CHAPITRE VIII

LES PREMIERS PAS DE L'HUMANITÉ


1

LA TROISIÈME VAGUE DE VIE


La fin de la première moitié de la troisième Race-mère est atteinte ; le système nerveux de l'homme animal est arrivé, dans son développement, à un point où l'influx direct de la pensée de la triade spirituelle à laquelle il est rattaché, devient nécessaire à son perfectionnement ultérieur ; l'Âme-groupe a accompli sa tâche envers ces produits supérieurs de l'évolution, en servant de médium par l'intermédiaire duquel la vie du Deuxième Logos protège et nourrit ses enfants ; il faut maintenant poser les fondations du corps causal, le vase qui doit recevoir la vie qui se déverse d'en haut ; le terme de la vie anténatale de la Monade est atteint et l'heure a sonné pour elle de naitre dans le monde inférieur. La Vie-mère du Logos a construit, pour elle, les corps dans lesquels elle pourra vivre, désormais, comme entité séparée dans le monde des formes ; elle doit entrer [144] directement en possession de ces corps et commencer son évolution humaine.
Nous avons vu que les Monades tirent leur vie du Premier Logos, et qu'elles occupent le deuxième plan, l'Anoupâdaka, durant les âges sur lesquels nous venons de jeter un rapide coup d'oeil. Nous avons vu aussi qu'elles se sont approprié, avec l'aide de différents agents, les trois atomes permanents qui les représentent comme Jivâtmâs sur le troisième, quatrième et cinquième plan, ainsi que ceux qui composent la triade inférieure sur les cinquième, sixième et septième plan. Pour toutes ses communications avec les plans situés au-dessous de son propre plan la Monade a pour intermédiaire le Soutrâtmâ, le fil de vie sur lequel sont enfilés les atomes, ce fil de vie – formé de matière du deuxième plan – qui passe de l'atome âtmique à l'atome bouddhique, du bouddhique au mânasique pour retourner à l'âtmique, formant ainsi le triangle de lumière sur les plans supérieurs. Nous avons vu aussi que de la ligne de ce triangle qui se trouve sur le plan bouddhique procède un mince filet, le Soutrâtma des plans inférieurs sur lequel est enfilée la triade inférieure.
Le moment est venu maintenant d'établir une communication plus parfaite que celle qu'offrait ce filet si ténu sous sa forme originale ; aussi s'élargit-il si l'on peut s'exprimer ainsi, car c'est une façon bien faible de représenter de quelle façon le rayon de la Monade se met à briller et grandit en prenant de plus en plus la forme d'un tube. "Le fil qui unit le Veilleur Silencieux à son ombre devient plus fort et plus rayonnant". Ce flux descendant de vie monadique [145] est accompagné d'un déversement beaucoup plus important entre les atomes permanents, bouddhique et mânasique. Ces derniers semblent s'éveiller, et envoient de tous côtés des vibrations vers l'extérieur. D'autres atomes mânasiques et des molécules se groupent autour d'eux et un vortex giratoire apparait sur les trois sous-plans supérieurs du plan mental. Il se produit un mouvement giratoire semblable, au sein de la masse nuageuse qui, plus bas, enveloppe l'unité mentale attachée, emprisonnée dans une gaine : ce qui reste de la matière de l'Âme-groupe, ainsi que nous l'avons déjà expliqué. Cette enveloppe de matière se déchire en deux et est saisie par le tourbillon supérieur dans lequel elle va se désintégrer ; et le corps causal – délicate enveloppe pelliculaire – se trouve formé, tandis que le tourbillon s'apaise.
Ce flot descendant de vie, qui a pour résultat la formation du corps causal, est appelé la troisième Vague de Vie et est justement attribué au Premier Logos, puisque les Monades sont nées de Lui et représentent Sa vie tri-unique. Lorsque le corps causal est complètement formé, la triade spirituelle a, en vue de son évolution ultérieure, un véhicule permanent à sa disposition ; et lorsque la conscience sera devenue capable de fonctionner librement dans ce véhicule, la triade pourra contrôler et diriger avec beaucoup plus d'efficacité qu'auparavant l'évolution de ses véhicules inférieurs.
Mais ces premiers efforts de contrôle n'offrent pas des signes d'intelligence très marqués, pas plus que les mouvements du corps d'un enfant nouveau-né ne laissent voir qu'ils sont dirigés par une intelligence, quoique nous sachions tous [146] que l'intelligence y a sa part. La Monade est maintenant, au sens littéral du mot, née sur le plan physique ; mais il faut encore la considérer comme un nouveau-né ; elle a encore à traverser d'immenses périodes de temps avant que son pouvoir, sur le corps physique, sorte de l'enfance.


