibilité de vibrer à nouveau de la même façon sous l'influence d'une excitation extérieure. Chaque répétition de la même vibration vient renforcer cette faculté, laissant chaque fois une trace particulière, mais il faudra que cette vibration soit répétée un grand nombre de fois avant qu'elle puisse arriver à se reproduire d'elle-même à volonté ; chaque fois que les cellules vibrent à nouveau de la même façon, elles s'acheminent vers ce but. Mais cette vibration ne s'arrête pas aux cellules physiques : elle est transmise aux cellules, aux groupes de cellules correspondantes, dans les véhicules plus subtils, et provoque, en fin de compte, un changement dans la conscience. Ce changement réagit à son tour sur les cellules et il se crée ainsi une répétition des vibrations, de l'intérieur vers l'extérieur, sous l'influence de ce changement dans la conscience, et cette répétition constitue le souvenir de l'objet qui a provoqué cette série de vibrations. La réponse des cellules aux vibrations du dehors, réponse qui a pour cause les lois de l'univers physique, confère à ces cellules le pouvoir de répondre à une impulsion de même genre, bien plus faible, venant du dedans. À chaque [221] mouvement dans la matière d'un nouveau véhicule, un peu d'énergie se trouve perdue ; il en résulte une diminution de force dans la vibration. Mais il s'en perd de moins en moins à mesure que les cellules répètent plus fréquemment des vibrations semblables, en réponse à de nouveaux impacts du dehors et qu'elles répondent plus facilement à chaque nouvelle répétition.
C'est en cela que réside toute la valeur du dehors ; il éveille dans la matière, mieux que par tout autre moyen, la possibilité de répondre, car il a plus de points de contact que le dedans avec les véhicules.
Le changement qui prend naissance au sein de la conscience laisse, lui aussi, dans cette conscience le pouvoir de répéter ce changement plus facilement qu'auparavant, et chaque changement rapproche la conscience du moment où elle aura le pouvoir de provoquer elle-même un changement de ce genre. Si nous reportons nos regards en arrière, sur les origines de la conscience, nous voyons que les Soi emprisonnés passent par d'innombrables expériences, avant qu'un changement provoqué par leur propre volonté puisse prendre naissance dans la conscience ; mais, en ne perdant pas cela de vue, nous pouvons quitter ces stades préliminaires et étudier les activités de la conscience à un degré plus élevé. Il faut nous
rappeler ainsi que chaque impact atteignant l'enveloppe la plus intérieure et produisant un changement dans la conscience est suivi d'une réaction – car le changement dans la conscience donne naissance à une nouvelle série de vibrations du dedans au dehors ; les vibrations pénètrent donc vers l'intérieur jusqu'au Soi, et cette incursion est suivie d'une ondulation, du [222] Soi vers l'extérieur ; le premier mouvement a pour cause l'objet extérieur, et donne naissance à ce qu'on appelle la perception ; le second est dû à la réaction du Soi et donne naissance à ce qu'on appelle le souvenir. Un certain nombre d'impressions sensorielles venant frapper le corps physique par la voie des sens de la vue, de l'ouïe, du toucher, du gout et de l'odorat sont transmises de ce véhicule, à travers le corps astral, jusqu'au corps mental. Là elles sont coordonnées de façon à former une unité complexe comme un accord de musique composé de plusieurs notes. C'est ici la tâche particulière du corps mental ; il reçoit de nombreux courants et les synthétise en un seul ; d'un grand nombre d'impressions il fait une perception, une pensée, une unité complexe.


3 — SOUVENIRS


Essayons de comprendre la nature de cette chose si complexe, après qu'elle a pénétré à l'intérieur et provoqué un changement dans la conscience : … une idée. Ce changement donne naissance, dans les véhicules, à de nouvelles vibrations, répétition de celles qui avaient été provoquées au début, et ces vibrations se reproduisent d'un véhicule à l'autre, sous une forme affaiblie. Cette image n'est pas aussi vive, aussi précise qu'au moment où les différentes vibrations qui la composent passèrent, avec la rapidité de l'éclair, du corps physique au corps astral et de là au corps mental. Elle réapparait dans le mental sous une forme affaiblie, copie de ce que le mental a transmis précédemment vers [223] l'intérieur, mais avec des vibrations plus faibles. Lorsque le Soi perçoit cette réaction – car l'impact d'une vibration provoque fatalement une réaction en touchant les différents véhicules – cette réaction est beaucoup plus faible que l'action qui en est la cause et semble par conséquent moins réelle que cette action ; le changement dans la conscience est moins sensible, et le sentiment de réalité s'en trouve amoindri d'autant. Tant que la conscience est incapable de reconnaitre la présence des impacts qui ne lui parviennent pas par l'intermédiaire des puissantes vibrations du corps physique, elle est réellement plus intimement liée à ce corps qu'à toute autre enveloppe. Il n'y a pas de souvenirs d'idées mais seulement de perceptions, c'est-à-dire
d'images d'objets extérieurs, engendrées par les vibrations de la matière nerveuse du cerveau qui se reproduisent dans la matière astrale et mentale correspondante. Ce sont littéralement des images dans la matière mentale, semblables aux images qui se forment sur la rétine de l'oeil. La conscience perçoit ou plutôt voit ces images, car la vision de l'oeil n'est qu'une impression limitée de son pouvoir de perception. Lorsque la conscience se retire partiellement du corps physique pour tourner son attention vers les modifications qui se produisent dans ses enveloppes intérieures, elle voit les images réfléchies du corps astral, dans le cerveau, par les vibrations que cette conscience envoie vers l'extérieur ; c'est en cela que consiste le souvenir des sensations. L'image prend naissance dans le cerveau, sous l'influence de la réaction provoquée par le changement dans la conscience, et est reconnue par cet organe. Ceci montre que la conscience [224] s'est retirée, dans une grande mesure, du corps physique pour passer dans le véhicule astral où elle est en pleine activité. C'est de cette façon que de nos jours la conscience agit dans l'être humain ; c'est pourquoi elle est pleine de souvenirs, reproduction dans le cerveau d'images passées, et provoquées par la réaction de la conscience. Chez les individus peu évolués, ces images sont celles d'événements passés, dans lesquels le corps physique a joué un rôle quelconque, la sensation de la faim, de la soif et leur satisfaction, le souvenir de jouissances sexuelles, etc., toutes choses auxquelles le corps a été mêlé d'une façon ou d'une autre. Chez les individus plus évolués, chez lesquels la conscience agit dans une plus grande mesure dans le corps mental, ce seront les images dans le corps astral qui attireront le plus l'attention ; ces images sont formées dans le corps astral par les vibrations émanant du véhicule mental, et la conscience les perçoit, en tant qu'images, lorsqu'elle se recueille plus spécialement dans le corps mental, son véhicule le plus proche. Peu à peu la conscience s'éveille et répond aux vibrations provoquées à l'extérieur par des objets sur le plan astral ; ces objets deviennent plus réels et plus faciles à distinguer des souvenirs mêmes, des images auxquelles les réactions de la conscience ont donné naissance dans le corps astral.
Notons en passant que le souvenir d'un objet est toujours allié à une image de la répétition, sous une forme plus vive, par le contact physique de la sensation causée par cet objet ; c'est ce qu'on appelle l'anticipation. Plus le souvenir d'une expérience quelconque est net, plus nette aussi sera cette anticipation. De sorte que le [225] souvenir pourra parfois provoquer dans le corps physique les mêmes réactions qui, d'habitude, accompagnent le contact avec un objet extérieur, et on pourra par exemple savourer à l'avance des jouissances hors de portée à ce moment. Ainsi, l'anticipation de mets savoureux nous "fait venir l'eau à la bouche". Nous reviendrons à ceci en terminant l'exposé de notre théorie de la Mémoire.


4 — QU'EST-CE QUE LA MÉMOIRE ?


Après avoir étudié les changements qui ont lieu dans les véhicules sous l'influence des impacts du monde extérieur, et la réponse à ces impacts sous forme de changements dans la conscience, puis les vibrations plus faibles qui prennent ensuite naissance dans les véhicules par la réaction de la conscience ; après avoir vu enfin comment la conscience reconnait ces vibrations comme des souvenirs, abordons maintenant la question principale : Qu'est-ce que la mémoire ? La désintégration des corps qui se produit entre la mort et la réincarnation met fin à l'automatisme de ces corps, à leur pouvoir de répondre à des vibrations qu'ils ont déjà ressenties ; les groupes responsifs se dissolvent ; et tout ce qui doit devenir des facultés vibratoires à l'avenir, se trouve emmagasiné dans les atomes permanents ; on peut se rendre compte combien faibles sont ces traces de facultés vibratoires comparées aux nouvelles facultés de réponse automatique que la matière acquiert par chaque nouvelle période d'expérience dans le monde extérieur, lorsqu'on se rend compte de l'absence [226] de tout souvenir des vies passées, qui pourrait prendre naissance dans les véhicules eux-mêmes. À vrai dire, tout ce que les atomes permanents peuvent faire, c'est de répondre plus facilement à des vibrations semblables à celles auxquelles ils ont déjà répondu antérieurement plutôt qu'à des vibrations nouvelles. La mémoire des cellules ou des groupes de cellules disparait à la mort, et il est impossible de la recouvrer sous cette forme. Où la mémoire se conserve-t-elle dans ce cas ?
La réponse est simple : la mémoire n'est pas une faculté et n'est conservée nulle part ; elle n'est pas inhérente à la conscience en tant que faculté, et aucun souvenir d'évènement n'est enregistré dans la conscience individuelle. Chaque évènement est présent dans la conscience universelle, la conscience du Logos ; tout ce qui se passe dans l'univers, le passé, le présent, l'avenir, se trouve dans Sa conscience qui embrasse tout dans son éternel Présent. Du commencement à la fin, de l'aurore au crépuscule de l'univers, tout est là, toujours présent, toujours vivant ; dans cet océan d'idées, tout est. Errant à travers cet océan, nous entrons en contact avec des fragments de ce qu'il renferme, et la réponse que nous donnons constitue le savoir ; lorsqu'une fois nous avons su, il nous est plus facile à l'avenir d'entrer à nouveau en contact avec ces fragments, et cette répétition du contact – lorsqu'elle ne résulte pas d'un contact de l'enveloppe extérieure du moment, avec les fragments du plan sur lequel elle se trouve – constitue la mémoire. Tous les souvenirs peuvent être recouvrés, car toutes les possibilités vibratoires produisant des images se trouvent [227] emmagasinées dans la conscience du Logos, et nous pourrons partager cette conscience d'autant plus aisément que nous aurons perçu plus souvent, auparavant, des vibrations du même genre ; c'est pourquoi nous répétons plus facilement les vibrations que nous avons déjà ressenties, que celles qui nous sont nouvelles. C'est là qu'apparait toute la valeur des atomes permanents ; ces atomes, lorsqu'ils sont appelés à l'activité, émettent à nouveau les vibrations qu'ils ont reçues auparavant, et, de toutes les possibilités vibratoires des atomes et des molécules de nos corps, celles-là seules se montreront qui répondront à la note émise par les atomes permanents. Parce que nous avons été affectés dans notre vie présente par les vibrations et les changements de conscience, il nous est plus facile de prendre dans la Conscience universelle ce que nous avons déjà vécu dans notre conscience individuelle. Que ce soit de notre vie présente ou d'une vie passée depuis longtemps, un souvenir est toujours recouvré de la même façon. Il n'y a pas d'autre mémoire en dehors de la conscience toujours présente du Logos, dans laquelle, en vérité, nous vivons, nous agissons, nous existons ; et tout effort de mémoire consiste à nous mettre en rapport avec les parties de la conscience avec lesquelles nous avons déjà été en contact auparavant.
C'est pourquoi, d'après Pythagore, apprendre n'est que se souvenir, car ce n'est que l'action de puiser dans la conscience du Logos, pour le faire passer dans celle du Soi séparé, ce qui, en vertu de notre unité essentielle avec Lui, est éternellement nôtre. Sur le plan où l'unité l'emporte sur la séparativité, nous partageons [228] avec le Logos Sa conscience de l'univers ; sur les plans inférieurs où l'unité est ensevelie sous le voile épais de la séparativité, nous sommes séparés de cette conscience par nos véhicules grossiers. C'est le manque de responsivité de ces véhicules qui nous limite, car nous ne pouvons prendre connaissance des plans de l'univers que par leur intermédiaire. C'est pourquoi il nous est impossible d'améliorer directement notre mémoire ; nous ne pouvons améliorer que notre réceptivité générale et notre faculté de reproduction, en rendant nos corps plus sensitifs tout en prenant soin de ne pas dépasser les limites de leur élasticité. Il nous faut aussi apprendre à faire attention, c'est-à-dire à diriger le pouvoir de perception de la conscience, à concentrer cette conscience sur la portion de la Conscience du Logos avec laquelle nous désirons nous
mettre en harmonie. Il est inutile de nous fatiguer à chercher "combien d'anges peuvent se tenir sur la pointe d'une aiguille", ou comment il nous est possible d'emmagasiner, dans un espace infinitésimal, le nombre illimité des vibrations que nous avons vécues au cours de nos nombreuses existences, car toutes les vibrations produisant des formes dans l'univers, sont continuellement présentes, toujours à la portée de n'importe quelle unité individuelle qui désire y puiser, et cette unité les fait siennes, à mesure que, par son évolution, elle passe par des expériences de plus en plus nombreuses.


5 — MÉMOIRE ET OUBLI


Appliquons ceci à une expérience d'une vie passée. Un certain nombre de circonstances que [229] nous avons traversées nous restent en mémoire, d'autres sont oubliées. En réalité, l'expérience, qu'elle soit restée en mémoire ou qu'elle soit oubliée, reste toujours, avec toutes les circonstances qui l'entouraient, sous une forme unique, dans la mémoire du Logos, la Mémoire universelle. Toute personne capable de se mettre en rapport avec cette mémoire pourra retrouver ces circonstances aussi bien que nous-mêmes : les expériences par lesquelles nous avons passé ne nous appartiennent pas en propre, mais font partie du contenu de Sa Conscience ; et ce qui fait que nous croyons que ces expériences sont nôtres, c'est que nous avons déjà auparavant vibré en harmonie avec elles et, par conséquent, vibrons, cette fois, plus facilement qu'à l'origine.
Nous pouvons cependant entrer en contact avec ces expériences par l'intermédiaire d'enveloppes différentes et à différents moments, car nous vivons au milieu de conditions de temps et d'espace qui varient avec chaque enveloppe.
La partie de la conscience du Logos dans laquelle nous agissons dans le corps physique est beaucoup moins étendue que celle dans laquelle nous fonctionnons dans nos corps astral et mental, et les contacts qui s'établissent avec elle par l'intermédiaire de corps hautement organisés sont plus nets et plus précis que lorsque c'est un corps plus grossier qui sert de médium. Il faut se rappeler aussi que l'étroitesse du champ d'action n'est due qu'à nos véhicules. Vis-à-vis d'une expérience complète – physique, astrale, mentale et spirituelle – notre conscience en est réduite aux limites du champ d'action des seuls véhicules capables de répondre. Nous avons la sensation d'être au milieu des conditions qui [230] entourent notre véhicule le plus grossier et qui, par conséquent, viennent le toucher du dehors ; par contre nous avons le souvenir des expériences avec lesquelles nous entrons en contact par l'intermédiaire des corps subtils ; ceux-ci transmettent les vibrations au corps grossier qui se trouve aussi influencé du dedans.
Pour nous rendre compte de l'objectivité des circonstances présentes ou à l'état de souvenirs, nous les soumettons au jugement du sens commun. Si d'autres personnes autour de nous voient comme nous, entendent comme nous, nous admettons que ces circonstances sont objectives ; mais si, au contraire, ces autres personnes sont inconscientes de ce dont nous sommes conscients, nous serons forcés d'admettre que ces circonstances sont subjectives. Mais cette preuve d'objectivité n'a de valeur que pour des personnes agissant dans des enveloppes identiques ; si l'une agit dans le corps physique et l'autre dans le corps physique et le corps astral en même temps, les choses qui seront objectives pour cette dernière ne pourront affecter la première et celle-ci soutiendra que ces expériences ne sont que des hallucinations subjectives. Le sens commun ne peut agir que dans des corps de même nature ; il donnera des résultats identiques pour tous les individus si ceux-ci agissent tous dans leur corps physique. Car le sens commun n'est que les formes-pensées du Logos sur chaque plan ; ces formes-pensées conditionnent chaque conscience incorporée et la rendent capable, par certains changements, de répondre à certaines vibrations prenant naissance dans les véhicules. Le sens commun ne se limite pas au plan physique seul ; mais la majorité [231] des individus, au degré actuel de l'évolution, n'ont pas assez développé la conscience interne pour pouvoir se servir de leur sens commun sur le plan astral et le plan mental. Le sens commun est donc une preuve éloquente de l'unité de la vie qui est en nous tous. Sur le plan physique nous voyons tous de la même façon ce qui nous entoure, parce que nos consciences, qui paraissent séparées les unes des autres, font, en réalité, toutes partie de la Conscience unique, animant toutes les formes. Nous répondons tous d'une façon générale identique, selon le degré de notre évolution, parce que tous nous partageons une même conscience ; nous sommes tous affectés de la même façon par des choses semblables parce que l'action et la réaction qui se produisent entre elles et nous ne sont en réalité que les activités d'une Vie unique dans des formes variées.
Par conséquent, s'il est possible pour la mémoire de retrouver une chose passée quelconque, cela vient de ce que tout existe éternellement dans la conscience du Logos, et Il nous a imposé les limites de l'Espace et du Temps
afin qu'en nous y efforçant nous devenions capables de répondre rapidement par des changements de conscience, aux vibrations provoquées, dans nos véhicules, par des vibrations émanant d'autres véhicules, animés, eux aussi, par la conscience ; c'est de cette façon seulement que nous apprenons graduellement à distinguer avec précision et netteté ; nous entrons en contact avec les objets extérieurs successivement – car nous sommes les esclaves du temps – et dans des directions relatives, par rapport à nous-mêmes et aux objets entre eux – car nous sommes [232] soumis à l'espace. Nous nous développons ainsi graduellement, et atteignons un état dans lequel il nous est possible de reconnaitre toutes les choses à la fois, et chaque chose en tous lieux – c'est-à-dire sans être limités par l'espace ou le temps.
À mesure que nous passons ainsi par toutes les expériences de la vie, nous nous rendons compte que nous ne restons pas en rapport avec toutes les circonstances par lesquelles nous avons passé ; notre véhicule n'offre qu'un pouvoir de réponse très limité et il s'ensuit qu'un grand nombre d'expériences échappent à son observation. Dans l'état de transe il nous est possible de retrouver ces expériences : on dit alors qu'elles sortent de la subconscience. En réalité elles demeurent toujours telles quelles dans la Conscience universelle, et lorsque nous passons à leur portée nous devenons conscients de leur présence, parce que la lumière très faible de notre conscience, ensevelie dans le corps physique, tombe sur elles ; mais elles disparaissent lorsque nous passons notre chemin. Cependant, comme l'espace éclairé par cette même lumière est plus grand lorsqu'elle brille à travers le corps astral, elles réapparaissent lorsque nous sommes en état de transe – c'est-à-dire dans le corps astral, délivré du corps physique. Les expériences ne sont pas apparues pour disparaitre et réapparaitre ensuite ; mais la lumière de notre conscience dans le corps physique a continué son chemin et c'est pourquoi nous ne les avons pas remarquées ; mais la lumière brillant dans le corps astral éclaire une étendue plus vaste et nous permet de les apercevoir à nouveau : Comme l'a si bien dit Bhagavân Dâs : [233]
"Si une personne errait au milieu de la nuit à travers les salles d'un grand musée, à travers une galerie de tableaux, avec une simple lanterne à la main, les objets, les tableaux, les statues, les portraits seraient éclairés, chacun à son tour, par la lumière de cette lanterne, pendant un instant seulement, tandis que tout le reste serait dans l'obscurité, et, après cette illumination fugitive, tout retomberait dans les ténèbres. Qu'au lieu d'une seule personne il y en ait un
grand nombre, autant que d'objets dans la salle, et que chaque personne aille et vienne sans cesse parmi la foule, de telle sorte que la lampe mette momentanément en lumière un objet et seulement pour la personne qui tient la lampe. La salle immense et immobile dans laquelle tout ceci se passe symbolise l'idéation pétrifiée de l'immuable Absolu. Chaque personne portant sa lanterne, parmi cette foule, est une ligne de conscience parmi toutes ces lignes pseudo-infinies qui forment la totalité de la Conscience universelle. Chaque apparition d'un objet éclairé est l'état manifesté de cet objet, soit une expérience du Jîva ; chaque obscuration est le retour à l'état non manifesté. Au point de vue des objets eux-mêmes ou de la Conscience universelle, il n'y a pas plus d'état manifesté que d'état non manifesté. Mais au point de vue des lignes de conscience ces deux états existent 65."
À mesure que les véhicules deviennent les uns après les autres plus actifs, le champ de cette lumière s'étend, et la conscience peut diriger son attention sur une partie quelconque de ce champ et examiner attentivement les objets qui s'y [234] trouvent. Lorsque la conscience est capable de fonctionner librement sur le plan astral, et qu'elle est consciente de ce qui l'entoure, elle peut voir beaucoup de choses qui, sur le plan physique, sont passées ou futures, si ce sont des choses qu'elle a vécues dans le passé. Les choses qui se trouvent en dehors du champ de la lumière projetée à travers le corps astral, tomberont dans le champ de la lumière du véhicule mental, plus subtil. Lorsque c'est le corps causal qui remplit le rôle de véhicule, le souvenir des vies passées devient possible, car le corps causal vibre plus facilement en harmonie avec des événements qu'il a déjà vécus ; la lumière qui émane de lui couvre une étendue beaucoup plus considérable et illumine des scènes passées depuis longtemps – n'étant pas, en réalité, plus passées que les scènes du présent, mais occupant un endroit différent dans le temps et dans l'espace. Les véhicules inférieurs, qui n'ont pas vibré auparavant en réponse à ces événements, ne peuvent entrer rapidement en contact direct avec eux et y répondre ; cette tâche appartient au corps causal, seul véhicule relativement permanent. Mais lorsque ce corps répond aux vibrations, celles-ci rayonnent rapidement vers l'extérieur et peuvent être reproduites par les corps mental, astral et physique.

