LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903 Wed, 08 May 2024 22:48:45 +0000 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr bon.christo@free.fr (UNION) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1173-la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903 https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1173-la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903 LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME


Par Annie BESANT - 1903


Traduit de l'anglais
Original : Éditions Adyar

Droits : domaine public

Édition numérique finalisée par GIROLLE (www.girolle.org) — 2014
Remerciements à tous ceux qui ont contribué aux différentes étapes de ce travail


NOTE DE L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE


L'éditeur numérique a fait les choix suivants quant aux livres publiés :
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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 06:34:06 +0000
TABLES DIAGRAMMES TABLEAUX https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1174-tables-diagrammes-tableaux https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1174-tables-diagrammes-tableaux TABLES


DIAGRAMMES


DIAGRAMME I. La Grande Hiérarchie spirituelle .......................................................................................................... 95
DIAGRAMME II. Le champ d'Évolution de notre Logos planétaire ................................................................................ 96

 

TABLEAUX


TABLEAU SYNOPTIQUE DES PHASES DE L'ÉVOLUTION ......................................................................................... 94
TABLEAU A — Résultats de l'évolution monadique sur la Chaine Lunaire. Les monades émergent de cette évolution en trois grands Groupes ........................................................................................................................................................ 97
TABLEAU B — Stades d'évolution des sept classes de Monades de la Chaine lunaire (Groupes II et III) pendant les sept Rondes de la Chaine terrestre .......................................................................................................................................... 98
TABLEAU C — La Généalogie physique Fonctions des Pitris Barishads (Groupe I de la Chaine Lunaire) .................. 99
TABLEAU D — La Généalogie intellectuelle. Fonctions des Manasapûtras. ................................................................ 101
TABLEAU DE CORRESPONDANCE DES DIFFÉRENTES CLASSES DE PITRIS LUNAIRES .................................. 103
TABLEAU E — Caractéristiques de la première race ................................................................................................... 104
TABLEAU F — Caractéristiques de la deuxième race ................................................................................................... 105
TABLEAU G — Troisième race – La race Lémurienne .................................................................................................. 106
TABLEAU H — Quatrième race – La race Atlante ........................................................................................................ 109
TABLEAU J — Sous-races de la race Atlante ................................................................................................................ 111
TABLEAU K — Cinquième race – La race Aryenne ...................................................................................................... 112

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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 06:35:34 +0000
LIVRE AVANT-PROPOS https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1175-livre-avant-propos https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1175-livre-avant-propos LIVRE


[1]


AVANT-PROPOS

 


En offrant aux théosophes le texte des quatre conférences qui constituent le présent ouvrage, je désire y ajouter un mot d'avertissement. Ce travail n'a pas la prétention de s'imposer comme article de foi, pas plus d'ailleurs qu'aucun des autres travaux déjà sortis de ma plume. Il peut sembler inutile de répéter une déclaration que j'ai si souvent faite, mais la tendance à considérer les études d'un chercheur comme un enseignement d'autorité reparaissant constamment, je me crois dans l'obligation de renouveler cet avertissement. J'ai touché dans ces conférences à un sujet extrêmement difficile et compliqué ; je n'ai eu l'occasion de consulter personne sur la justesse des observations qui [2] m'ont permis de remplir les vides dans les séries de faits données par H. P. Blavatsky. Ce sont donc les observations non contrôlées d'un seul observateur, faites avec le peu de pouvoirs que je puis posséder, et faites au milieu de l'agitation d'une vie occupée et encombrée, que je présente. Les choses que j'ai observées ont été pour moi de grands traits de lumière et ont paru intéressantes et utiles aux nombreux auditeurs en présence desquels les conférences ont été faites. Elles ont éclairci bien des problèmes, et rendu intelligibles bien des affirmations détachées et déroutantes. Mais même cela peut s'allier à beaucoup d'erreurs de détail, tout en semblant indiquer que les nouvelles observations sont justes dans leur ensemble.
Quant aux dates anciennes, je ne me trouve aucune compétence pour les fixer. Il est facile d'observer la coexistence de l'homme et de certains types d'animaux sur le globe, mais ce n'est pas ce qui fixe une date. J'ai donc suivi en cela la Doctrine Secrète, parce que tout ce que j'ai pu acquérir de connaissances nouvelles m'a prouvé davantage la merveilleuse sureté de ce livre considéré dans son ensemble. Et il est certain que [3] H. P. Blavatsky avait une possession et une compréhension de la Science occulte qu'aucun d'entre nous ne peut prétendre à égaler.
Je pourrais peut-être ajouter que l'absolue précision n'est pas d'une grande importance pour les questions développées dans ces conférences. Le sujet de notre passé offre un profond intérêt, mais des erreurs de détail peuvent se concilier avec une utile exposition des principes et des vérités majeures. J'ai fait tous mes efforts pour éclaircir les faits et éviter les erreurs ; mais l'exactitude absolue sur ces points serait plutôt une question de pouvoirs que d'efforts et de soins.
Je laisse donc publier ce travail, quoique parfaitement consciente de ce qui lui manque, dans l'espoir d'être utile à mes compagnons d'étude, au moins d'une façon provisoire et jusqu'à ce que nous en sachions tous davantage.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 06:36:39 +0000
CHAPITRE II — LA GÉNÉALOGIE PHYSIQUE - Les Pitris conducteurs de l'évolution physique https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1177-chapitre-ii-la-genealogie-physique-les-pitris-conducteurs-de-l-evolution-physique https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1177-chapitre-ii-la-genealogie-physique-les-pitris-conducteurs-de-l-evolution-physique CHAPITRE II

LA GÉNÉALOGIE PHYSIQUE


Lorsqu'on étudie l'évolution physique de l'homme, on se trouve en face d'une difficulté qui se rencontre chaque fois que l'on s'occupe du monde physique, c'est-à-dire qu'il se présente une masse de détails d'un caractère extrêmement compliqué. Comme on le sait, la Science moderne, elle-même, qui ne s'occupe que d'une partie de l'ensemble des choses, est d'une étude difficile, si l'on veut comprendre réellement ce qu'elle nous révèle combien plus grande dès lors est la difficulté, quand on étudie les choses telles qu'elles sont réellement sur leurs plans variés, dans leurs états divers, et quand, loin de se borner à la différenciation du Tatwa physique, on [54] doit prendre en considération les différenciations des Tatwas qui appartiennent aux plans supérieurs. Je dis cela, parce que je me rends compte du considérable effort d'attention qui est nécessaire pour suivre vraiment les étapes de l'évolution physique de l'homme et bien saisir le rôle que joue dans le monde celui qui y représente le degré le plus élevé, celui dont proviennent tous les germes de vie, du moins en ce qui concerne l'évolution actuelle, celui qui est à la tête de l'évolution du globe, et de qui dépendent la vie et la direction des divers règnes inférieurs de la nature. Il nous faudra trouver comment il se fait que les germes de vie qui peuplent tous les grands règnes du globe existent dans le corps de l'homme. La seule théorie qui semble donner un aperçu de la vérité, et encore un aperçu très partiel, est la théorie de Weissmann, qui, dans sa merveilleuse complication, est assez difficile à saisir, mais qui nous montre comment, même au point de vue de la science moderne, on peut rencontrer des complications si nombreuses, si variées, si enchevêtrées dans l'espace infinitésimal d'un germe, que l'on y retrouve la trace de milliers de générations et la possibilité, pour [55] une quelconque de ces traces, de se développer et de réapparaitre dans l'homme actuel.


Les Pitris conducteurs de l'évolution physique


En ce qui concerne l'évolution physique, il y a une grande classe d'êtres qui la dirigent, la surveillent, qui, en somme, fournissent les modèles d'après lesquels tout dans cette évolution est modelé. C'est la classe connue dans la littérature indoue sous le nom général de Pitris, ou Ancêtres. Mais ce nom manque de précision et pour une raison très simple. D'abord les Pitris originaux, ceux à qui j'aimerais, si possible, limiter ce nom, réapparaissent sans cesse dans de nouveaux rôles. On les revoit à chaque Ronde, et quand on arrive à l'évolution de notre globe, ils se montrent dans les divers cycles de croissance. On les retrouve ensuite se perdant en quelque sorte dans l'humanité, puis on les voit reparaitre sous d'autres formes. Ce sont donc comme des acteurs, qui, changeant de costumes, jouent différents rôles : ce sont les mêmes hommes sous d'autres vêtements. Ces changements de rôle troublent beaucoup l'étudiant qui ne sait comment retrouver par [56] quel acteur tel rôle a été joué. Une partie de la tâche présente sera de suivre ces êtres à travers leurs transformations, et de voir comment les Pitris réapparaissent de cycle en cycle, demeurant toujours les Seigneurs du domaine physique, les guides, les modeleurs et les architectes de l'homme mortel.
Ce même nom de Pitris est appliqué à ceux qu'on appelle Agnishvattas, qui n'ont rien à voir avec le corps physique de l'homme. Nous les laisserons absolument de côté pour le moment. Disons toutefois que ce sont les trois plus hautes des sept classes de Pitris qui vous sont plus ou moins familiers grâce aux Shastras Indous, mais que l'on distingue sous le nom d'Aroupa, sans forme ; et qui appartiennent à une évolution différente. Ils s'occupent des Devas et on les appelle parfois Pitris des Devas. Ils s'occupent aussi de l'évolution intellectuelle de l'homme et nous les retrouverons sous le nom de Mânasaputras qui s'applique à eux et à beaucoup d'autres.
Les Pitris de l'ascendance physique de l'homme, ceux qui sont réellement les ancêtres [57] de son corps, sont groupés dans les quatre dernières classes, et, dans l'enseignement occulte, ces quatre classes ont un seul nom, celui de Barhishads. Mais ce nom se donne souvent à une seule de ces classes, ce qui cause en partie la confusion. Le nom générique est Pitris Barhishads, ceux qui possèdent le feu créateur. Quoique ce nom s'applique spécialement aux fils de l'un des Fils nés du mental de Brahmâ, il n'en est pas moins vrai qu'il sert aussi à désigner l'ensemble des quatre classes de Roupa Pitris qui président à l'évolution physique. Aussi, quand je parlerai des Pitris Barhishads, sans autre explication, il s'agira des quatre classes de Roupa Pitris.
Ces quatre classes, les Pitris Barhishads, viennent de la Lune. Vous avez lu que la lune est la porte de Svarga, l'un des Lokas, la demeure des Pitris. Cela est vrai par rapport aux hommes, car ils passent du Pretaloka au Pitriloka et de là à Svarga. Au sens cosmique, la lune est la porte à travers laquelle ses habitants descendent sur la terre. Ces Pitris étant venus de la chaine de la lune sur la chaine terrestre, nous les appelons Pitris lunaires, Pitris venus de la lune. [58]
La première question qui se pose, quand on veut élucider leur nature, est celle-ci : Que faisaient-ils sur la lune et quel fut le résultat de leur séjour sur elle ? Nous savons déjà que la chaine lunaire est celle qui a précédé la nôtre et que les liens les plus étroits nous unissent à son évolution. On se rendra mieux compte des fonctions des Pitris lunaires, pendant la chaine lunaire, en songeant un instant à ceux que l'on appelle généralement les Maitres, sur notre terre. Les Maitres sont ceux qui, ayant poursuivi leur évolution humaine, ici-bas, ont dépassé l'humanité ; ils en sont la fleur, comme on l'a dit ; ils ont triomphé de toutes les difficultés inhérentes à la matière et sont devenus, sur notre globe, les Seigneurs de la matière, les Gardiens et les Protecteurs de l'humanité. Telle était exactement la fonction des Pitris lunaires dans l'évolution de leur chaine. Ils traversèrent l'étape humaine équivalente ; ils furent les fruits mûrs de cette évolution, ils s'élevèrent de plus en plus haut jusqu'à ce qu'ils eussent dompté absolument toute la matière de la chaine lunaire et réduite à l'état d'instrument docile. On les appelle parfois les Cubes, parce que, dans la chaine lunaire, [59] ils ont vaincu la matière sous sa forme quadruple ou quaternaire, et qu'ils ont apporté cette matière avec eux dans la chaine terrestre afin qu'elle y poursuive son évolution. Représentons-les comme les Seigneurs de la lune, titre qui leur est souvent donné dans les livres occultes.
On les appelle, aussi "Fils du crépuscule", pour une raison que nous allons voir tout à l'heure, et qui montre aussi leurs rapports avec la lune ; ou encore Hommes célestes, Fils de la lune, Progéniteurs. Ne les confondons pas – car c'est encore une de nos difficultés – avec les monades de la chaine lunaire, autres classes de Pitris, qui viennent de la lune pour passer dans l'humanité sur notre globe. Celles-ci n'ont rien à voir avec les grands Pitris lunaires, sauf qu'elles se sont développées sur la lune, sous leur protection, comme nous nous développons, ici, sous la protection des Maitres de Sagesse et de Compassion. Ces Pitris ordinaires, si souvent confondus avec les autres, sont les monades venues de la lune dont une partie forme la majorité de notre humanité actuelle et une autre partie est emprisonnée dans les règnes animal, végétal et minéral de notre globe, car toutes [60] les formes de notre chaine sont, en somme, occupées par ces monades lunaires. On les appelle bien Pitris, mais ce ne sont pas les grands Pitris lunaires.
On peut remarquer que cette identité de nom se retrouve dans la littérature indoue, dans les Shrâddhas, et dans la conversation courante ; car tout homme, d'un certain niveau, passe à son décès, après le stade de Preta, dans le Pitriloka et on le compte parmi les Pitris. Cependant les Indous savent très bien que ces êtres humains classés parmi les Pitris sont plutôt leurs hôtes, leurs protégés, gardés et abrités par eux, que des participants à leur propre nature. Et l'on ne confond pas les hommes qui passent après leur mort, au bout d'un certain temps, dans le Pitriloka, avec ces grands et puissants Pitris constamment invoqués dans les Shrâddhas et qui sont les enfants des fils nés du mental de Brahmâ. C'est que l'habitude de les confondre est très générale et elle a persisté dans notre propre terminologie. Convenons, pour la clarté de la présente exposition, que le nom de Pitris sera réservé aux Seigneurs de la lune, à l'exclusion des membres de notre humanité ordinaire dont ils vont diriger l'évolution physique. [61]
À la fin de leur évolution sur la chaine lunaire, ces Pitris rentrèrent dans le sein du Logos planétaire, Souverain de cette Chaine. Nous dirions maintenant qu'ils atteignirent le Nirvâna ; ils entrèrent dans la conscience du grand Seigneur sous la direction duquel ils avaient évolué ; ils firent partie de son être, devinrent en quelque sorte les germes de vie dans son corps.
Quand la Chaine planétaire terrestre va commencer, nouveau corps du Logos planétaire – alors appelé, à cause de ses fonctions, Brahmâ, le Créateur, reflet du grand Brahmâ du système – ces Pitris naissent de son Corps du Crépuscule. Ces quatre corps de Brahmâ sont les quatre Chaines planétaires : le premier est son Corps des Ténèbres, le second son Corps du jour, le troisième le Corps lunaire, le Corps du Crépuscule, le quatrième le Corps terrestre, au point tournant, Corps de l'Aurore. Ainsi nés de lui, les Pitris sont appelés Fils du Crépuscule, Fils de la Volonté, Seigneurs de la Yoga ; on les nomme même parfois Svayambhûva, puisqu'ils n'ont pas eu de naissance, mais sont sortis du Corps du Seigneur. Ils naquirent de son Corps du Crépuscule, dit le Vishnou Purâna, pendant qu'il [62] méditait sur lui-même, sous son aspect de Père du monde et sur la venue du monde des hommes, et le Vahâra Purâna s'exprime de même en disant qu'ils apparurent, couleur de fumée, pendant qu'il méditait sur la création de toutes les sortes d'êtres. C'est quand il pensait ainsi lui-même, comme Père, que ces Pitris Fils de la Volonté, Seigneurs de la Chaine lunaire, émanèrent de son corps du crépuscule.
En possession de la quadruple matière et du feu créateur, ils purent donner aux hommes leur double éthérique, prâna, le Kâma animal, et le germe animal de l'intelligence. Ils ne purent rien faire de plus, mais c'était assez pour donner une forme à l'évolution physique pour construire l'homme animal et toutes les formes inférieures.
Ces Pitris sont considérés comme soumis à Yama, le seigneur de la mort, appelé "Pitripati", le seigneur des Pitris. C'est pour cela que les corps qu'ils donnent aux hommes sont mortels, nés qu'ils sont sous l'empire du Seigneur du changement et de la mort. Ils ne peuvent donner la partie immortelle, mais seulement la partie mortelle. Les hommes, étant leur progéniture, doivent être, comme [63] eux, sous l'empire de la mort. Et c'est ce en quoi les enfants de la terre diffèrent des enfants de Buddha, la planète Mercure, car les hommes y sont immortels, tandis que l'homme terrestre est mortel. En outre, le travail de ces Pitris dans la Chaine terrestre avancera leur évolution et les soustraira à la puissance de la mort. Dans la prochaine Chaine planétaire, la cinquième, ils joueront le rôle de Mânasaputras, Fils du mental et Seigneurs de la mort.
Tel est notre premier aperçu des Pitris lunaires. Nous les retrouverons sans cesse, comme je l'ai déjà dit. D'abord, ils nous apparaissent comme les maitres de la matière, quand les premières formes vivantes doivent se montrer sur cette chaine-ci, quand les globes sont formés, mais qu'ils sont encore dénués d'habitants vivants, et que seule la matière des globes est modelée en forme globulaire. Nous les rencontrons au commencement de la première Ronde. Comment donnerai-je une idée de ce que verrait l' "oeil divin" d'un Yogi s'il se fixait sur cette première Ronde ? Je voudrais tracer un tableau qui, malgré son imperfection, fournisse à l'esprit une idée précise. Qu'on se représente une masse immense de matière ignée, se soulevant, s'agitant, [64] tourbillonnant, jetant des éclairs, roulant, changeant, formant des vagues monstrueuses, et s'agrégeant lentement, selon trois densités différentes, en sept formes translucides. À peine peut-on les appeler des formes, car, même si l'on descend jusqu'à la quatrième, ce n'est que bien vaguement que l'on devine la première Rupa de la terre, une mince pellicule d'Akâsha, ténue, radiante, lumineuse, incandescente. Dans cette Ronde, il n'y a rien de visible que des formes de feu ; on en distingue vaguement sept, dont la quatrième, qui sera notre terre, est la plus visible. Au-dessus d'elle, sur l'arc descendant, des ombres de plus en plus vagues apparaissent dans les nuées incandescentes. Au-dessus d'elle encore, mais sur l'arc ascendant, trois autres ombres, incandescentes à peine perceptibles. En somme, un immense panorama de flammes qui prend et perd la forme de globes colossaux inouïs, stupéfiants, dans leur irrésistible puissance et leur insurmontable énergie.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 06:55:56 +0000
CHAPITRE III — OEUVRE RESPECTIVE DES QUATRE CLASSES DE PITRIS BARHISHADS https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1178-chapitre-iii-oeuvre-respective-des-quatre-classes-de-pitris-barhishads https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1178-chapitre-iii-oeuvre-respective-des-quatre-classes-de-pitris-barhishads CHAPITRE III

OEUVRE RESPECTIVE DES QUATRE CLASSES DE PITRIS BARHISHADS

 

 

CHAPITRE III

OEUVRE RESPECTIVE DES QUATRE CLASSES DE PITRIS BARHISHADS


Première Ronde

Deuxième Ronde

Troisième Ronde

Quatrième Ronde

Quatrième Ronde — Première Race

Quatrième Ronde — Deuxième Race

Quatrième Ronde — Troisième Race

Rôle joué par les Pitris Barishads dans l'évolution des Races

 