2 — DÉVELOPPEMENT DE L'HUMANITÉ


Et ceci, nous le voyons clairement si nous examinons l'homme comme il était à son origine. Les Lémuriens – si nous exceptons les entités qui avaient déjà développé la conscience : à un haut degré et qui prirent naissance dans ces corps grossiers de la troisième race afin de guider l'évolution de l'humanité – les Lémuriens, disparus depuis longtemps, étaient très peu développés, quant aux organes des sens ; l'odorat et le toucher n'existaient pas encore : ils n'étaient qu'en voie de formation. Leur sensation du plaisir et de la douleur était pour ainsi dire nulle.
Chez les Atlantéens, les sens étaient beaucoup plus évolués. La vue était très perçante et l'ouïe très fine ; le gout était beaucoup plus développé que chez les Lémuriens, sans être toutefois très raffiné ; des aliments grossiers ou en voie de décomposition leur paraissaient tout à fait supportables, agréables même, et ils préféraient des mets à saveur très forte, tels que de la viande pourrie, à des aliments plus délicats, qui pour eux n'avaient aucun gout. Leur corps était peu sensible à la douleur ; des blessures graves ne leur causaient que peu de souffrance et ne [147] provoquaient même pas de prostration ; les blessures les plus profondes n'arrivaient pas à les abattre et guérissaient avec une rapidité surprenante. Les quelques vestiges de la race lémurienne existant encore de nos jours, ainsi que ceux de la race très répandue des Atlantes, montrent encore une insensibilité incroyable à la douleur et subissent, sans s'en trouver le moins du monde incommodés, des tortures qui briseraient un homme de notre cinquième race.
On raconte qu'un Indien de l'Amérique du Nord, ayant eu tout un côté de la cuisse enlevé dans un combat, continua à se battre pendant douze ou quinze heures.
C'est cette caractéristique du corps des hommes de la quatrième race qui permet à un sauvage de se guérir si rapidement des blessures les plus graves ou de subir sans se plaindre des tortures qui anéantiraient un homme de la cinquième race par l'ébranlement nerveux qu'elles provoqueraient chez lui.
Ces différences proviennent, en grande mesure, des variétés infinies de développement de l'atome permanent qui constitue le noyau du corps physique. Dans la cinquième race, il se déverse d'en haut un courant plus abondant de vie, ce qui provoque un développement interne plus important, développement qui va en augmentant au fur et à mesure du progrès de l'évolution. La complexité des pouvoirs vibratoires dans l'atome permanent s'accentue aussi peu à peu ; la même chose a lieu dans l'atome astral et dans l'unité mentale. Les naissances succèdent aux naissances ; ces noyaux sont lancés pour ainsi dire dans chaque plan afin de s'approprier de nouvelles enveloppes mentales, [148] astrales et physiques ; les atomes permanents les plus développés attirent à eux, sur leurs plans respectifs, les atomes les plus évolués et construisent ainsi un appareil nerveux supérieur, à l'aide duquel peut se déverser le courant de plus en plus important de la conscience. C'est ainsi que se trouve formé le système nerveux, si délicatement organisé, de l'homme de la cinquième race.
Chez l'homme de la cinquième race la différenciation interne des cellules nerveuses devient beaucoup plus accusée ; les communications mutuelles sont plus nombreuses. D'une façon générale la conscience de l'homme de la cinquième race agit sur le plan astral et se trouve séparée du corps physique excepté en ce qui concerne le système nerveux cérébrospinal. Le contrôle des organes vitaux du corps est abandonné au système sympathique qui, durant de longs âges, a été entrainé à remplir cet office, et dont l'activité est entretenue par des impulsions émanant de centres astrals autres que les dix dont nous avons parlé, de sorte que la conscience, occupée ailleurs, n'est pas obligée de concentrer directement son attention sur ces points, bien qu'elle soutienne cette activité. Il est cependant possible, comme nous le verrons plus loin, de ramener l'attention de la conscience sur cette partie de son mécanisme, et de ramener ces activités sous son contrôle direct. Chez les individus plus développés de la cinquième race, la plupart des impulsions de la conscience émanent du plan mental, d'où elles descendent en se frayant un chemin à travers le plan astral jusqu'au plan physique, et là stimulent l'activité du système nerveux. C'est cette [149] conscience vive, subtile, intelligente, unie par les pensées plus que par les sensations, qui se montre plus active dans les centres mentaux et émotionnels du cerveau, que dans les centres qui sont le siège des phénomènes de sensation ou de motricité.