65 Science of Peace (non encore publié en français).


6 — L'ATTENTION


Nous avons dit plus haut, en parlant de la conscience, qu' "elle peut diriger son attention sur une partie quelconque de ce champ et examiner attentivement les objets qui s'y trouvent". [235] Cette action de diriger l'attention correspond de très près, dans la conscience, à ce qu'on appellerait, dans le corps physique, la mise au point de l'oeil. Si nous observons ce qui se passe dans les muscles de l'oeil, lorsque nous regardons un objet rapproché, et ensuite un objet éloigné ou vice versa, nous sentirons un léger mouvement ; cette contraction et cette dilatation provoquent, selon le cas, une légère compression ou le contraire, sur la pupille de l'oeil. De nos jours ce mouvement est automatique, instinctif ; mais il ne l'est devenu que par la pratique. Un jeune enfant ne sait pas mettre son oeil au point, ni juger des distances ; il cherchera aussi bien à saisir une bougie placée à l'autre extrémité de la chambre que celle qui est à proximité de sa main, et ce n'est que peu à peu qu'il saura se rendre compte de ce qui est hors de sa portée. L'effort fait afin de voir clairement, mène graduellement à la mise au point de l'oeil et, au bout d'un certain temps, cette action devient automatique. Les objets sur lesquels l'oeil est localisé se trouvent dans le champ de la vision nette tandis que le reste est imprécis. De même la conscience perçoit clairement les choses sur lesquelles elle fixe son-attention, tandis que les autres objets restent vagues, et ne sont pas au point.
L'homme apprend ainsi graduellement à tourner son attention vers des choses passées depuis longtemps, selon la notion que nous avons du temps. Le corps causal entre en rapport avec ces choses et les vibrations engendrées sont transmises aux corps inférieurs. La présence d'un étudiant avancé aidera un étudiant qui l'est moins parce que le corps astral du premier a [236] appris à vibrer en réponse à des événements passés depuis longtemps, et forme ainsi une image astrale de ces événements, et son frère moins avancé peut reproduire ces vibrations plus facilement et voir lui aussi. Cependant, même lorsque l'individu a appris à se mettre en rapport avec son passé et, par son intermédiaire, avec le passé de ceux qui y ont été mêlés d'une façon quelconque, il éprouvera plus de difficulté à entrer effectivement en contact avec des événements dans lesquels il n'a joué aucun rôle ; et lorsqu'il y sera arrivé, il aura de la peine à entrer en contact avec des événements en dehors des limites de son passé récent ; si par exemple il veut visiter la Lune et qu'il s'élance dans cette direction selon les méthodes habituelles, il se verra bientôt bombardé par une grêle de vibrations inusitées, auxquelles il ne pourra pas répondre instinctivement, et il sera obligé de faire appel au pouvoir divin qui est en lui pour répondre à tout ce qui pourrait affecter ses véhicules. S'il cherche à aller plus loin, à atteindre un autre Système planétaire, il trouvera devant lui une barrière impossible à franchir, le cercle infranchissable de son propre Logos Planétaire.
—Nous commençons maintenant à comprendre ce qu'on veut dire quand on soutient que des êtres, à un certain degré d'évolution, peuvent visiter telle ou telle partie du Cosmos ; ils peuvent se mettre en rapport avec la conscience du Logos, délivrés qu'ils sont des limites imposées à leurs frères plus jeunes par leurs véhicules [237] grossiers. Comme ces véhicules sont composés de matière modifiée par l'action du Logos Planétaire de la Chaine à laquelle ils appartiennent, ils ne peuvent pas répondre aux vibrations d'une matière modifiée d'une façon différente ; il faut que l'étudiant devienne capable de se servir de son corps âtmique avant de pouvoir entrer en contact avec la Mémoire universelle, au-delà des limites de sa propre Chaine.
Telle est la théorie de la mémoire que j'offre à la considération des étudiants théosophes. Elle s'applique aussi bien aux petits oublis, aux petits souvenirs de la vie de tous les jours qu'à ceux de la plus haute portée dont nous venons de parler. Car pour le Logos rien n'est petit ou grand, et lorsque nous accomplissons l'acte de mémoire le plus insignifiant, nous nous mettons aussi bien en rapport avec l'omniprésence et l'omniscience du Logos, que lorsque nous cherchons à nous remémorer notre passé lointain. Il n'y a ni lointain ni proche. Tout est également présent en tous temps et en tous lieux ; la difficulté ne vient que de nos véhicules imparfaits et non de la Vie immuable qui embrasse l'Univers. Tout devient intelligible et la paix descend en nous, lorsque nous pensons à cette Conscience dans laquelle il n'y a ni avant ni après, ni passé ni futur. Nous commençons à sentir que toutes ces choses ne sont que des illusions, que des limites imposées par nos enveloppes, nécessaires jusqu'au moment où nos pouvoirs ont évolué, et se trouvent prêts à nous servir docilement. Nous vivons inconscients au sein de cette Conscience si puissante dans laquelle tout est éternellement présent, et nous sentons vaguement que si nous pouvions vivre consciemment dans cet Éternel, [238] ce serait la Paix. Je ne sais rien qui puisse mieux donner aux choses de la vie leurs véritables proportions que cette idée d'une Conscience dans laquelle tout est présent dès l'origine et dans laquelle il n'y a, en vérité, ni commencement ni fin. Nous apprenons à comprendre qu'il n'y a rien de terrible, rien d'affligeant, sinon d'une façon toute relative ; et c'est dans cette leçon que nous trouvons le commencement d'une paix véritable qui, lorsque l'heure aura sonné, s'épanouira en une joie infinie.

CHAPITRE XI — LA MONADE À L'OEUVRE 1 — CONSTRUCTION DES VÉHICULES

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 65603

CHAPITRE XI

—

LA MONADE À L'OEUVRE

1

—

CONSTRUCTION DES VÉHICULES


Considérons maintenant l'oeuvre de la Monade construisant ses véhicules, lorsqu'elle a comme représentants – sur le troisième, le quatrième et le cinquième plans – Atmâ, Bouddhi, Mânas, avec le corps causal comme réceptacle, magasin de réserve où sont accumulés les résultats des expériences de chaque incarnation.
Au terme de chaque période de vie, c'est-à-dire à la fin de chaque existence dévachanique, la Monade doit donner un nouvel élan d'activité aux noyaux des trois différents corps qu'elle doit habiter dans sa nouvelle existence. Elle réveille en premier lieu le noyau du corps mental. Ce réveil consiste en un flot de vie qui va toujours en augmentant, et qui s'écoule à travers les spirilles. Il faut se rappeler que lorsque les unités permanentes se sont endormies, le flux normal de la vie a diminué dans les spirilles et, durant toute la période de repos, il est presque imperceptible et peu abondant 63. [200]
Quand l'heure de la réincarnation sonne, les spirilles entrent en vibration sous l'impulsion de la vie, et les unités permanentes, les unes après les autres, se transforment pour ainsi dire, en aimants et attirent autour d'elles la matière, appropriée. Lorsque l'unité mentale est ainsi appelée à l'activité, elle se met à vibrer fortement, selon les pouvoirs vibratoires – résultats d'expériences passées – qui se trouvent accumulés en elle et attire, la déposant autour d'elle, la matière appropriée du plan mental. Une barre de fer doux se transforme en aimant lorsqu'on fait passer un courant électrique dans un fil enroulé autour d'elle, et la matière qui se trouve dans le champ magnétique de cet aimant se dispose instantanément autour de ses pôles ; de même l'unité mentale permanente, lorsqu'elle est enveloppée par le courant de vie, devient aimant et la matière qui se trouve dans le champ d'action de ses lignes de force, s'arrange autour d'elle et forme un nouveau corps mental. La nature de la matière ainsi attirée sera en rapport avec la nature plus ou moins complexe de l'unité permanente. Non seulement elle sera plus ou moins grossière, mais elle variera quant au développement des atomes qui entrent dans la composition de ses agrégats. Les molécules attirées seront composées d'atomes dont les pouvoirs vibratoires seront identiques à ceux de l'unité qui joue le rôle d'aimant ou s'en rapprocheront beaucoup, et seront en harmonie avec eux. C'est donc du stade d'évolution de l'individu que dépendra le développement de la matière de son nouveau véhicule mental. C'est ainsi que pour chaque incarnation, il y a un corps mental approprié. Ce processus se répète exactement sur [201] le plan astral pour la construction du nouveau corps astral. Le noyau astral – l'atome astral permanent – est éveillé à son tour et agit de la même façon.

63 Voir chap. IV. 4-5.

L'homme se trouve ainsi revêtu de nouveaux corps mental et astral qui indiquent le degré de son évolution et permettent à ses facultés et à ses pouvoirs de se manifester d'une façon précise dans leur monde respectif.
Mais lorsqu'on arrive à la construction du véhicule sur le plan physique, un nouvel élément entre en jeu. Pour ce qui est de la Monade, le travail est le même. Elle réveille le noyau physique – l'atome physique permanent – et celui-ci se transforme en un aimant comme les précédents. Mais il semble qu'à partir de ce moment une entité intervienne dans l'attraction de la matière et sa disposition dans le champ magnétique : l'élémental chargé de façonner le double éthérique d'après le modèle donné par les Seigneurs du Karma, se montre alors et vient prendre la direction du travail. Les matériaux sont rassemblés de la même façon que lorsqu'un ouvrier rassemble les pierres pour la construction d'une maison, mais c'est le maitre-maçon qui les examine et les accepte ou les rejette et les dispose suivant le plan de l'architecte.
On se demandera : Pourquoi cette différence ? Pourquoi sur le plan physique, où nous pouvions nous attendre à voir le même processus se répéter, un pouvoir étranger doit-il enlever au propriétaire de la maison le soin d'en diriger lui-même la construction. La réponse est que par-là l'individu ne fait qu'obéir à la loi de Karma. Sur les plans supérieurs, l'homme manifeste par ses véhicules tous les pouvoirs qu'il [202] a développés et n'a pas à s'occuper des liens karmiques qu'il a créés dans le passé. Chaque centre de conscience agit sur ces plans dans son cercle particulier ; ses énergies sont dirigées sur ses propres véhicules et la somme de ces énergies qui se manifestent dans le véhicule physique influence tout l'entourage. Par ces relations avec l'entourage, le Karma de l'individu sur le plan physique se complique, et le véhicule qu'il habite, durant une vie donnée, doit être de nature à permettre au Karma de se manifester en lui. C'est ce qui montre la nécessité de l'intervention directrice des Seigneurs du Karma. Si l'individu avait atteint un point d'évolution où, s'il pouvait entrer en relations avec son entourage sur d'autres plans, nous verrions apparaitre sur ces plans les mêmes limites dans son pouvoir de façonner ses véhicules. Dans la sphère de ses activités extérieures, quelles qu'elles soient, ces limites se présentent inévitablement.
C'est pourquoi le façonnement du corps physique est dirigé par une autorité plus haute que celle de l'individu, et il est forcé de passer par les conditions de race, de nation, de famille, de circonstance, déterminées par ses activités passées. Cette action restrictive du Karma exige la construction d'un véhicule qui ne sera qu'une expression partielle de la conscience – partielle non seulement parce qu'une grande partie de son pouvoir ne peut se manifester à cause de la grossièreté des matériaux, mais encore à cause des limites extérieures dont nous aurons parlé plus haut. Une grande partie de la conscience – bien qu'elle soit prête à se manifester sur le plan physique – peut se trouver aussi entravée dans son expression, et une petite portion seulement [203] pourra se manifester sur le plan physique, sous forme de conscience de veille.
Ce qu'il nous faut étudier maintenant dans cette oeuvre d'élaboration des véhicules, c'est le travail spécial de l'organisation des véhicules comme expressions de la conscience ; nous laisserons de côté la construction qui se fait sous l'action des désirs et des pensées, car nous la connaissons déjà. Nous nous occuperons ici des détails plutôt que des grandes lignes.
Nous savons que, tandis que c'est lors de la descente du Deuxième Logos que les qualités sont conférées à la matière, c'est à Son ascension qu'appartient la tâche de disposer ces matériaux spécialisés en formes relativement permanentes. Lorsque la Monade – par l'intermédiaire de son image réfléchie, l'Homme spirituel – s'arroge un certain pouvoir sur ses véhicules, elle se trouve en possession d'une forme dans laquelle le système nerveux sympathique joue un très grand rôle, mais dans lequel le système cérébrospinal ne prédomine pas encore. Elle aura à former un certain nombre de liens entre le système sympathique dont elle hérite, et les centres qu'elle doit organiser dans son corps astral, afin de pouvoir y fonctionner à l'avenir d'une façon indépendante. Mais, avant que toute activité indépendante dans un véhicule supérieur quelconque soit possible, il est nécessaire que la Monade ait fait de ce véhicule – et dans une assez grande mesure – un véhicule transmetteur, c'est-à-dire un véhicule par l'intermédiaire duquel elle pourra agir jusque dans le corps physique. Il faut faire une distinction entre le travail initial d'organisation des véhicules astral et mental – organisation qui les rend aptes à [204] transmettre une partie de la conscience de l'Homme spirituel – et le travail ultérieur de développement qui a lieu dans ces mêmes véhicules et en fait des corps indépendants dans lesquels l'Homme spirituel peut fonctionner sur le plan correspondant à chacun d'eux. Il y a donc un double travail à accomplir : d'abord l'organisation des corps astral et mental en véhicules transmettant la conscience au corps physique ; et ensuite l'organisation de ces véhicules en corps indépendants, dans lesquels la conscience peut fonctionner sans l'aide du corps physique.
Les véhicules astral et mental doivent donc être organisés à seule fin que l'Homme spirituel puisse se servir du cerveau physique et du système nerveux comme d'organes de la conscience sur le plan physique. L'influence qui le pousse à se servir de ces instruments lui vient du plan physique sous l'action des impacts qui vont frapper les différentes terminaisons nerveuses et donnent naissance à des vagues de force nerveuse qui remontent le long des nerfs jusqu'au cerveau : ces ondes passent ensuite du cerveau physique au corps éthérique, de là au corps astral et enfin au corps mental, provoquant une réponse de la conscience, dans le corps causal sur le plan mental supérieur. Cette conscience, éveillée par ces impacts de l'extérieur donne naissance à des vibrations qui, en réponse, émanent du corps causal et atteignent le corps mental ; de là elles passent au corps astral, puis au corps éthérique et enfin au corps physique dense ; ces vagues produisent des courants éthériques dans le cerveau éthérique et ces courants réagissent sur la matière dense des cellules nerveuses. [205]
Toutes ces activités vibratoires organisent graduellement les premiers nuages informes de matière astrale et mentale, et en font des véhicules qui fourniront à ces actions et réactions un terrain dans lequel elles pourront s'exercer avec effet. Ce processus se continue pendant des existences sans nombre, commençant, comme nous l'avons vu, en bas, mais s'exerçant de plus en plus sous le contrôle de l'Homme spirituel ; celui-ci commence à diriger ses activités en se basant sur le souvenir qui lui reste des expériences passées ; l'incitation de ce souvenir, stimulé par le désir, est le point de départ de ces activités. À mesure que ce processus marche en avant, l'action directrice émanant de l'intérieur devient de plus en plus sensible, et les attractions et les répulsions des objets extérieurs perdent peu à peu tout contrôle dans la construction des véhicules ; ce contrôle a dès lors son centre à l'intérieur.
À mesure que les véhicules se perfectionnent, il s'y forme certains agrégats de matière, vagues, imprécis tout d'abord, mais qui, peu à peu, prennent une forme de plus en plus définie. Ce sont les futurs châkras ou roues, centres sensoriels du corps astral, distincts des centres sensoriels astrals qui ont rapport aux organes des sens et aux centres du corps physique 64. Mais, pendant une immense période de temps, rien ne vient éveiller l'activité de ces centres qui croissent très lentement ; et souvent leur mise en rapport avec le corps physique se trouve retardée, même lorsqu'ils ont commencé à fonctionner sur le plan astral ; car cette liaison avec le [206] corps physique ne peut s'accomplir que par l'intermédiaire du véhicule physique dans lequel réside la force ardente de Koundalinî. Avant que Koundalinî puisse les atteindre, de telle façon qu'il leur soit possible de transmettre leurs observations au corps physique, il faut que ces centres soient reliés au système nerveux sympathique, et les grandes cellules ganglioniques de ce système constituent les points de contact. Quand ces liens se trouvent établis, le courant de feu peut se déverser librement, et les observations de faits du plan astral pourront être transmises d'une façon précise au cerveau physique. Bien que ces centres ne puissent être reliés au véhicule physique d'une autre manière, leur construction en tant que centres et leur organisation graduelle en roues peut avoir pour point de départ un véhicule quelconque, et pour chaque individu elle partira du véhicule qui représente le type spécial de tempérament de cet individu. C'est le type de tempérament de l'individu qui détermine la place où se déploiera la plus grande activité dans la construction des véhicules et leur transformation graduelle en instruments parfaits de la conscience qui va se manifester sur le plan physique. Ce centre d'activité peut être localisé dans le corps physique, le corps astral, le corps mental inférieur ou le supérieur. Dans tous ces corps, et même dans d'autres plus élevés encore – selon le tempérament-type de l'individu – nous trouverons ce centre dans le principe qui caractérise le tempérament, et c'est de ce principe que le centre agira "vers le haut" et "vers le bas", façonnant les véhicules de façon à les rendre aptes à manifester les caractéristiques de ce tempérament. [207]

64 Voir chap. VII, 2.

2 — UN EXEMPLE COMME ÉVOLUTION


Pour mieux comprendre ce qui se passe, nous prendrons un cas spécial – un tempérament dans lequel l'intelligence concrète prédomine. Nous allons suivre l'Homme spirituel dans ses pérégrinations à travers la troisième, la quatrième et la cinquième Race-mère. Si nous l'examinons lorsqu'il agit au sein de la troisième race, nous trouvons que son niveau mental est très bas, bien que la note prédominante de son type soit l'intellect. La vie qui est en pleine activité autour de lui, mais qu'il ne peut ni comprendre ni maitriser, exerce sur lui, du dehors, une puissante influence et affecte profondément son véhicule astral. Ce véhicule retient les impressions qu'il reçoit – en vertu du tempérament de l'individu – et les désirs viennent stimuler la jeune intelligence, la poussant à faire des efforts pour leur accorder satisfaction. La constitution physique diffère de l'homme de la cinquième race ; le système sympathique prédomine encore et le système cérébrospinal lui est entièrement subordonné. Mais certains centres du système sympathique commencent à perdre de leur valeur effective en tant qu'instruments de la conscience, car ils appartiennent, comme tels, à un degré d'évolution inférieur au stade humain. Il y a dans le cerveau deux glandes qui, à l'origine, sont reliées d'une façon spéciale au système sympathique, quoique de nos jours ils fassent partie du système cérébrospinal – ces corps sont : la glande pinéale et le corps pituitaire. Ces deux organes nous montrent comment une même partie du corps peut, à une [208] période donnée, fonctionner d'une certaine façon, puis perdre par la suite cette fonction particulière et ne plus agir que faiblement et enfin, à un stade d'évolution ultérieur, retrouver son activité sous l'influence d'un courant de vie supérieur qui vient lui donner une utilité nouvelle, une fonction plus élevée.
C'est chez les invertébrés plutôt que chez les vertébrés que ces corps se développent, et c'est pourquoi les biologistes appellent le "troisième oeil", "l'oeil des invertébrés". Cependant on trouve encore cet organe chez certains vertébrés, chez lesquels il tient lieu d'oeil ; on a par exemple découvert il y a quelque temps en Australie un serpent qui présentait au sommet de la tête une disposition particulière d'écailles à demi transparentes ; lorsqu'on enleva ces écailles on trouva un oeil – complet dans tous ses détails – mais ne fonctionnant pas. Ce troisième oeil fonctionnait chez les Lémuriens de cette façon vague et imprécise qui caractérise les stades inférieurs de l'évolution, surtout pour le système sympathique. Lorsque l'homme passa graduellement de la race lémurienne à la race atlantéenne, ce troisième oeil perdit son activité ; le cerveau se développa autour de lui et il se transforma en cet appendice que nous appelons aujourd'hui la glande pinéale. Dans la race lémurienne, l'homme était essentiellement psychique, car son système sympathique était très sensible aux vibrations du corps astral, non organisé à cette époque. Dans la race atlantéenne, il perdit peu à peu ses facultés psychiques, à mesure que le système sympathique prenait une importance secondaire et que le système cérébrospinal se développait. [209]
La croissance du système cérébrospinal est plus rapide chez l'Atlante du type que nous étudions, que chez ceux d'un type différent, car chez lui l'activité principale est centrée dans l'intelligence concrète, la stimule et la façonne ; le corps astral perd plus tôt sa prédominance et devient plus rapidement un instrument de transmission des vibrations mentales jusqu'au cerveau. Aussi lorsque cet individu passera dans la cinquième race, il sera tout prêt à prendre avantage de ses caractéristiques, il se construira un cerveau fort et bien proportionné ; il se servira de son corps astral surtout comme un instrument de transmission et construira ses véhicules en partant du plan mental.


