CHAPITRE VII
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LE MÉCANISME DE LA CONSCIENCE
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DÉVELOPPEMENT DU MÉCANISME
À vrai dire, l'ensemble de tous les corps de l'homme constitue le mécanisme de la conscience, en qualité d'organes de la volonté, de la pensée et de l'action ; mais on peut dire que son mécanisme spécial est le système nerveux, car c'est par l'intermédiaire de ce système qu'elle contrôle et dirige dans tout le corps physique. Chaque cellule de notre corps se compose d'une myriade de "vies" minuscules, chacune ayant sa conscience-germe 49 ; chaque cellule a sa propre conscience embryonnaire qui la contrôle et l'organise ; mais la conscience centrale dominante, qui se sert du corps comme véhicule, [130] contrôle et organise à son tour ce corps tout entier, et le mécanisme dans lequel elle fonctionne à cet effet est le système nerveux. Ce mécanisme nerveux est élaboré par les impulsions du plan astral, et il faut que la conscience entre en activité sur ce plan avant que le système nerveux puisse être formé. Les impulsions engendrées par la conscience – qui veut passer par des expériences et cherche vaguement à manifester cette Volonté – donnent naissance, au sein de la matière éthérique, à des vibrations qui, de par la nature même de cette matière, deviennent des énergies électriques, magnétiques, caloriques et autres. Ces énergies sont les ouvriers maçons qui travaillent sous les ordres du maitre, la Conscience ; c'est d'elle que vient l'impulsion : eux se chargent d'exécuter ses ordres. L'intelligence directrice, que la Conscience est encore incapable de manifester, émane de la vie du Logos dans l'Âme-groupe et des esprits de la nature qui travaillent, comme il a été dit précédemment, sous la direction des Êtres de Splendeur du troisième règne élémental. Nous nous rendons compte, ainsi, que la substance nerveuse est élaborée sur le plan physique par des impulsions venant du plan astral ; les forces immédiatement constructives sont bien physiques, mais la direction et la mise en marche de ces forces viennent de l'astral, c'est-à-dire de la conscience agissant sur le plan astral. Le prâna, cette énergie vitale qui, en vagues roses coule en ondoyant dans la matière éthérique le long de tous les nerfs, non pas dans leur gaine médullaire, mais dans leur substance même, vient directement du plan astral ; elle est puisée au grand réservoir de vie, le Logos, est [131] spécialisée sur le plan astral et, de là, envoyée dans le système nerveux, où elle se mêle aux courants magnétiques, électriques et autres qui constituent le prâna purement physique, puisé à la même source, mais par l'intermédiaire du soleil, le corps physique du Logos. Un examen attentif montre que dans le règne minéral les éléments constitutifs du prâna sont moins nombreux et moins compliqués dans leurs dispositions que ceux du prâna du règne végétal supérieur ; et le prâna de ce dernier règne est, lui-même, moins complexe que celui des règnes animal et humain. Cette différence vient de ce que le prâna astral vient s'ajouter au prâna des derniers règnes ; tandis que dans le premier il n'apparait pas – du moins à un degré appréciable. Après la formation du corps causal, la complexité du prâna circulant dans le corps physique augmente considérablement ; il semble s'enrichir au fur et à mesure du progrès de l'évolution humaine. Car lorsque la conscience entre en activité sur le plan mental, le prâna de ce plan se mélange à celui du plan inférieur, et ainsi de suite à mesure que l'activité de la conscience passe à des plans supérieurs 50.
49 L'expression "vies" signifie unités de conscience ; mais elle ne montre point quelle est la qualité de la conscience ainsi séparée, pas plus qu'elle n'implique nécessairement la présence d'un Jivâtmâ. Elle signifie : une goutte – dont l'existence peut être reconnue – "de l'océan de la conscience", un atome ou une collectivité d'atomes animés par la conscience et agissant comme une unité. Un atome est une "Vie" ; sa conscience est la conscience du Deuxième Logos, appropriée et modifiée, ainsi qu'il a été dit plus haut, par le Logos Planétaire et l'Esprit de la Terre.