Les organes sensoriels du corps des hommes de la cinquième race sont moins actifs et moins subtils que ceux des hommes supérieurs de la quatrième race, et répondent moins facilement aux impacts purement physiques ; les yeux, les oreilles, les organes du toucher ne répondent plus à des vibrations qui auraient affecté les organes sensoriels d'un homme de la quatrième race. Il est remarquable de voir comme ces organes atteignent leur plus grand degré d'activité durant l'enfance et diminuent de sensibilité à partir de la sixième année. D'autre part, quoiqu'ils répondent moins facilement aux impacts purement sensoriels, ces organes deviennent plus sensibles aux sensations mêlées d'émotion, et les délicatesses de couleur, de ton, dans la nature et dans l'art, produisent sur eux un effet beaucoup plus marqué. L'organisation plus élaborée, plus complexe, des centres sensoriels du cerveau et du corps astral semble donner naissance à une sensibilité plus grande aux beautés de couleur, de ton, de forme, mais en même temps à une diminution d'acuité dans la réponse aux sensations où les émotions ne jouent pas un rôle quelconque.
Le corps physique de la cinquième race est également beaucoup plus sensible aux chocs que celui de la quatrième ou de la troisième race, car la conscience y est beaucoup plus active. Il ressent plus vivement les secousses nerveuses qui [150] occasionnent un grand abattement. Une mutilation grave n'est pas simplement pour un homme de la cinquième race une lacération d'un muscle, une déchirure de tissus ; elle produit, en plus, un ébranlement nerveux terrible. Le système nerveux délicatement organisé envoie un appel de détresse aux centres du cerveau qui transmettent cet appel au corps astral, troublant et bouleversant ainsi la conscience astrale ; il s'ensuit un dérangement sur le plan mental, l'imagination entre en jeu, la mémoire provoque l'anticipation, et la puissance des impulsions mentales vient intensifier et prolonger les sensations. Ces sensations à leur tour stimulent et excitent le système nerveux et cette activité anormale se répercute sur les organes vitaux, provoquant des troubles organiques qui ont pour résultat une diminution de la force vitale qui rend la guérison lente et difficile.
Dans le corps physique des hommes de la cinquième race l'état mental est, dans une large mesure, la cause de l'état physique. Une grande anxiété, des souffrances morales, des soucis, produisent une tension nerveuse et causent rapidement des troubles dans les fonctions organiques, amenant ainsi la faiblesse ou la maladie. C'est pourquoi la force de caractère, la sérénité de l'âme, favorisent la santé physique. Lorsque l'activité de la conscience est définitivement établie sur le plan astral ou mental, les troubles d'ordre émotionnel ou moral amènent plus rapidement la maladie que les pires privations physiques. L'homme évolué de la cinquième race vit, à vrai dire, physiquement dans son système nerveux. [151]


3 — ÂMES ET CORPS ANORMAUX


Il faut remarquer ici un fait très significatif ayant trait à la question si importante de la relation qui existe entre la conscience et le système nerveux.