3 — LA GLANDE PINÉALE ET LE CORPS PITUITAIRE


Revenons au deuxième des organes dont nous avons parlé plus haut – le corps pituitaire. On suppose que cet organe est le résultat de l'évolution de ce qui, à l'origine, était une bouche, communiquant directement avec le tube digestif des invertébrés. Cet organe cessa de fonctionner en tant que bouche chez les vertébrés et devint un organe rudimentaire, mais il conserva une fonction particulière, intimement liée à la croissance du corps. Il est en pleine activité durant la période normale de la croissance physique, et plus son activité est grande, plus rapide aussi est la croissance du corps. On a remarqué que chez les géants cet organe est particulièrement actif. De plus, le corps pituitaire recommence [210] parfois à fonctionner plus tard dans la vie, lorsque la charpente osseuse du corps est déjà complètement terminée, et il provoque alors des croissances monstrueuses aux endroits libres du corps, mains, pieds, nez, etc., et donne naissance à des déformations pénibles pour ceux qui en sont l'objet. Lorsque le système cérébrospinal devint prédominant, ces deux organes perdirent leur fonction première ; mais ils avaient un futur devant eux, aussi bien qu'un passé. Dans le passé ils furent intimement liés au système sympathique ; dans le futur ils le seront au système cérébrospinal. À mesure que l'évolution progresse, et que les châkras du corps astral sont appelés à l'activité, le corps pituitaire devient d'abord l'organe physique de la clairvoyance astrale et plus tard celui de la clairvoyance mentale. Si l'on force par trop la vision astrale pendant la vie physique, il en résulte souvent une inflammation du corps pituitaire. C'est par son intermédiaire que les connaissances acquises par la vision astrale sont transmises au cerveau ; c'est lui aussi qui permet de vérifier les points de contact entre le système sympathique et le corps astral, de telle sorte que la continuité de conscience se trouve établie entre le plan astral et le plan physique.
La glande pinéale se trouve à un moment donné reliée à l'un des châkras du corps astral, et par son intermédiaire, elle entre en rapport avec le corps mental ; elle sert alors d'organe physique pour la transmission de la pensée d'un cerveau à un autre. Dans les cas de télépathie, la pensée peut être projetée d'une intelligence à une autre en employant la matière mentale comme moyen de transmission ; ou bien elle peut être [211] envoyée au cerveau physique, et transmise par la glande pinéale, à travers l'éther physique, à la glande pinéale d'un autre cerveau, d'où elle passera à la conscience de celui qui la reçoit.
Quoique le centre d'activité se trouve dans le principe dominant de l'homme, les liens d'union entre les châkras et le corps physique doivent être établis en partant du plan physique. Le but de ces liens n'est pas de faire du véhicule astral un appareil grâce auquel les énergies émanant de l'homme spirituel pourront être transmises d'une façon plus complète au corps physique, mais bien de permettre au véhicule astral d'entrer en relations plus intimes, plus complètes avec le corps physique. Il peut y avoir plusieurs centres d'activité pour la constitution des véhicules transmetteurs, mais il est indispensable de partir du plan physique pour faire parvenir à la conscience le résultat des activités des corps fonctionnant sur d'autres plans. De là l'importance capitale de la pureté physique dans la nourriture entre autres choses.
On demande souvent : "Comment les connaissances acquises sur d'autres plans parviennent-elles au cerveau, et comment se fait-il qu'elles ne laissent aucun souvenir des circonstances dans lesquelles elles ont été acquises ?" Toute personne pratiquant régulièrement la méditation sait qu'un grand nombre de connaissances qu'elle n'a pas acquises par l'étude sur le plan physique, se font jour dans le cerveau. D'où viennent-elles ? Elles viennent du plan astral ou du plan mental, plans sur lesquels elles ont été acquises, et de là parviennent au cerveau de la façon ordinaire, comme nous l'avons décrit précédemment ; la conscience les a assimilées [212] directement sur le plan mental ou les a reçues du plan astral, et elle émet comme à l'ordinaire des vagues de pensées. Ces connaissances peuvent aussi avoir été communiquées sur un plan supérieur par une entité qui aura agi directement sur le corps mental. Mais l'individu peut n'avoir aucun souvenir des circonstances qui ont présidé à cette transmission pour une ou pour deux raisons ou pour toutes les deux à la fois. La plupart des individus ne sont pas ce qu'on appelle techniquement "éveillés" sur le plan astral ou le plan mental, c'est-à-dire que leurs facultés sont dirigées vers l'intérieur : ils sont absorbés par le travail mental et les émotions, et ne prennent aucun intérêt aux phénomènes extérieurs sur ces plans. Ils peuvent être très réceptifs ; il peut se faire que leurs corps astral et mental entrent très facilement en vibration, et ce sont ces vibrations qui apportent ces connais-sauces ; mais leur attention ne se porte pas sur la personne qui envoie la communication. Avec le progrès de l'évolution ces personnes deviennent de plus en plus réceptives sur les plans astral et mental, mais malgré cela elles restent inconscientes de leur entourage.
La raison de ce manque de mémoire est l'absence des liens d'union avec le système sympathique, liens dont nous avons parlé plus haut. Il peut se faire qu'une personne soit pleinement "éveillée" sur le plan astral, qu'elle y fonctionne activement, en pleine conscience de son entourage, mais si les liens entre le corps astral et le corps physique manquent ou bien s'ils n'ont pas été appelés à l'activité, il y aura une solution de continuité dans la conscience. Si vive que soit cette conscience sur le plan astral, il lui [213] est impossible de transmettre au cerveau, avec le souvenir, les expériences astrales, avant que ces liens ne fonctionnent parfaitement. De plus il faut aussi que le corps pituitaire – qui rassemble les vibrations astrales comme la lentille concentre en un foyer les rayons du soleil – soit en pleine activité. Un certain nombre de vibrations astrales sont rassemblées et projetées sur un point particulier : des vibrations prennent ainsi naissance dans la matière physique et leur propagation devient ensuite aisée. Tout ceci est nécessaire pour que la mémoire soit possible.


4 — LES VOIES DE LA CONSCIENCE


Une question se pose ici : La conscience suit-elle toujours le même chemin pour arriver à son véhicule physique ? Nous savons que parfois le passage direct d'un plan à un autre peut se faire par l'intermédiaire des sous-plans atomiques et quelquefois en passant par tous les sous-plans jusqu'au septième, avant d'arriver au sous-plan atomique du plan suivant. Laquelle de ces deux routes la conscience suit-elle ? Dans son activité normale, pendant l'élaboration habituelle des pensées, la vague descend sans interruption à travers tous les sous-plans successifs ; partant des sous-plans mentals, elle passe à travers les sept sous-plans astrals, puis à travers les sous-plans éthériques physiques et arrive ainsi à la matière nerveuse dense. Là elle donne naissance à des courants électriques dans la matière éthérique et ces courants influencent le protoplasme des cellules de la matière grise du cerveau. Mais lorsqu'il se produit des manifestations anormales [214] comme dans les lueurs soudaines de génie ou les illuminations brusques de l'intelligence – ces lueurs soudaines qui viennent, par exemple, illuminer l'intelligence de l'homme de science lorsque d'un amas de faits disparates il voit tout à coup surgir la grande loi de l'unité qui forme la base – la conscience se déverse à travers les sous-plans atomiques seulement et arrive ainsi au cerveau. C'est l'illumination qui s'affirme elle-même par sa seule présence, comme la lumière du soleil, et dont aucun raisonnement ne saurait augmenter l'irrésistible pouvoir. Le raisonnement atteint donc le cerveau en passant par tous les sous-plans successifs, tandis que la vague d'illumination passe par les sous-plans atomiques seulement.

CHAPITRE X — ÉTATS HUMAINS DE LA CONSCIENCE 1 — LA SUBCONSCIENCE

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 65258

CHAPITRE X

—

ÉTATS HUMAINS DE LA CONSCIENCE

1

—

LA SUBCONSCIENCE


Nous avons déjà remarqué qu'un grand nombre des activités de la conscience, lorsqu'elles ont une fonction définie, deviennent automatiques et tombent graduellement au-dessous du "niveau de la conscience". Les activités qui entretiennent la vie du corps – comme le battement, l'expansion et la contraction du coeur, la digestion, etc. – sont toutes tombées dans une région de la conscience sur laquelle elle ne concentre pas son attention. Il y a un grand nombre de phénomènes qui, bien qu'ils n'aient pas directement affaire avec l'entretien de la vie du corps, font partie de cette région inexplorée. Le système sympathique est le magasin de réserve des traces qu'ont laissées les événements passés, événements qui ne font pas partie de notre vie présente, mais qui ont eu lieu, il y a des siècles, dans des vies passées lorsque le Jivâtmâ, qui est notre Soi, occupait des corps d'hommes sauvages ou d'animaux. Bien des terreurs [176] vagues, des frayeurs dans les ténèbres, bien des impulsions de cruauté vindicative, bien des élans subtils de vengeance et de passion, émanent des profondeurs de ce sombre océan de la subconscience qui mugit au-dedans de nous et cache plus d'une dépouille, plus d'un squelette de notre passé. Apportés par la conscience astrale d'alors à son instrument physique, afin d'être exécutés, ces événements ont été saisis et enregistrés par cette plaque toujours sensible qu'offre l'atome permanent, et d'une vie à l'autre, ils se trouvent recueillis dans les profondeurs du système nerveux. Que la conscience se trouve occupée ailleurs, qu'une forte vibration émanant d'une autre conscience vienne nous frapper, qu'un évènement ait lieu, reproduisant des circonstances qui donnent naissance à certaines vibrations pour une cause ou pour une autre, ces possibilités qui dorment au plus profond de nous-mêmes sont réveillées brusquement et les passions ensevelies depuis longtemps réapparaissent tout à coup au grand jour. C'est dans ces régions que se cachent aussi tous ces instincts dont notre raison souvent n'est pas maitresse, ces instincts qui, dans les temps passés, furent des efforts, des luttes pour la vie, les résultats des expériences au cours desquelles notre corps d'alors trouva la mort, résultats que l'âme a enregistrés et d'après lesquels elle règlera sa conduite dans les âges futurs. C'est là aussi que dorment les instincts d'amour pour le sexe opposé, résultats d'unions sans nombre, les instincts d'amour paternel et maternel entretenus pendant des générations, les instincts de défense personnelle, développés au cours de luttes innombrables ; les instincts qui poussent l'individu à profiter d'un avantage [177] déloyal, résultat d'un nombre infini de tromperies, d'intrigues ; c'est là aussi que sommeillent maintes vibrations provenant d'expériences, de sensations, de désirs de notre vie présente, tous vécus et oubliés, mais prêts à réapparaitre au moindre appel. Le temps nous manquerait pour analyser tout ce que renferme ce musée des reliques d'un passé qui se perd dans la nuit des temps, vieux débris qui reposent là, côte à côte, avec les fragments plus intéressants d'époques ultérieures, et les instruments encore nécessaires à nos besoins présents. Sur la porte d'entrée de ce musée de vieilles reliques est écrite cette devise : "Fragments du Passé" car la subconscience appartient au Passé, comme la conscience de veille appartient au Présent, et la super-conscience au Futur.
Une autre région de la subconscience en nous, est formée de ces innombrables consciences secondaires qui se servent de notre corps comme champ d'évolution – atomes, molécules, cellules de différentes sortes. Un grand nombre de ces apparitions bizarres, de ces images curieuses provenant de la subconscience en nous, ne nous appartiennent pas en réalité ; elles ne sont que les tâtonnements obscurs, les folles terreurs, les fantaisies bizarres des unités de conscience qui, à un degré d'évolution inférieur au nôtre, sont nos hôtes et font de notre corps leur demeure.
C'est dans cette partie de la subconscience que se livrent ces luttes entre les différents groupes d'êtres qui ont élu domicile dans notre sang, luttes dont nous n'avons pas conscience, si ce n'est lorsqu'elles se manifestent sous forme de maladies.
La subconscience humaine, agissant sur le [178] plan physique, est donc composée d'éléments extrêmement variés, et il est nécessaire de l'analyser et de la comprendre pour pouvoir distinguer ses activités de celles de la véritable super conscience de l'homme, qui ressemble aux instincts par la soudaineté de ses activités, mais qui en diffère totalement par sa nature et la place qu'elle occupe dans l'évolution appartient au Futur, tandis que les instincts font partie du Passé ; il y a autant de différence entre les deux qu'entre les vestiges d'organes atrophiés, registres de l'histoire du passé, et les rudiments d'organes à l'état de germes, symboles des progrès futurs.
Nous avons vu aussi que la conscience, agissant sur le plan astral, a construit et construit encore actuellement le système nerveux destiné à servir d'intermédiaire à ses instruments sur le plan physique ; mais ceci ne fait pas partie non plus de ce qu'on appelle, à ce degré d'évolution, la conscience de veille. Chez la majorité des hommes, c'est la conscience agissant sur le plan mental qui, actuellement, élabore et organise le corps astral et en fait son futur instrument sur le plan astral ; mais ceci ne fait pas non plus partie de la conscience de veille. Qu'est-ce donc alors que la conscience de veille de l'homme ?


2 — LA CONSCIENCE DE VEILLE


La conscience de veille est la conscience qui, tout en agissant sur les plans mental et astral, en employant comme véhicule la matière de ces plans, a son siège dans le cerveau physique sous [179] forme de soi-conscience 58 et emploie ce cerveau avec le système nerveux qui s'y rattache, comme instrument de la volonté, de la connaissance et de l'activité sur le plan physique. Dans la conscience de veille, le cerveau est toujours actif, toujours en vibration ; son activité, en tant qu'organe transmetteur, peut être stimulée de l'extérieur par l'intermédiaire des sens ou bien des plans intérieurs par la conscience ; mais il est sans cesse en activité et répond continuellement aux influences du dedans et du dehors. Chez la majorité des hommes, le cerveau est la seule partie de l'organisme dans laquelle la conscience est devenue, d'une façon nette et précise, la soi-conscience, la seule où l'individu se sent véritablement "Je" et s'affirme comme unité individuelle séparée. Dans toutes les autres parties de son être, la conscience tâtonne vaguement, répondant bien aux impacts du dehors, mais ne les définissant pas encore ; consciente des changements qui se produisent dans ses propres états d'être, mais inconsciente d'autrui et de soi-même. Chez les individus les plus évolués de la race humaine, la conscience, agissant sur le plan astral et le plan mental, est très riche et très active, mais son attention n'est pas encore tournée vers l'extérieur, vers les mondes astral et mental dans lesquels elle vit, et ses activités se manifestent à l'extérieur dans la soi-conscience sur le plan physique vers lequel elle dirige toute son attention, et sur lequel se déversent [180] autant des activités supérieures que ce plan est capable d'en recevoir. De temps à autre, sur le plan mental et le plan astral, des impacts violents donnent naissance, dans la conscience, à une vibration tellement puissante qu'une vague de pensée ou d'émotion s'élève dans la conscience de veille et l'agite si violemment que ses activités normales sont arrêtées, submergées, et, l'individu est poussé à commettre un acte qui échappe complètement au contrôle de la soi-conscience. Nous examinerons ceci avec plus de détails lorsque nous en arriverons à la conscience hyperphysique.

58 Voir chapitre IX, 1, 2, pour la différence entre la Conscience et la Soi-Conscience ; et chapitre VI, 3, pour l'exposition de la Conscience physique, qu'il ne faut pas confondre avec la Conscience de veille.

On peut donc dire que la conscience de veille est cette partie de la conscience totale qui fonctionne dans le cerveau et le système nerveux et qui est nettement soi-consciente. Nous pouvons nous figurer la conscience comme une grande lumière qui brille à travers un globe de verre serti dans l'épaisseur d'un plafond ; la lumière qui traverse le globe éclaire la chambre au-dessous, tandis que la lumière elle-même remplit la chambre au-dessus et rayonne librement en tous sens. La conscience est comme un gros oeuf lumineux dont une pointe seulement est insérée dans le cerveau, et cette pointe, c'est la conscience de veille. Lorsque la conscience, sur le plan astral, sera devenue soi-conscience et que le cerveau sera assez développé pour répondre à ses vibrations, la conscience astrale commencera à faire partie de la conscience de veille. Plus tard, lorsque la conscience sur le plan mental sera devenue soi-conscience, et que le cerveau sera assez développé pour répondre à ses vibrations, la conscience mentale fera partie de la conscience de veille – et ainsi de suite jusqu'à [181] ce que toute la conscience, sur les cinq plans, ait évolué jusqu'à la conscience de veille.
Le développement de cette conscience est accompagné d'un développement des atomes, ainsi que de certains organes du cerveau ; et des liens de rapport entre les cellules se forment. Car, pour que la conscience astrale puisse faire partie de la conscience de veille, il est indispensable que le corps pituitaire atteigne un développement supérieur à son état actuel, et que le quatrième groupe de spirilles des atomes soit parachevé. Pour que la conscience mentale fasse partie de la conscience de veille, il faut que la glande pinéale entre en activité et que le cinquième groupe de spirilles ait atteint son parfait développement. Tant que le développement de ces organes physiques n'est pas parfait, la soi conscience pourra être développée sur le plan astral et le plan mental, mais elle demeurera toujours super-conscience, et ses activités ne pouvant pas se manifester dans le cerveau physique, elle ne fera pas partie de la conscience de veille.
La conscience de veille est limitée et conditionnée par le cerveau aussi longtemps que l'homme a un corps physique, et une blessure quelconque infligée à cet organe, une lésion, un trouble quelconque, arrêteront la manifestation de la conscience. Si hautement évoluée que soit la conscience d'un individu, elle est limitée par son cerveau dans ses manifestations sur le plan physique, et si ce cerveau est mal conformé ou peu développé, la conscience de veille sera pauvre et limitée.
Lorsque le corps physique disparait, le mode d'expression de la conscience change, et ce que [182] nous avons dit des conditions physiques transféré au plan astral. Nous pouvons donc amplifier notre définition première et dire d'une façon générale que la conscience de veille est cette portion de la conscience totale qui a dans son véhicule le plus extérieur, c'est-à-dire qui se manifeste sur le plan le plus inférieur avec lequel la conscience, à n'importe quel moment, est en contact.
Aux premiers degrés de l'évolution humaine, la conscience est peu active sur les plans intérieurs, excepté lorsqu'elle est stimulée par les influences venant des plans extérieurs. Mais à mesure que la soi-conscience s'affirme sur le plan physique, elle vient enrichir, avec une rapidité toujours grandissante, le contenu de la conscience sur les plans intérieurs ; la conscience, agissant sur son propre contenu, évolue rapidement, si bien que ses pouvoirs internes dépassent de beaucoup les possibilités de manifestations qu'offre le cerveau, et ce dernier devient une limite, un obstacle, au lieu d'être une aide et un collaborateur. La pression que la conscience exerce alors sur son instrument devient parfois dangereuse par sa puissance, et cause une tension nerveuse qui met en danger l'équilibre du cerveau, incapable de s'adapter assez rapidement aux vibrations intenses qui l'assaillent de tous côtés. C'est pourquoi l'on peut dire en vérité que "rien n'est plus près de la folie que le génie lui-même". Seul le cerveau hautement évolué et délicatement organisé de l'homme de génie peut lui permettre de se manifester sur le plan physique ; mais c'est ce même cerveau qui perdra le plus facilement son équilibre, sous l'influence des violentes [183] vibrations de ce génie – et alors, c'est la folie. Il est vrai que la folie – l'incapacité du cerveau à répondre normalement aux vibrations – peut avoir aussi pour cause un manque de développement ou un arrêt de croissance dans l'organisme du cerveau ; cette sorte de folie n'a rien à voir avec le génie ; mais il est un fait certain, un fait extrêmement important, c'est qu'un cerveau qui est en avance sur l'évolution normale, et qui a développé des combinaisons nouvelles d'atomes, des combinaisons plus délicates, permettant à la conscience de se manifester plus complètement, est de tous les cerveaux celui qui sera le plus facilement mis hors d'usage, si le moindre dérangement se produit dans son mécanisme encore insuffisamment élaboré pour résister à une trop grande tension. Nous reviendrons à ceci plus loin, en examinant la conscience superphysique.