Les quatre classes de Pitris Barhishads, dits aussi Lunaires, les Pitris Roupas, président respectivement aux quatre Rondes successives de notre chaine terrestre ; ceux dont le corps est le plus subtil dirigent la première Ronde, les suivants la seconde, d'autres plus denses, la troisième, et les plus denses de tous la quatrième Ronde, celle où la matière la plus dense est formée. Dans chacune de ces quatre classes, il y a sept degrés ou sous-classes, de sorte que, dans chaque Ronde et sur chaque globe, on rencontre "sept classes de Pitris" au grand étonnement de beaucoup d'étudiants qui se [66] rappellent avoir entendu parler de sept classes de Pitris, compris les Agnishvattas Pitris, tandis qu'ici il ne s'agit que des Pitris Barhishads. L'énigme est résolue quand on comprend que dans chacune de ces sept classes primitives, divisées en roupa et aroupa, il y a sept sous-classes qui se distinguent les unes des autres par des différences dans leur degré d'évolution. Ainsi dans les quatre grandes classes de Pitris roupas, nous avons donc vingt-huit subdivisions, sept pour chaque classe, et c'est seulement à ces sous-classes que nous avons affaire dans chaque Ronde successive. Une seule des quatre grandes classes s'occupe de chaque Ronde, et ce sont ses sept subdivisions que l'on rencontre sous le nom des "sept classes de Pitris lunaires".
Les quatre grandes classes se distinguent par des différences dans leurs Upâdhis : la première n'a pas d'Upâdhi inférieur au Kârana Sharira ; la seconde a pour instrument d'action le corps mental ; la troisième emploie le corps astral, et la quatrième revêt le double éthérique. Ainsi, à mesure que les globes deviennent plus denses dans les Rondes successives, les Pitris qui dirigent l'évolution physique apportent successivement des instruments [67] d'activité de plus en plus denses, appropriés à la tâche qui leur incombe. Plus on étudie le plan de l'évolution, et plus on est frappé de la parfaite adaptation de chacune de ses parties.
Ces Pitris Barhishads appartiennent, comme je l'ai déjà dit, à la dernière des Hiérarchies créatrices, que nous appelons la septième, quoiqu'en réalité elle soit la douzième. Ils commandent à une multitude d'Esprits de la Nature qui sont les constructeurs réels des formes, quelque chose comme les maçons, tandis que les Pitris peuvent être comparés aux architectes, ce qui a du reste été fait bien des fois. Ces derniers donnent les dessins, les modèles, les plans, suivis et réalisés par leurs subordonnés, ces êtres innombrables qui choisissent les particules matérielles et les mettent chacune à sa place. Remarquons en passant que, puisque dans la littérature indoue le nom de "devas" est appliqué à tous ces esprits constructeurs, les trente-trois millions de devas dont il est souvent question paraissent devoir être nécessaires pour mener à bien le plan de la nature, et ne doivent dès lors pas être un objet d'étonnement.
Quand les Purânas parlent de la terre et de [68] ses six globes, ils font une étrange description, qui, je le crains, a dû bien des fois exciter l'ironie de plus d'un étudiant indou diplômé – parlant de sept zones ou dvipas séparées par de curieux océans de lait, de lait caillé, etc. "Quelles drôles d'histoires que celles de ces anciens", disent les critiques modernes. Et cependant ces anciens ont écrit plus sagement que les savants du dix-neuvième siècle, car leur tableau pittoresque donne une idée juste de l'aspect d'une Chaine planétaire, chaque dvipa représentant un globe et, ce qu'ils appellent océan, étant l'étendue de matière entre un globe et le suivant, ce qui les sépare comme une mer que nul ne peut traverser, sauf ceux qui ont développé leurs Upâdhis supérieurs et acquis ainsi la capacité de naviguer sur ces merveilleuses mers de matière.
Si l'on pouvait s'élever à un plan supérieur, et regarder la chaine d'en haut, on verrait exactement ce qui est décrit dans les Purânas, à savoir les sept dvipas et les sept océans qui les entourent, énormes vagues de matière de densité variée, roulant entre les globes, et désignées par les liquides terrestres auxquels elles ressemblent le plus dans leur [69] aspect général. L'erreur a été d'essayer d'identifier ces descriptions avec les choses terrestres, alors qu'elles s'appliquent aux sept globes de la chaine, globes entièrement différents entre eux et dont notre terre est celui qu'ils appellent Jambudvipa. Ces descriptions ne sont peut-être pas d'accord avec les idées modernes de classification précise et rigoureusement scientifique, mais elles éveillent des images vivantes et pittoresques dans les esprits ordinaires auxquels elles étaient destinées. Et quand le clairvoyant moderne se place au point d'où l'écrivain purânique contemplait cette scène, il voit aussi se dérouler cet étonnant panorama des sept globes entourés de leurs océans de matière inorganisée.


Première Ronde


Revenons à notre tableau de feu, les globes translucides roulant à travers les vagues de flammes.
Sur le premier de ceux-là, le plus vague et le plus incandescent, descend la première classe des Pitris lunaires. Ils vont donner le premier modèle des formes qui serviront de [70] tabernacles à tous leurs successeurs. L'idée de ces modèles existe dans l'esprit du Logos planétaire, mais c'est aux Pitris à modeler les premières formes de matière ignée qui seront la demeure des monades de la chaine lunaire, à leur arrivée. Il faut qu'ils s'assimilent la matière de la chaine, sans cela comment pourraient-ils en tirer des formes ? Ils ne peuvent travailler une matière qui n'est pas la leur. Donc, la première chose qu'ils ont à faire, c'est de passer eux-mêmes par toutes les espèces de matière, et, l'ayant amassée autour de leurs corps aériens, ils la transforment au moyen de leur feu créateur en formes germinales qui, peu à peu, se développant et murissant, deviendront dans le cours des siècles les formes que nous connaissons sur le quatrième globe de la quatrième Ronde. Chaque subdivision prépare sept formes typiques dans chaque règne, sur chaque globe, car, dans chaque règne de la nature, sept types existent côte à côte, et ce sont les sept types des sept subdivisions de Pitris de chaque Ronde. Dans la première Ronde, il n'y a que des formes pelliculaires de matière ignée.
La caractéristique du premier globe, le [71] globe A, c'est que rien n'y a une forme dans le sens où nous l'entendons, tout y est même tellement différent des formes que nous connaissons qu'on l'appelle Aroupa, sans forme. Et cependant, la forme y existe, mais non telle que l'homme mortel la connait. On l'appelle forme archétype, c'est-à-dire idéale, faite d'essence de pensée abstraite, forme vague, changeante, indéfinie, tout à fait inconcevable et insaisissable pour l'esprit concret. On ne peut la connaitre qu'en raison de ce fait que lorsqu'elle passe sur un plan inférieur, elle se divise en une quantité innombrable de formes concrètes, dont chacune lui ressemble en ce sens qu'elle présente ses caractères essentiels et reproduit quelque trait de son image. Cela sera peut-être plus intelligible si je rappelle un curieux moyen employé jadis, aux premiers temps de la science biologique, pour montrer ce qu'on entend par type d'un certain ordre. Le professeur Owen, étudiant l'ordre complexe des mammifères, essaya de découvrir et de combiner leurs caractères communs. Il trouva que certaines conformités existent entre tous les mammifères – colonne vertébrale, quatre membres, etc. Il assembla ces caractères [72] communs à toutes les formes de mammifères qu'il avait recueillies, et il en composa une forme qui ne ressemblait à rien d'existant au monde, ni dans le ciel ni sur la terre, ni dans les eaux de la mer et qu'il appela l'archétype des mammifères. Ce n'était qu'une fantaisie de savant destinée à aider l'investigation scientifique. En fait il "construisit plus juste qu'il ne croyait". Des archétypes semblables existent dans l'esprit du Logos pour chaque règne : archétypes de minéraux, archétypes de végétaux, archétypes d'animaux et archétypes d'hommes. Ils existent à l'état d'idées – idées platoniques, dit-on parfois, parce que Platon leur donne une grande importance dans sa philosophie. Ces idées se trouvent dans l'esprit du Logos et les architectes, les Pitris Barhishads, les reproduisent sur le globe le plus élevé de la chaine planétaire, sur le globe A. C'est pourquoi on l'appelle le globe archétypal, car, à chaque Ronde, c'est lui qui renferme les archétypes qui serviront de base à l'évolution des formes de cette Ronde.
Les Purânas font parfois allusion à ces formes ou essayent de les décrire, et ces descriptions paraissent étranges, grotesques, [73] incompréhensibles. Beaucoup d'hommes instruits, quelque peu au courant de la science moderne, se moquent des anciens Rishis qui s'efforcèrent de décrire ces formes extraordinaires différentes de tout ce que l'esprit humain peut concevoir actuellement. Mais les Rishis savaient quelque chose de plus que la science moderne : ils connaissaient les formes archétypes, bases de toutes les formes ; et ces étranges créatures, dont parlent les livres purâniques, sont des archétypes, et non des formes telles qu'elles existent sur les plans inférieurs. Je ne saurais trouver d'image ni d'expression pour donner, de cette extraordinaire création, une idée meilleure que celle qui découle de ces récits purâniques, si vagues, si étranges, si grotesques qu'ils puissent sembler. Ils sont du moins la description la plus approchée que le langage humain soit capable de fournir.
Passons au point suivant. Chaque Ronde, comme je l'ai dit, produit une évolution particulière : élémentale, minérale, végétale, animale ou humaine. Les formes qui ne sont pas encore nées sur un globe de la chaine, n'en existent pas moins dans l'esprit du Logos créateur. Elles entourent ce globe à l'état [74] d'embryons, de sorte que, dans l'atmosphère d'un globe, on pourrait lire son histoire à venir. C'est l'une des significations de l'expression "lire dans la lumière astrale". Sur le premier globe, dans la première Ronde de notre chaine les Pitris forment les archétypes des trois règnes élémentals et du règne minéral. Seuls les types du règne élémental supérieur sont alors mûrs et complets. Ceux des règnes moyen et inférieur sont des types embryonnaires, et ceux du règne minéral ne sont que des germes, qui renferment cependant, en puissance, tout ce qui sera développé à la perfection dans le règne minéral de la quatrième Ronde. La première classe des Pitris Barhishads produit ces archétypes en matière transparente, et en peuple le globe incandescent. Dans l'atmosphère du globe, les trois autres classes de Pitris Barhishads s'occupent des embryons du futur règne végétal de la seconde Ronde, des embryons du futur règne de la troisième Ronde, et des embryons du futur règne humain de la quatrième Ronde. Ces embryons ne ressemblent en rien aux formes végétales, animales et humaines ; ce sont de simples cristallisations – si le mot peut s'appliquer à une matière si [75] subtile – des agrégats de matière ; ils sont dans le sein de la nature comme les embryons dans le sein de la mère, et c'est avec raison qu'il est écrit que quand nous serons arrivés à comprendre en entier le mystère de la croissance humaine, le plan tout entier de l'activité créatrice se révèlera à nos yeux.
Donc, sur ce globe A, les Pitris sont à l'oeuvre ; ils forment les susdits archétypes, se revêtent des formes qu'ils ont créées, et passent rapidement par les formes embryonnaires de l'atmosphère ambiante pour y éveiller le premier frisson de vie foetale. Ils se transportent sur le globe B, le second, où ils façonnent les innombrables formes concrètes qui naissent de l'archétype original. Peu de changement sensible dans les formes de l'atmosphère ambiante : tout l'effort se porte sur l'élémental et le minéral où beaucoup de progrès sont réalisés. Sur le troisième globe, C, ils façonnent des formes plus denses ; mais ce n'est encore qu'une condensation de feu, comme par exemple dans un feu on discerne des flammes blanches, puis des jaunes, puis un éclat plus rouge ; telles sont les seules différences visibles dans le feu des globes successifs. [76]
Enfin ils viennent sur la terre où le minéral atteint l'état physique, les autres formes continuant d'exister dans l'atmosphère. Les formes germinales des matériaux apparaissent vaguement sur notre terre incandescente sous forme de pellicules minces et lumineuses et ainsi de suite, jusqu'à ce que le septième globe soit atteint. Le règne minéral tout entier est alors formé, quoique, dans cet état pelliculaire, ce ne soient pas des minéraux, comme nous les connaissons, solides, cristallisés, etc., mais toujours des masses gazeuses brulantes. Tout ce qui existe aujourd'hui dans le règne minéral, se trouve sur ce dernier globe à l'état de germes pelliculaires, ténus, destinés à devenir plus riches, plus denses, plus forts, et à se compliquer dans les Rondes successives.
On peut résumer ainsi l'oeuvre des Pitris sur le globe A ils donnent les sept archétypes des sept règnes ; sur le globe B ils multiplient les formes contenant les caractères essentiels de ces archétypes ; sur le globe C, ils densifient ces formes ; sur le globe D, ils les façonnent dans une matière encore plus dense ; sur le globe E, ils les rendent plus complexes et commencent à les affiner un peu ; sur le [77] globe F, ils les construisent en matière plus subtile et, sur le globe G, ils les amènent à leur perfection. Telle est la méthode d'après laquelle les Pitris travaillent à chaque Ronde, quoique, dans la première, ils ne fassent que se revêtir de matière et l'habiter un instant pour se l'assimiler. Ils n'utilisent dans leur construction que les quatre sous-plans supérieurs de la matière de chaque plan.
Tandis que la première classe des Pitris Barhishads se livre à ce travail sur chaque globe, les monades lunaires arrivant à la Chaine terrestre se glissent dans les formes créées puis abandonnées par eux. Les monades en descendant de la lune passent d'abord dans les règnes élémentals et ensuite dans les formes minérales et autres quittées par les Pitris. Leurs sept classes, comme nous l'avons déjà vu, ont atteint différents degrés d'évolution et, par conséquent, montrent du plus haut au plus bas des pouvoirs décroissants. Quelques-unes, les plus jeunes, avaient à peine atteint la vie sensible sur la Chaine lunaire ; d'autres avaient traversé les règnes lunaires et y avaient atteint les types des formes animales lunaires. Cette différence dans le degré de croissance et d'évolution de la [78] conscience a une conséquence remarquable plus la monade est avancée, plus rapide sont ses progrès dans le monde des formes, d'où séparation de plus en plus profonde entre les classes à mesure qu'elles évoluent. Les inférieures restent de plus en plus en arrière à cause de la rapidité de progrès des plus développées. La meilleure manière de symboliser cela (symboliser seulement, car le retard est en réalité de 1/7 dans chaque classe) est peut-être de vous rappeler les procédés mathématiques d'accroissement, soit en progression arithmétique (par addition), soit en progression géométrique. Par exemple, si je pars de 3 et que j'ajoute toujours 3, j'aurai 3, 6, 9, 12, cela peut représenter le premier genre d'accroissement. Mais si je procède par progression géométrique j'ai 3, 9, 27, 81 ; on voit la différence. Je n'avais que 12 au quatrième terme d'après la première méthode, maintenant j'ai 81, et la différence des résultats numériques est due aux méthodes différentes de progression. C'est quelque chose de ce genre qui arrive aux monades lunaires : quand leur première classe sur le globe A atteint la plus inférieure des sept étapes des formes humaines sub-organiques, elle a déjà traversé quarante-trois [79] types de formes, tandis que la dernière classe n'a traversé que la première des sept étapes du règne élémental le plus bas. La première classe voyage sept fois plus vite que la dernière. À la fin de la première Ronde, la première classe des monades lunaires a passé par quarante-neuf stades de l'évolution de la forme, sept stades dans chacun des sept Règnes. La classe la plus basse, la septième, n'a passé, pendant le même temps, que par sept changements de l'évolution des formes, les sept qui forment le plus bas des règnes élémentals. Pendant les Rondes suivantes, les monades de la première classe ne passent point par les règnes inférieurs, mais elles entrent directement dans le règne humain. Quand la première Ronde est finie il survient un Pralaya, c'est-à-dire des siècles de repos, avant que la construction des formes ne reprenne à nouveau.


Deuxième Ronde


Alors commence la deuxième Ronde, et la deuxième classe de Barhishads Pitris se met à l'oeuvre. Ils font descendre les archétypes des formes végétales sur le globe A, leur [80] donnent des formes concrètes sur le globe B, qui deviennent plus denses sur le globe C et atteignent l'état physique sur le globe D ; les formes embryonnaires des animaux et des hommes restant dans l'atmosphère progressant toujours. Et les embryons humains, qui à la première Ronde avaient d'étranges formes cristallines analogues à celles du règne minéral, se développent maintenant à la manière des plantes ou des arbres en filaments gigantesques, ne ressemblant en rien à des hommes, quoique ces formes végétales se retrouvent encore maintenant dans l'embryon humain. Des particules gazeuses entrent maintenant dans la composition de tous les corps de cette troisième Ronde, particules qui appartiennent aux troisièmes sous-plans.


Troisième Ronde


Passons à la troisième Ronde : Les mondes sont devenus bien plus denses, quoique encore lumineux et éthérés. Les animaux se développent alors. C'est la troisième grande classe des Pitris Barhishads qui est à l'oeuvre et, à mesure que la densité augmente, ils apportent [81] les archétypes d'animaux embryonnaires, leur donnent des formes concrètes qui, sur le globe D, arrivent à une précision plus grande. Nous voyons les embryons humains devenus bien plus nombreux depuis la seconde Ronde, qui flottent dans l'atmosphère du globe, prenant d'étranges formes animales, monstrueuses, repoussantes à nos-yeux, créatures énormes qui ressemblent
à des singes, portant le cachet de l'animalité fortement imprimé sur leurs formes embryonnaires. Le foetus humain montre encore les traces de cette période pendant son développement. Des particules liquides des seconds sous-plans entrent dans la composition de tous les corps de cette Ronde.


Quatrième Ronde


Puis commence la quatrième Ronde. La quatrième classe des Pitris Barhishads, la plus dense, celle qui a un corps éthérique, se met à l'oeuvre, et les archétypes humains sont apportés sur le même globe A ; archétypes merveilleux de ce que l'homme deviendra aussi bien que de ce qu'il est, car les archétypes [82] des sept races sont là. La sixième et la septième se distinguent par l'éclat et la splendeur de leur beauté et suggèrent l'idée de ce que seront les types développés des races et des Rondes à venir. Puis, nous voyons descendre, en se multipliant et augmentant de densité, les formes qui vont éclore sur le quatrième globe – notre terre. Enfin nous arrivons à un terrain plus ferme, nous reprenons haleine après notre envolée dans l'espace, nous sommes arrivés sur la terre, non pas tout à fait celle que nous connaissons, mais enfin notre terre à nous, celle qui nous est plus familière.
Arrivés là, ayant repris haleine, examinons le monde qui nous entoure. Monde étrange, aux terribles tempêtes, où les convulsions gigantesques de la nature sont telles que l'on n'entend que chutes de montagnes, explosions de volcans vomissant une lave brulante, fracas de vagues géantes soulevant des rochers et lançant dans les airs des masses qui sont presque des montagnes et dont elles se jouent. Le feu jaillit de partout, ce ne sont qu'orages, ouragans et cyclones : c'est un tel bouleversement qu'il semble incompatible avec l'existence de la vie. Cela rappelle en [83] miniature la première Ronde, avec le bruit et le tumulte en plus, causés par la densité plus grande de la matière. Ici, aussi, le feu domine tout, ardent et tumultueux. Pendant 20 crores (200 000 000) d'années ces convulsions se succèdent "sans relâche, puis elles deviennent périodiques et ne se reproduisent qu'à de longs intervalles" 12. Les Pitris sont présents, maitres de toute cette matière en ébullition.

12 Doctrine Secrète.

Trois cents millions d'années se sont écoulées depuis le commencement de la quatrième Ronde, sur ce globe D, pendant lesquels les Esprits de la Nature ont travaillé activement à former les minéraux, les végétaux et les animaux d'espèces inférieures. Au milieu du grand tumulte ils s'efforcent de créer de nouveaux organismes avec les vieilles dépouilles de la dernière Ronde restées sur le Globe quand l'onde de vie s'en retira. Il en résulte toutes sortes de monstres hybrides, mélanges d'humanité et d'animalité, des reptiles de toute espèce qui apparaissent au milieu du feu, de l'écume et des nuages tourbillonnants. Productions "d'une nature inexpérimentée", [84] dirait la science. Mais nous voyons là l'oeuvre des dévas inférieurs, les Esprits de la nature, privés de la direction des Maitres de la forme. Quand les grands bouleversements sont près de leur fin, les Seigneurs de la forme viennent voir si la terre est prête pour la venue de l'homme. Toutes ces formes inférieures sont alors balayées et la terre ressemble à un vaste océan d'eau tiède agitée, vide d'habitants, la terre ferme disparaissant sous un désert aqueux. Graduellement en un point émerge le premier continent : c'est le pic du mont Mérou, le cap du Pôle Nord, le commencement de l'impérissable terre sacrée, la Terre sainte, celle des dévas appelée aussi Shvetadvîpa, l'ile blanche, la terre centrale, et quelquefois Jambudvîpa, nom donné à la terre entière. Les Parsis l'appellent Airyana Vaejo et disent avec raison que leur grand prophète Zarathustra naquit là. Le mont Mérou, axe du globe, quoique émergeant au pôle, a ses racines au centre de l'Himalaya "ceinture de l'univers". Peu à peu cette terre parait à la surface des vagues agitées qui recouvrent le globe encore tiède et, comme un lotus aux sept pétales, autour du mont Mérou, leur centre, [85] sept grands promontoires apparaissent, aux pointes desquels on donne parfois le nom de Pushkara – nom qui appartient plutôt au septième continent, – et ce sont ces promontoires et leur partie centrale, qui forment la Terre impérissable. C'est sur cette terre que doit naitre chaque race humaine à son tour, quelque doive être ensuite le centre de son habitat. C'est le berceau de toutes les races sous l'autorité de Dhruva, le Seigneur de l'étoile polaire ! "L'étoile polaire la surveille d'un oeil vigilant depuis l'aurore jusqu'à la fin du crépuscule d'un jour du Grand Souffle 13." Cette terre apparait donc, prête à recevoir ses habitants, et son climat est un printemps exquis. Alors, s'élève l'appel sonore des Seigneurs qui sont les Souverains universels. Voici ce que disent magnifiquement à ce sujet les Stances du Livre de la Sagesse :
"Les grands Chohans appelèrent les Seigneurs de la Lune aux Corps aériens : "Faites paraitre des hommes, des hommes de votre nature. Donnez-leur leurs formes intérieures. Elle édifiera les revêtements externes. Ils seront mâles-femelles.