Lorsqu'il arrive qu'une conscience humaine, qui n'a pas encore dépassé le niveau d'évolution du type des derniers Lémuriens ou des premiers Atlantes, nait dans un corps physique de la cinquième race, un cas très curieux s'offre à notre étude. (Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur les raisons d'une incarnation de ce genre ; il suffira de dire que, à mesure que les nations plus civilisées annexent les contrées occupées par des peuplades moins évoluées, elles détruisent les individus composant ces nations, soit directement par les armes, soit par des moyens détournés ; il faut que ces Égos, ainsi privés de leur corps, trouvent de nouveaux habitats ; mais comme les conditions de la vie sauvage, qui s'adapteraient mieux à leur nature, deviennent de plus en plus rares, sous le flot toujours grandissant des races supérieures, il leur faut se réincarner au milieu des conditions inférieures qui se présentent, comme par exemple parmi les individus peuplant les bouges de nos grandes cités ou bien dans des familles de criminels ; ils sont attirés vers la nation conquérante par la nécessité du Karma). Les individus de ce genre s'incarnent dans des corps de la cinquième race formés des matériaux les plus grossiers. Ils montrent alors, dans ces corps de la cinquième race, des qualités qui appartiennent normalement aux premiers échelons de la quatrième ou [152] de la troisième race ; et, bien qu'ils possèdent la même organisation nerveuse extérieure, ils n'ont pas ces différenciations internes de la matière nerveuse se produisant seulement sous l'influence qu'exercent, sur la matière physique, les énergies venant du plan astral ou mental. On observe chez ces individus un manque presque complet de réponse aux impressions venant de l'extérieur, à moins que ces impressions ne soient particulièrement violentes, ce qui montre le degré peu élevé du développement de la conscience de l'individu. On trouve aussi chez ces êtres un retour à l'inertie complète, dès qu'il n'y a plus d'excitation physique violente, en même temps qu'un désir sans cesse renouvelé pour ces excitations violentes, lorsque celles-ci ont pour cause un besoin physique quelconque. Nous trouvons chez eux une faible activité mentale qui prend naissance sous l'influence des impacts violents affectant les organes des sens ; puis le vide absolu lorsque ces organes sont au repos, et une absence complète de toute réponse aux pensées ou aux émotions élevées – non pas qu'ils rejettent consciemment ces pensées ou ces émotions, mais parce qu'ils sont parfaitement inconscients de leur existence. En général, l'excitation ou la violence chez ces individus prend naissance sous l'influence d'un agent extérieur – quelque chose qui vient à eux par une voie physique, et que leur intelligence embryonnaire allie à la possibilité de gratifier une passion quelconque dont le souvenir leur est resté et qu'ils désirent ressentir à nouveau. Ainsi, un individu de ce genre pourra ne pas avoir la moindre intention de tuer ou de voler, mais il y sera poussé simplement par la vue d'un passant bien habillé [153] qui semble avoir de l'argent – l'argent qui, pour lui, signifie la gratification de ses appétits, de sa faim, de sa passion pour la boisson ou les jouissances sexuelles. Le voilà aussitôt poussé à attaquer le passant et cet élan sera suivi d'un acte, à moins qu'un danger physique manifeste – la vue d'un agent de police par exemple – ne vienne l'arrêter. C'est la tentation personnifiée qui éveille en lui l'idée de commettre ce crime. L'individu qui complote d'avance son forfait est plus développé déjà ; le simple sauvage commet son crime sous l'impulsion du moment, à moins qu'il ne se trouve face à face avec une personnification physique d'une force qu'il craint ; et lorsqu'il a commis son crime il est absolument insensible à tout sentiment de honte ou de remords : seule, la peur a quelque prise sur lui.
Ces remarques ne s'adressent naturellement pas à la catégorie des criminels intelligents, mais seulement au type de la brute inconsciente et obtuse, du sauvage de la troisième ou quatrième race incarné dans un corps physique de la cinquième race.
À mesure que les enseignements de la Sagesse antique influenceront de plus en plus la pensée moderne, ils auront en outre, comme résultat inévitable, la modification du traitement des criminels. Ceux dont nous venons de parler ne seront pas traités brutalement mais plutôt soumis continuellement à une discipline sévère ; on les aidera autant que possible à faire des progrès qu'ils n'auraient pas été en mesure de faire au milieu des conditions de leur vie sauvage. Mais nous nous écarterions trop de notre sujet si nous voulions nous arrêter à ces questions ; revenons donc aux activités de la conscience sur le plan [154] astral, comme elles nous apparaissent dans les animaux supérieurs et dans les êtres humains du type inférieur.


4 — APPARITION DE LA CONSCIENCE SUR LE PLAN ASTRAL


Nous avons vu que l'organisation astrale précède le système nerveux, et que c'est elle qui façonne ce système ; nous allons voir de quelle façon ceci influence les activités de la conscience. On peut tout naturellement s'attendre à ce que, sur le plan astral, la conscience reconnaisse – d'une manière vague et indéfinie – la présence des impacts qui viennent frapper sa gaine astrale, tout comme dans les minéraux, les végétaux et les animaux inférieurs, elle était consciente des impacts affectant son corps physique. Cette conscience des impacts astrals apparait bien avant que soit organisée, d'une façon définie, l'enveloppe astrale, trait d'union entre le mental et le physique, et qui doit graduellement évoluer et devenir le corps astral, le véhicule indépendant de la conscience sur le plan astral. Comme nous l'avons dit déjà, le premier signe d'organisation de l'enveloppe astrale a pour cause une réponse aux impacts que cette enveloppe reçoit de l'extérieur par l'intermédiaire du corps physique, et l'évolution de cette enveloppe dépend, dans une large mesure, du corps physique. Cette organisation n'a rien à voir directement avec la réception, la coordination ou la compréhension des impacts astrals ; tout son travail se borne à subir l'influence du système nerveux physique, [155] et à réagir sur lui. Partout la conscience précède la Soi-Conscience, et l'évolution de la conscience sur le plan astral va de pair avec l'évolution de la Soi-Conscience – dont nous nous occuperons plus loin – sur le plan physique.