3 — LA CONSCIENCE SUPERPHYSIQUE


Les psychologues occidentaux s'adonnent depuis quelque temps à l'étude des états de conscience autres que ceux de veille ; ils ont donné à ces états différents noms, comme conscience anormale, subconscience, l'inconscient, et fréquemment, conscience de rêve, parce que le rêve est la forme la plus généralement reconnue, la forme universelle d'un autre état de conscience. On considéra tout d'abord ces états comme des conditions morbides du cerveau ; cette théorie est encore très répandue, mais les plus avancés parmi les psychologues, ont adopté une façon de voir plus large, et ils commencent à étudier ces [184] états comme des manifestations définies de la conscience, mais des manifestations qui se produisent dans des conditions, sinon morbides, du moins difficiles à comprendre. Certains d'entre eux admettent la présence d'une conscience plus large, dont une fraction seulement peut se manifester dans le cerveau, au stade actuel de son développement. Les sages de l'Orient ont, depuis de longs âges, considéré cette autre conscience comme supérieure à la conscience de veille ; pour eux, c'est cet état où la conscience est libérée des entraves et des restrictions du cerveau physique, et agit dans un médium plus subtil, plus plastique, mieux adapté à ses besoins. On a toujours regardé le rêve comme une phase de cette activité hyper physique, un contact avec les mondes supérieurs ; il y a des moyens d'éveiller la soi-conscience dans le monde des rêves, de libérer à volonté du corps physique la soi conscience revêtue de ses enveloppes supérieures, en sorte qu'au lieu de répondre d'une façon vague et confuse aux impacts des mondes supérieurs – comme dans les états inférieurs du rêve – elle peut arriver, dans ces mondes, à une vision nette et précise de ce qui l'entoure. Pour arriver à ce résultat, il faut d'abord que, dans ses véhicules supérieurs, elle soit séparée du corps physique et éveillée à l'activité sur le plan astral ; car, avant qu'elle soit devenue consciente d'elle-même en dehors du corps physique, il lui est impossible de faire, dans l'état de rêve, une distinction entre les expériences hyper physiques, et les expériences fragmentaires et chaotiques du plan matériel, qui viennent se mêler à elles dans le cerveau. De même que l'eau limpide versée dans un vase malpropre [185] perd sa pureté, de même une expérience astrale tombant dans un cerveau rempli d'images fragmentaires d'expériences physiques passées, devient confuse, imprécise, défigurée 59. C'est pourquoi les psychologues d'Orient cherchèrent les moyens de séparer la soi-conscience de son véhicule physique, et il est intéressant de remarquer que, par ces moyens, différents de ceux d'Occident, et dont le seul but est d'élargir le champ de la conscience, on réduit le corps à un état de quiétude parfaite, semblable à celle que provoquent, par des moyens physiques, nos psychologues occidentaux.

59 L'étudiant fera bien de lire attentivement le livre de C. W. LEADBEATER sur les Rêves.

La super-conscience comprend la totalité de la conscience supérieure à la conscience de veille, c'est-à-dire tout ce qui, sur les plans supérieurs, ne vient pas se manifester sur le plan physique par l'intermédiaire de la soi conscience agissant dans le cerveau. Elle est donc extrêmement complexe et couvre un grand nombre de phénomènes. Le rêve, comme nous l'avons dit, en fait partie, ainsi que toutes ces activités de la conscience astrale qui se traduisent sous forme de pressentiments, d'avertissements, de visions de ce qui se passe en un lieu éloigné ou d'événements futurs, vagues influences des autres mondes, intuitions incompréhensibles. À elle aussi appartiennent toutes ces activités de la conscience mentale – inférieure ou supérieure – qui nous apparaissent sous forme de compréhension intuitive, visions soudaines des lois de cause à effet, inspirations mentales ou morales, traits de génie, visions [186] merveilleuses, artistiques, etc. Ces irruptions de la conscience supérieure dans le plan physique présentent un caractère frappant d'inattendu, de conviction, d'impérieuse autorité, et un manque complet de toute cause apparente. Elles n'ont aucun rapport – tout au moins aucun rapport direct – avec le contenu de la conscience de veille ; elles ne se justifient pas envers elle, mais s'imposent, tout simplement.
Pour amener la conscience supérieure à se manifester sur le plan physique, il est nécessaire, au début, de réduire le cerveau à l'inactivité complète, de rendre les organes des sens insensibles aux impacts physiques et, en séparant du corps l'entité consciente, de plonger ce corps dans ce qu'on appelle l'état de transe. La transe n'est que l'état de sommeil provoqué artificiellement ou de façon anormale ; que ce soit par des moyens mesmériques, hypnotiques, médicaux ou autres, le résultat est le même en ce qui concerne le corps physique. Mais les résultats sur les autres plans dépendront de l'évolution de la conscience sur ces plans, et une conscience hautement évoluée ne permettrait pas l'emploi de méthodes hypnotiques ou bien des drogues, si ce n'est peut-être un anesthésique, en cas d'opération – mais elle pourra, dans des circonstances exceptionnelles, admettre l'emploi du mesmérisme pour provoquer l'état de transe. La transe peut être provoquée par une influence émanant des plans supérieurs ou par une concentration intense de la pensée ou par la contemplation de l'objet de dévotion, contemplation qui amène l'extase. Ce sont là les méthodes qu'ont employées de temps immémorial les Râja yogis d'Orient, et c'est par [187] cette contemplation extatique que les saints d'Occident provoquent l'extase. Il est impossible de faire une distinction entre cet état de transe et celui qu'on produit à la Salpetrière et ailleurs par les moyens dont nous avons parlé plus haut. Les hâtha yogis arrivent aussi à produire l'extase par des moyens à peu près identiques – en regardant fixement un point noir sur un mur blanc ou en fixant leurs regards sur la pointe du nez ou autres pratiques de ce genre.
Mais si l'on étudie ces états avec des pouvoirs visuels, et des moyens de contrôle autres que ceux du plan physique, quelle différence apparait entre les états de conscience hyper physique du sujet hypnotisé et du yogi ! H. P. Blavatsky, dans la Doctrine Secrète, nous en parle en ces termes :
"Dans l'état de transe, l'aura se transforme complètement et on ne peut plus distinguer les unes des autres les sept couleurs du prisme. Durant le sommeil, ces couleurs ne sont pas toutes présentes non plus ; car celles qui appartiennent aux éléments spirituels dans l'homme – c'est-à-dire le jaune de Bouddhi, l'indigo du manas supérieur, et le bleu de l'enveloppe aurique – sont, ou bien à peine visibles, ou bien totalement absentes. L'Homme spirituel est libéré durant le sommeil et, bien que sa mémoire physique puisse ne pas en avoir conscience, il vit, enveloppé de son essence la plus subtile, sur d'autres plans, dans ces royaumes qui sont les mondes de la réalité, et que sur notre plan d'illusion nous appelons le monde des rêves. Si un clairvoyant entrainé pouvait observer en même temps un yogi en état de transe et un sujet hypnotisé, il apprendrait [188] une grande leçon d'occultisme. Il apprendrait à connaitre la différence entre la transe provoquée par le sujet lui-même et l'état d'hypnose résultant d'une influence extérieure. Chez le yogi, les principes du quaternaire inférieur disparaissent complètement. On ne trouve ni le vert, ni le rouge-violet, ni le bleu aurique du corps causal, tout au plus voit-on
quelques vibrations imperceptibles du principe prânique aux reflets dorés, et une petite flamme violette striée d'étincelles d'or qui s'échappe du sommet de la tête, dans la région où se trouve le troisième oeil, et qui va se terminer en un point. Si l'étudiant veut bien se rappeler que le violet véritable, l'extrême limite du spectre, n'est pas une couleur composée de rouge et de bleu, mais bien une couleur homogène, dont les vibrations sont sept fois plus rapides que celles du, rouge, s'il se rappelle aussi que la teinte dorée est l'essence des trois lignes jaunes, du rouge-orangé au jaune-orangé et au jaune-jaune, il comprendra pourquoi le yogi vit dans son propre corps aurique, devenu le véhicule de bouddhi-mânas. Par contre, chez le sujet en état de transe hypnotique ou mesmérique, provoquée par des moyens artificiels – sorte de magie noire inconsciente ou même consciente, à moins qu'ils ne soient employés par un adepte – tout le groupe des principes est présent avec le mânas supérieur complètement paralysé, et Bouddhi séparé de lui par cette paralysie même ; quant au corps astral rouge-violet, il est entièrement sous la domination du mânas supérieur et du kâma roûpa 60".
Cette différence de conditions, que le [189] clairvoyant observe chez le sujet en état de transe, se traduit ensuite par une différence d'une importance capitale, dans ses résultats ultérieurs. Le yogi qui abandonne son corps, le quitte avec toute sa soi-conscience, explore les mondes supérieurs en pleine possession de ses facultés, et lorsqu'il retourne à son corps physique, il imprime dans son cerveau, hautement développé, le souvenir des expériences par lesquelles il a passé. Mais l'individu peu évolué, plongé dans l'état de transe, "perd connaissance" ; si la soi conscience n'est pas développée sur les plans supérieurs, son pouvoir de perception ne se tournera pas vers l'extérieur sur ces plans ; il est pour ainsi dire aussi endormi dans ces mondes astral et mental qu'ici-bas sur le plan physique, et lorsqu'il se réveille de sa transe, il ne sait absolument rien de ce qui s'est passé autour de lui.

60 Doctrine Secrète, VI, 184, 195.

Cependant, si le sujet est assez développé – et la plupart des hommes de notre évolution actuelle le sont – pour être soi-conscient sur le plan astral, il pourra, avec avantage, répondre aux questions qui lui seront posées pendant l'état de transe. Car, lorsque cet état est provoqué artificiellement, le cerveau, n'étant plus le jouet de l'action et de la réaction qui d'ordinaire a lieu entre lui et les choses qui l'entourent, devient, si imparfait qu'il soit, un instrument de la conscience supérieure. Isolé de son entourage physique, insensible aux stimuli extérieurs auxquels il a coutume de répondre, débarrassé de tout lien avec les principes inférieurs, mais restant en communication avec les principes supérieurs, il continue à répondre aux impacts d'en haut et d'une façon beaucoup plus nette, car [190] aucune de ces énergies ne va se perdre dans le plan physique. C'est en cela que réside l'essence même de l'état de transe. Lorsque toutes les avenues des sens sont volontairement fermées, les forces, qui se déversent par ces avenues dans le monde extérieur, restent à la disposition de la conscience supérieure, prêtes à la servir. C'est au milieu de ce silence, imposé aux activités physiques, que les voix des plans supérieurs peuvent se faire entendre.
Dans la transe hypnotique, on observe une grande intensification des pouvoirs du mental ; la mémoire embrasse un champ beaucoup plus grand ; les faibles vibrations laissées par les événements passés deviennent perceptibles lorsque les vibrations plus puissantes des expériences récentes sont arrêtées temporairement ; le sujet se souvient de personnes qu'il avait complètement oubliées à l'état de veille ; il se remet à parler des langages qu'il connaissait dans son enfance, mais qu'il avait oublié depuis des événements sans importance, lui reviennent en mémoire. Parfois l'activité des pouvoirs de perception est intensifiée d'une façon extraordinaire ; le sujet a connaissance d'événements qui se passent dans un lieu éloigné ; sa vision traverse les obstacles physiques ; il entend des paroles prononcées à une grande distance. Des fragments des plans supérieurs deviennent parfois visibles pour lui, mêlées aux formes-pensées de l'état de veille. Mais on a écrit un grand nombre de livres sur ce sujet, et ceux que cela intéresse pourront les consulter.
On a remarqué aussi que les résultats de la transe profonde ne sont pas les mêmes que dans la transe superficielle. À mesure que la transe [191] devient plus profonde, des états de conscience hyper physique se manifestent dans le cerveau. Tout le monde connait le cas de la fameuse Léonie n° 1, 2 et 3. Il faut observer que Léonie n° 1 ne savait absolument rien de Léonie n° 2 ou 3 ; que Léonie n° 2 connaissait Léonie n° 1, mais pas la moindre idée de Léonie n° 3 ; et que Léonie n° 3 connaissait parfaitement Léonie n° 1 et Léonie n° 2 ; c'est-à-dire que le supérieur connait l'inférieur, tandis que ce dernier n'a aucune idée du premier – un fait très significatif.
Dans la transe magnétique, les phénomènes supérieurs apparaissent plus facilement que dans la transe hypnotique ; on peut ainsi obtenir des renseignements précis sur le plan astral et même sur le plan mental – lorsque le sujet est très développé, on arrive même parfois à la mémoire des vies passées.
Lorsqu'on se rend compte que, pour que la conscience supérieure se manifeste, il faut que les activités du plan physique soient tenues en échec, on commence à comprendre la rationnelle des méthodes de la yoga, telle qu'on la pratique en Orient. Lorsque ces méthodes sont purement physiques, comme dans le hâtha yoga, c'est la transe hypnotique ordinaire qui apparait, et à son réveil le sujet n'a aucune souvenance des expériences par lesquelles il a passé. Par les méthodes du râja yoga, grâce auxquelles, par une concentration intense, la conscience se sépare du corps physique, l'étudiant acquiert une parfaite continuité de conscience sur tous les plans et lorsqu'il revient à l'état de veille, il se souvient de toutes ses expériences hyperphysiques. [192]
En Orient comme en Occident, c'est cette paralysie de la conscience de veille qu'on cherche à obtenir, de façon à pouvoir recueillir témoignages de la conscience supérieure ou, comme dirait un psychologue occidental, de l'inconscient dans l'homme. Mais la méthode orientale, qui a derrière elle des milliers d'années d'expérience, donne des résultats incomparablement supérieurs, dans le domaine de la conscience hyperphysique, et établit, sur une base certaine d'expériences physiques répétées, l'indépendance absolue de la conscience par rapport à son véhicule physique.
L'extase et les visions des saints, dans tous les temps et pour toutes les religions, nous offrent encore un exemple de ces irruptions de "l'inconscient". Dans ce cas, la prière prolongée absorbante ou la contemplation, sont les moyens qui permettent de mettre le cerveau dans les conditions requises ; les avenues des sens se trouvent fermées par l'intensité de la concentration inférieure, et cet état, que le râja yogi cherche à atteindre délibérément, le mystique l'atteint par intermittence. Voilà pourquoi nous voyons les mystiques de chaque religion attribuer leurs visions à la faveur de leur divinité respective, sans se douter le moins du monde qu'ils ont provoqué eux-mêmes un état de passivité du cerveau, permettant à la conscience supérieure d'y imprimer des visions, des sons, émanant des plans supérieurs.
Le professeur William James, dans son livre : L'Expérience religieuse, attire notre attention sur ce fait : que les cas les plus curieux de ces manifestations de "l'inconscient" sont souvent les cas de "conversion subite" ; une pensée [193] soudaine, une vision, une voix, transforme brusquement et totalement tout le cours de la vie de l'homme. Il soutient, avec raison, qu'une force assez puissante pour produire de semblables effets, ne saurait être rejetée à la légère ou méprisée par l'étudiant sérieux. Cette classe de phénomènes physiques demande une étude scientifique approfondie, et l'étudiant sérieux obtiendra des résultats d'une valeur inestimable par ses recherches dans le domaine de la conscience hyperphysique.
Mais on oppose à cette théorie que ces manifestations sont toujours accompagnées d'un état morbide du système nerveux et que les sujets sont des personnes hystériques et surexcitées qui n'ont de leurs expériences sur les plans hyperphysiques, qu'une idée faussée par l'état morbide dans lequel elles se trouvent. Tout d'abord, ceci n'est pas toujours vrai : les râja yogis d'Orient sont des personnes réputées pour leur calme et leur sérénité d'esprit ; quant aux cas de conversion subite, leurs héros ont été souvent des hommes du monde, des hommes pleins de bon sens. Admettons que dans beaucoup de cas l'état nerveux est anormal, que le cerveau est surexcité ; eh bien ! et après ? Tout le monde admet que le cerveau est arrivé à un point d'évolution où il peut répondre aux vibrations du plan physique et les transmettre en haut, de même qu'il peut transmettre en bas les vibrations astrales et mentales des mondes supérieurs, se mêlant à celles du plan physique. Mais il n'est pas encore développé au point de pouvoir recevoir, sans trouble, les vibrations par trop violentes des plans supérieurs ou de répondre aux vibrations que les phénomènes extérieurs provoquent [194] au sein des véhicules subtils sur leurs plans respectifs. Il arrive souvent que la joie, la douleur, le chagrin, la peur sont trop forts pour un cerveau ordinaire et provoquent de violents maux de tête, l'hystérie ou un abattement nerveux complet. Il n'est donc pas étonnant que l'émotion violente que provoque ce que nous appelons la conversion subite, soit accompagnée fréquemment d'une affection nerveuse quelconque. Le point important, c'est que, lorsque le bouleversement nerveux est passé, l'effet demeure : une attitude différente envers la vie. Le trouble nerveux vient de l'insuffisance des moyens de résistance du cerveau contré les vibrations violentes et rapides qui viennent l'assaillir ; quant à l'attitude changée – permanente – elle est due à la pression énergique que la conscience hyperphysique exerce d'une façon continue sur le cerveau. Lorsque la conscience supérieure n'est pas assez développée pour exercer cette pression d'une façon ininterrompue, la personne convertie perd l'état de grâce lorsque le flot des émotions est passé.
Nous avons vu que des cas de visions où des phénomènes de ce genre apparaissent lorsqu'on provoque une sorte de transe chez le sujet. Mais, en dehors de cela, ces phénomènes peuvent aussi se produire lorsque le cerveau se trouve dans un état de tension extrême, soit sous l'influence d'une excitation passagère ou bien parce qu'il a dépassé l'évolution normale. Une forte émotion peut augmenter la tension nerveuse au point que la réponse aux vibrations astrales directes devient possible, et c'est ainsi que le sujet peut voir ou entendre ce qui se passe sur le plan astral. La réaction qui suivra cette tension [195] anormale provoquera probablement un trouble nerveux quelconque. Lorsque le cerveau est plus hautement évolué qu'à l'ordinaire, plus élaboré, plus sensitif, il perçoit, d'une façon continue, les influences du plan astral, et il peut arriver que la tension qui en résulte soit trop forte pour que le système nerveux puisse la supporter, en plus de la fatigue et du surmenage auxquels la civilisation moderne l'oblige à résister. C'est pourquoi il y a beaucoup de chances pour que l'hystérie ou quelque autre affection nerveuse accompagne ces visions.
Mais ces faits n'amoindrissent en rien l'importance des expériences, en tant que manifestations de la conscience.
Au contraire, ils en augmentent plutôt la portée en montrant comment l'évolution agit sous l'influence que l'entourage exerce sur l'organisme. Les impacts réitérés des influences extérieures stimulent la croissance de l'organisme et parfois le soumettent à un surmenage momentané : mais cette tension même vient activer l'évolution. La crête de la vague évolutive est forcément toujours constituée par des organismes anormaux ; les organismes robustes, normaux et sains des hommes ordinaires, viennent ensuite ; ils sont tout à fait dignes de considération, mais certainement moins intéressants que les premiers et certainement moins instructifs en ce qui concerne les choses de l'avenir. Par le fait, les influences du plan astral agissent constamment avec force sur le cerveau humain, afin de le développer et d'en faire un véhicule plus parfait pour la conscience, et il peut se faire qu'un cerveau sensitif, dans un état de transition, perde, dans une certaine mesure, de [196] son équilibre et se trouve un peu, dépaysé. Il est probable qu'un grand nombre des activités, sur lesquelles la pensée dirige actuellement son attention, s'exerceront d'une façon automatique dans le futur, et tomberont tranquillement au-dessous du niveau de la conscience de veille comme l'ont fait toutes ces différentes fonctions qui autrefois s'accomplissaient consciemment.
À mesure que ces changements se produisent les vibrations plus subtiles se montrent inévitablement en nombre toujours plus grand dans les cerveaux particulièrement élaborés, dans ceux qui n'appartiennent pas au type normal ; d'autant plus que ce sont ces cerveaux – ceux qui se trouvent à la crête de la vague évolutive – qui sont les plus capables de répondre à ces vibrations. Le docteur Maudsley écrit :
"De quel droit nous imaginons-nous que la Nature est forcée d'accomplir son oeuvre par l'intermédiaire d'intelligences parfaites seulement ? Il peut très bien se faire que dans une intelligence imparfaite elle trouve un instrument qui convienne mieux à un but particulier 61."

61 Mentionné, p. 19, dans le livre du professeur James, dont il a été question plus haut. Au lieu "d'intelligence", lire "cerveau".
62 Ibid., p. 25.

Et le professeur James lui-même fait la remarque que :
"S'il existe une chose telle que l'inspiration venant d'un monde supérieur, il peut très bien se faire que ce soient ces tempéraments de névrosés qui présentent les principales conditions requises pour la recevoir 62."
Lorsque nous aurons reconnu que les forces plus subtiles que celles du plan physique [197] exigent pour se manifester un véhicule plus finement élaboré qu'un cerveau organisé pour recevoir les influences physiques seulement, nous ne nous sentirons plus embarrassés ou déroutés lorsque nous verrons que souvent les forces hyperphysiques se manifestent plus facilement dans les cerveaux dont l'équilibre avec le plan physique est plus ou moins rompu. Nous comprendrons aussi que les symptômes physiques anormaux qui accompagnent ces manifestations n'enlèvent rien à la valeur de ces forces, ni à l'importance du rôle qu'elles auront à jouer bans l'humanité future. Et le désir qui nous viendra naturellement sera de trouver un moyen quelconque de permettre à ces forces de se manifester sans courir le risque de détruire l'instrument physique.