50 Le tanmâtra et le tattva du plan avec les six sous-tanmâtras et sous-tattvas.
Arrêtons-nous un instant sur ce mot prâna que j'ai traduit par énergie vitale. Pran est une racine sanscrite qui signifie respirer, vivre, souffler, et formée de an – respirer, se mouvoir, vivre, d'où Esprit – joint au préfixe pra, dehors, hors de. Ainsi pra-an, prân, signifie respirer, exhaler, et souffle vital, ou énergie vitale, est l'équivalent le plus juste du mot [132] sanscrit. Comme, d'après la pensée indoue, il n'y a partout qu'une Vie, qu'une Conscience, le mot Prâna a été employé pour désigner le Soi suprême, le Souffle qui soutient tout. C'est l'énergie dispensatrice de l'Un ; et pour nous c'est la Vie du Logos. On peut donc dire que la Vie sur chaque plan est le prâna de ce plan ; ce prâna devient le souffle vital dans chaque créature. Sur le plan physique il est l'énergie qui se manifeste sous de nombreuses formes, électricité, chaleur, lumière, magnétisme, etc., chacune pouvant se transformer en toutes les autres, car toutes sont fondamentalement Une ; sur les autres plans, nous n'avons pas de nom pour le désigner, mais l'idée est claire. Lorsqu'il est approprié par un être quelconque, il devient le prâna, au sens plus restreint dans lequel l'emploie la théosophie : le souffle de vie de l'individu. C'est l'énergie vitale, la force vitale, dont toutes les autres énergies chimiques, électriques et autres ne sont que des dérivés, des fractions, et il semble un peu bizarre à l'occultiste d'entendre les hommes de science parler avec grand sérieux de l'énergie chimique et électrique, et déclarer que leur parente à toutes deux, l'énergie vitale, n'est qu'une "superstition intenable". Ces manifestations partielles de l'énergie vitale sont dues simplement aux dispositions de la matière dans laquelle cette énergie se manifeste, dispositions qui lui enlèvent l'une ou l'autre ou plusieurs de ses caractéristiques, ou peut-être même toutes à l'exclusion d'une seule, comme ferait un verre bleu qui ne laisse passer aucun rayon excepté les rayons bleus, ou un verre rouge qui ne livre passage qu'aux rayons rouges.
Dans la Doctrine Secrète, H. P. Blavatsky [133] parle des rapports entre le prâna et le système nerveux. Elle cite et admet en partie, en même temps qu'elle corrige dans une certaine mesure, la manière de voir du docteur B. W. Richardson à propos de l'éther nerveux : l'énergie solaire est "la cause initiale de toute vie sur terre" 51 et le Soleil est le réservoir de la force vitale, qui est le noumène de l'électricité 52. L'éther nerveux est le principe inférieur de l'essence primordiale qui est la vie. C'est la vitalité animale répandue dans toute la nature et agissant suivant les conditions qui s'offrent à son activité. Ce n'est pas un "produit animal" ; mais l'animal vivant, la fleur et la plante vivantes sont ses "produits" 53.
Sur le plan physique, ce prâna, cette force vitale construit tous les minéraux ; c'est l'agent contrôleur de toutes les transformations chimico-physiologiques dans le protoplasme ; c'est lui qui provoque la différenciation et la formation des divers tissus des corps des plantes, des animaux et des hommes. Ces tissus dévoilent sa présence par leur pouvoir de répondre à des excitations extérieures ; mais pendant un certain temps, ce pouvoir n'est pas accompagné d'une sensibilité bien définie ; la conscience ne s'est pas encore développée assez pour ressentir le plaisir et la douleur.