Les impacts venant, du plan astral, frapper la gaine astrale, donnent naissance à des ondes vibratoires au sein de la matière composant cette gaine, et la conscience qui y est emprisonnée reconnait vaguement la présence de ces ondulations, mais sans les attribuer à une cause extérieure quelconque, car elle recherche en tâtonnant des impacts physiques plus violents et c'est sur ces derniers quelle concentre surtout l'attention dont elle est capable. Les agrégats de matière astrale qui se rattachent aux deux systèmes nerveux physiques, ressentent naturellement ces ondulations de l'enveloppe astrale, et les vibrations que causent ces ondulations se mêlent à celles qui proviennent du corps physique et affectent aussi les vibrations que la conscience lui envoie d'en haut, à travers ces agrégats de matière astrale.
Un lien se trouve ainsi établi entre les impacts astrals et le système sympathique et ces impacts jouent un rôle des plus importants dans l'évolution de ce système. À mesure que la conscience, agissant dans le corps physique, apprend à reconnaitre la présence d'un monde extérieur, ces impacts astrals – classés graduellement parmi les cinq sens, de la même façon que les impacts physiques – se mêlent à ceux du plan physique et il est impossible de faire une distinction d'origine entre eux. Cette faculté de reconnaitre la présence des impacts du plan astral constitue la clairvoyance inférieure, celle qui [156] précède la grande évolution de l'intelligence. Tant que le système sympathique reste le principal mécanisme de la conscience, l'origine des impacts sera toujours la même pour cette conscience, que les impacts viennent du plan astral ou du plan physique. Les animaux les plus développés, eux-mêmes – chez lesquels cependant le système cérébrospinal est très évolué, sans être encore le principal médium de la conscience, excepté dans ses centres sensoriels – ne peuvent faire une distinction entre les visions, les sons, etc., physiques et ceux provenant du plan astral. Ainsi un cheval sautera par-dessus un corps astral comme si c'était un corps physique ; un chat se frottera contre les jambes d'un fantôme astral. Ainsi un chien aboiera après lui. Chez le chien et le cheval, il y a une certaine inquiétude qui montre la sensation de quelque chose d'anormal, et la peur que ces apparitions provoquent chez le chien, la timidité qu'elles éveillent chez le cheval en sont des preuves. La nervosité du cheval – malgré laquelle il peut être entrainé à faire face aux dangers du champ de bataille ou bien, comme dans les contes arabes, être dressé à ramasser et emporter son cavalier blessé au milieu du danger – semble venir surtout de sa confusion et de son embarras en face des choses qui l'entourent, et de son incapacité à faire une distinction entre ce que plus tard il appellera, en connaissance de cause les réalités objectives contre lesquelles il vient se blesser, et ces illusions, ces fantômes à travers lesquels il passe indemne ; les différences qu'elles présentent dans leurs apparences l'alarment, Si le cheval est d'intelligence exceptionnelle, sa nervosité est souvent plus grande [157] encore, car il commence à avoir une vague sensation de ces différences, et comme il ne peut pas encore les comprendre, elles le troublent plus encore.
Le sauvage, qui vit davantage dans le système cérébrospinal, fait une distinction entre les phénomènes physiques et les phénomènes astrals, bien que ces derniers soient pour lui aussi réels que les premiers ; il les attribue à un monde différent, auquel il relègue toutes les choses qui ne se comportent pas de la façon qu'il considère, lui, comme normale. Il ne comprend pas que, pour ce qui est de ces choses, il est conscient – et rien de plus. Les Lémuriens et les premiers Atlantes étaient presque plus conscients astralement que physiquement. Des impacts astrals bouleversant l'enveloppe astrale toute entière leur parvenaient par les centres sensoriels du corps physique, et ils en étaient vivement conscients. Leur existence était dominée par les sensations et les passions, beaucoup plus que par l'intellect et l'appareil spécial à l'enveloppe astrale ; le système sympathique était alors le mécanisme principal de la conscience. À mesure que le système cérébrospinal s'élaborait et assumait de plus en plus sa fonction d'instrument principal de la conscience sur le plan physique, l'attention de la conscience se concentrait de plus en plus sur le monde physique extérieur, et son aspect activité prenait, sous forme d'intelligence concrète, une prédominance de plus en plus grande. Le système sympathique devint son simple subordonné ; la conscience prit de moins en moins intérêt à ses indications, submergées par le torrent des impacts physiques plus grossiers et [158] plus lourds, venant du monde extérieur. Il en résulta une diminution de la conscience astrale, et une augmentation de l'intelligence, bien qu'il y ait encore, chez la plupart des hommes, une vague conscience d'impressions, la plupart du temps incompréhensibles.