Ce moyen, les sages de l'Orient l'ont découvert ; c'est le raja yoga, par lequel on cherche à favoriser, sans risque de danger, par la concentration intense, la manifestation de la conscience supérieure. Cette concentration en elle-même développe le cerveau et, en agissant sur les cellules du cerveau – comme nous l'avons décrit plus haut à propos de la pensée – en fait un instrument grâce auquel les forces subtiles peuvent se manifester. De plus, elle ouvre peu à peu le groupe de spirilles de l'atome qui fait suite aux groupes actuellement en activité, et vient ainsi ajouter un nouvel organe pour la manifestation des forces supérieures. Ce développement est naturellement très lent ; mais c'est le seul qui soit sans danger ; et si la lenteur parait être un obstacle, nous exhorterons l'étudiant à la patience, en lui faisant remarquer qu'il cherche à provoquer avant l'heure le [198] développement atomique de la prochaine ronde, et qu'il peut difficilement espérer accomplir cette tâche avec rapidité. C'est cette lenteur, offerte par les pratiques du râja yoga qui fait que les Occidentaux, toujours trop pressés, ont de la peine à les accepter ; et cependant il n'y a pas d'autre moyen permettant d'arriver à un développement normal. Nous ne pouvons que choisir entre ces deux voies : ou bien un développement lent ou bien les troubles morbides du système nerveux qui accompagnent les manifestations de la conscience hyperphysique dans un véhicule qui n'est pas préparé pour la recevoir. Il est impossible à l'homme d'outrepasser les lois de la nature ; il ne peut qu'essayer de les comprendre afin de les utiliser ensuite.
[199]

CHAPITRE IX — CONSCIENCE ET SOI-CONSCIENCE 1 — LA CONSCIENCE

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 65636

CHAPITRE IX

—

CONSCIENCE ET SOI-CONSCIENCE

1

—

LA CONSCIENCE


Pendant une immense période de temps – pendant toute la fin de l'évolution végétale, l'évolution animale et l'évolution de l'humanité normale, jusqu'à nos jours – l'enveloppe astrale ou enveloppe des désirs est, comme nous l'avons vu, sous la dépendance directe de l'enveloppe physique en ce qui concerne les activités de la conscience. Nous allons chercher maintenant à montrer le développement de la conscience, de la vie qui reconnait la présence d'un monde extérieur. Bien qu'en réalité on puisse dire que le système nerveux est la création de l'astral, il n'en est pas moins vrai qu'il est créé pour permettre à la conscience de l'exprimer sur le plan physique et lui permettre d'agir effectivement pur ce plan. C'est premièrement sur ce plan que la conscience devient la Soi-Conscience.
Lorsque les vibrations du monde extérieur viennent frapper l'enveloppe physique du jeune Soi, le Jivâtmâ ou rayon émané de la Monade, elles donnent tout d'abord naissance dans ce Soi à des tressaillements, à une lueur de conscience intérieure, une sensation – que le Soi [164] n'attribue pas à quelque chose d'extérieur à lui-même, bien qu'ils soient causés par des impacts venus de l'extérieur. C'est un changement qui se produit en dehors de la pellicule, enveloppe immédiate du Soi, emprisonné lui-même dans des gaines de matière dense, et ce changement extérieur donne naissance à un changement intérieur, au sein de cette enveloppe, provoquant ainsi une activité de la conscience – perception d'un changement, d'un état d'être différent. Ceci peut être une attraction exercée par un objet extérieur sur les enveloppes, attraction qui, atteignant l'enveloppe immédiate du Soi, provoque dans celle-ci une légère expansion, laquelle se transmet dans les enveloppes. C'est donc une attraction pour cet objet qui produit cette expansion, et il en résulte un changement de condition qui provoque une sensation, un acte de conscience. Ou bien ceci peut être une répulsion qu'exerce encore un objet extérieur sur les enveloppes et laquelle arrivant jusqu'à l'enveloppe immédiate du Soi, provoque dans celle-ci une légère contraction répondant à un recul des enveloppes qui s'écartent de l'objet répulsif ; cette contraction est encore une fois un changement d'état qui provoque un changement correspondant dans la conscience.
Si nous examinons les conditions auxquelles sont soumises les enveloppes, respectivement dans l'attraction et la répulsion, nous verrons qu'elles diffèrent entièrement d'un cas à l'autre. Lorsque l'impact, émanant d'un objet extérieur, donne naissance, dans ces enveloppes, à des vibrations rythmiques – c'est-à-dire lorsqu'il agit sur les matériaux constituant ces enveloppes de telle façon que ceux-ci se disposent en lignes [165] ondulatoires régulières, des plus denses aux plus subtiles – cette disposition de la matière environnante permet un échange réciproque de vie entre les deux objets qui sont entrés en contact, et l'importance de cet échange dépend de la correspondance plus ou moins parfaite des couches denses et subtiles dans les objets. Cet échange, cette union partielle de deux vies distinctes à travers les enveloppes de matière qui les séparent, constitue le plaisir et cet acheminement des deux vies l'une vers l'autre est l'attraction. Si complexe que puisse être la forme du plaisir, c'est en cela que réside son essence même. C'est la sensation d'une augmentation, d'un accroissement, d'une amplification de la vie. Plus la vie est développée, plus le plaisir est grand dans la réalisation de cette amplification, de cette expansion en une autre Vie, et chacune des vies acquiert ainsi, en s'unissant à l'autre ; cette augmentation. Comme ce sont les vibrations rythmiques et les correspondances des états subtils et denses qui rendent possible cet échange réciproque de vie, on peut dire en vérité que les vibrations harmonieuses sont agréables.
Si, au contraire, l'impact émanant d'un objet extérieur provoque dans les enveloppes une lutte mutuelle entre les vibrations, c'est-à-dire lorsqu'il agit sur les matériaux constituant ces enveloppes de telle manière qu'ils s'arrangent d'une façon irrégulière, qu'ils se meuvent dans des directions opposées, en se heurtant les uns les autres, la vie enfermée dans ces enveloppes se trouve isolée, délaissée ; les rayons qu'elle émet normalement sont arrêtés, interceptés et retournent sur eux-mêmes. Cet arrêt de l'activité normale constitue la douleur qui va en [166] augmentant avec la violence de cette contraction, dont le résultat est la répulsion. Ici encore, plus la vie est évoluée, plus grande est la douleur occasionnée par ce bouleversement violent de son activité normale, et plus grand est le sentiment de désappointement qui l'accompagne. C'est pourquoi les vibrations inharmonieuses sont pénibles. Remarquons ici que cela est vrai pour toutes les enveloppes, bien que l'enveloppe astrale soit plus spécialement affectée à la réception de ce genre de sensation qui, plus tard, prendront le nom de sensations agréables et de sensations désagréables. Il arrive souvent qu'au cours de l'évolution une fonction vitale se trouve ainsi spécialisée, et normalement un organe particulier lui permet de se manifester. Comme le corps astral est le véhicule des désirs, l'utilité de sa susceptibilité à ressentir le plaisir et la douleur devient évidente.
Mais après ce bref examen de l'état des enveloppes, revenons au germe de la conscience lui-même. Il faut remarquer ici qu'il n'y a dans tout ceci aucune perception d'un objet extérieur, aucune perception dans le genre de celle qu'implique ordinairement ce mot. Jusqu'ici la conscience n'a aucune notion encore d'un extérieur et d'un intérieur, d'un objet ou d'un sujet ; le germe divin est en train de devenir conscient. Il n'acquiert la conscience que grâce à ces CHANGEMENTS de condition dans les enveloppes, à ce mouvement qui se produit en elles : cette expansion et cette contraction, car la conscience n'existe que dans et par ces changements. C'est donc alors que la conscience apparait, naissant du changement, du mouvement ; c'est à l'endroit et au moment où ce changement se produit en [167] premier lieu que la conscience nait dans le germe divin, distinct de l'extérieur.
Le simple enveloppement du germe divin dans des gaines successives de matière, en descendant de plan en plan, donne naissance à ses premiers vagues changements de condition et ces changements donnent naissance à la conscience. Personne ne saurait dire combien d'âges se sont écoulés pendant que ces changements s'accentuaient sous l'action des impacts incessants de l'extérieur et des tressaillements responsifs non moins incessants à l'intérieur. Tout ce qu'on peut dire de la conscience à ce degré évolutif, c'est qu'elle est dans un état de sensation ; cette sensation devient graduellement de plus en plus définie et se montre sous deux aspects distincts : le plaisir et la douleur – le plaisir, avec l'expansion, et la douleur avec la contraction. Il faut remarquer que cet état primordial de la conscience ne manifeste pas les trois aspects familiers –Volonté, Sagesse, Activité – même à l'état de germination le plus avancé. La sensation précède la manifestation de ces aspects et appartient à la conscience dans sa totalité, bien qu'aux degrés antérieurs de l'évolution elle semble si souvent alliée à l'aspect Volonté-Désir qu'on est porté à les identifier ; elle appartient en effet à cet aspect qui est le premier à paraitre en tant que différenciation dans la conscience. À mesure que ces états de plaisir et de douleur deviennent plus définis, ils donnent naissance aux trois aspects ; lorsque le plaisir disparait, il reste dans la conscience une attraction, un souvenir qui devient une tendance confuse à répéter ce plaisir, une vague poursuite après la sensation qui s'évanouit, un [168] mouvement – trop peu défini pour qu'on puisse l'appeler un effort – pour la retenir, la conserver ; de même, lorsque la douleur s'efface, il reste dans la conscience un souvenir qui devient également un vague mouvement de répulsion. Ces états donnent naissance à la mémoire du plaisir passé, de la douleur effacée et provoquent la manifestation de l'aspect Pensée ; le désir de ressentir à nouveau le plaisir, ou d'éviter la douleur, provoque la manifestation embryonnaire de l'aspect Désir, et l'excitation au mouvement donne naissance à la manifestation de l'aspect Activité. De sorte que la conscience, qui tout d'abord ne se montrait que sous l'unique aspect de sensation, présente maintenant trois aspects différents reproduisant, en petit, le processus cosmique par lequel la triple Divinité sort de l'Existence unique. L'axiome hermétique : "En bas comme en haut" se trouve encore une fois confirmé.


2 — LA SOI-CONSCIENCE


Le désir, en voie de germination, recherche en tâtonnant le plaisir, mais ne s'occulte pas de l'objet qui provoque ce plaisir, car la conscience est encore limitée à son propre plan, elle n'est conscience qu'à l'intérieur et ne perçoit que les changements ayant lieu dans ce royaume intérieur. Elle n'a pas encore tourné son attention vers l'extérieur et n'est même pas consciente de l'existence de ce monde extérieur dont, cependant, émanent constamment des impacts qui viennent frapper violemment ses véhicules, particulièrement le véhicule physique, plus à la merci des influences extérieures [169] que de celles qui viennent de l'intérieur. Ces chocs continuels et violents attirent peu à peu l'attention de la conscience ; leur irrégularité, leur apparition imprévue, leur différence complète avec ses mouvements à elle, lents et tâtonnants, leur apparition et leur disparition inexpliquées, sont en opposition complète avec son vague sens de la régularité, de la continuité, de la présence ininterrompue des lentes ondulations provoquées par le flux et le reflux des changements qui ont lieu dans ce qu'elle n'identifie pas encore avec elle ; elle perçoit une DIFFÉRENCE, et cette perception devient peu à peu la sensation d'un quelque chose qui reste, dans ce chaos incessant, la sensation d'un intérieur et d'un extérieur ou plus exactement d'un extérieur et d'un intérieur, puisque ce sont ces impacts continuels du dehors qui font naitre, en elle, cette sensation d'un extérieur et d'un intérieur.
La sensation d'extérieur vient en premier, même si ce n'est que pour une fraction de temps limitée, car ce n'est que lorsque la conscience a reconnu l'existence de l'extérieur qu'elle devient consciente de l'intérieur. Tant qu'il n'y a qu'une seule chose, il est impossible de parler d'un intérieur, car tout est compris dans cette chose. Mais lorsque l'extérieur s'impose à la conscience, son opposé inévitable, l'intérieur apparait aussitôt. Cette sensation d'un extérieur apparait nécessairement aux points de contact entre la conscience continue et ce monde changeant chaotique extérieur ; et ceci a lieu dans le véhicule physique, dans le corps physique. C'est dans ce corps que s'élabore peu à peu la perception d'autrui et avec cette perception d'autrui apparait aussi le sentiment du Je opposé [170] à autrui. Ce Je devient conscient des objets extérieurs, au lieu d'être simplement conscient des changements ; puis il arrive peu à peu reconnaitre que ces changements sont en lui-même et que les objets, eux, sont en dehors de lui. C'est la naissance de la SOI-CONSCIENCE.
Ce processus amenant la perception des objets extérieurs est très complexe. Il faut se rappeler que les objets extérieurs entrent en contact avec le corps de différentes manières et le corps reçoit un certain nombre de leurs vibrations par l'intermédiaire des parties affectées à cet usage. Les yeux, les oreilles, l'épiderme, la langue, le nez, reçoivent des ondes vibratoires variées, et certaines cellules des organes influencés vibrent en sympathie avec elles. Les vibrations ainsi engendrées sont transmises aux centres sensoriels du cerveau, et de là passent aux centres de la connaissance dans l'enveloppe astrale ; là, prennent place, ainsi que nous l'avons expliqué au chapitre II des changements correspondant à ces ondes vibratoires. Ces ondes, sous forme de "changements" sont transmises comme sensations de couleur, de contour, de son, de forme, de gout, d'odeur, etc… – toujours comme sensations distinctes – à la conscience agissant dans l'enveloppe mentale, et là sont combinées en une image unique, unifiées en une seule perception. Cette fusion de courants variés en un courant unique, cette synthèse des sensations différentes, est une fonction de l'intelligence. C'est pourquoi la psychologie indoue donne souvent à l'intelligence le nom de sixième sens 56, le sens, dont [171] l'intelligence est le sixième. Si maintenant nous considérons les cinq organes de l'action lorsqu'ils servent d'instruments à l'intelligence, nous trouvons que ce processus est renversé. L'intelligence forme une image d'un acte quelconque dans son ensemble, et donne naissance à un groupe de vibrations correspondantes dans l'enveloppe mentale ; ces vibrations sont reproduites dans les sens moteurs dans l'enveloppe astrale ; elles brisent cette enveloppe, la séparent en ses différentes parties constituantes et donnent ainsi naissance à des vibrations dans la matière des centres moteurs ; ces vibrations, à leur tour, se répètent dans les centres moteurs du cerveau sous forme d'ondes séparées ; les centres moteurs distribuent ces vibrations par l'intermédiaire du système nerveux dans tous les organes qui doivent coopérer à la manifestation de l'acte. Au point de vue de cette double relation, l'intelligence devient le onzième sens, les dix sens, plus un 57.

56 Bhagavad Gitâ, XV, 7.

57 Bhagavad Gîta, XIII, 5.


3 — LE RÉEL ET L'IRRÉEL


Avec cette transformation de la conscience en soi-conscience apparait la perception d'une différence qui, plus tard, lorsque la soi-conscience aura évolué, devient la distinction entre le réel – dans le sens qu'on lui donne ordinairement en Occident – et le subjectif, ou irréel, ce qui est imaginaire. Ainsi, pour la méduse, pour l'anémone de mer et pour l'hydre, les vagues et les courants marins, la lumière du [172] soleil, l'ouragan, la nourriture, le sable, etc., toutes choses avec lesquelles elles entrent en contact, par l'intermédiaire de leurs tentacules – rien n'est réel, tout est enregistré comme de simples changements dans la conscience – il en est de, même chez les enfants en bas âge. J'ai dit : enregistré et non perçu, car à ce degré inférieur de l'évolution, toute observation intelligente, toute analyse, tout jugement est impossible ; ces créatures ne sont pas encore suffisamment conscientes d'autrui pour être conscientes d'elles-mêmes. Quant à ces changements, elles se rendent simplement compte qu'ils se produisent au-dedans du cercle de leur propre conscience mal définie. Le monde extérieur nait à la réalité à mesure que la conscience, se séparant de lui, réalise la séparation, et d'un vague Je suis passe à un Je suis bien défini.
À mesure que ce Je soi-conscient s'identifie de plus en plus avec lui-même, perçoit de plus en plus clairement son état de séparation et apprend à faire une distinction entre les changements qui se produisent en lui-même et les impacts qui lui viennent de l'extérieur ; il arrive, peu à peu, au moment où il percevra qu'il y a une relation entre ces changements, en lui-même, et les impacts du dehors. Le désir du plaisir se développera alors en un désir bien défini pour les objets qui procurent ce plaisir, et ce désir sera accompagné de réflexions sur la manière d'entrer en possession de ces objets ; ceci le mènera à des efforts pour poursuivre ces objets lorsqu'ils passent à sa portée, et pour les chercher lorsqu'ils sont absents ; ceci provoque la lente évolution du véhicule extérieur en un corps parfaitement organisé pour le [173] mouvement, la poursuite, la capture. Ce désir pour les choses absentes, la recherche suivie de succès ou d'insuccès, tout cela imprime dans la conscience qui évolue, le sentiment d'une différence entre les désirs et les pensées dont elle est ou peut être toujours consciente, et les objets extérieurs qui vont et viennent sans faire le moins du monde attention à elle et professent un mépris déconcertant pour ses sentiments intimes. Elle distingue les objets comme étant réels, comme ayant une existence qu'elle ne peut contrôler et qui l'affecte, sans aucun égard pour ses préférences ou pour les objections qu'elle pourrait faire. Ce sentiment de la réalité prend naissance sur le plan physique d'abord, car c'est sur ce plan que la conscience perçoit en premier les contacts entre autrui et le moi. C'est dans le corps physique que la soi-conscience commence son évolution, et son centre initial est dans le cerveau physique.
L'homme ordinaire, au stade actuel de l'évolution, s'identifie encore lui-même avec ce centre de soi-conscience dans le cerveau ; c'est pourquoi il est limité à la seule conscience de veille, la conscience qui agit dans le système cérébrospinal, et c'est pourquoi il ne se reconnait lui-même comme "Je" d'une façon nette et continue que sur le plan physique, c'est-à-dire à l'état de veille. Sur ce plan il est définitivement soi-conscient, et fait sans hésitation une distinction précise entre lui-même et le monde extérieur ; entre ses pensées et les apparences qui les entourent : voilà pourquoi c'est sur le plan physique et sur celui-là seul, que les choses sont pour lui réelles, objectives, en-dehors de lui-même. [174]
Sur les autres plans, le plan astral ou le plan mental, il est conscient, mais pas encore soi conscient ; il reconnait la présence des changements en lui-même, mais il ne fait pas encore de distinction entre les changements qu'il provoque lui-même et ceux qui prennent naissance sous l'influence des impacts de l'extérieur qui viennent frapper ses enveloppes astrale et mentale. Pour lui, tous ces changements se produisent également en lui-même. C'est pourquoi, pour la majorité des hommes ordinaires, tous les phénomènes de conscience sur les plans hyperphysiques – plans sur lesquels la soi-conscience n'est pas encore définitivement établie – sont irréels, subjectifs, en-dedans d'eux-mêmes ; c'est ce que penserait la méduse de tous les phénomènes du plan physique, si elle était philosophe.
L'homme ordinaire considère les phénomènes des plans astral et mental comme le résultat de son imagination, c'est à-dire comme des formes de sa propre création, et non comme le résultat d'impacts qui viennent frapper ses véhicules astral et mental – impacts provenant de mondes intérieurs, plus subtils, en vérités mais aussi réels que le monde extérieur physique. C'est-à-dire qu'il n'est pas encore suffisamment développé pour se sentir consciemment sur ces plans, et par conséquent pour être capable d'y objectiver des mondes qui lui sont extérieurs. Il ne se rend compte que des changements qui se produisent en lui-même, des changements produits dans sa conscience et pour lui, le monde extérieur n'est que la réalisation de ses désirs et de ses pensées. Sur les plans astral et mental il est, par le fait, un enfant nouveau-né.

CHAPITRE VIII — LES PREMIERS PAS DE L'HUMANITÉ 1 — LA TROISIÈME VAGUE DE VIE

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 66257

CHAPITRE VIII

—

LES PREMIERS PAS DE L'HUMANITÉ


1

—

LA TROISIÈME VAGUE DE VIE


La fin de la première moitié de la troisième Race-mère est atteinte ; le système nerveux de l'homme animal est arrivé, dans son développement, à un point où l'influx direct de la pensée de la triade spirituelle à laquelle il est rattaché, devient nécessaire à son perfectionnement ultérieur ; l'Âme-groupe a accompli sa tâche envers ces produits supérieurs de l'évolution, en servant de médium par l'intermédiaire duquel la vie du Deuxième Logos protège et nourrit ses enfants ; il faut maintenant poser les fondations du corps causal, le vase qui doit recevoir la vie qui se déverse d'en haut ; le terme de la vie anténatale de la Monade est atteint et l'heure a sonné pour elle de naitre dans le monde inférieur. La Vie-mère du Logos a construit, pour elle, les corps dans lesquels elle pourra vivre, désormais, comme entité séparée dans le monde des formes ; elle doit entrer [144] directement en possession de ces corps et commencer son évolution humaine.
Nous avons vu que les Monades tirent leur vie du Premier Logos, et qu'elles occupent le deuxième plan, l'Anoupâdaka, durant les âges sur lesquels nous venons de jeter un rapide coup d'oeil. Nous avons vu aussi qu'elles se sont approprié, avec l'aide de différents agents, les trois atomes permanents qui les représentent comme Jivâtmâs sur le troisième, quatrième et cinquième plan, ainsi que ceux qui composent la triade inférieure sur les cinquième, sixième et septième plan. Pour toutes ses communications avec les plans situés au-dessous de son propre plan la Monade a pour intermédiaire le Soutrâtmâ, le fil de vie sur lequel sont enfilés les atomes, ce fil de vie – formé de matière du deuxième plan – qui passe de l'atome âtmique à l'atome bouddhique, du bouddhique au mânasique pour retourner à l'âtmique, formant ainsi le triangle de lumière sur les plans supérieurs. Nous avons vu aussi que de la ligne de ce triangle qui se trouve sur le plan bouddhique procède un mince filet, le Soutrâtma des plans inférieurs sur lequel est enfilée la triade inférieure.
Le moment est venu maintenant d'établir une communication plus parfaite que celle qu'offrait ce filet si ténu sous sa forme originale ; aussi s'élargit-il si l'on peut s'exprimer ainsi, car c'est une façon bien faible de représenter de quelle façon le rayon de la Monade se met à briller et grandit en prenant de plus en plus la forme d'un tube. "Le fil qui unit le Veilleur Silencieux à son ombre devient plus fort et plus rayonnant". Ce flux descendant de vie monadique [145] est accompagné d'un déversement beaucoup plus important entre les atomes permanents, bouddhique et mânasique. Ces derniers semblent s'éveiller, et envoient de tous côtés des vibrations vers l'extérieur. D'autres atomes mânasiques et des molécules se groupent autour d'eux et un vortex giratoire apparait sur les trois sous-plans supérieurs du plan mental. Il se produit un mouvement giratoire semblable, au sein de la masse nuageuse qui, plus bas, enveloppe l'unité mentale attachée, emprisonnée dans une gaine : ce qui reste de la matière de l'Âme-groupe, ainsi que nous l'avons déjà expliqué. Cette enveloppe de matière se déchire en deux et est saisie par le tourbillon supérieur dans lequel elle va se désintégrer ; et le corps causal – délicate enveloppe pelliculaire – se trouve formé, tandis que le tourbillon s'apaise.
Ce flot descendant de vie, qui a pour résultat la formation du corps causal, est appelé la troisième Vague de Vie et est justement attribué au Premier Logos, puisque les Monades sont nées de Lui et représentent Sa vie tri-unique. Lorsque le corps causal est complètement formé, la triade spirituelle a, en vue de son évolution ultérieure, un véhicule permanent à sa disposition ; et lorsque la conscience sera devenue capable de fonctionner librement dans ce véhicule, la triade pourra contrôler et diriger avec beaucoup plus d'efficacité qu'auparavant l'évolution de ses véhicules inférieurs.
Mais ces premiers efforts de contrôle n'offrent pas des signes d'intelligence très marqués, pas plus que les mouvements du corps d'un enfant nouveau-né ne laissent voir qu'ils sont dirigés par une intelligence, quoique nous sachions tous [146] que l'intelligence y a sa part. La Monade est maintenant, au sens littéral du mot, née sur le plan physique ; mais il faut encore la considérer comme un nouveau-né ; elle a encore à traverser d'immenses périodes de temps avant que son pouvoir, sur le corps physique, sorte de l'enfance.