13 Doctrine Secrète, vol. III, p. 9.


Les Seigneurs de la [86] flamme aussi… Ils allèrent chacun sur le territoire qui leur était assigné. Ils étaient sept, chacun sur son lot. Les Seigneurs de la flamme demeurèrent en arrière. Ils ne voulaient ni aller, ni créer. Les sept légions, les Seigneurs nés de la Volonté poussés par l'esprit qui donne la vie, séparèrent les hommes entre eux, chacun sur sa zone propre. Sept fois, sept ombres d'hommes futurs naquirent, chacune d'une espèce et d'une couleur différentes, chacune inférieure à son père. Les Pères, les sans-os ne pouvaient donner vie à des êtres possédant des os. Leur progéniture furent des Bhûtas sans forme ni mental. C'est pourquoi on l'appela chhâya 14."


Quatrième Ronde — Première Race


Quatre classes de Monades lunaires étant prêtes pour l'incarnation humaine, les Pitris Barhishads descendent sur notre globe dans la Terre Impérissable et détachent de leurs corps éthérés une chhâya, une "ombre", un germe de vie qui renferme en puissance le [87] développement des formes humaines. C'est une grande forme filamenteuse, sans sexe, une Bhûta vide flottant dans l'atmosphère épaisse et dans les mers fumantes. Elle flotte au hasard, forme indéfinie, changeante, protiste vague de matière éthérée, renfermant les germes de toutes les formes recueillies par les Pitris dans les précédentes évolutions ; sa couleur est clair de lune, blanc jaunâtre aux nuances changeantes. Dans la quatrième classe de Pitris Barhishads qui ainsi a fourni le germe de vie pour la production de la forme de l'homme physique, il y a, comme nous l'avons vu ; sept subdivisions distinctes, et chacune peuple l'un des sept promontoires : "Ils étaient sept, chacun sur son lot… séparèrent les hommes entre eux, chacun sur sa propre zone." Mais on lit aussi : "Sept fois sept ombres d'hommes futurs naquirent", et l'on se demande naturellement pourquoi cette septuple augmentation. C'est que chaque classe de Pitris Barhishads ne comprenait pas seulement sept subdivisions à différents degrés de développement, comme nous l'avons expliqué, mais encore que chacune de ces sept subdivisions, qui ne sont que des degrés d'évolution, renfermait des membres des sept [88] types dont nous avons aussi parlé. D'où "sept fois sept". Les Monades lunaires étant elles-mêmes à des degrés si différents d'évolution, n'auraient pu s'accommoder de chhâyas d'un seul degré. Les Monades entrèrent dans des chhâyas proportionnés au degré de développement qu'elles avaient atteint pendant les trois premières Rondes et demie. Il fallait donc beaucoup de formes, d'espèces et de degrés pour que chaque monade pût trouver un tabernacle approprié, et les quarante-neuf ordres leur fournirent précisément les conditions nécessaires.

14 Doctrine Secrète, vol. III, p. 21.

Ces espèces de formes quasi protistes qui sortirent du corps éthéré de leurs progéniteurs – comme on peut voir le double éthérique sortir du côté d'un médium – furent la première race humaine. "Humaine ?" dira-t-on. "Mais qu'est cette forme étrange, extensible, indéfinie, plus semblable à un morceau de vase visqueuse, comme le prétendu Bathybius, qu'à un être humain ? Pourquoi l'appeler humaine ?" Mais pourquoi appelle-t-on humaine la première agglomération de cellules foetales, qui, dans le sein de la mère, n'a rien de la forme humaine, pourquoi l'appelle-t-on un embryon humain ? C'est parce que, dans cette [89] forme qui n'a rien d'humain, l'homme futur est en évolution, et que rien d'autre que d'humain ne peut s'y développer. Par conséquent, quoique la forme n'ait aucune apparence humaine, bien que ce ne soit que l'embryon de l'homme futur, nous l'appelons quand même "humain" parce que la monade qui plane sur elle a atteint l'humanité, et que cette appellation convient, sinon à la ressemblance extérieure, du moins à la vie, qui y est enfermée. Nous disons donc de la même façon que la première race humaine est née.
Ces grandes formes errent de-ci, de-là, insensibles et passives. Comme on l'a vu, la conscience résidant sur le plan atmique ne peut que bien légèrement affecter ces corps mal formés, doués vaguement du seul sens de l'ouïe et d'une vague conscience du feu. On les appelle parfois la Race des Dieux parce que la seule conscience qu'ils possédaient était d'un caractère très élevé ; on les nomme aussi les fils du Yoga, parce que les Pitris dégageaient leurs chhâyas pendant qu'ils étaient plongés dans la méditation du yoga ; on les appelle même les "Auto-générés", parce qu'ils ne provenaient pas de parents humains. C'est eux qui constituent le second Adam des livres [90] saints hébreux. Les Pitris ont fourni leurs chhâyas éthériques, les ont animés de leur feu électrique, galvanisés, pour ainsi dire, et leur ont donné l'activité, aidés en cela par le Soleil qui envoie ses rayons vivifiants, le feu solaire, en réponse à l'appel du Souverain des Esprits de la nature, réclamant son appui.
"Ces trois, grâce à leurs efforts réunis, produisirent un bon Rupa. Il pouvait se tenir debout, marcher, courir, se courber ou voler. Pourtant ce n'était toujours qu'une chhâya, une ombre ne possédant pas de sens 15."
La planète qui gouverne cette première race est le soleil, ou plutôt la planète mystique, Uranus, qu'il représente.
Ces êtres se-reproduisaient par scissiparité ou par bourgeonnement. Seules formes de multiplication possibles pour eux, comme aujourd'hui encore pour les protistes, créatures qui leur ressemblent le plus. Ils croissaient, leurs dimensions grandissaient, puis ils se divisaient d'abord en deux moitiés égales et, plus tard, en portions inégales produisant des descendants plus petits qu'eux, lesquels croissaient à leur tour et produisaient [91] par bourgeonnement de nouveaux petits. Pour bien se rendre compte du procédé, il faut étudier la reproduction des amibes et des hydres. On ne peut pas distinguer de subdivisions bien définies dans cette première race, quoiqu'on y voie sept étapes de croissance, sept changements dans leur évolution. Aucun ne mourait ; "ni le feu ni l'eau ne pouvaient les détruire" 16, le feu était leur élément et ils n'avaient pas conscience de l'eau. Quand le moment vint pour la deuxième grande race d'apparaitre, les esprits de la nature entourèrent les Chhâyas d'une sorte de coquille de matière plus dense et "l'extérieur des premiers devint l'intérieur des seconds". C'est ainsi que la première race disparut insensiblement dans la seconde, ce fondit en elle, devint réellement elle, et la Chhâya qui était le seul corps de la première race, devint le double éthérique de la seconde.
Pendant les âges de durée inconnue que dura la première race, la terre se calmait, les cataclysmes devenaient locaux au lieu d'être universels. Peu à peu des terres plus étendues émergeaient à la surface du désert aqueux, [92] s'étendant autour des promontoires du premier continent et formant un vaste fer à cheval, le second continent, appelé Hyperboréen ou Plaksha. Il occupait le Nord de l'Asie, joignant le Groenland au Kamtchatka, et était borné au sud par une vaste mer, qui roulait ses vagues là où le désert de Gobi étend maintenant ses sables. Le Spitzberg en faisait partie, ainsi que la Suède et la Norvège ; au Sud-Ouest il s'étendait par-dessus les iles Britanniques jusqu'à la mer de Baffin, alors terre ferme, dont les iles actuelles sont les restes. Le climat était tropical et une végétation luxuriante revêtait les plaines ensoleillées. Il ne faut pas que le mot hyperboréen amène dans notre esprit son association d'idées habituelle ; c'était un pays heureux, de vitalité exubérante. La région hyperboréenne ne changea que lorsque ses habitants furent disséminés par le changement de climat et que de nombreux cataclysmes détruisirent ce continent.

15 Doctrine Secrète, vol. III, p. 22.
16 Doctrine Secrète, vol. III, 23.

 

Quatrième Ronde — Deuxième Race


La seconde Race parait, comme on l'a vu, et manifeste pendant son existence deux [93] types marqués répondant légèrement à la conscience buddhique. Elle montre la dualité caractéristique de ce genre de conscience en la manifestant par des changements physiques, le développement de deux sens, l'ouïe et le toucher, et la conscience de l'eau et du feu, comme il a déjà été expliqué à propos de l'évolution monadique. Les hommes de la seconde race ont été appelés Kimpurushas, enfants du Soleil et de la Lune, "enfants du père jaune et de la mère blanche" 17, par conséquent du feu et de l'eau, et ils étaient nés sous la planète Jupiter, Brihaspati. Leur couleur était jaune d'or, avec des variétés de nuances allant de l'orangé au citron le plus pâle. Ces formes aux brillantes couleurs, filamenteuses, les unes arborescentes, les autres quasi animales, d'autres encore presque humaines, erraient de-ci de-là, flottaient, glissaient, grimpaient, s'appelant l'une l'autre en notes flutées, à travers les splendides forêts tropicales, verdoyantes au soleil, où éclataient les fleurs des lianes grimpantes ; tout cela formait un tableau magnifique, dû à la splendeur de la nature dans sa jeunesse exubérante, [94] débordante de vie, de mouvement de couleur, sorte d'esquisse tracée par une main gigantesque aux couleurs issues d'une éblouissante palette.
Deux types principaux apparaissent, comme il vient d'être dit, dans cette deuxième Race le premier et le second. Dans le premier, il n'y a pas trace de sexe, les êtres sont asexués et se reproduisent par expansion et bourgeonnement, comme la première race. À mesure que les formes deviennent plus dures et enveloppées d'une coquille plus épaisse de matière terrestre, ce mode de reproduction n'est plus possible et elles émettent de petits corps qu'on a appelés, au figuré, des "gouttes de sueur", parce qu'ils exsudent, comme la sueur, de la peau humaine, visqueux et opalins, puis durcissent, peu à peu, croissent et acquièrent différentes formes. On lit dans les Pourânas que toutes les races naquirent des pores de la peau de leurs ancêtres. On y voit aussi que Vîrabhadra, envoyé par Mahâdeva, pour interrompre le sacrifice de Daksha, produisit, à travers les pores de la peau, des myriades de formes étranges. On trouve beaucoup de traces de ce mode de reproduction dans les histoires pouraniques et [95] l'étude de l'évolution physique de l'homme aide à mieux les comprendre. À mesure que le temps s'écoule de légères indications de sexualité commencent à apparaitre dans ces "Nés-de-la-Sueur" de la seconde race ; ils montrent des rudiments des deux sexes et c'est pourquoi l'on dit que ce sont des androgynes latents.

17 Doctrine Secrète, vol. III, p. 22

Quand on étudie l'évolution actuelle des règnes inférieurs, on y retrouve ces différents modes, ce qui montre combien les esprits de la nature ont toujours suivi le même plan, infiniment varié dans ses détails, mais unique dans ses principes. Tous les mammifères sont nés des germes projetés par cette seconde race "humaine" ; les animaux inférieurs aux mammifères ont été formés par les esprits de la nature d'après les types élaborés dans la troisième Ronde, et quelquefois en s'aidant des émanations humaines.
Pendant ce temps la terre change lentement d'aspect.
"La grande Mère travaillait sous les eaux… Elle travailla plus encore pour la troisième (Race) et son contour et son centre apparurent au-dessus des eaux ; ce fut la ceinture, l'Himavat sacré qui s'étend autour du monde 18." [96]
La grande mer, au sud de Plaksha, couvrait le désert de Gobi, le Tibet et la Mongolie, et de ses eaux méridionales émergeait la grande chaine de l'Himalaya au sud de laquelle la terre se montrait lentement jusqu'à Ceylan, Sumatra, l'Australie, la Tasmanie et l'ile de Pâques ; à l'ouest, elle s'étendait jusqu'à Madagascar et une partie de l'Afrique. Tout cela ajouté à la Suède et la Norvège, à la Sibérie et au Kamtchatka, déjà existants, forma un vaste continent, l'énorme Lémurie, berceau de la race dans laquelle apparut l'intelligence humaine. L'histoire archaïque l'appelle Shâlmali. Dans la suite des siècles, ce grand continent souffrit de nombreuses ruptures et se transforma en grandes iles. De temps en temps d'énormes éruptions volcaniques, des tremblements de terre colossaux en détachaient des fragments. Un affaissement graduel fit disparaitre pour un temps la Norvège. 700 000 ans avant le commencement de l'époque tertiaire, de la période éocène, éclatèrent de grandes éruptions volcaniques ; des abimes s'ouvrirent au fond de l'océan et la Lémurie, en tant que continent, disparut, en ne laissant comme traces que l'Australie et Madagascar, plus l'ile de Pâques submergée puis soulevée de nouveau. [97]
Pendant l'existence de la Lémurie et à peu près au milieu du développement de ses races, survint le grand changement de climat qui détruisit le restant de la seconde race et sa progéniture, la troisième race primitive.
"L'axe de la roue fléchit. Le soleil et la lune ne brillèrent plus sur la tête de cette portion des "Nés-de-la-Sueur" ; les hommes apprirent à connaitre la neige, la glace, la gelée et comme les plantes et les animaux ils perdirent de leur stature 19."
Les splendides couleurs des tropiques pâlirent sous le souffle du roi des glaces ; les jours et les nuits polaires de six mois commencèrent et, pour un temps, on ne vit plus sur les restes de Plaksha qu'une population clairsemée. Au-delà, cependant, au milieu de la région polaire, la Terre sacrée Impérissable continuait de sourire.

18 Doctrine Secrète, vol. III, p. 496.


Quatrième Ronde — Troisième Race


Dans la troisième Race, comme l'analogie pouvait le faire supposer, on trouve trois types fortement accentués, que nous appellerons [98] le primitif, l'intermédiaire et le postérieur. De même que la première race (en relation avec Atma) manifestait l'unité, que la deuxième (en relation avec Atma Buddhi) manifestait la dualité, la troisième (en relation avec Atma Buddhi Manas) manifesta la triplicité.
Dans le type primitif, type I, le mode de reproduction est encore celui du dernier type de la seconde Race : exsudation de corps mous et visqueux, comme "la sueur". Ces corps durcirent pendant la seconde sous-race.
"Les gouttes devinrent rondes et dures. Le soleil les chauffa, la lune les rafraichit et les façonna ; le vent les nourrit jusqu'à leur maturité 20."

19 Doctrine Secrète, vol. III, p. 403.
20 Doctrine Secrète, vol. III, p. 23.


Peu à peu ces corps mous s'incrustèrent et prirent la forme d'oeufs, l'oeuf qui, aujourd'hui encore, est à l'origine de tout germe. Désormais c'est dans un oeuf que les formes parcourent les premiers stades de leur évolution, ces formes deviennent d'apparence plus humaine : androgynes latents. Ce type primitif de la troisième Race comprend deux sous-races : la première les "Nés-de-la-Sueur", montrant à peine un commencement [99] de sexes ; la deuxième, encore "née de la Sueur", mais définitivement androgyne, tout à fait humaine d'apparence, enveloppée d'une couche matérielle qui durcit. On les appelle fils du Yoga passif, tant ils sont inattentifs au monde extérieur.
Dans le type intermédiaire, type II, troisième sous-race, les petits se développaient dans une coquille, évoluaient de doubles organes sexuels, et aussitôt nés en brisant leur coquille, ils se montraient tout développés, comme les poussins d'aujourd'hui, capables de marcher et de courir. Ce furent les hermaphrodites dont il sera reparlé tout à l'heure parce qu'ils devinrent les tabernacles des Seigneurs de la Sagesse ; cette phase donne son nom au type II. Dans la quatrième sous-race, la reproduction se faisait toujours par des oeufs, mais dans l'embryon un sexe commençait à prédominer, si bien qu'en sortant de l'oeuf l'être naissait mâle ou femelle et, à mesure que le temps passait, les nouveau-nés devenaient de plus en plus faibles ; à la fin de la quatrième sous-race, ils ne pouvaient plus marcher dès leur éclosion.
L'embryon humain reproduit toujours ces divers degrés de développement : il prend la [100] forme amoeboïde de la première race, la forme filamenteuse de la seconde, l'état asexué des premiers degrés est remplacé par l'hermaphrodisme et, peu à peu, l'élément mâle ou l'élément femelle prédomine, déterminant le sexe comme dans la troisième race. Il est à remarquer que les traces de cet hermaphrodisme ne disparaissent jamais, même pas à la maturité, chaque sexe conservant toujours quelques rudiments d'organe du sexe opposé.
Il est intéressant de constater dans la littérature indoue, dans les mythes, plus vrais que l'histoire, les traces nombreuses des différents modes de reproduction des premiers âges. C'est ainsi que dans le récit du sacrifice de Daksha, ces modes variés sont ainsi énumérés : "nés de l'oeuf, de la vapeur, par végétation, des pores de la peau et à la fin seulement, de la matrice" 21.

21 Doctrine Secrète, vol. III, p. 225.

Dans le type III, le dernier de la troisième Race, la cinquième sous-race se reproduit encore par des oeufs dans lesquels se développe progressivement, le petit humain, mais peu à peu l'oeuf reste dans l'intérieur de la mère et l'enfant nait, comme à présent, faible et [101] impuissant. Dans la sixième et la septième sous-race, la reproduction sexuelle est devenue universelle. Ce dernier type de la troisième race est mûr pour recevoir les Mânasaputras. La séparation des sexes, dans la quatrième sous-race, du type intermédiaire de la troisième race, peut être fixée à la fin de l'époque secondaire, il y a 18 000 000 d'années ; la troisième Race ayant existé avant cela au moins 18 000 000 d'années ou peut-être même beaucoup plus, car elle commença dans la période jurassique de l'âge secondaire ou mésozoïque ou période des reptiles, comme on l'appelle parfois. Les premières sous-races disparurent rapidement, principalement dans la catastrophe précitée. Les Rois Divins, comme on le verra, vinrent sur la terre avant la séparation des sexes, en revêtant les formes supérieures du type intermédiaire de la troisième Race : on les appela les Androgynes ou les divins Hermaphrodites et ils donnèrent à ces formes une beauté céleste, une stature énorme, des traits et des formes superbes. À leur arrivée et à la séparation des sexes qui suivit, finit le Satya Yuga de la terre 22. [102]
Le premier type naquit sous la planète Vénus, Shûkra, et les hermaphrodites se développèrent sous son influence. La séparation des sexes se fit sous la planète Mars, Lohitanga, personnification de Kâma, la passion. Comme toutes les formes terrestres, l'homme était alors gigantesque, si on le compare à sa stature actuelle ; contemporain du ptérodactyle, du mégalosaure et d'autres animaux énormes, il avait à se défendre contre eux. Les organes de la vue se développèrent dans cette troisième race d'abord l'oeil unique au centre du front, plus tard nommé "troisième oeil", ensuite les deux yeux. Mais ceux-ci servaient peu aux hommes de la troisième race, avant la septième sous-race et ce n'est que dans la quatrième race (le troisième oeil ayant rétrogradé dans le cerveau pour devenir la glande pinéale) que les deux yeux devinrent les organes normaux de la vue.