51 Op. cit., II, 282.
52 Ibid., II, 284.
53 Ibid., II, 291.
Lorsque le prâna du plan astral vient, avec son attribut de sensitivité, se mêler au courant de prâna du plan physique, il commence à former une nouvelle disposition de matière, la [134] substance nerveuse. C'est, au fond, une cellule – sur laquelle on peut trouver des détails dans tous les ouvrages traitant de ce sujet – et son développement consiste en changements internes et en excroissances de la matière qui la compose, excroissances qui s'enveloppent ensuite dans une gaine de matière médullaire et prennent la forme de filaments ou fibres. Chaque système nerveux si compliqué qu'il soit, est formé de cellules avec leurs excroissances ; ces excroissances augmentent sans cesse en nombre et forment continuellement de nouveaux liens entre les différentes cellules, à mesure que la conscience réclame pour s'exprimer un système nerveux de plus en plus complexe. Cette simplicité fondamentale, formant la base de cette infinie complexité de détails, se retrouve même chez l'homme qui, lui, possède l'organisation nerveuse la plus délicatement élaborée. Les innombrables millions de ganglions nerveux 54 qui se trouvent dans le cerveau et dans le corps en entier sont tous achevés à la fin du troisième mois de la vie anténatale ; leur développement consiste en une expansion, une croissance vers l'extérieur, de la matière qui les compose, afin de former ces filaments nerveux. Le développement qui se fait ultérieurement durant la vie est dû à la pensée. Lorsqu'un homme pense fortement et avec suite, les vibrations de la pensée donnent naissance à une certaine activité chimique et les prolongements protoplastiques 55 se mettent [135] à croitre et à sortir des cellules, formant dans toutes les directions des fils entrecroisés à l'infini, véritables sentiers le long desquels ondoie le prâna – composé maintenant d'éléments des plans physique, astral et mental – et le long desquels voyagent les vibrations de la pensée.
Pour en revenir au règne humain, voyons de quelle façon commence et se poursuit la construction du système nerveux, sous l'action des impulsions vibratoires de l'astral. Nous voyons un petit groupe de cellules nerveuses reliées entre elles par de minces filaments nerveux. Ce groupe est formé par l'action d'un centre ayant pris naissance auparavant dans le corps astral – dont nous parlerons plus loin – un agrégat de matière astrale disposé de façon à former un centre capable de recevoir les influences du dehors et d'y répondre. De ce centre astral les vibrations passent dans le double éthérique, où elles donnent naissance à de petits tourbillons éthériques, qui attirent vers eux des particules de matière physique plus dense, et finissent par former une cellule nerveuse et enfin des groupes de cellules. Ces centres physiques, recevant des vibrations du monde extérieur, renvoient les impulsions aux centres astrals, augmentant ainsi leurs vibrations. Les centres physiques et astrals agissent et réagissent donc les uns sur les autres ; chacun d'eux devient ainsi plus compliqué et son champ d'utilité s'étend. À mesure que nous traversons le règne animal, nous voyons le système nerveux physique se perfectionner sans cesse et devenir un facteur de plus en plus important dans le corps ; chez les vertébrés, ce système prend le nom de système sympathique. C'est lui qui contrôle et dirige l'activité des [136] organes vitaux – coeur, poumons, organes de la digestion. À côté de lui s'élabore lentement le système cérébrospinal intimement lié, dans ses activités inférieures, au système sympathique ; ce système acquiert graduellement une prédominance de plus en plus grande et devient, dans son développement parfait, l'organe normal dans lequel agit la conscience de veille. Le système cérébrospinal est formé par des impulsions émanant du plan mental et non du plan astral ; il n'est relié au plan astral que par le système sympathique qui, lui, est construit par l'astral. Nous verrons plus loin l'action qu'a ceci sur la sensitivité astrale des animaux et des êtres humains peu développés ; nous verrons comment cette sensitivité disparait avec le développement de l'intellect, et comment elle réapparait dans l'évolution humaine supérieure.
54 Groupes de cellules nerveuses.
55 Filaments nerveux ou prolongements ou tentacules ou excroissances nerveuses, formés de la matière de la cellule enfermée dans une gaine médullaire.
Les atomes permanents constituent le seul lien direct, bien imparfait du reste, entre la conscience qui se manifeste sous la forme de la triade spirituelle, et les formes avec lesquelles cette conscience est en rapport. Chez les animaux supérieurs, ces atomes ont une activité intense, et durant les courts espaces de temps qui séparent les vies physiques, il se produit en eux des transformations considérables. À mesure que l'évolution progresse, le flux croissant de vie émanant de l'Âme-groupe à travers l'atome permanent, en même temps que la complexité de plus en plus grande de l'appareil physique, augmentent rapidement la sensitivité de l'animal. Il y a comparativement peu de sensitivité dans les vies animales inférieures, et très peu chez les poissons malgré leur système cérébrospinal. Avec le progrès de l'évolution, les centres [137] sensoriels continuent à se développer dans l'enveloppe astrale, et chez les animaux supérieurs ces centres sont bien organisés et les sens s'aiguisent peu à peu. Mais avec cette acuité les sensations sont brèves, et, excepté chez les animaux les plus évolués, l'élément mental s'y mêle peu pour créer une sensitivité plus grande et plus durable aux excitations extérieures.