2 — DÉVELOPPEMENT DE L'HUMANITÉ


Et ceci, nous le voyons clairement si nous examinons l'homme comme il était à son origine. Les Lémuriens – si nous exceptons les entités qui avaient déjà développé la conscience : à un haut degré et qui prirent naissance dans ces corps grossiers de la troisième race afin de guider l'évolution de l'humanité – les Lémuriens, disparus depuis longtemps, étaient très peu développés, quant aux organes des sens ; l'odorat et le toucher n'existaient pas encore : ils n'étaient qu'en voie de formation. Leur sensation du plaisir et de la douleur était pour ainsi dire nulle.
Chez les Atlantéens, les sens étaient beaucoup plus évolués. La vue était très perçante et l'ouïe très fine ; le gout était beaucoup plus développé que chez les Lémuriens, sans être toutefois très raffiné ; des aliments grossiers ou en voie de décomposition leur paraissaient tout à fait supportables, agréables même, et ils préféraient des mets à saveur très forte, tels que de la viande pourrie, à des aliments plus délicats, qui pour eux n'avaient aucun gout. Leur corps était peu sensible à la douleur ; des blessures graves ne leur causaient que peu de souffrance et ne [147] provoquaient même pas de prostration ; les blessures les plus profondes n'arrivaient pas à les abattre et guérissaient avec une rapidité surprenante. Les quelques vestiges de la race lémurienne existant encore de nos jours, ainsi que ceux de la race très répandue des Atlantes, montrent encore une insensibilité incroyable à la douleur et subissent, sans s'en trouver le moins du monde incommodés, des tortures qui briseraient un homme de notre cinquième race.
On raconte qu'un Indien de l'Amérique du Nord, ayant eu tout un côté de la cuisse enlevé dans un combat, continua à se battre pendant douze ou quinze heures.
C'est cette caractéristique du corps des hommes de la quatrième race qui permet à un sauvage de se guérir si rapidement des blessures les plus graves ou de subir sans se plaindre des tortures qui anéantiraient un homme de la cinquième race par l'ébranlement nerveux qu'elles provoqueraient chez lui.
Ces différences proviennent, en grande mesure, des variétés infinies de développement de l'atome permanent qui constitue le noyau du corps physique. Dans la cinquième race, il se déverse d'en haut un courant plus abondant de vie, ce qui provoque un développement interne plus important, développement qui va en augmentant au fur et à mesure du progrès de l'évolution. La complexité des pouvoirs vibratoires dans l'atome permanent s'accentue aussi peu à peu ; la même chose a lieu dans l'atome astral et dans l'unité mentale. Les naissances succèdent aux naissances ; ces noyaux sont lancés pour ainsi dire dans chaque plan afin de s'approprier de nouvelles enveloppes mentales, [148] astrales et physiques ; les atomes permanents les plus développés attirent à eux, sur leurs plans respectifs, les atomes les plus évolués et construisent ainsi un appareil nerveux supérieur, à l'aide duquel peut se déverser le courant de plus en plus important de la conscience. C'est ainsi que se trouve formé le système nerveux, si délicatement organisé, de l'homme de la cinquième race.
Chez l'homme de la cinquième race la différenciation interne des cellules nerveuses devient beaucoup plus accusée ; les communications mutuelles sont plus nombreuses. D'une façon générale la conscience de l'homme de la cinquième race agit sur le plan astral et se trouve séparée du corps physique excepté en ce qui concerne le système nerveux cérébrospinal. Le contrôle des organes vitaux du corps est abandonné au système sympathique qui, durant de longs âges, a été entrainé à remplir cet office, et dont l'activité est entretenue par des impulsions émanant de centres astrals autres que les dix dont nous avons parlé, de sorte que la conscience, occupée ailleurs, n'est pas obligée de concentrer directement son attention sur ces points, bien qu'elle soutienne cette activité. Il est cependant possible, comme nous le verrons plus loin, de ramener l'attention de la conscience sur cette partie de son mécanisme, et de ramener ces activités sous son contrôle direct. Chez les individus plus développés de la cinquième race, la plupart des impulsions de la conscience émanent du plan mental, d'où elles descendent en se frayant un chemin à travers le plan astral jusqu'au plan physique, et là stimulent l'activité du système nerveux. C'est cette [149] conscience vive, subtile, intelligente, unie par les pensées plus que par les sensations, qui se montre plus active dans les centres mentaux et émotionnels du cerveau, que dans les centres qui sont le siège des phénomènes de sensation ou de motricité.
Les organes sensoriels du corps des hommes de la cinquième race sont moins actifs et moins subtils que ceux des hommes supérieurs de la quatrième race, et répondent moins facilement aux impacts purement physiques ; les yeux, les oreilles, les organes du toucher ne répondent plus à des vibrations qui auraient affecté les organes sensoriels d'un homme de la quatrième race. Il est remarquable de voir comme ces organes atteignent leur plus grand degré d'activité durant l'enfance et diminuent de sensibilité à partir de la sixième année. D'autre part, quoiqu'ils répondent moins facilement aux impacts purement sensoriels, ces organes deviennent plus sensibles aux sensations mêlées d'émotion, et les délicatesses de couleur, de ton, dans la nature et dans l'art, produisent sur eux un effet beaucoup plus marqué. L'organisation plus élaborée, plus complexe, des centres sensoriels du cerveau et du corps astral semble donner naissance à une sensibilité plus grande aux beautés de couleur, de ton, de forme, mais en même temps à une diminution d'acuité dans la réponse aux sensations où les émotions ne jouent pas un rôle quelconque.
Le corps physique de la cinquième race est également beaucoup plus sensible aux chocs que celui de la quatrième ou de la troisième race, car la conscience y est beaucoup plus active. Il ressent plus vivement les secousses nerveuses qui [150] occasionnent un grand abattement. Une mutilation grave n'est pas simplement pour un homme de la cinquième race une lacération d'un muscle, une déchirure de tissus ; elle produit, en plus, un ébranlement nerveux terrible. Le système nerveux délicatement organisé envoie un appel de détresse aux centres du cerveau qui transmettent cet appel au corps astral, troublant et bouleversant ainsi la conscience astrale ; il s'ensuit un dérangement sur le plan mental, l'imagination entre en jeu, la mémoire provoque l'anticipation, et la puissance des impulsions mentales vient intensifier et prolonger les sensations. Ces sensations à leur tour stimulent et excitent le système nerveux et cette activité anormale se répercute sur les organes vitaux, provoquant des troubles organiques qui ont pour résultat une diminution de la force vitale qui rend la guérison lente et difficile.
Dans le corps physique des hommes de la cinquième race l'état mental est, dans une large mesure, la cause de l'état physique. Une grande anxiété, des souffrances morales, des soucis, produisent une tension nerveuse et causent rapidement des troubles dans les fonctions organiques, amenant ainsi la faiblesse ou la maladie. C'est pourquoi la force de caractère, la sérénité de l'âme, favorisent la santé physique. Lorsque l'activité de la conscience est définitivement établie sur le plan astral ou mental, les troubles d'ordre émotionnel ou moral amènent plus rapidement la maladie que les pires privations physiques. L'homme évolué de la cinquième race vit, à vrai dire, physiquement dans son système nerveux. [151]


3 — ÂMES ET CORPS ANORMAUX


Il faut remarquer ici un fait très significatif ayant trait à la question si importante de la relation qui existe entre la conscience et le système nerveux.
Lorsqu'il arrive qu'une conscience humaine, qui n'a pas encore dépassé le niveau d'évolution du type des derniers Lémuriens ou des premiers Atlantes, nait dans un corps physique de la cinquième race, un cas très curieux s'offre à notre étude. (Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur les raisons d'une incarnation de ce genre ; il suffira de dire que, à mesure que les nations plus civilisées annexent les contrées occupées par des peuplades moins évoluées, elles détruisent les individus composant ces nations, soit directement par les armes, soit par des moyens détournés ; il faut que ces Égos, ainsi privés de leur corps, trouvent de nouveaux habitats ; mais comme les conditions de la vie sauvage, qui s'adapteraient mieux à leur nature, deviennent de plus en plus rares, sous le flot toujours grandissant des races supérieures, il leur faut se réincarner au milieu des conditions inférieures qui se présentent, comme par exemple parmi les individus peuplant les bouges de nos grandes cités ou bien dans des familles de criminels ; ils sont attirés vers la nation conquérante par la nécessité du Karma). Les individus de ce genre s'incarnent dans des corps de la cinquième race formés des matériaux les plus grossiers. Ils montrent alors, dans ces corps de la cinquième race, des qualités qui appartiennent normalement aux premiers échelons de la quatrième ou [152] de la troisième race ; et, bien qu'ils possèdent la même organisation nerveuse extérieure, ils n'ont pas ces différenciations internes de la matière nerveuse se produisant seulement sous l'influence qu'exercent, sur la matière physique, les énergies venant du plan astral ou mental. On observe chez ces individus un manque presque complet de réponse aux impressions venant de l'extérieur, à moins que ces impressions ne soient particulièrement violentes, ce qui montre le degré peu élevé du développement de la conscience de l'individu. On trouve aussi chez ces êtres un retour à l'inertie complète, dès qu'il n'y a plus d'excitation physique violente, en même temps qu'un désir sans cesse renouvelé pour ces excitations violentes, lorsque celles-ci ont pour cause un besoin physique quelconque. Nous trouvons chez eux une faible activité mentale qui prend naissance sous l'influence des impacts violents affectant les organes des sens ; puis le vide absolu lorsque ces organes sont au repos, et une absence complète de toute réponse aux pensées ou aux émotions élevées – non pas qu'ils rejettent consciemment ces pensées ou ces émotions, mais parce qu'ils sont parfaitement inconscients de leur existence. En général, l'excitation ou la violence chez ces individus prend naissance sous l'influence d'un agent extérieur – quelque chose qui vient à eux par une voie physique, et que leur intelligence embryonnaire allie à la possibilité de gratifier une passion quelconque dont le souvenir leur est resté et qu'ils désirent ressentir à nouveau. Ainsi, un individu de ce genre pourra ne pas avoir la moindre intention de tuer ou de voler, mais il y sera poussé simplement par la vue d'un passant bien habillé [153] qui semble avoir de l'argent – l'argent qui, pour lui, signifie la gratification de ses appétits, de sa faim, de sa passion pour la boisson ou les jouissances sexuelles. Le voilà aussitôt poussé à attaquer le passant et cet élan sera suivi d'un acte, à moins qu'un danger physique manifeste – la vue d'un agent de police par exemple – ne vienne l'arrêter. C'est la tentation personnifiée qui éveille en lui l'idée de commettre ce crime. L'individu qui complote d'avance son forfait est plus développé déjà ; le simple sauvage commet son crime sous l'impulsion du moment, à moins qu'il ne se trouve face à face avec une personnification physique d'une force qu'il craint ; et lorsqu'il a commis son crime il est absolument insensible à tout sentiment de honte ou de remords : seule, la peur a quelque prise sur lui.
Ces remarques ne s'adressent naturellement pas à la catégorie des criminels intelligents, mais seulement au type de la brute inconsciente et obtuse, du sauvage de la troisième ou quatrième race incarné dans un corps physique de la cinquième race.
À mesure que les enseignements de la Sagesse antique influenceront de plus en plus la pensée moderne, ils auront en outre, comme résultat inévitable, la modification du traitement des criminels. Ceux dont nous venons de parler ne seront pas traités brutalement mais plutôt soumis continuellement à une discipline sévère ; on les aidera autant que possible à faire des progrès qu'ils n'auraient pas été en mesure de faire au milieu des conditions de leur vie sauvage. Mais nous nous écarterions trop de notre sujet si nous voulions nous arrêter à ces questions ; revenons donc aux activités de la conscience sur le plan [154] astral, comme elles nous apparaissent dans les animaux supérieurs et dans les êtres humains du type inférieur.


4 — APPARITION DE LA CONSCIENCE SUR LE PLAN ASTRAL


Nous avons vu que l'organisation astrale précède le système nerveux, et que c'est elle qui façonne ce système ; nous allons voir de quelle façon ceci influence les activités de la conscience. On peut tout naturellement s'attendre à ce que, sur le plan astral, la conscience reconnaisse – d'une manière vague et indéfinie – la présence des impacts qui viennent frapper sa gaine astrale, tout comme dans les minéraux, les végétaux et les animaux inférieurs, elle était consciente des impacts affectant son corps physique. Cette conscience des impacts astrals apparait bien avant que soit organisée, d'une façon définie, l'enveloppe astrale, trait d'union entre le mental et le physique, et qui doit graduellement évoluer et devenir le corps astral, le véhicule indépendant de la conscience sur le plan astral. Comme nous l'avons dit déjà, le premier signe d'organisation de l'enveloppe astrale a pour cause une réponse aux impacts que cette enveloppe reçoit de l'extérieur par l'intermédiaire du corps physique, et l'évolution de cette enveloppe dépend, dans une large mesure, du corps physique. Cette organisation n'a rien à voir directement avec la réception, la coordination ou la compréhension des impacts astrals ; tout son travail se borne à subir l'influence du système nerveux physique, [155] et à réagir sur lui. Partout la conscience précède la Soi-Conscience, et l'évolution de la conscience sur le plan astral va de pair avec l'évolution de la Soi-Conscience – dont nous nous occuperons plus loin – sur le plan physique.
Les impacts venant, du plan astral, frapper la gaine astrale, donnent naissance à des ondes vibratoires au sein de la matière composant cette gaine, et la conscience qui y est emprisonnée reconnait vaguement la présence de ces ondulations, mais sans les attribuer à une cause extérieure quelconque, car elle recherche en tâtonnant des impacts physiques plus violents et c'est sur ces derniers quelle concentre surtout l'attention dont elle est capable. Les agrégats de matière astrale qui se rattachent aux deux systèmes nerveux physiques, ressentent naturellement ces ondulations de l'enveloppe astrale, et les vibrations que causent ces ondulations se mêlent à celles qui proviennent du corps physique et affectent aussi les vibrations que la conscience lui envoie d'en haut, à travers ces agrégats de matière astrale.
Un lien se trouve ainsi établi entre les impacts astrals et le système sympathique et ces impacts jouent un rôle des plus importants dans l'évolution de ce système. À mesure que la conscience, agissant dans le corps physique, apprend à reconnaitre la présence d'un monde extérieur, ces impacts astrals – classés graduellement parmi les cinq sens, de la même façon que les impacts physiques – se mêlent à ceux du plan physique et il est impossible de faire une distinction d'origine entre eux. Cette faculté de reconnaitre la présence des impacts du plan astral constitue la clairvoyance inférieure, celle qui [156] précède la grande évolution de l'intelligence. Tant que le système sympathique reste le principal mécanisme de la conscience, l'origine des impacts sera toujours la même pour cette conscience, que les impacts viennent du plan astral ou du plan physique. Les animaux les plus développés, eux-mêmes – chez lesquels cependant le système cérébrospinal est très évolué, sans être encore le principal médium de la conscience, excepté dans ses centres sensoriels – ne peuvent faire une distinction entre les visions, les sons, etc., physiques et ceux provenant du plan astral. Ainsi un cheval sautera par-dessus un corps astral comme si c'était un corps physique ; un chat se frottera contre les jambes d'un fantôme astral. Ainsi un chien aboiera après lui. Chez le chien et le cheval, il y a une certaine inquiétude qui montre la sensation de quelque chose d'anormal, et la peur que ces apparitions provoquent chez le chien, la timidité qu'elles éveillent chez le cheval en sont des preuves. La nervosité du cheval – malgré laquelle il peut être entrainé à faire face aux dangers du champ de bataille ou bien, comme dans les contes arabes, être dressé à ramasser et emporter son cavalier blessé au milieu du danger – semble venir surtout de sa confusion et de son embarras en face des choses qui l'entourent, et de son incapacité à faire une distinction entre ce que plus tard il appellera, en connaissance de cause les réalités objectives contre lesquelles il vient se blesser, et ces illusions, ces fantômes à travers lesquels il passe indemne ; les différences qu'elles présentent dans leurs apparences l'alarment, Si le cheval est d'intelligence exceptionnelle, sa nervosité est souvent plus grande [157] encore, car il commence à avoir une vague sensation de ces différences, et comme il ne peut pas encore les comprendre, elles le troublent plus encore.
Le sauvage, qui vit davantage dans le système cérébrospinal, fait une distinction entre les phénomènes physiques et les phénomènes astrals, bien que ces derniers soient pour lui aussi réels que les premiers ; il les attribue à un monde différent, auquel il relègue toutes les choses qui ne se comportent pas de la façon qu'il considère, lui, comme normale. Il ne comprend pas que, pour ce qui est de ces choses, il est conscient – et rien de plus. Les Lémuriens et les premiers Atlantes étaient presque plus conscients astralement que physiquement. Des impacts astrals bouleversant l'enveloppe astrale toute entière leur parvenaient par les centres sensoriels du corps physique, et ils en étaient vivement conscients. Leur existence était dominée par les sensations et les passions, beaucoup plus que par l'intellect et l'appareil spécial à l'enveloppe astrale ; le système sympathique était alors le mécanisme principal de la conscience. À mesure que le système cérébrospinal s'élaborait et assumait de plus en plus sa fonction d'instrument principal de la conscience sur le plan physique, l'attention de la conscience se concentrait de plus en plus sur le monde physique extérieur, et son aspect activité prenait, sous forme d'intelligence concrète, une prédominance de plus en plus grande. Le système sympathique devint son simple subordonné ; la conscience prit de moins en moins intérêt à ses indications, submergées par le torrent des impacts physiques plus grossiers et [158] plus lourds, venant du monde extérieur. Il en résulta une diminution de la conscience astrale, et une augmentation de l'intelligence, bien qu'il y ait encore, chez la plupart des hommes, une vague conscience d'impressions, la plupart du temps incompréhensibles.
Au degré actuel de l'évolution, on trouve encore cette clairvoyance inférieure chez les êtres humains, mais chez des personnes dont l'intellect est très limité ; ces individus ont à peine une idée de la rationnelle de cette clairvoyance, et n'ont que peu de contrôle sur elle. Essayer de développer cette clairvoyance peut provoquer des troubles nerveux d'un genre particulièrement grave, et c'est aller à l'encontre des lois de la nature qui marche toujours en avant vers un but plus élevé et ne revient jamais sur ses pas. Comme ces lois ne peuvent pas être changées, celui qui essaie d'agir contre elles ne fait que s'attirer des désordres et des maladies. Il ne nous est pas possible de revenir au degré d'évolution où le système sympathique avait la prépondérance, si ce n'est au prix de notre santé et de notre évolution intellectuelle supérieure. En cela réside tout le danger que l'on court à suivre à la lettre ces recommandations que l'on publie maintenant un peu partout, de méditer sur le plexus solaire ou d'autres centres sympathiques. Ces pratiques, dont quelques-unes sont parvenues jusque chez nous, ont été systématiquement groupées dans l'Inde en ce qu'on appelle le Hâtha Yoga. Grâce à cette science, l'homme peut regagner le contrôle sur des fonctions involontaires, de sorte qu'il peut par exemple renverser l'action péristaltique, arrêter les battements du coeur, vomir à volonté, etc. [159]
Ce n'est qu'après beaucoup de temps et beaucoup de mal que l'homme arrive à accomplir ces exploits, et, en fin de compte, il ne fait que ramener sous le contrôle de la volonté des organes qu'elle avait depuis longtemps abandonnée au système sympathique. Comme cet abandon s'était fait par le détachement graduel de l'attention de la conscience de ces organes, ce n'est que par la concentration de l'attention sur ceux-ci que leurs activités antérieures peuvent être rétablies. Comme ces tours de force influent sur l'imagination des ignorants, qui les considèrent comme l'indice d'une grande spiritualité, ils sont souvent mis à profit par des individus qui désirent le pouvoir avant tout et ne peuvent y atteindre par des moyens plus légitimes. De plus, ces pouvoirs constituent les degrés les plus inférieurs du Hâtha Yoga ; ils sont plus faciles à développer et causent moins de souffrances que ces exercices qui consistent à tenir un bras en l'air jusqu'à ce qu'il s'atrophie ou à rester couché sur un lit de pointes de fer.
Lorsque l'activité du système cérébrospinal est temporairement suspendue, les impulsions venant de l'enveloppe astrale par l'intermédiaire du système sympathique, se répercutent dans la conscience. De là vient cette "lucidité" qu'on observe dans l'état de transe – provoqué par le sujet lui-même ou par l'opérateur – et la faculté de lire dans l'astral à l'aide d'un cristal ou autre objet de ce genre. La suspension partielle ou complète de l'activité de la conscience dans les véhicules supérieurs l'oblige à concentrer son attention sur ces véhicules inférieurs. Il faut remarquer ici, pour éviter tout malentendu, que la clairvoyance supérieure suit, et ne précède [160] pas le développement de l'intellect, et qu'elle ne peut apparaitre avant que l'organisation du corps astral – à distinguer de l'ENVELOPPE astrale – ait atteint un degré assez élevé d'évolution. Quand le développement de la clairvoyance a lieu sous l'action de l'intellect et par le perfectionnement de l'appareil intellectuel physique, les véritables sens astrals, dont nous avons parlé, et qu'on nomme les chakrams ou roues d'après leur aspect tourbillonnant, se développent peu à peu. Ils évoluent sur le plan astral où ils deviennent les sens et les organes astrals et sont construits et contrôlés par l'influence du plan mental, comme les centres du cerveau l'ont été par le plan astral. La conscience agit dès lors sur le plan mental et construit son appareil astral, de la même façon qu'elle façonnait son appareil physique lorsqu'elle était en pleine activité sur le plan astral. Mais elle travaille maintenant avec un pouvoir et une connaissance bien supérieurs, car elle a développé un grand nombre de ses facultés. Elle crée ensuite dans le corps physique, par l'intermédiaire des systèmes sympathique et cérébrospinal, des centres qui, sur le plan physique, serviront à transmettre à la conscience cérébrale les vibrations des plans supérieurs. À mesure que ces centres entrent en activité, la connaissance est "transmise" c'est-à-dire mise à la disposition de la conscience agissant dans le système nerveux physique.
Ceci constitue, comme nous l'avons dit, la clairvoyance supérieure, l'emploi intelligent et conscient, dans le corps astral, des pouvoirs de la conscience.
Dans cette marche ascendante les pouvoirs de la conscience entrent donc en activité sur le [161] plan physique d'abord, puis sur les plans astral et mental ensuite. Il faut que les enveloppes astrales et mentales aient atteint un haut degré d'évolution avant de devenir ces corps subtils, capables d'agir d'une façon indépendante sur les plans supérieurs et de construire, par leurs propres moyens, le mécanisme grâce auquel ils pourront manifester ces pouvoirs par des pensées élevées et des désirs purs, il faut qu'il soit vivifié sur le plan physique par le feu de Kundalini, qu'éveille et dirige la conscience travaillant dans le cerveau physique.