22 Période cyclique, voir Doctrine Secrète, III, pp. 84-85.

Cette troisième race était d'une couleur rouge, aux teintes très variées. Les Androgynes divins étaient d'un brillant ton d'or rouge, d'un éclat et d'une splendeur indescriptibles et grandement rehaussé par les éclairs de l'oeil unique semblable à une escarboucle dans [103] son étincelante monture. C'est un contraste pénible de considérer ensuite les formes gauches et malvenues, d'un rouge terreux, des premiers hommes et femmes après la séparation des sexes : de taille gigantesque, avec une carrure en rapport, ils donnaient l'impression d'une force extraordinaire, dépassant d'aussi loin celle des hommes de notre temps, que la force des Anoplatherides et des Paléotherides qui les entouraient dépasse celle des boeufs, des cerfs, des porcs, des chevaux, des tapirs et des rhinocéros qui en descendent. La tête au front fuyant, l'oeil d'un éclat rouge sombre, au-dessus d'un nez épaté, les lourdes mâchoires proéminentes offrent un ensemble répugnant au gout moderne.
Le souvenir de ce troisième oeil a persisté dans la légende grecque des Cyclopes – nom donné plus tard aux hommes n'ayant qu'un oeil – et d'Ulysse, homme de la quatrième race, qui tua un Cyclope de la troisième, à l'oeil unique et central. Ce troisième oeil, développé sous l'influence de la monade, de l'Esprit dans l'homme, avait un bien plus grand pouvoir visuel que les deux yeux subséquents, ou, pour parler plus exactement, il offrait moins d'obstacles au pouvoir perceptif [104] de la monade. Quand celle-ci se retira devant l'intelligence, la nature physique l'emporta et les deux faibles organes de vision que nous appelons nos yeux se développèrent graduellement ; quoiqu'ils opposassent de plus grands obstacles au pouvoir de perception de la monade, ils donnaient cependant une image plus nette des objets et étaient susceptibles d'une vision de plus en plus claire. Le troisième oeil donnait plutôt l'impression de la matière dans son ensemble que dans ses détails et son occlusion temporaire permit à la vue de devenir plus nette. Ces sauvages apparents, sauvages de forme seulement, étaient pleins d'intuitions et vibraient aisément sous l'impulsion des Rois divins qui les gouvernaient ; ils construisirent sous leur direction des villes puissantes, des temples cyclopéens, si solides que des fragments s'en retrouvent encore et que Shamballah, la ville sainte, la demeure sacrée, reste l'inébranlable témoin de la force qui l'a construite et du génie qui l'a conçue. On s'étendra un peu plus sur cette civilisation dans le chapitre de l'évolution intellectuelle. [105]


Rôle joué par les Pitris Barishads dans l'évolution des Races


Avant de quitter l'évolution physique dans laquelle les Pitris Barishads ont joué un si grand rôle, jetons un coup d'oeil sur la part qu'ils ont prise ensuite à l'évolution des races. Après avoir donné leurs Chhâyas à la première Race, ils quittent la terre et remontent pour un temps au Mahâloka.
"Ayant projeté leurs ombres et fait des hommes d'un seul élément, les Progéniteurs remontent au Mahâloka, d'où ils redescendent périodiquement pour donner naissance à des hommes nouveaux, quand le monde se renouvèle 23."
C'est-à-dire qu'ils descendent à la naissance de chaque nouvelle Race, et s'y incarnent pour en aider le Manou. Ils renaissent comme enfants de quelques-uns des fils nés du Mental de Brahmâ, le Logos Planétaire, fils qu'on appelle les Sept Rishis, et ils reprennent leurs fonctions, élaborant les formes de la [106] troisième Race, et préparent les Androgynes à devenir les tabernacles des Fils de la Sagesse. Après la séparation des sexes, les fils d'Atri, à qui appartient le nom spécifique de Barhishads (appelés aussi dans quelques Pourânas les fils de Marichi), président à l'évolution subséquente de la troisième Race, que la littérature indoue appelle la Race des Dânavas. On peut lire l'histoire de la dégénération morale des Dânavas racontée dans le Mahâbhârata, quand Ahamkara – le principe intellectuel – s'empara d'eux ; on y voit comment le Devi Shrî demeurait avec eux à leurs débuts quand ils étaient pieux et purs et les abandonna quand ils devinrent âpres et égoïstes. Les Pitris furent les Rois divins de ces Lémuriens des derniers temps, sous l'autorité des Androgynes divins, et ils leur enseignèrent les arts et les sciences. C'est pourquoi on les appelle "Pitris des Dânavas" ; ce furent aussi les "Pitris des Daityas" chez les Atlantes, parmi lesquels ils reparurent au début comme Rois divins.
Quand la cinquième Race commence, des membres des quatre grandes classes de Pitris apparaissent pour aider le Manou Vaivasvâta à préparer l'organisation de la première famille [107] de cette race. Les fils de Bhrigu qui ont pour instrument d'activité le corps causal sont les Somapâs, les Kavyas et les Saumyas ; ce sont leurs chhâyas qui fournissent le Sûkshma sharîra typique des Égos les plus avancés qui sont prêts à se réincarner : ils forment la caste des Brâhmanes de ces temps primitifs. Les fils d'Angiras, les Havishmats, dont l'instrument d'activité est le corps mental, donnent leurs chhâyas comme type du Sûkshma Sharîra de la caste des guerriers, les Kshattriyas. Les fils de Pulastya, les Ajapâs dont l'instrument d'activité est le corps astral, donnent leurs chhâyas comme type du Sûkshma sharîra des Vaishyas. Les fils de Vashishta – aussi appelés fils de Daksha – les Sukâlins, dont l'instrument d'activité est le double éthérique, donnent leurs chhâyas comme type pour le Sûkshma Sharîra des Shûdras. Comme chacun de ces types présentait une couleur dominante, les quatre castes furent appelées les quatre Varnas ou les quatre couleurs et, à l'oeil du clairvoyant, le Sûkshma Sharîra de chaque caste était aussitôt reconnaissable à sa couleur, due à la densité relative de ses matériaux.

23 Doctrine Secrète, vol. III, p. 113.

Tel est le secret de la difficulté des changements [108] de caste, en dehors de toute qualification morale. Pour changer de caste, il faut que le Sûkshma Sharîra formé par le Karma pour cette incarnation soit refait. Cela ne dépend pas d'un décret législatif ni de la décision d'une assemblée d'hommes. Cependant cela peut se faire, cela s'est fait dans le passé et se refera dans le présent, mais seulement avec l'aide des Pitris. C'est cette aide que Vishvâmitra sollicitait par des prières et des méditations ; il obtint ainsi que les Pitris lui donnassent un nouveau chhâya, un chhâya de brahmane. Il n'est donc pas vrai qu'il soit impossible de changer de caste, et les Indous ne le penseraient pas, s'ils croyaient vraiment à leurs livres saints. Mais c'est difficile, très difficile et, je le répète, cela ne peut se faire qu'avec l'aide des Pitris et non des hommes. Telle est la vérité entre les deux opinions extrêmes, celle qui dit que la caste est dans la naissance et celle qui dit que la caste est dans le mérite. Ni l'une ni l'autre ne sont la vérité tout entière : la naissance pourtant y est pour beaucoup, parce que le corps physique et le Sûkshma Sharira sont bâtis sur le même modèle et parce que l'Égo, qui arrive avec un type déterminé de Sûkshma [109] Sharira, reçoit un corps physique autant que possible du même type.
Nous avons ainsi esquissé la généalogie spirituelle et la généalogie physique. Nous allons maintenant parler du lien qui les unit, de la filiation intellectuelle de l'homme.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 07:07:11 +0000
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LA GÉNÉALOGIE INTELLECTUELLE

 

Première classe, les Asuras

Deuxième classe, les Agnishvattas

Troisième classe, les Seigneurs de Vénus

Quatrième classe, les Pitris Solaires


Nous avons étudié, dans les chapitres précédents, deux lignes de l'ascendance de l'homme. Dans le premier, nous avons recherché sa généalogie spirituelle, en nous efforçant d'apercevoir quelque chose des puissantes Hiérarchies d'Intelligences spirituelles qui ont coopéré à l'émission de l'Esprit, à celle de la monade venant accomplir son long pèlerinage à travers les mondes. Puis, dans le second, nous avons suivi la remontée de la matière organisée en formes de plus en plus supérieures, et nous avons vu que cette organisation de la matière était dirigée par d'autres Intelligences spirituelles, qui, ayant conquis la matière dans une précédente évolution, avaient qualité pour la maitriser, la façonner [111] à l'usage des monades survenantes, incapables de le faire elles-mêmes. Or ces deux lignes d'évolution, tout en s'approchant l'une de l'autre, sont séparées par un abime. L'une descend des sphères célestes, l'autre s'élève des boues et du limon de la terre. Mais entre elles s'étend un gouffre et aucun pont ne le franchit, qui leur permettrait de se mettre en contact l'une avec l'autre. Telle est la position où nous nous trouvons en ce moment, et la voici décrite dans un ancien Commentaire occulte :
"Ceux qui construisent l'homme physique à chaque manvantara descendent de mondes matériels. Ce sont des Esprits inférieurs doués d'un double corps. Ce sont les modeleurs et les créateurs de notre corps d'illusion… Les deux Lettres (appellation occulte de la monade dite aussi le Double Dragon) descendent des sphères de l'attente dans les formes projetées par les Pitris. Mais elles sont comme un toit sans murs ni piliers pour lui servir d'appui… Il faut quatre flammes et trois feux à l'homme pour devenir un, sur la terre, et il a besoin de l'essence des quarante-neuf feux pour devenir parfait. Ce sont ceux qui ont, déserté les Sphères supérieures, les Dieux de Volonté, qui complètent le Manou de l'illusion. [112] Car le double Dragon n'a pas d'empire sur la forme pure. Il est comme la brise quand il n'y a ni arbre, ni branche pour la recevoir et la ressentir. Il ne peut pas agir sur la forme quand il n'y a pas d'agent de transmission, et la forme ne le connait pas… Ils sont comme les deux côtés d'un triangle qui a perdu sa base 24…"
Telle est la description que le Commentaire occulte fait de la position à laquelle l'évolution humaine est alors parvenue : au-dessus, la Monade ou double Dragon ; au-dessous, la forme physique qui ignore l'Esprit planant sur elle. Ni l'une ni l'autre ne peut faire davantage : la Monade ne peut pas descendre plus bas, le double Dragon ne peut pas respirer l'atmosphère grossière de la terre. La forme impuissante dépourvue de sens ne peut pas monter plus haut ; l'ombre, la Bhûta, ne peut pas s'élever plus haut sur l'échelle de l'évolution : c'est une faible, une impuissante dépourvue de sens qui a besoin d'une aide extérieure.
Mais, ni ici, ni ailleurs, le plan divin de l'évolution humaine ne peut être annulé. Et ceux qui sont capables de jeter un pont sur [113] l'abime entre l'esprit et la matière, descendent des sphères célestes. Le pont qu'ils vont construire, c'est le pont de l'intelligence, le pont du mental. Mais l'intelligence ne peut pas être donnée par les Seigneurs du Crépuscule quoiqu'ils la possèdent eux-mêmes, parce qu'ils ne l'ont pas assez dépassée pour pouvoir la projeter hors d'eux-mêmes pour le service d'autrui. Pour pouvoir donner de son propre mental, il faut l'avoir dépassé, car on ne peut vraiment abandonner que de son superflu. Tant que nous nous identifions avec quelque chose, cela reste notre possession et nous ne pouvons pas nous en séparer pour autrui.
Ainsi donc le mental ne peut pas être donné par les Seigneurs du Crépuscule ; ils ont bien acquis l'intelligence pour eux-mêmes, mais pas au degré transcendant où ils pourraient en faire part à d'autres. La belle poésie du livre de Dzyan montre la perplexité de ceux qui avaient tout fait pour former l'homme, mais qui étaient arrivés à la limite de leurs pouvoirs. Écoutez :
"Il fallait une forme au souffle : les Pères la lui donnèrent. Il fallait un corps grossier au souffle : la terre le modela. Il fallait l'Esprit de vie au souffle : les Lhas solaires l'insufflèrent dans sa forme. Il [114] fallait au souffle un miroir de son corps : "Nous lui avons donné le nôtre", dirent les Dhyanis. Il fallait au souffle un véhicule des désirs : "Il le possède", dit le Draineur des eaux. Ils avaient pu aller jusque-là. Mais il fallait au souffle une intelligence pour embrasser l'univers : "Nous ne pouvons pas lui "donner cela", dirent les Pères. "Je ne l'ai jamais eue", dit l'Esprit de la terre. "La forme" serait consumée si je lui donnais la mienne", dit le grand Feu… Et l'homme resta une Bhûta vide et dépourvue de sens 25."

24 Doctrine Secrète, vol. III, p. 71.

25 Doctrine Secrète, vol. III, p. 22.

Il fallait donc que ceux qui avaient dépassé l'intelligence, les Seigneurs du mental, descendissent pour aider à éveiller les pouvoirs de Manas, latents dans les formes. Beaucoup d'entre eux durent s'incarner dans ces formes pour devenir les Rois, les Instructeurs et les Guides de l'évolution humaine. Ce sont là les ancêtres intellectuels de l'homme comme les Pitris lunaires sont ses ancêtres physiques.

Il y a dix-huit millions d'années que ces choses se sont passées, dix-huit millions d'années que les Seigneurs de la flamme sont descendus sur notre terre. À ce moment [115] nous voyons arriver sur la terre trois classes différentes de grands Êtres. Il faut s'étendre un peu sur ce point, car le secret de l'évolution intellectuelle de l'homme réside dans la nature variée de ces Êtres, et quand on aura compris leur influence sur les formes, et les divers stades auxquels ces formes sont arrivées, on pourra résoudre le problème de l'inégalité de développement intellectuel des races humaines. Rappelons-nous d'une part que l'on trouve, parmi ce qu'on appelle des "hommes", des êtres en train de disparaitre, comme les Veddas de Ceylan : des êtres qui grimpent aux arbres, qui ont à peine de langage, et n'émettent que des cris inarticulés comme les animaux ; d'autres êtres comme les sauvages de Bornéo, qu'on distingue à peine des grands singes ; d'autres êtres encore comme les aborigènes d'Australie, dont l'intelligence est si infime qu'ils ne se rappellent pas d'un jour à l'autre et ne comptent pas au-delà de deux, disant un, deux et plus pour signifier tout ce qui dépasse deux. Comparons maintenant avec ces êtres, que l'on compte et justement parmi les hommes, des êtres comme Newton, comme Descartes, des hommes comme les grands Maitres de l'Inde ou comme le grand [116] Rishi Vyâsa qui avait encore la forme humaine. Ou bien prenons les grands philosophes, les grands mystiques et mettons-les en face de ces races arriérées en train de disparaitre. Il semble bien que le mot humain ne puisse couvrir deux extrêmes si distants, et que la différence d'intelligence soit trop grande pour s'expliquer par le seul jeu de l'évolution. C'est que le problème ne sera résolu que par l'explication du mystère de l'intelligence, du mystère des Fils du mental.
Les Mânasaputras, leurs divisions en différentes classes
Ceux qui vont descendre sur la terre sont compris sous le nom de Mânasaputras, littéralement Fils du mental. Mais le nom en lui-même ne dit pas grand-chose, sinon qu'ils sont doués de mental, et une nouvelle difficulté provient de ce fait qu'à quelques-uns de ces Mânasaputras on applique des épithètes suggestives impliquant la plus haute intelligence spirituelle, tandis que le même nom se donne à des êtres notoirement inférieurs, et d'une intelligence notoirement limitée. Il faut se rappeler que le nom de Mânasaputra [117] ne veut rien dire de plus que ce qu'il exprime littéralement, fils du Mental, c'est-à-dire un être doué de mental, d'intelligence. Et de même que le mot "homme" est un terme élastique qui couvre de nombreux degrés d'humanité et n'indique rien quant au stage d'évolution de celui qui le porte, ainsi le terme Mânasaputra employé par H. P. Blavatsky d'après les Shâstras indous est un terme général couvrant des degrés infinis sur l'échelle de l'intelligence.


Première classe, les Asuras


Prenons donc d'abord les trois premières grandes classes qui dépassent toutes de bien loin notre humanité quand elles descendent sur notre globe ; la quatrième classe est composée des Pitris solaires venus de la Lune. On appelle la première classe les Fils de la Nuit, les fils de la Sagesse obscure, les Seigneurs de la Sagesse obscure, et ces mots d'obscurité et de nuit reviennent sans cesse à propos d'eux. Pour être tout à fait justes, ces épithètes devraient servir à les distinguer des Agnishvattas Pitris qui forment la seconde classe de Mânasaputras et qu'on [118] appelle Seigneurs de la Flamme ou Fils de la Sagesse. Je me servirai donc de ces termes pour la première classe afin d'éviter toute erreur. Ce sont les Asuras, nés du Corps de Brahma qui, rejeté, devint le Corps de la Nuit.
Dans les Écritures des indous, on trouve des êtres nommés Asuras qui jouent un rôle très actif dans les légendes primitives, et ce nom couvre une bien plus grande classe d'êtres que celles qui nous occupent en ce moment. Cela vaut la peine de nous arrêter un instant, car l'influence de la pensée religieuse moderne a jeté un reflet sombre sur ce nom et en a fait presque l'équivalent du "Diable" chrétien, lequel n'a point son pareil dans l'indouisme. Le mot Asura est dérivé d'Asa, souffle ou vie, asumat signifiant seulement un être vivant. Dans le Rig-Véda, Varuna, Indra et Agni sont appelés Asuras, les vivants, et ce terme désigne des êtres spirituels et non des méchants. Il est vrai que plus tard, Suras et Asuras sont mis en opposition, parce que leurs fonctions dans l'évolution étaient toutes différentes ; en outre, les Suras étaient plus passifs que les Asuras, plus pénétrés du sentiment de l'unité et d'un but commun, par conséquent plus prêts à [119] obéir aux lois du système, à les exécuter ponctuellement et à respecter le statu quo. Tandis que les Asuras étaient turbulents et agressifs, indépendants, séparatifs, portés au mécontentement et avides de changements. Les Suras représentent l'ordre et les Asuras le progrès ; c'est pourquoi ils sont toujours en opposition, quoique, en réalité, également nécessaires. Nous pouvons nous rappeler que, lors du "barattage de l'océan de lait", les Asuras étaient à un bout du Shesha et les Suras à l'autre, les uns et les autres également employés au brassage, et qu'il y eut une lutte pour la possession de l'Amrita, le nectar d'immortalité, qui fut refusé aux Asuras, quel que fût leur désir de le boire. Voyons la raison de ce refus. Le principe des Asuras, leur essence même, leur caractère principal, c'est l'Ahamkâra, le principe du Moi, la volonté d'être séparés. C'est leur force dominante, signe caractéristique auquel on peut les reconnaitre. Ce sont toujours des rebelles, et, là où ils sont, est la guerre. Ahamkâra se développe par la lutte, par l'isolement, par la rébellion ; il met en jeu toutes les forces tumultueuses et c'est ainsi qu'il établit le Moi. Vient un temps où ce Moi apprend à trouver sa plus haute expression [120] dans la Volonté divine, dans le Moi suprême de l'univers, et, alors, l'Asura, brisant les liens de la matière, se reconnait un avec le Suprême contre lequel il luttait ; et il peut boire le nectar d'immortalité qui n'est jamais versé que dans la seule coupe de l'unité et ne peut être bu que par ceux en qui l'idée de séparation n'est pas encore née ou par ceux qui l'ont dépassée, mais non par ceux en qui triomphe la séparation et qui en personnifient l'essence même.
De tels êtres formaient donc la première classe des Mânasaputras qui descendirent sur notre terre ; ils avaient développé une intelligence extraordinaire. Ayant atteint l'humanité dans la première Chaine planétaire, ils s'étaient développés pendant des æons incalculables d'années dans les sphères plus subtiles, jouant le rôle de Pitris Barhishads dans la seconde Chaine, et d'Agnishvatta Pitris dans la troisième. Dans la nôtre, la quatrième, ils survinrent, comme Fils de la Sagesse obscure, pour la grande bataille du quatrième Globe de la quatrième Ronde de la quatrième Chaine, le nec plus ultra de la séparation de la matière et le triomphe d'Ahamkara. Lorsque les "Fils" reçoivent du Logos Planétaire l'ordre de "créer [121] leurs images", ils commencent leur dernière lutte pour l'indépendance séparée, la lutte dont la fin leur enseignera la nature du Moi. Ils ne veulent pas créer.
"Un tiers refuse, deux tiers obéissent. La malédiction est prononcée : ils renaitront dans la quatrième, ils souffriront et feront souffrir 26."
Ce seront les "Seigneurs à la Face sombre", sur l'Atlantide, en lutte avec les "Seigneurs à la Face éblouissante 27", qui apprennent de leur terrible défaite la leçon finale, et chercheront l'unité dans les races les plus avancées de l'humanité. Ces Asuras forment le cinquième grand Ordre Créateur, celui de Makara, justement appelé le plus mystérieux de tous.