2 — LE CORPS ASTRAL OU CORPS DU DÉSIR
L'évolution du corps astral doit être étudiée parallèlement à celle du corps physique car, bien qu'il joue, comme nous l'avons vu, le rôle de créateur sur le plan physique, son évolution ultérieure dépend, dans une large mesure, des impulsions qu'il reçoit de cet organisme même qu'il a créé. Pendant longtemps encore il ne jouira pas d'une vie indépendante sur son propre plan, et son organisation par rapport au corps physique est tout à fait différente, et s'effectue bien avant son organisation dans le monde astral. En Orient on nomme koshas ou gaine, les véhicules astral et mental de la conscience agissant dans le corps physique, et on emploie le mot sharira ou corps, pour désigner une forme capable d'agir d'une façon indépendante dans les mondes visibles et invisibles. Cette distinction nous sera utile par la suite.
La gaine astrale du minéral est un simple nuage de matière astrale appropriée ; elle ne montre aucun signe perceptible d'organisation. Il en est de même pour la plupart des végétaux, mais il semble, dans quelques-uns, y avoir [138] certaines traces d'agrégations et de lignes qui, à la lumière de l'évolution ultérieure, paraissent être l'origine d'une organisation naissante ; dans quelques vieux arbres des forêts on voit, à certains endroits, des agrégations distinctes de matière astrale.
Chez les animaux, ces agrégations sont clairement marquées et définies ; elles forment, dans la gaine astrale, des centres d'une espèce permanente et spéciale.
Ces agrégations qui se forment dans la gaine astrale sont les rudiments des centres qui doivent élaborer les organes nécessaires dans le corps physique, centres n'ayant rien de commun avec les châkras ou roues, dont on parle si souvent ; lesquels font partie de l'organisation du corps astral même, qu'ils rendent apte à fonctionner sur son propre plan, associé à l'enveloppe mentale. Ce corps est alors le type inférieur du soushma sharira ou corps subtil de la philosophie orientale. Les châkras astrals sont intimement liés aux sens astrals, de sorte que les personnes chez lesquelles ils sont développés peuvent voir, entendre, etc., sur le plan astral ; ces personnes ont dépassé de beaucoup le niveau d'évolution que nous considérons en ce moment, niveau auquel les pouvoirs perceptifs de la conscience n'ont pas encore d'organes, même sur le plan physique.
À mesure que ces agrégations se forment dans l'enveloppe astrale, les impulsions de la conscience sur le plan astral, guidées comme nous l'avons vu plus haut, agissent sur le double éthérique et donnent naissance aux tourbillons éthériques dont nous avons parlé, de sorte que des centres correspondants prennent [139] naissance dans l'enveloppe astrale et dans le corps physique, et le système sympathique se forme peu à peu. Ce système reste toujours relié directement aux centres astrals, même après que le système cérébrospinal s'est développé. Mais provenant de ces agrégations de la partie extérieure de l'enveloppe astrale, dix centres importants se forment ; ces centres sont reliés au cerveau par le système sympathique et deviennent peu à peu les organes prédominants des activités de la conscience physique ou conscience de veille – c'est-à-dire cette portion de la conscience qui fonctionne normalement par l'intermédiaire du système cérébrospinal. Cinq de ces dix centres ont pour fonction de recevoir des impulsions spéciales du monde extérieur ; ce sont les centres par l'intermédiaire desquels la conscience manifeste ses pouvoirs perceptifs ; on les appelle en sanscrit, jñânendriyas, mot à mot les sens de la connaissance, c'est-à-dire les sens ou centres de sensation grâce auxquels s'acquiert la connaissance. Ces jñânendriyas donnent naissance, comme nous l'avons vu plus haut, à cinq tourbillons éthériques distincts, et forment ainsi cinq centres dans le cerveau physique ; ceux-ci élaborent à leur tour de façons diverses les organes sensitifs appropriés avec lesquels ils restent intimement reliés. C'est ainsi que se trouvent formés les cinq organes des sens : les yeux, les oreilles, la langue, le nez, la peau, spécialisés de façon à recevoir les impressions du monde extérieur, et qui correspondent aux cinq pouvoirs de perception : la vue, l'ouïe, le gout, l'odorat, le toucher.