CHAPITRE VII — LE MÉCANISME DE LA CONSCIENCE 1 — DÉVELOPPEMENT DU MÉCANISME

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 66068

CHAPITRE VII

—

LE MÉCANISME DE LA CONSCIENCE


1

—

DÉVELOPPEMENT DU MÉCANISME


À vrai dire, l'ensemble de tous les corps de l'homme constitue le mécanisme de la conscience, en qualité d'organes de la volonté, de la pensée et de l'action ; mais on peut dire que son mécanisme spécial est le système nerveux, car c'est par l'intermédiaire de ce système qu'elle contrôle et dirige dans tout le corps physique. Chaque cellule de notre corps se compose d'une myriade de "vies" minuscules, chacune ayant sa conscience-germe 49 ; chaque cellule a sa propre conscience embryonnaire qui la contrôle et l'organise ; mais la conscience centrale dominante, qui se sert du corps comme véhicule, [130] contrôle et organise à son tour ce corps tout entier, et le mécanisme dans lequel elle fonctionne à cet effet est le système nerveux. Ce mécanisme nerveux est élaboré par les impulsions du plan astral, et il faut que la conscience entre en activité sur ce plan avant que le système nerveux puisse être formé. Les impulsions engendrées par la conscience – qui veut passer par des expériences et cherche vaguement à manifester cette Volonté – donnent naissance, au sein de la matière éthérique, à des vibrations qui, de par la nature même de cette matière, deviennent des énergies électriques, magnétiques, caloriques et autres. Ces énergies sont les ouvriers maçons qui travaillent sous les ordres du maitre, la Conscience ; c'est d'elle que vient l'impulsion : eux se chargent d'exécuter ses ordres. L'intelligence directrice, que la Conscience est encore incapable de manifester, émane de la vie du Logos dans l'Âme-groupe et des esprits de la nature qui travaillent, comme il a été dit précédemment, sous la direction des Êtres de Splendeur du troisième règne élémental. Nous nous rendons compte, ainsi, que la substance nerveuse est élaborée sur le plan physique par des impulsions venant du plan astral ; les forces immédiatement constructives sont bien physiques, mais la direction et la mise en marche de ces forces viennent de l'astral, c'est-à-dire de la conscience agissant sur le plan astral. Le prâna, cette énergie vitale qui, en vagues roses coule en ondoyant dans la matière éthérique le long de tous les nerfs, non pas dans leur gaine médullaire, mais dans leur substance même, vient directement du plan astral ; elle est puisée au grand réservoir de vie, le Logos, est [131] spécialisée sur le plan astral et, de là, envoyée dans le système nerveux, où elle se mêle aux courants magnétiques, électriques et autres qui constituent le prâna purement physique, puisé à la même source, mais par l'intermédiaire du soleil, le corps physique du Logos. Un examen attentif montre que dans le règne minéral les éléments constitutifs du prâna sont moins nombreux et moins compliqués dans leurs dispositions que ceux du prâna du règne végétal supérieur ; et le prâna de ce dernier règne est, lui-même, moins complexe que celui des règnes animal et humain. Cette différence vient de ce que le prâna astral vient s'ajouter au prâna des derniers règnes ; tandis que dans le premier il n'apparait pas – du moins à un degré appréciable. Après la formation du corps causal, la complexité du prâna circulant dans le corps physique augmente considérablement ; il semble s'enrichir au fur et à mesure du progrès de l'évolution humaine. Car lorsque la conscience entre en activité sur le plan mental, le prâna de ce plan se mélange à celui du plan inférieur, et ainsi de suite à mesure que l'activité de la conscience passe à des plans supérieurs 50.

49 L'expression "vies" signifie unités de conscience ; mais elle ne montre point quelle est la qualité de la conscience ainsi séparée, pas plus qu'elle n'implique nécessairement la présence d'un Jivâtmâ. Elle signifie : une goutte – dont l'existence peut être reconnue – "de l'océan de la conscience", un atome ou une collectivité d'atomes animés par la conscience et agissant comme une unité. Un atome est une "Vie" ; sa conscience est la conscience du Deuxième Logos, appropriée et modifiée, ainsi qu'il a été dit plus haut, par le Logos Planétaire et l'Esprit de la Terre.
50 Le tanmâtra et le tattva du plan avec les six sous-tanmâtras et sous-tattvas.

Arrêtons-nous un instant sur ce mot prâna que j'ai traduit par énergie vitale. Pran est une racine sanscrite qui signifie respirer, vivre, souffler, et formée de an – respirer, se mouvoir, vivre, d'où Esprit – joint au préfixe pra, dehors, hors de. Ainsi pra-an, prân, signifie respirer, exhaler, et souffle vital, ou énergie vitale, est l'équivalent le plus juste du mot [132] sanscrit. Comme, d'après la pensée indoue, il n'y a partout qu'une Vie, qu'une Conscience, le mot Prâna a été employé pour désigner le Soi suprême, le Souffle qui soutient tout. C'est l'énergie dispensatrice de l'Un ; et pour nous c'est la Vie du Logos. On peut donc dire que la Vie sur chaque plan est le prâna de ce plan ; ce prâna devient le souffle vital dans chaque créature. Sur le plan physique il est l'énergie qui se manifeste sous de nombreuses formes, électricité, chaleur, lumière, magnétisme, etc., chacune pouvant se transformer en toutes les autres, car toutes sont fondamentalement Une ; sur les autres plans, nous n'avons pas de nom pour le désigner, mais l'idée est claire. Lorsqu'il est approprié par un être quelconque, il devient le prâna, au sens plus restreint dans lequel l'emploie la théosophie : le souffle de vie de l'individu. C'est l'énergie vitale, la force vitale, dont toutes les autres énergies chimiques, électriques et autres ne sont que des dérivés, des fractions, et il semble un peu bizarre à l'occultiste d'entendre les hommes de science parler avec grand sérieux de l'énergie chimique et électrique, et déclarer que leur parente à toutes deux, l'énergie vitale, n'est qu'une "superstition intenable". Ces manifestations partielles de l'énergie vitale sont dues simplement aux dispositions de la matière dans laquelle cette énergie se manifeste, dispositions qui lui enlèvent l'une ou l'autre ou plusieurs de ses caractéristiques, ou peut-être même toutes à l'exclusion d'une seule, comme ferait un verre bleu qui ne laisse passer aucun rayon excepté les rayons bleus, ou un verre rouge qui ne livre passage qu'aux rayons rouges.
Dans la Doctrine Secrète, H. P. Blavatsky [133] parle des rapports entre le prâna et le système nerveux. Elle cite et admet en partie, en même temps qu'elle corrige dans une certaine mesure, la manière de voir du docteur B. W. Richardson à propos de l'éther nerveux : l'énergie solaire est "la cause initiale de toute vie sur terre" 51 et le Soleil est le réservoir de la force vitale, qui est le noumène de l'électricité 52. L'éther nerveux est le principe inférieur de l'essence primordiale qui est la vie. C'est la vitalité animale répandue dans toute la nature et agissant suivant les conditions qui s'offrent à son activité. Ce n'est pas un "produit animal" ; mais l'animal vivant, la fleur et la plante vivantes sont ses "produits" 53.
Sur le plan physique, ce prâna, cette force vitale construit tous les minéraux ; c'est l'agent contrôleur de toutes les transformations chimico-physiologiques dans le protoplasme ; c'est lui qui provoque la différenciation et la formation des divers tissus des corps des plantes, des animaux et des hommes. Ces tissus dévoilent sa présence par leur pouvoir de répondre à des excitations extérieures ; mais pendant un certain temps, ce pouvoir n'est pas accompagné d'une sensibilité bien définie ; la conscience ne s'est pas encore développée assez pour ressentir le plaisir et la douleur.

51 Op. cit., II, 282.
52 Ibid., II, 284.
53 Ibid., II, 291.

Lorsque le prâna du plan astral vient, avec son attribut de sensitivité, se mêler au courant de prâna du plan physique, il commence à former une nouvelle disposition de matière, la [134] substance nerveuse. C'est, au fond, une cellule – sur laquelle on peut trouver des détails dans tous les ouvrages traitant de ce sujet – et son développement consiste en changements internes et en excroissances de la matière qui la compose, excroissances qui s'enveloppent ensuite dans une gaine de matière médullaire et prennent la forme de filaments ou fibres. Chaque système nerveux si compliqué qu'il soit, est formé de cellules avec leurs excroissances ; ces excroissances augmentent sans cesse en nombre et forment continuellement de nouveaux liens entre les différentes cellules, à mesure que la conscience réclame pour s'exprimer un système nerveux de plus en plus complexe. Cette simplicité fondamentale, formant la base de cette infinie complexité de détails, se retrouve même chez l'homme qui, lui, possède l'organisation nerveuse la plus délicatement élaborée. Les innombrables millions de ganglions nerveux 54 qui se trouvent dans le cerveau et dans le corps en entier sont tous achevés à la fin du troisième mois de la vie anténatale ; leur développement consiste en une expansion, une croissance vers l'extérieur, de la matière qui les compose, afin de former ces filaments nerveux. Le développement qui se fait ultérieurement durant la vie est dû à la pensée. Lorsqu'un homme pense fortement et avec suite, les vibrations de la pensée donnent naissance à une certaine activité chimique et les prolongements protoplastiques 55 se mettent [135] à croitre et à sortir des cellules, formant dans toutes les directions des fils entrecroisés à l'infini, véritables sentiers le long desquels ondoie le prâna – composé maintenant d'éléments des plans physique, astral et mental – et le long desquels voyagent les vibrations de la pensée.
Pour en revenir au règne humain, voyons de quelle façon commence et se poursuit la construction du système nerveux, sous l'action des impulsions vibratoires de l'astral. Nous voyons un petit groupe de cellules nerveuses reliées entre elles par de minces filaments nerveux. Ce groupe est formé par l'action d'un centre ayant pris naissance auparavant dans le corps astral – dont nous parlerons plus loin – un agrégat de matière astrale disposé de façon à former un centre capable de recevoir les influences du dehors et d'y répondre. De ce centre astral les vibrations passent dans le double éthérique, où elles donnent naissance à de petits tourbillons éthériques, qui attirent vers eux des particules de matière physique plus dense, et finissent par former une cellule nerveuse et enfin des groupes de cellules. Ces centres physiques, recevant des vibrations du monde extérieur, renvoient les impulsions aux centres astrals, augmentant ainsi leurs vibrations. Les centres physiques et astrals agissent et réagissent donc les uns sur les autres ; chacun d'eux devient ainsi plus compliqué et son champ d'utilité s'étend. À mesure que nous traversons le règne animal, nous voyons le système nerveux physique se perfectionner sans cesse et devenir un facteur de plus en plus important dans le corps ; chez les vertébrés, ce système prend le nom de système sympathique. C'est lui qui contrôle et dirige l'activité des [136] organes vitaux – coeur, poumons, organes de la digestion. À côté de lui s'élabore lentement le système cérébrospinal intimement lié, dans ses activités inférieures, au système sympathique ; ce système acquiert graduellement une prédominance de plus en plus grande et devient, dans son développement parfait, l'organe normal dans lequel agit la conscience de veille. Le système cérébrospinal est formé par des impulsions émanant du plan mental et non du plan astral ; il n'est relié au plan astral que par le système sympathique qui, lui, est construit par l'astral. Nous verrons plus loin l'action qu'a ceci sur la sensitivité astrale des animaux et des êtres humains peu développés ; nous verrons comment cette sensitivité disparait avec le développement de l'intellect, et comment elle réapparait dans l'évolution humaine supérieure.

54 Groupes de cellules nerveuses.
55 Filaments nerveux ou prolongements ou tentacules ou excroissances nerveuses, formés de la matière de la cellule enfermée dans une gaine médullaire.

Les atomes permanents constituent le seul lien direct, bien imparfait du reste, entre la conscience qui se manifeste sous la forme de la triade spirituelle, et les formes avec lesquelles cette conscience est en rapport. Chez les animaux supérieurs, ces atomes ont une activité intense, et durant les courts espaces de temps qui séparent les vies physiques, il se produit en eux des transformations considérables. À mesure que l'évolution progresse, le flux croissant de vie émanant de l'Âme-groupe à travers l'atome permanent, en même temps que la complexité de plus en plus grande de l'appareil physique, augmentent rapidement la sensitivité de l'animal. Il y a comparativement peu de sensitivité dans les vies animales inférieures, et très peu chez les poissons malgré leur système cérébrospinal. Avec le progrès de l'évolution, les centres [137] sensoriels continuent à se développer dans l'enveloppe astrale, et chez les animaux supérieurs ces centres sont bien organisés et les sens s'aiguisent peu à peu. Mais avec cette acuité les sensations sont brèves, et, excepté chez les animaux les plus évolués, l'élément mental s'y mêle peu pour créer une sensitivité plus grande et plus durable aux excitations extérieures.


2 — LE CORPS ASTRAL OU CORPS DU DÉSIR


L'évolution du corps astral doit être étudiée parallèlement à celle du corps physique car, bien qu'il joue, comme nous l'avons vu, le rôle de créateur sur le plan physique, son évolution ultérieure dépend, dans une large mesure, des impulsions qu'il reçoit de cet organisme même qu'il a créé. Pendant longtemps encore il ne jouira pas d'une vie indépendante sur son propre plan, et son organisation par rapport au corps physique est tout à fait différente, et s'effectue bien avant son organisation dans le monde astral. En Orient on nomme koshas ou gaine, les véhicules astral et mental de la conscience agissant dans le corps physique, et on emploie le mot sharira ou corps, pour désigner une forme capable d'agir d'une façon indépendante dans les mondes visibles et invisibles. Cette distinction nous sera utile par la suite.
La gaine astrale du minéral est un simple nuage de matière astrale appropriée ; elle ne montre aucun signe perceptible d'organisation. Il en est de même pour la plupart des végétaux, mais il semble, dans quelques-uns, y avoir [138] certaines traces d'agrégations et de lignes qui, à la lumière de l'évolution ultérieure, paraissent être l'origine d'une organisation naissante ; dans quelques vieux arbres des forêts on voit, à certains endroits, des agrégations distinctes de matière astrale.
Chez les animaux, ces agrégations sont clairement marquées et définies ; elles forment, dans la gaine astrale, des centres d'une espèce permanente et spéciale.
Ces agrégations qui se forment dans la gaine astrale sont les rudiments des centres qui doivent élaborer les organes nécessaires dans le corps physique, centres n'ayant rien de commun avec les châkras ou roues, dont on parle si souvent ; lesquels font partie de l'organisation du corps astral même, qu'ils rendent apte à fonctionner sur son propre plan, associé à l'enveloppe mentale. Ce corps est alors le type inférieur du soushma sharira ou corps subtil de la philosophie orientale. Les châkras astrals sont intimement liés aux sens astrals, de sorte que les personnes chez lesquelles ils sont développés peuvent voir, entendre, etc., sur le plan astral ; ces personnes ont dépassé de beaucoup le niveau d'évolution que nous considérons en ce moment, niveau auquel les pouvoirs perceptifs de la conscience n'ont pas encore d'organes, même sur le plan physique.
À mesure que ces agrégations se forment dans l'enveloppe astrale, les impulsions de la conscience sur le plan astral, guidées comme nous l'avons vu plus haut, agissent sur le double éthérique et donnent naissance aux tourbillons éthériques dont nous avons parlé, de sorte que des centres correspondants prennent [139] naissance dans l'enveloppe astrale et dans le corps physique, et le système sympathique se forme peu à peu. Ce système reste toujours relié directement aux centres astrals, même après que le système cérébrospinal s'est développé. Mais provenant de ces agrégations de la partie extérieure de l'enveloppe astrale, dix centres importants se forment ; ces centres sont reliés au cerveau par le système sympathique et deviennent peu à peu les organes prédominants des activités de la conscience physique ou conscience de veille – c'est-à-dire cette portion de la conscience qui fonctionne normalement par l'intermédiaire du système cérébrospinal. Cinq de ces dix centres ont pour fonction de recevoir des impulsions spéciales du monde extérieur ; ce sont les centres par l'intermédiaire desquels la conscience manifeste ses pouvoirs perceptifs ; on les appelle en sanscrit, jñânendriyas, mot à mot les sens de la connaissance, c'est-à-dire les sens ou centres de sensation grâce auxquels s'acquiert la connaissance. Ces jñânendriyas donnent naissance, comme nous l'avons vu plus haut, à cinq tourbillons éthériques distincts, et forment ainsi cinq centres dans le cerveau physique ; ceux-ci élaborent à leur tour de façons diverses les organes sensitifs appropriés avec lesquels ils restent intimement reliés. C'est ainsi que se trouvent formés les cinq organes des sens : les yeux, les oreilles, la langue, le nez, la peau, spécialisés de façon à recevoir les impressions du monde extérieur, et qui correspondent aux cinq pouvoirs de perception : la vue, l'ouïe, le gout, l'odorat, le toucher.
Ce sont là les moyens particuliers qu'emploie la conscience dans les mondes inférieurs pour [140] exercer une partie de son pouvoir de réception des influences de l'extérieur. Ils appartiennent aux mondes inférieurs et aux formes les plus grossières de la matière qui tiennent la conscience emprisonnée et l'empêchent, en l'enveloppant ainsi, d'arriver à connaitre les autres vies ; ils sont, dans ce voile épais de matière, autant d'ouvertures qui permettent aux vibrations de se transmettre et d'atteindre la conscience emprisonnée.
Les cinq autres sens astraux ont pour fonction de transmettre des vibrations de la conscience au monde extérieur ; ce sont les chemins de sortie, tandis que les sens de la connaissance sont les portes d'entrée. On les nomme karmendriyas, littéralement les sens de l'action, sens ou centres sensoriels qui engendrent l'action. Ces centres se développent comme les autres et forment des tourbillons éthériques qui donnent naissance aux centres moteurs dans le cerveau physique ; ces centres, à leur tour, façonnent de différentes manières les organes moteurs appropriés : mains, pieds, larynx, organes de la génération et de l'excrétion – avec lesquels ils restent reliés.
Nous avons maintenant une enveloppe astrale organisée, et l'action et la réaction entre elle et le corps physique perfectionnent en même temps ces deux véhicules. Ils agissent de concert sur la conscience qui, elle, réagit sur eux si bien que chacun profite de cette influence réciproque. Et, comme nous l'avons vu déjà, ces impulsions aveugles de la conscience sont guidées, dans leur action sur la matière, par la Vie du Logos dans l'Âme-groupe et par les esprits de la nature. C'est toujours la Vie, la Conscience [141] qui cherche à se réaliser elle-même dans la matière, et la matière qui lui répond en vertu de ses qualités inhérentes vitalisées, par l'influence du Troisième Logos.