Deuxième classe, les Agnishvattas


La seconde classe de Mânasaputras est familière aux théosophes sous le nom d'Agnishvattas Pitris ; ils sont la moisson de la seconde Chaine planétaire, nés du Corps de Lumière ou du Jour de Brahma, êtres radieux, splendides, Pitris des Devas, des Suras, des sphères plus subtiles, d'une nature semblable aux Devas, [122] avec le sentiment de l'unité plus fort que celui de la séparativité. Ils occupent plusieurs degrés dans l'évolution, les uns plus avancés que les autres, et forment une partie du sixième Ordre Créateur. Ils portent de multiples noms dans les anciens livres ; l'occultiste les appelle : Fils de la Sagesse (non de la Sagesse obscure, remarquons-le), Seigneurs de la Flamme, Fils du Feu, Dhyanis du feu, "Coeurs du corps", ou encore les Triangles – parce que le triple aspect, Atmâ, Buddhi, Manas, est actif en eux – qui sur la terre deviennent les Pentagones, car Manas se dédoublant et Buddhi se réfléchissant en Kâma, ils deviennent quintuples. Ils ne peuvent pas donner l'Atman à l'homme, la tâche est trop haute pour eux, mais ils envoient sa force dans la matière éthérique et créent ainsi le Prâna vraiment humain ; ils donnent donc le "plasma spirituel", l'aspect vie des atomes permanents, qui émane de "l'homme céleste sextuple 28". On les appelle aussi les Pranidhânanâth, Seigneurs de la méditation profonde, Seigneurs du Yoga. Ce sont les Vierges, les Kumâras, qui ne peuvent pas [123] créer l'homme charnel quand Brahma veut peupler la terre, parce qu'ils sont trop purs et trop subtils pour cela. Dans la troisième Chaine, ils avaient créé les hommes de cette Chaine, mais la matière est maintenant trop dense et eux devenus plus subtils. Après l'accomplissement de leur tâche sur la terre – tâche que nous avons à étudier maintenant – ils naquirent de nouveau comme fils de Marîchi, d'autres disent de Pulastya, et devinrent les Pitris des Devas. Leur demeure céleste est le Vairâja Loka, ainsi nommé parce qu'un de leurs nombreux surnoms était Vairâjas. Multiples sont les formes qu'ils ont prises, ainsi que leurs noms dans les Purânas : Ajitas, Satyas, Haris, Vaikunthas, Sadhyas, Adityas, Râjasas, etc. 29.

26 Doctrine Secrète, vol. V, p. 10 (Stances de Dzyan).
27 Ibid., vol. III, p. 528.
28 Doctrine Secrète, vol. I, p. 205.

29 Doctrine Secrète, vol. I, p. 205.


Troisième classe, les Seigneurs de Vénus


La troisième classe des Mânasaputras consiste en Êtres qui arrivent sur notre terre d'une autre Chaine planétaire. Ils ne sont pas comme les membres des deux autres classes les résultats des premières de nos propres Chaines, [124] mais ils viennent de l'extérieur, d'une Chaine où la planète Vénus, Shûkra, est le globe D. Il existe dans les vieux textes des histoires qui parlent d'une parenté entre notre terre et Shûkra, Vénus. Il y est dit que la terre est fille adoptive de Shûkra, et aussi que Shûkra fut le précepteur des Asuras, des Dânavas et des Daityas, ou encore que Shûkra fut incarné comme Ushanas sur la terre. Que veulent dire ces phrases énigmatiques ? Elles se rapportent à cette troisième classe de Mânasaputras.
Vénus est d'une évolution antérieure à celle de notre globe ; elle est plus âgée, elle est déjà à sa septième Ronde pendant que nous ne sommes encore qu'à la quatrième, de sorte qu'elle est capable de servir de mère à la terre en vertu du développement bien plus avancé de son humanité. C'est pourquoi il est dit qu'elle adopta la terre, sa soeur cadette, pour son enfant. Traduit en langage ordinaire, cela veut dire qu'elle envoya sur la terre quelques-uns de ses fils, des Hommes d'une science et d'un pouvoir merveilleux, des Hommes de sa septième Ronde. Elle les envoya pour qu'ils servissent d'instructeurs de l'humanité. Leur tâche n'était pas de projeter des étincelles du mental, mais de s'incarner sur la terre pour [125] devenir les Instructeurs et les Guides de notre jeune humanité. Ils arrivèrent sur la terre pendant que la troisième Race était sous l'influence de Shûkra, leur planète, d'où ils descendirent, radieuse et splendide troupe ; ils s'enveloppèrent de matière translucide comme d'un manteau au travers duquel brillait leur subtil corps stellaire.
Le Premier d'entre eux, leur Chef, est connu, dans les écrits archaïques, sous de multiples noms mystiques. H. P. Blavatsky parle de lui comme de la Rase Racine de la Hiérarchie occulte ; pour elle, c'est encore le Banyan aux branches étendues, parce que c'est lui qui, en créant les Fils de la Volonté et du yoga, a formé la Hiérarchie occulte qui ombrage la terre, l'Arbre de Vie sous lequel nous sommes abrités. Elle l'appelle aussi le Grand Initiateur parce que de ce dernier seul provient le pouvoir de la véritable initiation. Cet Être mystérieux est donc désigné par ces noms symboliques et par d'autres encore, tels que la Vierge, le Kumâra, celui qui est au-dessus de tous les autres. Autour de lui se range un groupe, un très petit groupe d'Êtres de sa propre sphère, de sa propre planète qui viennent avec lui sur la terre travailler à l'évolution humaine. [126]
Cette humanité de la quatrième Ronde, la nôtre, n'était pas encore assez développée, pour fournir des fils en état de concourir efficacement à un travail aussi difficile, tous avaient besoin d'être instruits, aucun ne pouvait encore enseigner aux autres. D'où le besoin d'aide extérieure. Ce petit groupe forma ce qu'on appelle la pépinière des Adeptes ; c'est le noyau de la première grande Loge Blanche sur la terre, laquelle n'a jamais cessé de fonctionner et n'a jamais changé de caractère depuis ce jour : il y a de cela plus de dix-huit millions d'années ! C'est la Loge Suprême de tous les Guides et de tous les Instructeurs de l'humanité, sans laquelle l'évolution spirituelle serait pratiquement impossible, et sans laquelle la terre errerait dans les ténèbres et ne pourrait pas, avant des âges innombrables, retrouver son chemin vers le Suprême. Ces fils de Vénus, troisième classe des Mânasaputras, sont donc l'origine de la grande Loge Blanche.


Quatrième classe, les Pitris Solaires


Il reste encore une classe de Mânasaputras, ce sont les Pitris Solaires de la lune, partagés en [127] deux grandes divisions d'après leur degré d'évolution. Ils sont restés dans le Nirvâna lunaire, pendant l'intervalle entre la Chaine lunaire et la Chaine terrestre, et pendant la vaste période occupée par les trois premières Rondes et demie de la Chaine terrestre. À leur propos un instructeur remarque :
"Ces insuccès" étaient trop avancés déjà et spiritualisés pour être rejetés de leur rang de Dhyân Chohans dans le tourbillon d'une évolution primitive à travers les règnes inférieurs 30."
Ceux "qui réussirent" sur la Lune furent les Pitris lunaires, les Seigneurs du Crépuscule, les autres étaient comparativement des "insuccès". De ceux-là, la seconde division entra dans l'humanité terrestre après la séparation des sexes dans la troisième Race ; la première division attendit la quatrième Race, celle de l'Atlantide. Dès les commencements de l'activité terrestre de la quatrième Ronde, ces Pitris erraient autour de la terre, attendant le moment où leurs tabernacles seraient prêts à être habités par eux.
Rôle joué par les Mânasaputras
Il nous faut maintenant reprendre l'arrivée [128] des Mânasaputras dans un ordre défini, voir dans quelles conditions se trouvait la troisième Race à leur venue, et raconter les différents événements qui accompagnèrent et suivirent cette arrivée.
Une espèce de secousse préparatoire avait été donnée à la seconde grande Race pour accélérer son évolution et elle avait été douée "de la première faible étincelle" d'intelligence ; mais nous n'avons pas à y insister, et nous pouvons passer de suite à l'arrivée des Mânasaputras.
Revenons un instant à la stance déjà citée :
"À la quatrième, les Fils reçoivent l'ordre de créer leurs images. Un tiers refuse. Deux tiers obéissent. La malédiction est prononcée. Ils renaitront dans la quatrième, souffriront et feront souffrir."
Voilà un exemple typique de la difficulté que l'on rencontre à déchiffrer les anciens textes. Le mot "quatrième" se présente deux fois et il est employé en deux sens absolument différents. Dans la première phrase il faut ajouter le mot ronde : à la quatrième Ronde, les Fils du Mental, les Mânasaputras, reçurent l'ordre de créer leurs images ; un tiers, les Asuras, les rebelles, refusa, et deux tiers, les Agnishvattas Pitris et les enfants [129] de Vénus, obéirent. La malédiction fut prononcée. "Ils – les Asuras – renaitront dans la quatrième Race, souffriront et feront souffrir." Excellent exemple, je l'ai
30 Doctrine Secrète, vol. I, p. 168.
dit, de la difficulté de traduire les vieux livres : rondes, kalpas, globes, races, tout est mêlé et confondu. Le vrai nombre est indiqué, mais c'est au lecteur à découvrir à quel cycle d'évolution il s'applique. Quand on a la clef, la clef des cycles, on peut en venir à bout, mais sans clef la phrase est plus incompréhensible qu'explicative. C'est ce qu'on appelle un voile, il n'est rien écrit qui ne soit vrai, mais ce vrai est voilé de façon à ne vouloir être compris sans explication par les non-initiés. La clef est donnée quand l'homme est prêt.
Il était fort important de conserver la connaissance sous une forme commode, qui ne pût pas être facilement comprise, jusqu'à ce que les hommes soient capables de la recevoir, et cela à cause de tout le mal qui résulta sur l'Atlantide de l'acquisition prématurée de cette science par des hommes qui n'étaient pas moralement en état de la recevoir. On retrancha donc des commentaires qui tombèrent entre toutes les mains, les mots, et ces mots spécifiques, une fois disparus, [130] l'ensemble devint incompréhensible. Il en est de même dans les Purânas, qui, sans clef, sont en grande partie inintelligibles. Et c'est précisément le rôle de la Théosophie moderne de fournir ces clefs aux hommes.
Un tiers donc a refusé ; il doit renaitre dans la quatrième Race ; il reviendra à maintes reprises dans la race atlantéenne et y jouera un grand rôle. Pour le moment, il reste en arrière. Ces êtres sont condamnés à renaitre dans des conditions pires pour n'avoir pas voulu descendre au bon moment et aider à l'évolution de l'homme. On dit qu'ils vinrent regarder les formes, "les vilaines formes de la troisième Race 31". Remarquons l'Ahamkara qui se manifeste, le sens de la séparativité, l'orgueil, le mépris. Ils regardèrent ces formes du début de la troisième Race et les méprisèrent. "Ils rejetèrent ; ils repoussèrent", tels sont les termes employés ; Ahamkara les dominait entièrement, ils ne voulurent pas descendre, d'où la malédiction, malédiction terrible qui, lorsqu'ils vinrent enfin, rendit leur tâche plus difficile, leur lutte plus aigüe, plus rude et plus violente et [131] leur apprit la leçon dont ils avaient besoin. Nous pouvons donc pour le moment laisser les Asuras attendre leur heure.
Les deux tiers qui obéirent sont les Agnishvattas Pitris et les enfants de Vénus. Ceux-ci consentent à accomplir leur tâche, à faire leur devoir. La troisième Race est alors en train de se développer. Rappelons-nous ce qui est dit dans le chapitre précédent des trois stades de cette troisième Race.

31 Doctrine Secrète, vol. III, p. 23.

Premièrement, des formes asexuées, ensuite des formes hermaphrodites, enfin la séparation des sexes se produit. Les hommes divins de Vénus descendent quand le deuxième stade va commencer ; sous leur influence, les androgynes latents deviennent des hermaphrodites parfaits et des formes superbes apparaissent.
"C'est par l'entremise de Shûkra que les "doubles êtres" de la troisième (Race Mère) descendirent des premiers "Nés-de-la Sueur 32."
Tandis que la majorité des êtres de la troisième et de la quatrième sous-races évoluaient lentement à travers des formes humaines, quasi animales, simiesques, répugnantes à nos yeux, un certain nombre de [132] formes spécialement préparées pour les fils de Vénus apparaissaient, des "géants de taille superbe, d'une force et d'une beauté divines 33".
Jetons maintenant un coup d'oeil sur la terre et voyons ces différences de formes. Ce sont d'abord les merveilleux Hermaphrodites, beaux, forts, puissants, préparés sous la direction immédiate des Seigneurs de Vénus et pour leur usage, car eux avaient atteint l'humanité parfaite à la fois mâle et femelle, dépassé la séparation des sexes. Ces formes-ci ne renfermaient pas de monades lunaires, mais les fils de Vénus les firent évoluer, jouant le rôle de Monades des formes. Il y a ensuite les troisième et quatrième sous-races qui se développent lentement, passent par l'état hermaphrodite et peu à peu se séparent en mâles et femelles comme il a été dit au dernier chapitre. Ces formes sont habitées par les quatre classes de monades lunaires qui ont atteint l'humanité ; trois d'entre elles, qui y sont parvenues dans les première, deuxième et troisième rondes, montrent divers degrés de développement, et les formes sur lesquelles [133] elles planent, développent des degrés d'humanité proportionnés au stage atteint par la Monade. Bien loin derrière elles viennent les monades moins avancées, occupant des formes de plus en plus inférieures, jusqu'à celles qui n'ont atteint l'humanité que dans la quatrième Ronde actuelle. Les formes de celles-ci sont naturellement très frustes, très animales et on les appelle les "têtes étroites". Négligées et méprisées par leurs soeurs plus avancées, ces dernières deviendront, comme nous le verrons plus tard, la cause d'un terrible avilissement qui pourrait servir de leçon aux classes supérieures – (leçon dont on a encore, hélas ! besoin) – montrant les redoutables suites de la loi du Karma collectif réagissant sur l'ensemble à savoir que les inférieurs méprisés entrainent dans leur avilissement les supérieurs qui les ont négligés.

32 Doctrine Secrète, vol. III, p. 39.
33 Doctrine Secrète, vol. III, p. 212.

Les Seigneurs de Vénus descendent donc sur la terre que nous venons de décrire, aussitôt suivis par les Agnishvattas Pitris, Seigneurs de la Flamme. Quelques-uns des fils de Vénus se font un corps par la volonté et le Yoga, comme il a été dit ; d'autres occupent les formes hermaphrodites qu'ils ont évoluées [134] des races nées de l'oeuf. Quand les Agnishvattas Pitris arrivent, quelques-uns d'entre eux prennent les formes embryonnaires contenues dans les oeufs, les développent et y entrent. "Ceux qui entrèrent ainsi devinrent des Arhats 34." Ainsi fut établie sur la terre la première grande Hiérarchie occulte qui a toujours depuis continué son rôle bienfaisant et toujours eu les mêmes différents degrés.
Alors commence le grand labeur de l'éducation graduelle de l'humanité en communiquant à "l'homme animal" l'étincelle de l'intelligence. La sixième et la septième sous-races sont ainsi développées. C'est la tâche spéciale des Agnishvattas Pitris. Les seigneurs de Vénus n'y prennent point part. Ceux-ci occupent les plus hauts grades de la Hiérarchie des Sages ; ils sont les grands Instructeurs de l'humanité et dans des cas très rares l'un d'eux parait parmi les hommes. Nous lisons qu'ils se sont établis à Shamballah, la sainte cité mystique, au centre du désert de Gobi ; descendus du Nord, de la terre des dieux qui avait été leur première résidence, ils fondèrent Shamballah et ne l'ont [135] jamais quitté. On a dit que Shamballah est sur le coeur de la terre, phrase mystique qui veut dire que là demeurent ceux qui sont le coeur de la vie de l'humanité, car tous les courants de la vie spirituelle partent d'eux et reviennent à eux. Comme du coeur de l'homme part le sang régénérateur qui va nourrir chaque partie du corps, puis revient vers lui chargé d'impuretés pour être purifié et renvoyé de nouveau, de même les courants spirituels partent de ce coeur spirituel, ils retournent vers lui chargés des impuretés dont ils ont été souillés au contact du monde inférieur ; puis ils sont purifiés et renvoyés de nouveau. Ainsi s'accomplit le sacrifice perpétuel qui soutient et accélère l'évolution humaine.
Quand les Seigneurs de Vénus – qu'on appelle souvent aussi les Dragons de Sagesse – vinrent sur la terre, ils apportèrent avec eux les germes de différents types d'êtres vivants provenant de Vénus pour améliorer l'évolution terrestre. Il est dit que lorsque le Manou arriva avec les autres Rishis, il apporta avec lui dans son vaisseau (l'arche), beaucoup de germes de vie. Et ce n'étaient pas seulement des germes de vie spirituelle ou [136] de vie intellectuelle, mais aussi de la vie physique telle qu'elle existait sur Vénus. Le blé, par exemple, n'appartient pas, en propre, à notre terre, et, les botanistes ne peuvent indiquer son origine. En croisant le froment produit par les graines de Vénus avec les céréales d'origine terrestre, les premiers Instructeurs de l'humanité produisirent les espèces actuelles. Les abeilles et les fourmis, avec leur organisation sociale extraordinaire et leurs activités supérieurement réglées, sont aussi des produits de Vénus ; elles viennent d'un monde où l'évolution tout entière est plus avancée que la nôtre, où même les règnes végétal et animal ont atteint un niveau supérieur.

34 Doctrine Secrète, vol. III, p. 23.

Ces Dragons de Sagesse sont "les adeptes primitifs de la troisième et de la cinquième Races et ensuite 35", dit H. P. Blavatsky, ce furent les "Fils du feu", les disciples immédiats des "Pères", la "Flamme primordiale 36". Ils fournirent les Bouddhas, c'est-à-dire le Bouddha suprême et le Boddhisattva de la troisième Race, ainsi que plusieurs Arhats, quelques-uns des Agnishvattas Pitris se joignant [137] à cette illustre compagnie. Ils fournirent aussi les êtres, de même ordre, dans la quatrième Race, et, dans la cinquième, on en compte vingt-quatre, presque tous des Agnishvattas Pitris que les Jaïns appellent les vingt-quatre Tirthankaras 37.
Les Hermaphrodites divins du milieu de la troisième Race, les "Pères sacrés", comme on les appelle, créèrent des Fils par la volonté et le yoga pour l'incarnation des Agnishvattas les plus élevés qui furent les Ancêtres – les "aïeux spirituels" – de tous les Arhats ou Mahatmas subséquents et actuels 38, c'est-à-dire leurs Gourous, et on dit que dans la septième Race, ces Fils de la volonté et du yoga, et d'autres semblables à eux, produiront des fils nés du mental 39.

35 Doctrine Secrète, vol. III, p. 258.
36 Ibid., vol. I, p. 7 des Stances.
37 Doctrine Secrète, vol. III, p. 523 (note).
38 Ibid., vol. III, p. 214.
39 Ibid., id., p. 341.

Ce sont eux encore qui, surveillant l'évolution de la fin de la troisième et de la quatrième Races, s'irritèrent contre les peuples de l'Atlantide, comme nous le verrons plus tard, quand ceux-ci s'abimèrent dans l'avilissement, et causèrent la catastrophe qui engloutit l'Atlantide dans les flots de l'Océan. Ils sont toujours [138] désignés comme les Instructeurs divins, guidant l'évolution spirituelle de l'humanité et dirigeant les forces cosmiques qui concourent à cette évolution. Les Rois divins – des toutes premières dynasties – qui dirigèrent l'humanité intellectuellement, lui enseignèrent les arts et les sciences et surveillèrent son évolution sociale, furent quelques-uns des plus grands parmi les Agnishvattas Pitris : ce furent les Titans Kabirim auxquels les traditions des très anciens peuples font allusion. H. P. Blavatsky nous dit :
"Ce sont vraiment "les Dieux grands, bienveillants et puissants", comme les appelle Cassius Hermone. À Thèbes, Corê et Déméter, les Kabirim avaient un sanctuaire et, à Memphis, les Kabiri avaient un temple si sacré qu'il n'était permis à personne, sauf les prêtres, d'entrer dans son enceinte sacrée… Ils furent aussi, à l'origine des temps, les Régents de l'humanité, lorsque, incarnés comme Rois des "Dynasties divines", ils donnèrent la première impulsion à la civilisation et orientèrent le mental dont ils avaient doté les hommes, en vue de l'invention et du perfectionnement de tous les arts et de toutes les sciences. Aussi l'on dit que les Kabiri apparurent [139] en qualité de bienfaiteurs des hommes et, en cette qualité, vécurent pendant des siècles dans la mémoire des nations. C'est à ces Kabiri ou Titans qu'est attribuée l'invention des lettres… de la législation, de l'architecture et aussi des différents modes de soi-disant magie et l'emploi des plantes dans un but médical 40."
Les occultistes voient encore dans ces êtres divins les Manushis qui enseignèrent à la troisième et à la quatrième races le langage sacré, le Senzar 41.