Ce sont là les moyens particuliers qu'emploie la conscience dans les mondes inférieurs pour [140] exercer une partie de son pouvoir de réception des influences de l'extérieur. Ils appartiennent aux mondes inférieurs et aux formes les plus grossières de la matière qui tiennent la conscience emprisonnée et l'empêchent, en l'enveloppant ainsi, d'arriver à connaitre les autres vies ; ils sont, dans ce voile épais de matière, autant d'ouvertures qui permettent aux vibrations de se transmettre et d'atteindre la conscience emprisonnée.
Les cinq autres sens astraux ont pour fonction de transmettre des vibrations de la conscience au monde extérieur ; ce sont les chemins de sortie, tandis que les sens de la connaissance sont les portes d'entrée. On les nomme karmendriyas, littéralement les sens de l'action, sens ou centres sensoriels qui engendrent l'action. Ces centres se développent comme les autres et forment des tourbillons éthériques qui donnent naissance aux centres moteurs dans le cerveau physique ; ces centres, à leur tour, façonnent de différentes manières les organes moteurs appropriés : mains, pieds, larynx, organes de la génération et de l'excrétion – avec lesquels ils restent reliés.
Nous avons maintenant une enveloppe astrale organisée, et l'action et la réaction entre elle et le corps physique perfectionnent en même temps ces deux véhicules. Ils agissent de concert sur la conscience qui, elle, réagit sur eux si bien que chacun profite de cette influence réciproque. Et, comme nous l'avons vu déjà, ces impulsions aveugles de la conscience sont guidées, dans leur action sur la matière, par la Vie du Logos dans l'Âme-groupe et par les esprits de la nature. C'est toujours la Vie, la Conscience [141] qui cherche à se réaliser elle-même dans la matière, et la matière qui lui répond en vertu de ses qualités inhérentes vitalisées, par l'influence du Troisième Logos.
3 — CORRESPONDANCE ENTRE LES RACES-MÈRES
Dans notre présente Ronde, la quatrième, une gradation de ce genre marque l'évolution des règnes de la nature ; les caractéristiques principales des Rondes précédentes se trouvent pour ainsi dire reproduites dans les Races-mères, de la même façon que toute l'histoire d'une évolution qui a duré des âges, se trouve répétée dans la fin embryonnaire de chaque nouveau corps physique. Durant l'évolution des deux premières Races humaines, les conditions de température étaient telles que la sensibilité aurait empêché toute manifestation de vie ; c'est pourquoi ces races ne montrent aucun sentiment de plaisir ou de douleur sur le plan physique. Dans la troisième Race, nous voyons poindre la réponse aux impacts violents causant des sensations grossières de plaisir ou de douleur, mais un nombre très restreint de sens sont développés : le sens de l'ouïe, du toucher, de la vue, et encore ne sont-ils développés que d'une façon tout à fait rudimentaire, comme nous le verrons plus loin.
Dans les deux premières races nous voyons déjà des commencements d'agrégations dans la matière astrale des enveloppes et, si ces enveloppes pouvaient entrer en rapport avec la matière physique appropriée, nous verrions [142] apparaitre, dans la conscience physique, la sensation du plaisir et de la douleur ; mais les liens appropriés manquent encore. La première Race montre, à un degré très faible, le sens de l'ouïe ; la deuxième présente un vague pouvoir de réponse aux impacts de l'extérieur ; c'est le sens du toucher qui commence à poindre.
La triade spirituelle, à ce stade d'évolution, est si peu sensible aux vibrations de la matière extérieure, qu'il faut les formidables vibrations des impacts physiques pour éveiller en elle une faible réponse. Pour elle tout commence sur le plan physique. Elle ne répond pas directement, mais indirectement, par l'intermédiaire de la vie du Logos ; et ce n'est que lorsque l'appareil physique primitif est formé, que les impulsions plus subtiles l'atteignent et provoquent la sensation de plaisir ou de douleur. Les violentes vibrations du plan physique donnent naissance à des vibrations correspondantes sur le plan astral, et la triade devient alors vaguement consciente de la sensation.