3 — CORRESPONDANCE ENTRE LES RACES-MÈRES


Dans notre présente Ronde, la quatrième, une gradation de ce genre marque l'évolution des règnes de la nature ; les caractéristiques principales des Rondes précédentes se trouvent pour ainsi dire reproduites dans les Races-mères, de la même façon que toute l'histoire d'une évolution qui a duré des âges, se trouve répétée dans la fin embryonnaire de chaque nouveau corps physique. Durant l'évolution des deux premières Races humaines, les conditions de température étaient telles que la sensibilité aurait empêché toute manifestation de vie ; c'est pourquoi ces races ne montrent aucun sentiment de plaisir ou de douleur sur le plan physique. Dans la troisième Race, nous voyons poindre la réponse aux impacts violents causant des sensations grossières de plaisir ou de douleur, mais un nombre très restreint de sens sont développés : le sens de l'ouïe, du toucher, de la vue, et encore ne sont-ils développés que d'une façon tout à fait rudimentaire, comme nous le verrons plus loin.
Dans les deux premières races nous voyons déjà des commencements d'agrégations dans la matière astrale des enveloppes et, si ces enveloppes pouvaient entrer en rapport avec la matière physique appropriée, nous verrions [142] apparaitre, dans la conscience physique, la sensation du plaisir et de la douleur ; mais les liens appropriés manquent encore. La première Race montre, à un degré très faible, le sens de l'ouïe ; la deuxième présente un vague pouvoir de réponse aux impacts de l'extérieur ; c'est le sens du toucher qui commence à poindre.
La triade spirituelle, à ce stade d'évolution, est si peu sensible aux vibrations de la matière extérieure, qu'il faut les formidables vibrations des impacts physiques pour éveiller en elle une faible réponse. Pour elle tout commence sur le plan physique. Elle ne répond pas directement, mais indirectement, par l'intermédiaire de la vie du Logos ; et ce n'est que lorsque l'appareil physique primitif est formé, que les impulsions plus subtiles l'atteignent et provoquent la sensation de plaisir ou de douleur. Les violentes vibrations du plan physique donnent naissance à des vibrations correspondantes sur le plan astral, et la triade devient alors vaguement consciente de la sensation.

CHAPITRE VI — UNITÉ DE LA CONSCIENCE 1 — LA CONSCIENCE COMME UNITÉ

Details
Written by: Super User
Category: HIERARCHIE.EU
Published: 25 June 2019
Hits: 66122

CHAPITRE VI

—

UNITÉ DE LA CONSCIENCE

1

—

LA CONSCIENCE COMME UNITÉ


Lorsque nous étudions les différentes manifestations de la conscience, nous sommes souvent portés à oublier deux faits importants : premièrement, que la conscience de chaque individu est une Unité, si séparée, si différente qu'elle paraisse de chacune de ses autres manifestations ; deuxièmement, que toutes ces Unités sont elles-mêmes des parties de la Conscience du Logos, et par conséquent réagissent d'une façon semblable sous des conditions identiques.
Nous ne saurions trop nous répéter que la conscience est UNIQUE ; que toutes les consciences, en apparence séparées, ne font qu'une unité ; ainsi l'eau d'une seule mer peut passer à la fois par plusieurs trous d'une digue et ressortir colorée de différentes teintes si cette digue est composée de matériaux de couleurs différentes, et cependant ce sera toujours de l'eau de la même mer ; si on l'analyse, elle montrera toujours la présence des mêmes sels caractéristiques. De même, toutes les consciences viennent d'un même Océan de conscience et toutes ont un [116] grand nombre de points d'identité essentiels. Enveloppées dans le voile d'une même matière, elles agiront toutes d'une même façon et révèleront l'identité fondamentale de leur nature.
Au lieu d'une unité, la conscience individuelle semble être complexe, quant à ses manifestations ; c'est pourquoi notre psychologie moderne parle de personnalité double, triple, multiple ; perdant de vue cette unité fondamentale qui subsiste au sein de la confusion de la multiplicité. En réalité, notre conscience est bien une Unité et l'hétérogénéité qu'elle présente dans ses manifestations est due aux matériaux dans lesquels elle agit.
La conscience ordinaire de l'homme, à l'état de veille, est la conscience agissant dans le cerveau physique d'une certaine manière imposée par ce cerveau, qui limite et conditionne cette conscience par les différents obstacles qu'il oppose à sa manifestation ; le moindre caillot de sang l'arrête et le dépérissement des tissus paralyse complètement son action ; à chaque instant le cerveau met obstacle à sa manifestation, et cependant c'est le seul instrument qui lui permette d'agir sur le plan physique.
Lorsque la conscience, détournant son attention du monde physique extérieur, abandonne la partie plus dense du cerveau physique et se sert exclusivement de la partie éthérique, ses manifestations changent aussitôt de caractère. L'imagination créatrice se donne libre cours dans la matière éthérique et, attirant à elle toutes les choses qui sont accumulées dans cette matière, elle les arrange, les dissocie, les recombine à sa guise et crée ainsi les mondes inférieurs des rêves. [117]
Lorsque la conscience met de côté, pour un instant, son enveloppe éthérée, détournant complètement son attention du monde physique et rejetant les liens qui la retiennent sur ce plan, elle rôde à sa guise à travers le plan astral, ou vogue inconsciemment à la dérive, concentrant toute son attention sur son propre contenu, recevant du monde astral une foule d'impacts dont elle ne tient aucun compte, ou qu'elle reçoit selon le stade de son évolution ou l'humeur du moment.
Qu'elle vienne à se manifester à un observateur – comme cela peut se faire durant l'état de transe – elle montrera alors des pouvoirs tellement supérieurs à ceux qu'elle manifestait tandis qu'elle était emprisonnée dans le cerveau physique, que l'observateur, jugeant uniquement par ses expériences physiques, pourra, avec raison, la considérer comme une conscience différente de la première.
Et ceci est encore bien plus marqué – lorsque le corps astral est mis en état de transe et que l'Oiseau céleste apparait, prenant son essor vers des régions plus sublimes, son vol majestueux charmera l'observateur à tel point qu'il le considèrera comme un être nouveau, tout à fait différent de l'entité qui auparavant rampait dans le monde de la matière physique. Et cependant ce n'est toujours qu'une seule et même entité ; les différences sont dues, non à cette entité elle-même, mais aux matériaux avec lesquels elle est en rapport et à travers lesquels elle agit.
Quant au second fait important dont nous avons parlé plus haut, l'humanité n'est pas [118] suffisamment évoluée, pour apprécier les preuves quelles qu'elles soient, de l'unité de la conscience ; quand elle agit sur des plans supérieurs au plan physique ; mais son unité sur ce plan est du moins à peu près démontrée de nos jours.


2 — UNITÉ DE LA CONSCIENCE PHYSIQUE


Au milieu des variétés infinies que présentent les règnes minéral, végétal, animal et humain, l'unité qui est à la base de la conscience physique a été perdue de vue et de grandes lignes de séparation ont été établies de ce fait, lignes qui cependant n'existent pas en réalité. On a refusé toute vie au minéral, on ne l'a accordée que de mauvaise grâce au végétal, et on a ridiculisé H. P. Blavatsky lorsqu'elle déclara qu'une Vie unique, une Conscience unique vivifiait tout et donnait forme à toutes choses.
"Chaque jour l'identité de l'animal et de l'homme physique, de la plante et de l'homme et même du reptile et de son nid, du rocher et de l'homme, est de plus en plus clairement démontrée. Puisqu'il y a identité entre les constituants physiques et chimiques de tous les êtres, la science chimique peut très bien en arriver à dire qu'il n'y a pas de différence entre la matière qui compose le boeuf et celle qui compose l'homme. Mais la doctrine occulte est bien plus explicite. Elle dit : non seulement la composition chimique de ces êtres est la même, mais les mêmes vies infinitésimales et invisibles composent les atomes des corps de l'éléphant et de l'arbre qui l'abrite du soleil. Chaque particule [119] – organique ou inorganique – est une vie 44."
Si cela est vrai, il doit être possible de trouver dans ces minéraux, ces végétaux, ces animaux et ces hommes vivants, des preuves d'une identité de vie, de sensation et de réponse aux excitations ; et, bien qu'il faille s'attendre à trouver des degrés dans la sensation, à voir les manifestations devenir plus riches, plus complexes, à mesure que l'on monte les degrés de l'échelle de la vie, il doit cependant être possible de trouver quelques manifestations bien définies de sensation chez tous les êtres qui participent à une vie unique. Lorsque H. P. Blavatsky écrivit ce qui précède, toute preuve manquait à cet égard ; et c'est d'un savant oriental, auquel ses rares talents ont assuré le bon accueil du monde occidental, que nous arrivent, fort à propos, les preuves demandées.

44 Doctrine Secrète, I, p. 255.

Le professeur Jagadîsh Chandra Bose, M. A. docteur ès sciences de Calcutta, a définitivement prouvé que la matière soi-disant "inorganique" répond aux excitations extérieures, et que la réponse est identique chez les métaux, les végétaux, les minéraux et – autant que l'expérience permet de s'en rendre compte – chez l'homme.
Il construisit un appareil capable de mesurer la force de l'excitation et d'enregistrer, sous forme de courbes qui venaient s'inscrire sur un cylindre en rotation, la réponse donnée par le corps soumis aux expériences. Il compara les courbes obtenues dans l'étain et d'autres métaux avec celles obtenues dans les muscles, et trouva que les courbes de l'étain étaient identiques à celles des muscles et que d'autres [120] métaux donnaient des courbes de même nature, mais variant par leur période de recouvrement.
(a) Série de réponses électriques données par l'étain à des excitations mécaniques successives à des intervalles d'une demi-minute.
(b) Réponses mécaniques dans le muscle.
Il réussit à produire le tétanos complet et partiel, par des chocs répétés, et obtint les mêmes résultats dans les minéraux et dans les muscles.
Effets analogues à (a) tétanos partiel, et (b) tétanos complet dans l'étain.
(a') Tétanos partiel et (b') tétanos complet dans le muscle. [121]
Les métaux présentèrent des symptômes de fatigue, mais l'étain moins que tous les autres. Des réactifs chimiques, tels que certains médicaments produisirent sur les métaux les mêmes effets que ceux qu'ils provoquent d'ordinaire chez les animaux, amenant l'excitation, la dépression et la mort (mort signifiant ici la destruction du pouvoir responsif).
Un certain poison tuera un métal, produisant en lui un état d'immobilité qui fait qu'il est impossible d'éveiller chez lui une réponse quelconque. Si le métal empoisonné est traité à temps, un antidote pourra lui sauver la vie.
(a) Réponse normale ; (b) Effet produit par le poison ; (c) Le métal empoisonné ressuscite par un antidote.
Un stimulant quelconque augmentera le pouvoir responsif. On a vu que certaines drogues stimulent ou tuent, selon la dose employée, et on a trouvé que dans les métaux elles produisaient les mêmes effets.
"Entre tous ces phénomènes, dit le professeur Bose, comment tracer des lignes de démarcation et dire : "Ici s'arrête le processus physique et là commence le processus physiologique ? Ces limites n'existent pas" 45. [122]
Le professeur Bose exécuta une série d'expériences semblables sur des plantes, et obtint des résultats identiques. Un morceau fraichement coupé de la tige d'un chou, une feuille, un légume quelconque, peuvent être soumis à une excitation quelconque : tous accuseront les mêmes courbes. On peut les fatiguer, les exciter ; les déprimer, les empoisonner. Il y a quelque chose de touchant à observer comment le petit point lumineux qui enregistre les pulsations de la plante, voyage en courbes de plus en plus faibles, lorsque cette plante est soumise à l'action d'un poison, ne produit plus finalement qu'une ligne désespérément droite et s'arrête : la plante est morte. Il semble qu'un meurtre vienne d'être commis – et, en réalité, c'en est un 46.
Cette série d'expériences du plus haut intérêt a établi, sur une base définitive de faits physiques, les enseignements de la science occulte sur l'universalité de la vie.
M. Marcus Reed a fait des observations microscopiques qui ont démontré la présence de la conscience dans le règne végétal. Il a remarqué comme des symptômes de peur lorsque les tissus recevaient une blessure quelconque ; il a vu aussi des cellules mâles et femelles flottant dans la sève s'apercevoir de leur présence respective, sans contact ; la circulation s'accélère [123] alors et les cellules font des efforts pour se rapprocher les unes des autres 47.
Plus de trois ans après la publication des expériences du professeur Bose, ses observations se trouvèrent confirmées d'une façon intéressante, au cours de l'étude de M. Jean Becquerel sur les Rayons N, étude qu'il communiqua à l'Académie des Sciences de Paris. Les animaux soumis à l'action du chloroforme cessent d'émettre ces rayons et les cadavres n'en émettent jamais. Ils se présentent chez les fleurs à l'état normal, mais disparaissent totalement lorsqu'on les soumet à l'action du chloroforme. De même les métaux émettent ces rayons, mais chez eux aussi l'émanation cesse sous l'influence du chloroforme. Ainsi animaux, fleurs, métaux, tous émettent ces rayons, mais chez tous l'émanation cesse sous l'influence du chloroforme 48.


3 — SIGNIFICATION DU TERME : CONSCIENCE PHYSIQUE


Le terme "conscience physique" est employé dans deux sens différents, sur lesquels il serait peut-être utile de s'arrêter, afin de les expliquer. On l'emploie souvent pour désigner ce que nous avons appelé plus haut "la conscience habituelle [124] de l'état de veille" c'est-à-dire la conscience de l'homme, du Jivâtmâ – ou, si vous aimez mieux, de la Monade – agissant par l'intermédiaire du Jivâtmâ et de la triade inférieure d'atomes permanents. On s'en sert aussi dans le sens que nous lui donnons ici, celui de conscience agissant dans la matière physique, recevant des impressions du plan physique et y répondant, et n'ayant en aucune façon à s'occuper de transmettre des impressions aux plans supérieurs ou à recevoir les impressions qui viennent, de ces plans, influencer le corps physique.

45 Ces détails sont tirés d'une communication faite par le professeur Bose à l'Institution Royale, le 10 mai 1901, sous le titre de : Response of inorganic Matter to Stimulus.
46 Le professeur n'a pas publié cette conférence, mais ces faits sont consignés dans son livre : Response in the Living and Non-Living. J'ai eu la bonne fortune d'assister à une répétition de ces expériences dans sa propre demeure où j'ai pu les observer de près.
47 Consciousness in vegetable matter, Pall Mall Magazine, juin 1892.
48 Les rayons N sont dus à des vibrations du double éthérique qui produisent des ondes dans l'éther ambiant. Le chloroforme chasse le double éthérique, d'où arrêt brusque dans l'émanation de ces rayons ; à la mort, le double éthérique quitte complètement le corps et, par conséquent, les rayons disparaissent aussi.

Dans cette acception plus restreinte et plus exacte, ce terme comprend :
a. toute vibration vers l'extérieur, émanant des atomes et des molécules animés par la vie du Troisième Logos.
b. toute vibration de cette nature émanant de formes organisées animées par la vie du Deuxième Logos.
c. toutes les vibrations de ce genre provenant de la vie de la Monade, émanant des atomes permanents, et qui n'ont pas de rapport direct avec les spirilles.
Lorsque les spirilles entrent en activité, la "conscience ordinaire de l'état de veille" se trouve influencée. Par exemple, si l'on aspire de l'ammoniaque par le nez, deux résultats se produisent : il y a tout d'abord une sécrétion rapide – réponse des cellules des organes olfactifs – puis une odeur, résultat d'une vibration qui se propage jusqu'aux centres sensoriels dans le corps astral, où elle est reconnue par la conscience ; le changement qui se produit alors dans la conscience affecte le premier groupe de spirilles des atomes des nerfs olfactifs et parvient ainsi à la "conscience de l'État de veille" – la conscience agissant dans le cerveau physique. [125]
C'est uniquement par l'intermédiaire des spirilles que les changements qui se produisent dans la conscience, sur les plans supérieurs, peuvent donner naissance à des changements dans "la conscience de l'état de veille".
Il faut rappeler que si le Système solaire, dans son ensemble, constitue un vaste champ d'évolution pour la totalité des consciences qui s'y développent, il y a aussi dans ce système des étendues moins vastes qui tiennent lieu de champs d'évolution secondaires. L'homme est le microcosme de l'univers, et son corps sert de champ d'évolution à des myriades de consciences moins évoluées que la sienne. Aussi les trois activités a) b) c) sont-elles toutes présentes dans son corps et toutes font partie de la conscience physique qui agit en lui ; mais ce qui concerne les spirilles des atomes n'a rien à faire avec cette conscience physique et tient de la conscience du Jivâtmâ. De nos jours, les activités de la conscience physique n'affectent plus directement la "conscience de l'état de veille" chez les animaux supérieurs et chez l'homme. Leur action se faisait sentir au début de la vie embryonnaire dans l'Âme-groupe, tandis que la Conscience du Deuxième Logos veillait encore, comme une mère, sur la conscience naissante dérivée d'elle. Mais la conscience physique est tombée, de nos jours, au-dessous du niveau de la conscience et se manifeste sous la forme de mémoire des cellules, d'action sélective dans les glandes et les papilles et, en général, préside aux fonctions nécessaires à l'entretien du corps physique. C'est l'activité la plus inférieure de la conscience, et à mesure que cette conscience fonctionne plus librement sur [126] les plans supérieurs, elle se désintéresse de ses activités inférieures qui, dès lors, deviennent automatiques.
C'est précisément à cette conscience physique qu'il est fait allusion dans les expériences du professeur Bose, et c'est la réponse de cette conscience qui est identique dans l'étain et dans l'animal, et dont les pulsations sont enregistrées sous forme de courbes ; mais l'animal ressentira l'excitation, tandis que l'étain ne la sent pas car l'animal a, en plus, la conscience dans la matière astrale. Nous pouvons donc dire que la conscience, agissant dans la matière physique, répond à des excitations variées et que la réponse est toujours la même, que ce soit chez le minéral, le végétal ou l'animal. Dans tous, la conscience présente les mêmes activités caractéristiques, dans tous elle EST identique. Les différences que nous observons, comme il a été dit à mesure que nous nous élevons, sont dues à l'amélioration de l'appareil physique, appareil qui permet aux activités astrales et mentales – non aux physiques – de la conscience, de se manifester sur le plan physique. Les hommes et les animaux pensent et sentent mieux que les végétaux et les minéraux parce que leur conscience, plus hautement évoluée, a façonné sur le plan physique cet appareil très perfectionné ; mais, même dans cet état de perfection, nos corps répondent d'une façon absolument identique à celle des corps inférieurs, lorsqu'ils sont soumis aux mêmes excitations, et cette conscience, purement physique, est la même dans tous les êtres.
Dans le minéral, la matière astrale associée à l'atome astral permanent est si peu active, et la [127] conscience y est si profondément endormie, qu'il n'y a pas d'activité perceptible entre l'astral et le physique. Dans les végétaux supérieurs, il semble y avoir un vague pressentiment de système nerveux, mais ce système est trop peu développé pour servir à autre chose qu'à des usages tout à fait rudimentaires. L'activité additionnelle sur le plan astral vient, chez la plante, perfectionner l'enveloppe astrale, et les vibrations de cette enveloppe affectent la contrepartie éthérique de la plante et par suite la matière dense, elle aussi. De là cet embryon de système nerveux auquel nous faisions allusion plus haut.
Dès la période animale, l'activité beaucoup plus grande que la conscience déploie sur le plan astral donne naissance à des vibrations plus puissantes, qui se transmettent au double éthérique de l'animal, et ce sont les vibrations ainsi engendrées qui construisent le système nerveux. L'élaboration de ce système nerveux est due au Logos agissant par l'intermédiaire de l'Âme-groupe, et à la participation active des Êtres de Splendeur du troisième Règne élémental qui dirigent le travail des esprits éthériques de la nature. Mais l'impulsion vient de la conscience qui, sur le plan astral, agit dans l'atome permanent et dans l'enveloppe de matière astrale que cet atome attire autour de lui, et qui est appelée à l'activité par l'Âme-groupe. À mesure que le premier système, tout rudimentaire d'abord, se forme, il devient possible à des impressions extérieures plus délicates de se faire sentir et ces impressions viennent contribuer à la marche de l'évolution.
L'action et la réaction se succèdent tour à tour, et le système nerveux gagne en pouvoir réceptif [128] et transmetteur. À ce stade d'évolution, la conscience ne prend guère part au travail de construction sur le plan astral ; elle y agit dans une enveloppe non organisée ; c'est sur le plan physique que l'organisation se fait, grâce aux efforts de la conscience qui cherche à s'exprimer – efforts vagues, tâtonnements confus, dans lesquels elle est aidée et dirigée par l'Âme-groupe et les Êtres de Splendeur. Il faut que cette élaboration soit achevée, jusqu'à un certain point, avant l'arrivée de la troisième Vague de vie, car l'homme a évolué et possède déjà un cerveau et un système nerveux, avant l'arrivée de cette Vague de vie qui donne un corps au Jivâtmâ et rend possible l'évolution supérieure de l'homme.

Page 3 of 4

  • 1
  • 2
  • 3
  • 4

RECHERCHE

PHASES DE LA LUNE

TRADUCTION

LIENS CONTACTS

  • LE TIBETAIN.COM (Maître Djwal Khul)
  • N G S M . E U
  • MAITRE MORYA
  • DIGITOWORLD . COM
  • CONTACT
  • ENERGECIA.COM