40 Doctrine Secrète, vol. III, p. 151.
41 Ibid., vol. I, p. 32.

De ces Guides de l'humanité, passons à l'humanité qu'ils dirigeaient. Les représentants plus élevés de cette humanité, élèves directs et ministres des Rois divins, étaient des Agnishvattas des classes inférieures et dont quelques-uns s'élevèrent graduellement à la dignité d'Arhats dans les corps plus évolués de la quatrième et de la cinquième sous-races. La seconde classe des Pitris solaires venus de la lune s'incarna dans la sixième et la septième sous-races, conduisant grâce à leur influence les progrès de l'humanité, jusqu'à ce qu'ils fussent remplacés par la première classe qui arriva dans la quatrième Race. Puis venaient [140] les quatre classes de monades lunaires susmentionnées, l'ensemble présentant à nos regards une immense variété de types gradués depuis les hommes quasi divins qui entouraient les Rois divins, jusqu'aux "têtes étroites", types semi-animaux. Le troisième oeil fonctionne activement dans toutes les classes supérieures, de sorte que le monde astral leur est aussi accessible que le monde physique ; le pouvoir de cet oeil diminue dans les classes inférieures, jusqu'à ce que sa division devienne très vague chez les têtes étroites. Dans la sixième et la septième sous-races, de la troisième Race, on a vu que le troisième OEil se retire peu à peu à l'intérieur, pour disparaitre absolument chez les Atlantes.
Nous voyons dans la Lémurie, pendant la première partie de la fin de la troisième Race, l'aurore d'une civilisation exquise où les plus âgés guident les plus jeunes, où ceux-ci sont encore obéissants, traitables, intuitifs et où les plus arriérés suivent le mouvement avec une docilité aveugle. L'organisation vient exclusivement des Ainés, d'où sa beauté ; mais elle ne peut évidemment pas durer, car c'est la beauté de l'enfance soigneusement entourée [141] et gardée, non pas la beauté de l'âge viril qui trouve en lui-même son soutien et sa direction. Sous l'influence des Rois divins, la sixième sous-race de la troisième Race bâtit les premières villes de roche et de lave dans la région de Madagascar, et beaucoup d'autres cités suivirent, dont çà et là survivent encore de vastes ruine, blocs immenses de pierre qu'aucun ingénieur moderne ne saurait remuer, ruines de temples grandioses, débris cyclopéens comme on les appelle. Ces vestiges transmirent aux Égyptiens et aux Grecs primitifs les types de ces constructions, et dans les temples d'Égypte, par exemple à Karnak, nous voyons les traces de l'architecture lémurienne continuée par les descendants appartenant à la quatrième Race. Dans le sud de l'Inde, on retrouve aussi dans quelques temples archaïques des traces de cette construction massive.
Les ruines de Karnak, en Égypte, peuvent donner une idée de ce que devait construire une race plus puissante encore que celle qui empila ces pierres colossales : les pyramides, elles aussi, permettent d'apprécier la science et l'habileté qui élevèrent leur masse stupéfiante. Mais ces pierres ne furent pas remuées [142] par la seule force des muscles, ni par des appareils ingénieux plus forts que ceux d'aujourd'hui ; elles furent mises en place par des hommes qui connaissaient et employaient les forces du magnétisme terrestre, de sorte que la pierre perdait son poids, flottait et était, dirigée avec un seul doigt vers la place assignée. Quelques-unes des extraordinaires pierres branlantes furent ainsi posées par les doigts Lémuriens ou, pour me servir d'un nom plus familier aux Indous, par les doigts des Dânavas. Car ces Dânavas furent la sixième et la septième sous-races de la troisième grande Race. L'érection de ces pierres est un des problèmes que la science moderne n'a pu résoudre, bien qu'elle essaye de l'expliquer par l'érosion produite par la glace ou par l'eau, ce qui est manifestement insuffisant. Que sont-elles donc ces pierres branlantes ? C'étaient des moyens de communication entre ceux d'en haut et ceux d'en bas ; les oscillations de la pierre épelaient alors les messages comme les leviers du télégraphe de Morse les épèlent aujourd'hui.
J'ai mentionné les Dânavas. Les anciennes histoires les représentent comme pieux et purs à l'origine, mais s'avilissant peu à peu. Suivons-les [143] sur cette pente fatale et voyons-en l'origine.
Nous sommes toujours sur l'arc descendant de l'évolution, mais près de sa fin. La matière devient rapidement plus dense et les corps de plus en plus matériels. Ces corps sont gigantesques, forts, vigoureux, et, quand survient la séparation des sexes, l'instinct créateur, qui est inhérent à toute vie, prend la forme véhémente de la passion sexuelle jusqu'alors inconnue. Cet instinct procréateur s'était manifesté paisiblement chez les asexués dans la production de formes nouvelles ; mais désormais une violente excitation physique et le plaisir s'y mêlèrent et les passions sexuelles s'éveillèrent, d'abord chez les animaux, puis chez l'homme. Les Agnishvattas Pitris qui s'étaient incarnés et les Pitris solaires, revêtus de corps qui devenaient de plus en plus denses à chaque naissance, conscients de leur pouvoir intellectuel et se sentant comme des dieux sur la terre, envoyant dans leur corps des courants de vitalité puissants qui se changeaient à mesure que les corps se densifiaient en passions sexuelles jusqu'alors inconnues – ces Pitris furent souvent attirés par les femmes des classes inférieures et, s'unissant [144] à elles, produisirent des descendants d'un type moins élevé qu'eux-mêmes. Les brillants Fils de lumière épousèrent les femmes plus terrestres, "les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et les épousèrent", dit la Genèse avec raison. Et l'humanité s'enfonça davantage dans la matière. Il était nécessaire qu'elle descendît jusqu'au fond de la matière pour la conquérir, et, dans ce premier champ de kurukshetra, beaucoup furent vaincus. Ceux qui dans ce grand combat n'abandonnèrent point les lois de la Hiérarchie divine et ceux qui, tournant le dos aux Seigneurs de lumière, succombèrent aux enivrements des sens mêlés à la matière grossière, se séparèrent violemment, des querelles naquirent, et la guerre éclata entre eux. Les plus purs remontèrent lentement vers le nord, tandis que les plus grossiers se dispersèrent vers le sud, vers l'est et vers l'ouest, s'allièrent aux élémentals inférieurs et devinrent les adorateurs de la matière plutôt que de l'esprit. Ce furent les ancêtres de la race atlantéenne, race dans laquelle la matière devait atteindre sa plus forte densité et réaliser ses plus grands triomphes. Telle est la première séparation entre les partisans de la lumière et ceux des [145] ténèbres, séparation qui devint plus marquée en Atlantide et y eut de plus terribles résultats. Les images déifiées de ces géants Lémuriens considérés comme dieux et héros furent adorées par la quatrième et la cinquième Races, et maint vieux mythe relate leurs grands travaux, leurs combats terribles, et leur force magnifique.
Pendant que la séparation s'accentuait, des convulsions profondes et gigantesques commencèrent à bouleverser la Lémurie ; des tremblements de terre l'ébranlèrent, des éruptions volcaniques vomirent des flots de lave brulante. L'énorme continent se brisa en grandes iles, dont chacune valait presque un continent, et ces fractions furent déchirées à leur tour par de nouveaux cataclysmes jusqu'à ce qu'enfin, environ 700 000 ans avant le commencement de la période tertiaire, la Lémurie, en tant que continent, disparût, dévastée par le feu, sillonnée par les laves, au milieu de grandes explosions de vapeurs dégagées dans la lutte du feu et de l'eau ; elle sombra enfin au milieu des flammes mugissantes et des vagues déchainées, chaque ile disparaissant successivement dans des tourbillons d'eau et de feu. [146]
Quelques restes de la troisième Race survécurent longtemps sur les parties qui échappèrent au désastre, les unes demeurées sur ce qui devint l'Atlantide, les autres isolées, comme en Australie. Les aborigènes de ce dernier pays et les Tasmaniens, maintenant à peu près disparus, appartiennent à la septième sous-race des Lémuriens. Les Malais et les Papous descendent d'un croisement de cette sous-race avec les Atlantes. Les Hottentots en sont un autre reste. Les Dravidiens de l'Inde méridionale sont un mélange de la septième sous-race Lémurienne avec la deuxième sous-race des Atlantes. Partout où se trouve une race vraiment noire, la descendance Lémurienne est fortement indiquée.
Un fait reste encore à enregistrer avant de terminer le présent chapitre, car il résulte du refus des Asuras de prendre leur place légitime dans l'évolution, refus qui causa un terrible avilissement, une chute au lieu d'un progrès pour ceux qui auraient dû devenir de véritables hommes.
Ici la doctrine occulte est carrément en opposition avec l'enseignement scientifique actuel. La science moderne postule un animal pour ancêtre commun des singes anthropoïdes [147] et de l'homme. L'occultisme affirme, au contraire, que les singes anthropoïdes sont les arrière-descendants d'un croisement du règne humain avec le règne animal qui eut lieu à la fin de la troisième Race. Il a été dit que la classe la plus inférieure des monades lunaires, celle qui avait atteint le seuil de l'humanité à la fin de la troisième Ronde, n'était pas prête à recevoir l'étincelle de l'intelligence. Ces "têtes étroites" s'étaient séparées en deux sexes, mais ces êtres étaient complètement dominés par les instincts animaux. Quelques-uns d'entre eux, dans la septième sous-race de la troisième Race, s'unirent avec des espèces de singes qui ne différaient guère d'eux comme forme, mais dont les monades étaient moins développées puisqu'elles appartenaient encore au règne animal. De cette union naquit une race demi-humaine, demi-animale, dont quelques descendants s'unirent de nouveau avec les plus dégradés des derniers Atlantes et ainsi naquirent ces êtres appelés Satyres dans les vieilles légendes grecques, ces habitants des forêts et des lieux solitaires, terreur de tous les hommes parvenus à un degré supérieur d'évolution ; ces satyres [148] d'une bestialité excessive furent le résultat de ces monstrueuses unions. Telle est, selon l'occultisme, l'origine des singes anthropoïdes qui, seuls de tout le règne animal actuel, atteindront l'humanité sur notre Chaine. Ils obtiendront dans la sixième et la septième Races de cette Ronde, sur notre globe, la forme astrale humaine, et à la cinquième Ronde, ils entreront définitivement dans l'humanité. Tel fut le "péché des dépourvus de mental" et ses conséquences.
"En voyant cela, disent les Stances, les Lhas (Asuras) qui n'avaient pas formé des hommes, pleurèrent en disant : "Les Amânasas (inintelligents) ont souillé nos futures demeures. C'est le Karma. Habitons-en d'autres. Et dirigeons-les mieux, crainte de pire." Ainsi firent-ils… Alors tous les hommes furent doués de Manas 42."
La terre était prête pour l'évolution Atlantéenne. La quatrième Race était née.

42 Doctrine Secrète, vol. III, p. 25.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 07:16:54 +0000
CHAPITRE V — LES RACES HUMAINES https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1180-chapitre-v-les-races-humaines https://www.hierarchie.eu/la-genealogie-de-l-homme-par-annie-besant-1903/1180-chapitre-v-les-races-humaines CHAPITRE V

LES RACES HUMAINES

 

Naissance de la quatrième Race

Première sous-race

Deuxième sous-race

Troisième sous-race

Quatrième sous-race

Cinquième sous-race

Sixième sous-race

Septième sous-race

Naissance de la cinquième Race

 


Nous avons vu que la séparation des sexes a commencé au milieu de la troisième Race, il y a environ 18 000 000 d'années. Cependant, tant que le troisième oeil ne fut pas entièrement obstrué par la matière dense, la monade continuait d'exercer une certaine influence sur ses véhicules. Mais cette influence diminua à mesure que la matière devenait plus dense ; le mental inférieur grandissant rejeta en quelque sorte la monade à l'arrière-plan et obligea toute influence à passer par lui. La portion la plus avancée de l'humanité avait atteint cet état quand arriva le temps de la naissance de la quatrième Race ; c'est pourquoi on dit que les Atlantes furent "la première race vraiment humaine et terrestre 43". [150]


Naissance de la quatrième Race


À mesure que le continent Lémurien se divisait grâce aux éruptions volcaniques, aux tremblements de terre et s'abimait sous les flots, l'Atlantide émergeait. Le Manou de la quatrième Race choisit les types les plus appropriés de la troisième race, les plus développés intellectuellement et ceux dont le corps se trouvait le plus dense et le plus robuste et il les conduisit au Nord, vers la Terre sacrée impérissable pour y être isolés et perfectionnés. En quittant ce berceau des races, ces hommes choisis devaient s'établir dans les régions septentrionales de l'Asie qui avaient été épargnées par les grandes catastrophes lémuriennes. Les deux premières sous-races de l'Atlantide coexistèrent ainsi avec la sixième et la septième sous-races lémuriennes pendant la dernière partie de la période secondaire, avant la grande catastrophe lémurienne qui eut lieu 700 000 ans avant la fin de ladite période. L'époque la plus glorieuse, spirituellement parlant, de la quatrième Race, dirigée alors par la dynastie divine, coïncide avec l'âge éocène, et le premier [151] des grands cataclysmes qui la détruisirent eut lieu au milieu de l'âge miocène, il y a environ quatre millions d'années.

43 Doctrine Secrète, vol. III, p. 330.

Une autre civilisation magnifique, celle des Toltèques, s'éleva après ce premier cataclysme et fut détruite par la catastrophe d'il y a 850 000 ans 44. D'autres civilisations, mais [152] moins splendides, suivirent ; nous y reviendrons tout à l'heure. Le dernier vestige de l'Atlantide, l'ile que Platon appelle Poséidon, fut submergé il y a onze mille ans, soit 9 564 ans avant JC.
L'énorme continent que nous nommons l'Atlantide, celui de la quatrième Race, le Kusha des archives occultes, embrassait le nord de l'Asie – resté intact, a-t-on vu, depuis les temps lémuriens – s'étendait très au nord de la grande mer, qui est devenue le désert de Gobi, allait, à l'est, sans discontinuité au-delà de la Chine et du Japon qu'il comprenait, et couvrait ce qui est maintenant l'océan Pacifique septentrional, presque jusqu'à la côte occidentale de l'Amérique du Nord. Au sud, il comprenait l'Inde, Ceylan, la Birmanie et la presqu'ile malaise ; et à l'ouest, la Perse, l'Arabie, la Syrie, la mer Rouge, l'Abyssinie, le bassin de la Méditerranée, l'Italie méridionale et l'Espagne. De [153] l'Écosse et de l'Irlande, alors émergées, il recouvrait les mers actuelles, s'étendait à l'ouest sur ce qui est actuellement l'océan Atlantique et la plus grande partie des deux Amériques.
La catastrophe qui le brisa en sept iles de grandeurs différentes au milieu du Miocène, il y a environ quatre millions d'années, amena au-dessus des eaux la Suède et la Norvège, une grande partie de l'Europe méridionale, l'Égypte, presque toute l'Afrique et pas mal de l'Amérique du Nord, tandis que l'Asie septentrionale s'enfonçait dans les eaux, séparant ainsi de l'Atlantide la terre Sacrée Impérissable. Les continents appelés Buta et Daitya (actuellement sous l'océan Atlantique) furent arrachés à l'Amérique, reliés un certain temps encore par une grande bande de terrain disparut elle-même dans la catastrophe de la fin du Pliocène, il y a 850 000 ans, faisant de ces terres deux iles distinctes. Celles-ci sombrèrent à leur tour, il y a environ 200 000 ans, et il ne resta plus que Poséidon, au milieu de l'Atlantique.

44 Ces dates sont extrêmement difficiles à fixer. H. P. Blavatsky place la première catastrophe au milieu du miocène (voir DS, IV, pp. 325-331) et, dans une note (vol. III, p. 389), la DS dit que le "principal continent de l'Atlantide périt" "il y a plusieurs millions d'années". Quant à la catastrophe d'il y a environ 550 000 ans, celle de l'âge pliocène, elle l'appelle celle de Ruta et Daitya, probablement parce que la terre qui forma plus tard les îles de ce nom fut alors détachée de l'Amérique. Elle place la première séparation ou formation de la race aryenne environ 200 000 ans auparavant, c'est-à-dire, grosso modo, il y a un million d'années. Cet âge de la cinquième race est donné plusieurs fois par elle (DS, III, 13) et comme cela coïncide avec le dire d'autres autorités, le point peut être pour le moment considéré comme acquis. Mais il est en contradiction flagrante avec une déclaration isolée de la Doctrine Secrète (DS, IV, 331), qui met le million d'années susdit avant la catastrophe de l'âge miocène, contrairement aux autres assignations qui s'accordent ensemble et sont généralement acceptées. Une autre grave contradiction se trouve entre la Doctrine Secrète et 1'Histoire de l'Atlantide. D'après le premier ouvrage, le cataclysme d'il y a 350 000 ans est le second ; tandis que d'après l'autre il serait le premier. La Doctrine Secrète semble ignorer la troisième (ou seconde) catastrophe d'il y a 200 000 ans et l'Histoire de l'Atlantide la qualifie, il est vrai, de "relativement peu importante". La Doctrine Secrète ne mentionne pas davantage la catastrophe d'il y a 80 000 ans. La vérité, c'est que les "convulsions et les ruptures du sol de l'océan", continuèrent plus ou moins violemment pendant des siècles, et l'une de ces convulsions peut avoir été choisie pour donner un exemple. Je n'ai personnellement aucune aptitude à fixer ces dates archaïques et je n'ai fait que suivre la Doctrine Secrète dans cette esquisse.


Il ne faut pas perdre de vue, à propos des dates de ces catastrophes et de la répartition des terres et des mers, que tout varie selon la [154] catastrophe dont il est question et selon le moment choisi entre les deux périodes séparées par de longs intervalles, auxquels les cartes ont été faites. Les informations sont très fragmentaires et difficiles à relier ensemble ; c'est pourquoi l'exposé ci-dessus de ce qui existait à des dates données ne doit être considéré que comme provisoire.
Les Lémuriens choisis pour engendrer la race des Atlantes et conduits par leur Manou dans la Terre Sacrée Impérissable, se séparèrent en groupes qui occupèrent les sept zones ou promontoires de cette terre. "Ainsi, deux par deux, sur les sept zones, la troisième Race donna naissance à la quatrième", dit le Livre de Dzyan, il y a de cela environ 8 millions d'années, vers la fin de l'époque secondaire. Les Atlantes naquirent sous la Lune et Saturne – Soma et Shani – et la magie noire très pratiquée par eux, surtout par la sous-race des Toltèques, le fut au moyen d'un habile usage des "obscurs rayons", émanations provenant de la partie sombre de la lune. C'est à Saturne qu'est dû en partie l'énorme développement de l'esprit concret qui caractérise cette même sous-race, et c'est aussi à son influence qu'est due une grande [155] partie de la science égyptienne. On appelle aussi les Atlantes "enfants de Padmapâni", parce que la fleur du lotus est l'emblème de la génération, et par allusion à la production de la quatrième Race par l'union sexuelle. La forte densité acquise dès lors par le corps humain eut pour conséquence une claire notion des contacts solides auxquels les formes précédentes plus subtiles n'avaient offert que peu de résistance.


Première sous-race


Dans la première sous-race de la quatrième Race (les Rmoahals, de couleur claire), vinrent s'incarner les Asuras ; les Pitris solaires de la première classe (monades lunaires) arrivèrent aussi en foule. Lorsque le type
atlantéen eût été définitivement fixé, ils émigrèrent vers le sud après de longs siècles, et, sous la direction de leurs rois divins, les Agnishvattas Pitris, ils établirent peu à peu une puissante civilisation. Ils chassèrent devant eux le reste des Lémuriens demeurés en Afrique et sur les terres voisines émergées de l'Atlantique, ils construisirent de grandes villes et devinrent un peuple stable. Le troisième [156] oeil servait encore, mais les deux yeux physiques ordinaires s'étaient développés et tendaient de plus en plus à le remplacer. Le monde astral était encore généralement visible et l'on était encore assez sensible aux impressions astrales ; l'on restait soumis aux Rois divins qu'on respectait et qu'en fait même on adorait. Les Asuras n'étaient pas encore assez maitres de leurs propres corps pour s'occuper de dominer les autres, et la jeune civilisation croissait ainsi paisiblement.

 

Deuxième sous-race


La seconde sous-race, les Tlavatlis, de couleur jaune, occupa la terre qui est maintenant ensevelie sous l'Atlantique, toujours gouvernée et conduite d'en haut par les Rois divins. Avec les siècles, les Asuras arrivèrent peu à peu en tête de l'évolution humaine, mais ils obéissaient encore aux Seigneurs de Lumière qui gouvernaient de grandes provinces et sous la brillante direction desquels l'agriculture et l'architecture faisaient des progrès considérables. Il n'y a rien de si paisiblement grand, dans toute la civilisation de l'Atlantide, que [157] cette première période, sous les Rois divins : Pendant ce temps, vers l'occident, les germes d'une sous-race plus intellectuelle, mais, aussi, physiquement plus dense, commençaient à se développer. C'est celle des Toltèques, destinée à marquer le point le plus matériel de la civilisation de la quatrième Race, et aussi à subir la chute la plus profonde. Les plus forts des Asuras et les meilleurs des Pitris solaires s'y incarnèrent et s'établirent sur les terres qui ne devaient pas souffrir des grandes convulsions qui brisèrent l'Atlantide en sept grandes iles. Ces convulsions détruisirent la plus grande partie de la première et la seconde sous-races en n'en laissant que quelques restes ; la première s'égara vers le nord, diminua de taille et tomba dans la barbarie. La seconde s'en fut vers le sud et l'est, s'unit aux Lémuriens demeurés sur les parties du monde où ils étaient arrivés et fut la souche des peuples Dravidiens.


Troisième sous-race


Le champ se trouva ainsi préparé pour la grande sous-race Toltèque, race superbe, avec [158] de beaux traits, une stature gigantesque encore, d'environ 27 pieds, mais bien formée, bien proportionnée, et d'une couleur variant du brun au rouge ! La matière de leurs corps, et de ceux de la quatrième et de la cinquième sous-races, était plus dense qu'elle ne l'a jamais été avant ni depuis, assez forte pour courber une barre de notre fer actuel si on la lançait contre eux, ou pour briser une barre de notre acier si on les en frappait violemment. Un de nos couteaux n'aurait pu couper leur chair, pas plus qu'il ne couperait un morceau de roc d'aujourd'hui. Inutile d'ajouter que les minéraux de leur temps étant aussi beaucoup plus denses, les rapports de dureté des corps humains aux minéraux étaient à peu près les mêmes que de nos jours. Le pouvoir extraordinaire de récupération de ces corps était encore une singularité ; ils guérissaient aisément des blessures les plus affreuses et les plus étendues reçues dans les combats ou par accident, les chairs se rapprochaient et se cicatrisaient avec une rapidité inouïe ; ils ne souffraient pas davantage de l'ébranlement nerveux consécutif et n'étaient guère sensibles aux tortures physiques, même à celles que la cruauté de l'homme sait délibérément [159] infliger. Le système nerveux était fort, mais non raffiné, et son organisation intérieure, moins délicatement équilibrée, pouvait supporter sans inconvénients des secousses qui abattraient un homme de la cinquième race, et endurer des tensions et des bouleversements qui ruineraient notre organisme. Une chair comme du roc, des nerfs comme des fils d'acier, tels étaient les éléments du corps de ces sous-races.
Le sens du gout naissant ne répondait encore qu'aux plus forts des stimulants et ne pouvait distinguer les saveurs délicates : la viande gâtée, le poisson avancé, l'ail et toutes les herbes à odeur forte, les liquides et les solides les plus brulants leur paraissaient les seuls aliments sapides. Tout le reste était insipide et fade. Comme ils étaient dépourvus du sens de l'odorat, ils pouvaient vivre sans en souffrir au milieu des puanteurs les plus horribles, et, quoique les gens des hautes classes fussent extrêmement propres, sur leur personne et dans leurs demeures, le voisinage des plus immondes horreurs ne les troublait pas, pourvu que la vue n'en fût point incommodée. Quelques traces de ces particularités physiques se retrouvent dans [160] maints de leurs descendants : les Indiens de l'Amérique du Nord guérissent de blessures qui tueraient un homme de la cinquième Race soit par suite de la destruction des tissus, soit par suite du choc nerveux, et ils peuvent supporter sans pâlir des tortures qui nous feraient évanouir aussitôt.
Les Birmans enterrent le poisson et la viande et les considèrent comme des friandises quand ils sont pourris. Tous peuvent vivre au milieu d'odeurs qui donnent des nausées à l'homme de la cinquième Race.
Nous avons vu que le troisième oeil rentrait de plus en plus dans l'intérieur de la tête et se voilait de plus en plus à mesure que la matière devenait plus dense ; chez les Toltèques nous le trouvons définitivement fermé comme organe de la vision physique, mais il reste encore fonctionnellement actif pendant les sous-races subséquentes. Même après la disparition complète du troisième oeil, en tant qu'organe physique, l'homme resta très sensible aux influences astrales ; la sensibilité ultra-physique était alors générale. Lors de la dégénérescence des Toltèques, les classes supérieures eurent recours à la magie noire pour priver de cette faculté ceux qu'ils voulaient opprimer [161] et asservir. Non seulement ils cessèrent de la développer par l'éducation, comme cela se faisait au début, mais ils cherchèrent à l'émousser et même à la détruire. Malgré tout, cependant, cette faculté psychique survécut encore jusqu'à un certain point chez pas mal de nations et de tribus de la quatrième Race.
Le langage était alors agglutinant, aussi bien chez les Toltèques que dans les quatrième et cinquième sous-races, à savoir les Touraniens et les Sémites – et ce fut le type le plus ancien du langage Râkshasa, ainsi appelé parce qu'il fut celui des géants touraniens à qui le nom de Râkshasas s'appliquait particulièrement. Avec le temps, le langage devint infléchi et passa ainsi à la cinquième Race.
Nous avons dit de la stature qu'elle était gigantesque (les noms de géants, de Titans, se rencontrent souvent lorsqu'il s'agit de cette époque), mais nous la voyons diminuer de sous-race en sous-race. Les statues de l'ile de Pâques s'élèvent à environ 27 pieds et représentent des hommes de la quatrième Race à sa période moyenne. H. P. Blavatsky dit que les statues de Bamian, au nombre de cinq, ils [162] sont l'oeuvre d'Initiés de la quatrième Race et qu'elles représentent la diminution progressive des cinq Races. La première a 173 pieds de haut, elle représente la première race ; la seconde, celle des "Nés-de-la-Sueur", a 120 pieds de haut ; la troisième, celle de la troisième Race, a 60 pieds ; la quatrième et la cinquième sont plus petites, la dernière dépassant un peu la taille d'un homme de taille élevée de la cinquième Race. Les statues ont été recouvertes de plâtre et modelées à nouveau pour représenter le Seigneur Buddha, mais les figures primitives, taillées dans le roc, précèdent de bien des siècles l'âge du Bouddha 45.
Dans cette troisième sous-race des Toltèques vinrent quelques-uns des plus grands parmi les Asuras ; intelligences hautement développées au double point de vue de la science et de la puissance, ils trouvèrent, dans les corps splendides du type Toltèque supérieur, des instruments propres à avancer leur évolution, des véhicules susceptibles d'un développement plus élevé sous la stimulante influence du principe inférieur. Derrière eux suivirent [163] les Asuras qui avaient déjà vécu dans la première et la seconde sous-races et aussi les Pitris solaires qui y avaient fait leurs premières expériences terrestres. Telles étaient les classes supérieures des Toltèques ; au-dessous d'eux se trouvait la masse du peuple, moins développée, mais docile, éducable, et disposée à se laisser conduire. Les Rois divins arrivèrent pour les aider à établir une grande civilisation, et les Dragons de Sagesse surveillèrent ce nouveau développement de la race humaine si pleine de promesse dans sa vigoureuse et ardente jeunesse. C'est pourquoi l'on dit que cette sous-race, appelée dans les Parquas les Daityas, eut pour Instructeur Shûkra, les Agnishvattas l'ayant gouvernée sous la direction et la protection des Dragons de la Sagesse venus de Vénus. C'est pourquoi aussi Shûkra est appelé le précepteur des Asuras.
Dans ces conditions favorables, réunissant des disciples capables et des Maitres des Instructeurs divins, la civilisation des Toltèques croissait et se développait. On y vit paraitre Asuramaya, le plus grand des astronomes, qui commença les archives astronomiques toujours conservées depuis par la Loge [164] Blanche ; c'est lui qui construisit le zodiaque pour les Atlantes de Ruta, qui le transmirent aux Égyptiens après des siècles et des siècles. On vit apparaitre aussi de temps à autre, parmi eux, le mystérieux Nârada, Fils de la volonté et du yoga. C'est lui qui, ayant appris le secret de réapparaitre sur la terre pendant des siècles incalculables, en passant d'un corps à un autre, devint l'arbitre de la destinée des nations, le conducteur des roues tournantes du changement dont les étincelles sont les guerres et les convulsions de la nature.
L'étude des énergies de la nature fut poussée plus loin, par ces intelligents élèves des sages, qu'elle ne l'a jamais été depuis. Ils savaient utiliser les énergies subtiles dont l'éther est le milieu ; ils savaient naviguer dans les airs, au moyen d'aéronefs, comme les vaisseaux naviguent sur l'océan, et ces aéronefs leur servaient dans les grandes guerres qui marquèrent les derniers siècles de la suprématie des Toltèques. Les vieilles légendes gardent le souvenir de ces engins et parlent plus d'une fois des combats livrés dans les airs par les armées ennemies. Ils employèrent aussi, dans ces derniers temps, leurs connaissances [165] chimiques pour construire des armes meurtrières répandant au loin la destruction ; un aéronef de guerre, planant au-dessus de la tête des combattants, versait soudain une pluie de lourdes vapeurs empoisonnées capable de stupéfier ou de tuer des milliers de soldats sans défense ; ou bien ils lançaient de grosses bombes qui, en touchant le sol, faisaient explosion, dispersant dans toutes les directions des milliers de projectiles brulants ou de flèches en feu, jonchant la terre de cadavres mutilés.

45 Doctrine Secrète, vol. III, pp. 418-421.

Au début, leurs études scientifiques avaient eu des fins bienfaisantes, comme les progrès de l'agriculture, l'élevage de types supérieurs d'animaux, la production de nouvelles céréales, la culture des arbres fruitiers, l'amélioration du sol, l'usage de lumière de couleur variée pour stimuler le développement des animaux et des plantes et pour la destruction des maladies microbiennes.
Il ne faut pas oublier non plus l'emploi très répandu de l'alchimie, mère de la chimie, pour la production des métaux maintenant dits "précieux", mais alors estimés surtout pour leur beauté décorative. On se servait largement de l'or dans les maisons et les [166] temples, des piliers dorés supportaient les demeures des riches, les palais des princes, les temples des dieux. De beaux alliages étaient combinés pour contribuer à la décoration des villes par l'éclat de leurs reflets métalliques.
L'architecture fut l'art que les Toltèques poussèrent au plus haut degré de perfection, et telles de leurs grandes villes furent des modèles de force et de beauté. La plus belle de toutes fut la fameuse "Cité aux portes d'or" construite sur une hauteur, couronnée par le splendide Temple d'or, à la fois temple et palais, dont les galeries aux mille colonnes et les cours richement décorées servaient de demeures aux Rois divins sous lesquels l'empire Toltèque parvint à de si hautes destinées. La peinture et la dorure étaient employées à profusion sur la façade des maisons ; des statues, des bas-reliefs et des moulures de toute espèce servaient de décoration 46.

46 Voir les détails dans l'intéressante Histoire de l'Atlantide de W. SCOTT-ELLIOT.

Le régime social établi par les Rois divins était basé sur cette idée que le savoir et la puissance doivent porter le fardeau de la [167] responsabilité et que la faiblesse, loin d'être une cause d'oppression, donne droit à la protection.
L'éducation était générale, mais de degrés divers et proportionnés au genre de vie de chacun. Aux jours florissants de la civilisation Toltèque, chaque capitale de province avait son université centrale avec des facultés de chaque branche de science, d'art ou de littérature ; des collèges affiliés à ces facultés répandaient à travers la province entière la connaissance de toutes les découvertes dont l'application pouvait amener un progrès pratique. La loi favorisait l'avancement des sciences en retirant aux hommes toutes les fonctions actives, tout pouvoir exécutif sitôt qu'ils avaient dépassé le zénith de leur force physique et en les envoyant à l'étude et au laboratoire, quand on n'avait pas besoin d'eux pour la direction de grandes entreprises industrielles, les fonctions judiciaires ou la conduite de l'État. Les classes inférieures étaient instruites en vue de l'agriculture, de l'industrie et de tous les arts manuels ; assurer leur prospérité et, leur bienêtre, en pourvoyant abondamment à leur nourriture et à leurs vêtements, était considéré comme un des premiers devoirs du gouvernement. [168] Un gouverneur dont les administrés étaient mécontents, indisciplinés, ou mal pourvus, perdait son poste, étant considéré comme incapable ou négligent, et, si quelque trouble sérieux s'élevait, il en était puni par amende ou emprisonnement.
On retrouve des traces de ces méthodes et de ces idées dans les fragments des littératures très anciennes ou dans les livres de nations qui ont un très vieux passé. On les trouve dans quelques livres chinois, et quelques-uns des fragments provenant des civilisations disparues, mais relativement récentes, montrent quel soin paternel et minutieux les princes prenaient alors de leurs peuples. La civilisation du Pérou, si belle quoique stérile, détruite par Pizarro et ses Espagnols, conservait encore quelques traditions du monde plus ancien dont elle était descendue.
L'empire Toltèque s'étendait de son centre en Atlantide proprement dite (maintenant submergée sous l'Atlantique), à l'ouest sur les deux Amériques, à l'est sur l'Afrique septentrionale et l'Égypte. Sous son autorité vivaient [169] diverses nations provenant d'un mélange de la deuxième sous-race avec des Lémuriens, et des quatrième et cinquième sous-races en train de croitre sur leurs zones respectives.
Arrivé à ce degré suprême, l'empire Toltèque vit s'éteindre la dynastie des Rois divins, car la sagesse de la grande Hiérarchie trouva que le moment était venu de laisser l'humanité essayer ses forces par elle-même, afin que l'expérience lui apprît à se diriger et qu'elle se fortifiât par ses chutes. Une longue lignée de rois Adeptes suivit, qui étaient les disciples des Grands Seigneurs. Mais l'Ahamkara, la personnalité des Asuras incarnés, commençait à prendre des proportions dangereuses, à mesure que leur puissance augmentait et que, la forte direction des Rois divins se retirant, les rênes de l'empire tombaient en de plus faibles mains. Les stances l'expriment en quelques mots puissants :
"Alors les Troisième et Quatrième grandirent en orgueil. Nous sommes les rois, dirent-ils, nous sommes les dieux.
Ils prirent des épouses jolies à voir. Des épouses prises parmi ceux qui n'avaient pas de mental, parmi ceux dont la tête était étroite. Ils donnèrent naissance à des monstres, de [170] méchants démons, mâles et femelles, et aussi à des khados au petit mental.
Ils élevèrent des temples au corps humain. Ils adorèrent les mâles et les femelles. Alors le Troisième oeil cessa de fonctionner.
Ils édifièrent des villes colossales. Ils les édifièrent avec des terres et des métaux rares. En se servant des feux vomis, de la pierre blanche des montagnes et de la pierre noire, ils taillèrent leurs propres images en grandeur naturelle et à leur ressemblance, et ils les adorèrent.
Ils érigèrent de grandes statues, hautes de neuf yatis, taille de leur corps. Des feux intérieurs avaient détruit le pays de leurs pères. L'eau menaçait la Quatrième 47."
Complétons un peu cette esquisse. D'abord je suggère respectueusement que cette "troisième et quatrième" ne se rapporte pas, comme il est dit en note (DS, III, p. 337), à la troisième et à la quatrième Races, mais à la troisième et à la quatrième sous-races de la quatrième Race. On trouve expressément dans la première shloka de la stance X : "la troisième race donna naissance à la quatrième" et, ensuite, [171] il est question des quatre premières sous-races ainsi produites.

47 Doctrine Secrète, vol. III, p. 26.

Parler de la troisième Race à ce moment où il n'en subsistait plus que quelques restes dégénéré, clairsemés parmi les royaumes de la quatrième Race, parait hors de propos et fausse tout le récit. Tandis que si nous appliquons "troisième et quatrième" aux sous-races, l'ensemble se tient et devient logique. À cette époque de l'empire de la troisième sous-race, dite Toltèque, la quatrième sous-race, Touranienne, arrivait au pouvoir en Orient, quoique toujours tributaire de l'Empereur blanc de la Cité aux Portes d'Or. Dans les luttes subséquentes, ces Touraniens s'allièrent aux rebelles du Sud et voilà ces "troisième et quatrième" dont "l'orgueil grandit". La cinquième sous-race était déjà formée aussi et luttait violemment pour conquérir le pouvoir au Nord. Mais nous n'avons pas besoin de nous en occuper pour le moment.
Les Asuras incarnés se révoltaient peu à peu contre le gouvernement de l'Empereur blanc, d'abord secrètement, négligeant d'obéir aux ordres venus de la capitale ; ils répandaient cette idée que le peuple a bien plus besoin des Vice-rois qui sont près, que de [172] l'Empereur qui est loin, assumaient un pouvoir de plus en plus grand, et empiétaient toujours davantage sur l'autorité impériale. Pour en imposer au peuple, ils l'éblouissaient par le déploiement de leurs pouvoirs magiques et ils se servaient de leurs grandes connaissances hyperphysiques pour se grandir et s'entourer de mystère, frappant de terreur les esprits ignorants. Pour détacher plus surement le coeur du peuple de l'Empereur blanc, ils introduisaient des changements dans le culte, et substituaient au rituel sévère et solennel institué par les Rois divins des fêtes somptueuses, des spectacles éblouissants, toute une mise en scène sensuelle. Les temples primitifs étaient d'une grandeur massive, enrichis d'or et de joyaux, mais tout y était pur, simple et grandiose. Un radieux soleil d'or en occupait le centre, image et symbole du soleil céleste qui n'était à son tour que le symbole, le brillant vêtement du Seigneur de lumière et d'amour, gouverneur du système solaire, dans lequel il voilait sa présence de lumière ineffable. Le culte consistait en psalmodies sonores et en nobles danses rythmées avec des guirlandes de fleurs, des nuages d'encens, le tout vraiment superbe et magnifique, [173] mais d'une noble et pure simplicité. En communication avec le Temple d'Or, se trouvait la salle blanche, ou crypte d'Initiation où les disciples des Dragons de Sagesse recevaient l'onction sainte, où l'Étoile de l'Initiation brillait au-dessus de la tête de l'Hiérophante, où apparaissaient parfois les formes radieuses des Fils du Feu.
C'était de là que venait la suprême sainteté du temple et ce qui en faisait le foyer même du pouvoir spirituel. Les coeurs se tournaient vers lui, l'entourant d'un halo de dévotion ; c'était le symbole visible de la protection des Dragons de Sagesse.
Aussi les ambitieux Asuras savaient-ils bien que, tant que le Temple d'Or et la grande salle blanche resteraient le centre de tous les regards et le coeur reconnu de l'empire Toltèque, le peuple ne pourrait s'en détacher. Ils décidèrent donc de créer une nouvelle capitale avec un nouvel empereur – son nom, Thevatat, a été conservé – et de construire dans son palais un nouveau temple et une nouvelle salle d'Initiation. Pour donner à ce nouveau centre la sanction de l'hyperphysique, ils appelèrent à leur aide les élémentals puissants du monde astral inférieur, les firent apparaitre [174] aux jours de grandes fêtes et recevoir, d'éblouissantes formes, les offrandes et l'adoration du peuple. Puis, pour attacher plus étroitement ces puissances redoutées à leur service, Ils leur offrirent des sacrifices d'animaux et, dans les grandes circonstances, des sacrifices humains. En même temps commencèrent les pratiques licencieuses ; parce que la cruauté et la luxure ont d'étroites affinités. Enfin les orgies les plus basses remplirent les nuits succédant aux jours passés en spectacles de gladiateurs et en sacrifices sanglants.
Plus tard encore, les chefs des Asuras se proclamèrent eux-mêmes objets de culte et d'adoration : "Nous sommes les rois, nous sommes les dieux", dirent-ils, et faisant tailler leurs propres images en leur donnant des proportions énormes, ils les élevèrent dans les temples pour y être adorées. La puissance créatrice de l'homme, reflet du divin, ayant été substituée à l'énergie spirituelle dont elle était le pendant physique, les cultes phalliques prirent naissance avec toutes les abominations qui les caractérisent.
Le grand Pouvoir supraphysique des Asuras, devenus des Magiciens du type le plus sombre et le plus terrible, ouvrit le règne de [175] la terreur sur la portion du globe qu'ils dominaient. Les plus noires pratiques de la magie furent employées pour frapper d'effroi et asservir les peuples. Avec l'aide des femmes presque animales des "têtes étroites" de la troisième Race et par des opérations magiques d'une infamie impossible à décrire, ils produisirent des monstres unissant la force de la brute à la ruse du sauvage et donnèrent pour âme à ces êtres horribles les pires types d'élémentals. Ils en firent ensuite leurs gardes et leurs messagers, terribles symboles de leur puissance, et, ainsi, les Seigneurs à la Face noire, incarnation d'Ahamkara et véritables Rois des ténèbres, parvinrent au plus haut pouvoir.
Tandis que toutes les forces de la matière se ralliaient ainsi autour d'un centre commun, l'Empereur blanc préparait, de son côté sa résistance. Des préparatifs pour l'avenir s'accomplissaient dans les sphères supérieures. Parmi les Fils de la Lumière plusieurs atteignaient l'initiation suprême, devenaient des Bouddhas, vaste réserve de forces spirituelles – pour le relèvement du monde après sa chute dans la matière. Il devait encore s'écouler deux cent mille ans avant la grande lutte, [176] quand les Dragons de Sagesse déléguèrent l'un d'entre eux, Vaivasvata, pour choisir parmi les membres de la turbulente sous-race des Sémites, la cinquième, les germes de la cinquième Race-mère, et les conduire dans la Terre Sacrée Impérissable, berceau, nous l'avons vu, de toutes les races-mères. Un million d'années s'est écoulé depuis que ces premiers ancêtres de la cinquième Race furent ainsi séparés de la quatrième. Des émigrations successives de la race élue furent conduites dans cette forteresse impénétrable pour y être gardées en sureté pendant les grands bouleversements, loin des scènes de lutte. Nous pouvons nous imaginer Vaivasvata dirigeant ses disciples et la race naissante, embryonnaire même. Là se trouvèrent le futur Zoroastre, le futur Hermès, le futur Orphée, le futur Gautama, le futur Maitreya et bien d'autres encore surveillant cette croissance. Mais il faut quitter cette paisible retraite pour revenir à l'agitation et aux luttes de la quatrième Race.
Les armées des Seigneurs à la Face noire commençaient à s'avancer vers le Nord et une série de combats s'engagea entre elles et les troupes de l'Empereur blanc. Tantôt les forces noires et tantôt les forces blanches [177] remportaient le succès, mais, malgré tout, la marée victorieuse montait vers le nord, car ce n'était pas l'heure du triomphe de l'Esprit, mais celle de la matière. De tous côtés des hordes nombreuses venaient rejoindre les étendards des Seigneurs Sombres, car ils faisaient appel aux passions animales dans l'homme. La vie pure des fidèles de la Bonne Loi excitait des haines féroces, haine toujours vouée par le débauché au "pâle ascète", haine de l'impur pour celui dont la pureté est un blâme tacite. Lentement, de flux en reflux la marée montait ; de rudes combats, d'immenses carnages n'empêchaient pas les forces noires d'avancer. Enfin l'Empereur blanc fut chassé de sa capitale et la Cité aux Portes d'Or, où les Rois divins avaient régné et qui avait été sanctifiée par le passage des Saints Êtres, devint la proie des Seigneurs à la Face noire. L'empereur noir, le fameux Hiranyaksha, s'assit sur le trône où la Bonne Loi avait été proclamée. On trouva la crypte d'Initiation en ruines, les grands piliers de l'entrée brisés en deux et le dôme effondré réduit en pièces. Puis, le sang d'animaux innocents souilla de ses flots le Temple d'Or où un clergé divin avait officié, et les hautes [178] statues des magiciens noirs montrèrent leurs faces menaçantes là où avait brillé le disque du soleil.
À la fin, la mesure du mal fut comble. Quelque 50 000 ans avaient passé depuis la grande profanation du Temple d'Or ; la sorcellerie s'étendait dans toutes les directions et le degré le plus bas de matérialité était atteint. Il était temps que la terre fût délivrée de ce fardeau de cruauté, de luxure et d'oppression sous lequel elle succombait.
Les Dragons de Sagesse virent que le temps était venu où les forces de la nature devaient être employées contre "la horde noire des sorciers". Le mot d'ordre partit de Shamballah, signal de l'engloutissement de la terre souillée sans purification possible pour elle, mais signal de salut, pour ceux qui voudraient l'entendre et quitter la terre maudite. Voici comment le rapporte le Commentaire :
"Et le Grand Roi à la Face éblouissante, le chef de tous ceux à la Face jaune, était triste en voyant, les péchés de ceux à la Face noire.
Il envoya ses Vimânas (véhicules aériens) à tous les chefs ses frères (les chefs d'autres nations ou tribus), avec des hommes pieux dedans, chargés de dire : [179] "Préparez-vous. Debout, hommes de la Bonne Loi, et traversez le pays pendant qu'il est (encore) sec.
Les Seigneurs de l'orage approchent. Les charriots s'approchent de la terre. Les Seigneurs à la Face sombre (les Sorciers) ne vivront qu'une nuit et deux jours sur cette terre patiente. Elle est condamnée et ils doivent s'engloutir avec elle. Les Seigneurs inférieurs des Feux (les gnomes et élémentals du feu) préparent leurs magiques Agniyastra (armes de feu préparées par magie). Mais les Seigneurs à l'oeil sombre (mauvais mil) sont plus forts qu'eux (les élémentals) et ils sont les esclaves des êtres puissants. Ils sont versés en Astra (Vidya, le savoir magique le plus haut). Venez et faites usage des vôtres (c'est-à-dire de vos pouvoirs magiques pour contrecarrer ceux des Sorciers). Que chaque Seigneur à la Face éblouissante (Adepte de la magie blanche) s'arrange de façon à ce que la Vimâna de chaque Seigneur à la Face sombre tombe entre ses mains (ou dans sa possession), de peur que l'un d'eux (les Sorciers) n'échappe grâce à elle aux eaux, n'évite la verge des Quatre (Divinités Karmiques) et ne sauve ses méchants (partisans) ou son méchant (peuple). [180]
Que chaque Face jaune projette un sommeil sur chaque Face noire. Qu'eux-mêmes (les Sorciers) évitent la douleur et la souffrance. Que chaque homme fidèle aux Dieux solaires attache (paralyse) chaque homme soumis aux Dieux lunaires, de peur qu'il ne soutire ou qu'il n'échappe à sa destinée.
Et que chaque Face jaune offre de son eau vitale (de son sang) à l'animal parlant d'une Face noire, de peur qu'il n'éveille son maitre.
L'heure a sonné, la nuit noire est prête…
Que leur destin s'accomplisse. Nous sommes les serviteurs des Quatre Grands. Puissent les Rois de la Lumière revenir…"
Des étoiles (météores) plurent sur les territoires des Faces noires ; mais elles dormaient.
Les bêtes parlantes (les veilleurs magiques) ne bougèrent pas.
Les Seigneurs inférieurs attendaient des ordres, mais il n'en arriva pas, parce que leurs maitres dormaient.
Les eaux montèrent et couvrirent les vallées d'un bout à l'autre de la Terre. Les hautes terres restèrent, le fond de la Terre (les pays situés aux antipodes) resta à sec. Là habitèrent ceux qui s'étaient échappés ; les hommes à la Face jaune et à l'oeil droit.
Lorsque les Seigneurs à la Face sombre s'éveillèrent et pensèrent à leur Vimânas pour échapper aux flots montants, ils s'aperçurent qu'elles avaient disparu."
Tel est le fragment du récit du Commentaire. Les "animaux parlants" s'appliquent aux monstres dont il a été précédemment parlé et "l'eau vitale" au sang. Les hommes de la Bonne Loi échappèrent au désastre imminent, et alors la tourmente éclata. De furieux coups de vent soulevèrent les vagues de l'Océan à la hauteur des montagnes ; des convulsions souterraines précipitèrent des vagues énormes sur les terres ébranlées, des déluges de pluie noyèrent les vallées et changèrent les rivières en cataractes ; des collines arrachées par des tremblements de terre furent lancées dans les airs d'où elles retombèrent en avalanches de débris sur les vallées ; la terre même sembla frémir sous les attaques des eaux tourbillonnantes et des rivières déchainées. Le tonnerre des eaux mugissantes se mêla aux cris des hommes engloutis et aux hurlements des animaux entrainés. Et ainsi sombra sous les eaux la gloire de l'Atlantide, [182] en laissant derrière elle la tradition d'un déluge qui se retrouve dans la littérature de tant de nations et a servi de thème à mainte légende et à mainte poésie dans la suite des temps.
La terre se trouva ainsi délivrée de son fardeau et l'art noir reçut un coup dont il ne s'est jamais relevé. Les Asuras eux-mêmes comprirent la leçon qui assurait leur rédemption et la continuation de leur évolution par une voie sure.


Quatrième sous-race


La quatrième sous-race, celle des Touraniens, ne mérite pas de nous arrêter : c'étaient à proprement parler les Rakshasas, ces géants d'un type brutal et féroce, et l'histoire de l'Inde ancienne est pleine de leurs conflits avec les premiers types de la cinquième Race.


Cinquième sous-race


C'est la cinquième sous-race ou Sémitique qui fournit, on l'a vu, les germes de la cinquième Race-Mère. C'était un peuple turbulent, combattif. Une branche d'une de leurs familles fut d'abord choisie par le Manou [188] Vaivasvata pour fonder la cinquième, Race, puis rejetée par lui à cause de son manque de souplesse ; cette branche est l'ancêtre lointain du peuple juif.


Sixième sous-race


La sixième sous-race, les Akkadiens, naquit après la catastrophe qui détruisit les deux tiers de la Race Toltèque (l'autre tiers remonta vers le nord et plus tard se mêla à la cinquième Race qui se développait). Les Pélasges en descendirent avec un léger mélange du sang de la septième sous-race. Les Étrusques et les Carthaginois, ainsi que les Scythes, provenaient de la même origine.


Septième sous-race


La septième sous-race, la Mongolienne, sortit des Touraniens, quatrième sous-race précitée ; c'est d'elle que proviennent les Chinois de l'intérieur – pas ceux des côtes – les Malais, les Tibétains, les Hongrois, les Finnois et les Esquimaux. Quelques-uns de leurs rameaux s'unirent aux Toltèques de l'Amérique du Nord et ainsi les Indiens à peau rouge [181] ont un peu de sang mongol. Les Japonais sont une des plus récentes branches mongoles. Beaucoup de peuplades de cette même sous-race émigrèrent vers l'ouest et s'établirent en Asie Mineure, en Grèce et dans les contrées avoisinantes, c'est là, qu'en se mêlant à la deuxième sous-race de la cinquième grande Race, ils donnèrent naissance aux anciens Grecs et aux Phéniciens.
Après la disparition de Poséidon, la déchéance des tribus atlantes dispersées fut rapide ; seuls les Atlantes de l'Asie orientale se maintinrent. Les Polynésiens, les Samoas, et les Tongas en sont les survivants. Quelques tribus tombèrent si bas qu'elles s'unirent aux créatures hybrides, fruits du péché des inintelligents. D'autres s'unirent aux restes déchus de la septième sous-race Lémurienne ; les Veddas de Ceylan, ainsi que les hommes velus de Bornéo, les indigènes des iles Andaman, les Bushmen et quelques aborigènes australiens sont les descendants de ces unions. La majorité des habitants de la terre appartient encore à la quatrième Race, mais les seuls qui semblent avoir un avenir sont les Japonais, et peut-être aussi les Chinois. [185]


Naissance de la cinquième Race


Remontons maintenant vers le nord, vers la Terre Sacrée, et voyons notre Manou, le saint Vaivasvata, dirigeant avec une patience infinie sa race choisie. Pendant des siècles et des siècles il travaille avec sa troupe de collaborateurs à former le noyau de l'humanité future, réprimant les éléments fâcheux, stimulant les désirables, encourageant, avertissant, persuadant, grondant. C'est alors que le cinquième sens s'ajoute aux quatre autres et l'homme devient tel que nous le connaissons aujourd'hui. Là, appelés par lui, viennent se réincarner les grands Asuras pour employer leurs pouvoirs à de plus nobles fins. Il appelle les plus belles intelligences et les plus nobles caractères pour les formes qu'il développe avec soin. Et tout ce monde, sous l'Étoile polaire, bien loin des tumultes de la terre, évolue lentement vers un type nouveau et supérieur.
Pendant ce temps la surface du globe subit de nombreux changements dans la distribution des terres et des mers. Le nouveau continent, Krauncha, c'est-à-dire l'Europe, l'Asie, l'Afrique, l'Amérique et l'Australie de notre [186] temps, n'était pas encore né. Avec de grandes secousses, des parties se soulèvent l'une après l'autre et d'autres sont submergées, jusqu'au grand cataclysme d'il y a 200 000 ans, qui laissa Poséidon seule au milieu de l'Atlantique et donna, aux grands continents d'aujourd'hui, à peu près leurs contours actuels. Ce cinquième "continent" (c'est-à-dire toutes les terres destinées à être occupées par une grande Race-Mère) est destiné à disparaitre dans le cours des siècles par des tremblements de terre et des éruptions volcaniques, comme la Lémurie a autrefois péri. Car l'eau et le feu détruisent alternativement les mondes, et c'est le feu qui causera la fin du nôtre, comme jadis celle de la Lémurie.
La cinquième Race évolue sous la direction de Bouddha, la planète Mercure, car le développement de l'intelligence devait être son objet principal, et la planète de la science éclaira de ses rayons bienfaisants l'heure de sa nativité. C'est pourquoi les Purânas font de Bouddha le fils d'Indu. Indu, alias la lune, étant le seigneur de la quatrième Race, mère de la cinquième dont le Seigneur est, avons-nous dit, Bouddha.
Quand le Manou eut fixé le type de sa race, [187] il la conduisit vers le sud, en Asie centrale ; là, une autre halte séculaire arrêta la race, établissant son véritable foyer, d'où ses divers rameaux devaient ainsi sortir.
Alors vint la première grande migration, il y a de cela peut-être 850 000 ans. La première sous-race – souvent appelée Aryenne – quoique le nom appartienne en réalité à toute la cinquième Race – fut conduite au sud, à travers la puissante ceinture de l'Himalaya, et s'établit dans le nord de l'Inde alors appelée Aryâvarta. À sa tête étaient les "sept Rishis", Marichi, Atri, Pulastya, Pulaha (Kavi), Angiras (Kratu), Kardama et Daksha (les noms diffèrent selon les documents) qui depuis longtemps dirigeaient son évolution. Nous trouvons l'énumération ci-dessous dans les Manousmritis, sauf que Daksha y est appelé Prachetas. Avec eux, complétant ainsi les dix Rishis, s'en trouvaient trois autres, Vashishtha, Bhrigu et Narada.
Ces chefs conduisirent donc dans l'Inde la sous-race déjà divisée par le Manou en quatre ordres, les Barhishads Pitris – comme nous l'avons vu en étudiant l'évolution physique – ayant prêté leur concours en fournissant le type des corps subtils de chacune des castes. [188]
Nous n'avons pas le temps de suivre la longue histoire de cette grande sous-race, qui vous est d'ailleurs plus ou moins familière. Sous ses Rois divins, elle combattit les peuples qui occupaient déjà le pays, les Titans, restes de la troisième Race, les Daityas et les Râkshasas descendants de la quatrième. Qui ne connait l'histoire de Râmachandra faisant la guerre aux Râkshasas commandés par leur puissant roi, Râvana, et étendant les limites de son empire de l'Himalaya à la mer du Sud ? Qu'il suffise de rappeler que les Aryens reçurent le Zodiaque directement des Fils de la Volonté et du yoga qui vinrent parmi eux comme Instructeurs. On vous parle de "serpents qui redescendirent, firent la paix avec la cinquième et lui donnèrent l'instruction 48". Disons encore que les Aryens apportèrent avec eux de l'Asie centrale la langue Senzar, "la langue sacerdotale secrète", le vrai "langage des dieux", d'où dérive le sanscrit et qui est toujours "la langue mystérieuse" des Initiés. C'est parmi eux, aussi, que naquirent ceux qui devinrent les vingt-quatre Bouddhas encore vénérés par les Jains sous le nom de Tirthankaras. [189]
La seconde sous-race de la cinquième Race, l'Aryo-sémitique, émigra vers l'ouest de l'Asie centrale, peupla l'Afghanistan, suivit le cours de l'Oxus et traversa l'Euphrate pour arriver en Arabie et en Syrie. Elle infusa le sang aryen à bien des tribus Touraniennes et Akkadiennes fixées le long de cette route, et les grands empires assyrien et babylonien furent les fruits de leur passage. Les Phéniciens, les derniers Égyptiens et les anciens Grecs sortirent, comme il a été dit, de leur mélange avec la septième sous-race de l'Atlantide. "Les sept dernières dynasties mentionnées dans les archives égyptiennes et chaldéennes," dit H. P. Blavatsky, appartiennent à la cinquième Race 49." Quelques rameaux détachés de cette race émigrèrent vers l'est et, se mêlant à la sous-race Mongole, donnèrent naissance aux Chinois des côtes, et aussi à la famille assise aujourd'hui sur le Trône du Dragon de Chine.
La troisième sous-race, l'Iranienne, fut conduite par Zoroastre, vers le nord et vers l'est, sur les traces de la seconde, mais s'arrêta presque tout entière en Afghanistan et en [190] Perse, où le grand prophète établit sa résidence. Quelques-uns émigrèrent jusqu'en Arabie et de là passèrent en Égypte où ils s'unirent aux Égyptiens Atlantes.

48 Doctrine Secrète, vol. III, p. 27.
49 Doctrine Secrète, vol. III, p. 530.

Ces deux sous-races trouvèrent les peuples de la quatrième race, parmi lesquels elles s'établissaient, adorateurs de Surya, le Soleil, leurs prêtres s'appelant Mages. Ces Mages prétendaient venir de Shâkudvîpa ou Shvetadvîpa, l'Ile blanche, et cette prétention était assez justifiée, quant à leur première origine, car toute vraie doctrine dérive des habitants de la Terre Sacrée, que l'on donne ce nom à l'Impérissable Terre Sacrée, ou, par substitution, à la ville sainte de Shamballah, dans le désert de Gobi. Les Instructeurs de la seconde sous-race apprirent à ces peuples le Sabéisme, ou adoration des Êtres qui gouvernent les corps célestes, "les Anges-Étoiles". Le culte Chaldéen atteignit un haut degré de sagesse et de pureté, les mages de Chaldée étant des astronomes et des astrologues profondément versés dans la science des corps célestes et conduisant l'État d'après l'observation des étoiles.
La troisième sous-race se vit interdire par ses Instructeurs, à la tête desquels se trouve [191] le premier Zarathushtra (le nom passa de maitre en maitre et il y en eut quatorze), le culte des Anges-Étoiles par suite d'abus qui s'étaient produits dans ce culte, et elle reçut le Feu comme seul symbole admissible de la Divinité. Les sages de Perse, souvent aussi appelés des Mages, s'occupèrent de chimie plus que d'astronomie, en partie à cause de son importance pour l'agriculture à laquelle les Iraniens (la 3e sous-race) étaient spécialement voués. Cela les conduisit à donner à l'alchimie un grand développement et l'on retrouve en Égypte des traces de leur influence dans cette direction.
La quatrième sous-race, la Celtique, conduite par Orphée, marcha vers l'ouest, plus loin que les précédentes, peuplant la Grèce de Grecs nouveaux, s'étendant sur l'Italie, la Gaule, plus au nord sur les vieilles terres atlantéennes de l'Irlande et de l'Écosse, ainsi que sur la terre plus jeune d'Angleterre. Il est intéressant de constater combien le symbolisme familier du Dragon ou du Serpent reste commun à tous ces peuples assez proches parents entre eux, pour désigner les grands Initiés. Les hiérophantes de Babylone et d'Égypte, les Druides, les Phéniciens sont tous [192] fils du Dragon ou des Serpents. Le symbole venait de l'Atlantide, et même de la Lémurie, et avait été conservé jusque dans la cinquième Race. On le retrouve au Mexique et un peu partout en Amérique, comme l'un des symboles universels appartenant aux premiers Instructeurs de l'humanité.
La cinquième sous-race, la Teutonne, suivit les autres vers l'ouest, occupa toute l'Europe centrale et s'étend maintenant sur le monde entier. Elle a occupé la plus grande partie de l'Amérique du Nord, en refoulant
devant elle les vieux restes des Atlantes. Elle a conquis l'Australie et la Nouvelle Zélande, restes de l'antique Lémurie, et les quelques survivants de cette Race mourante disparaissent devant elle. Elle lève une tête altière sur toutes les contrées du globe où elle est destinée à établir l'Empire universel et à régir les destinées de la civilisation.
Mais elle aussi passera, ainsi que les deux subdivisions suivantes, avec le cours des âges, et Krauncha, la configuration actuelle de la terre, suivra Plaksha, Shalmali et Kusha. Alors surgira Shâka, le continent de la sixième grande Race, là où se trouve maintenant l'Amérique du Nord, mais dont la plus grande [193] partie aura disparu sous les tremblements de terre et les feux souterrains. Shâka, à son tour, passera, submergée sous les flots comme Kusha, et Pushkara, le septième continent, émergera à son tour et deviendra florissant, son centre occupant à peu près la place actuelle de l'Amérique du Sud.
Alors viendra pour notre globe la fin de sa longue histoire bien remplie, et il s'endormira paisiblement après son long jour de veille.
Car les mondes passent, les Rondes succèdent aux Rondes, et les Chaines suivent les Chaines, mais l'Esprit éternel, qui se revêt aujourd'hui de corps humains, seul survit, et demeure à jamais.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903 Thu, 27 Jun 2019 07:27:44 +0000