Au degré actuel de l'évolution, on trouve encore cette clairvoyance inférieure chez les êtres humains, mais chez des personnes dont l'intellect est très limité ; ces individus ont à peine une idée de la rationnelle de cette clairvoyance, et n'ont que peu de contrôle sur elle. Essayer de développer cette clairvoyance peut provoquer des troubles nerveux d'un genre particulièrement grave, et c'est aller à l'encontre des lois de la nature qui marche toujours en avant vers un but plus élevé et ne revient jamais sur ses pas. Comme ces lois ne peuvent pas être changées, celui qui essaie d'agir contre elles ne fait que s'attirer des désordres et des maladies. Il ne nous est pas possible de revenir au degré d'évolution où le système sympathique avait la prépondérance, si ce n'est au prix de notre santé et de notre évolution intellectuelle supérieure. En cela réside tout le danger que l'on court à suivre à la lettre ces recommandations que l'on publie maintenant un peu partout, de méditer sur le plexus solaire ou d'autres centres sympathiques. Ces pratiques, dont quelques-unes sont parvenues jusque chez nous, ont été systématiquement groupées dans l'Inde en ce qu'on appelle le Hâtha Yoga. Grâce à cette science, l'homme peut regagner le contrôle sur des fonctions involontaires, de sorte qu'il peut par exemple renverser l'action péristaltique, arrêter les battements du coeur, vomir à volonté, etc. [159]
Ce n'est qu'après beaucoup de temps et beaucoup de mal que l'homme arrive à accomplir ces exploits, et, en fin de compte, il ne fait que ramener sous le contrôle de la volonté des organes qu'elle avait depuis longtemps abandonnée au système sympathique. Comme cet abandon s'était fait par le détachement graduel de l'attention de la conscience de ces organes, ce n'est que par la concentration de l'attention sur ceux-ci que leurs activités antérieures peuvent être rétablies. Comme ces tours de force influent sur l'imagination des ignorants, qui les considèrent comme l'indice d'une grande spiritualité, ils sont souvent mis à profit par des individus qui désirent le pouvoir avant tout et ne peuvent y atteindre par des moyens plus légitimes. De plus, ces pouvoirs constituent les degrés les plus inférieurs du Hâtha Yoga ; ils sont plus faciles à développer et causent moins de souffrances que ces exercices qui consistent à tenir un bras en l'air jusqu'à ce qu'il s'atrophie ou à rester couché sur un lit de pointes de fer.
Lorsque l'activité du système cérébrospinal est temporairement suspendue, les impulsions venant de l'enveloppe astrale par l'intermédiaire du système sympathique, se répercutent dans la conscience. De là vient cette "lucidité" qu'on observe dans l'état de transe – provoqué par le sujet lui-même ou par l'opérateur – et la faculté de lire dans l'astral à l'aide d'un cristal ou autre objet de ce genre. La suspension partielle ou complète de l'activité de la conscience dans les véhicules supérieurs l'oblige à concentrer son attention sur ces véhicules inférieurs. Il faut remarquer ici, pour éviter tout malentendu, que la clairvoyance supérieure suit, et ne précède [160] pas le développement de l'intellect, et qu'elle ne peut apparaitre avant que l'organisation du corps astral – à distinguer de l'ENVELOPPE astrale – ait atteint un degré assez élevé d'évolution. Quand le développement de la clairvoyance a lieu sous l'action de l'intellect et par le perfectionnement de l'appareil intellectuel physique, les véritables sens astrals, dont nous avons parlé, et qu'on nomme les chakrams ou roues d'après leur aspect tourbillonnant, se développent peu à peu. Ils évoluent sur le plan astral où ils deviennent les sens et les organes astrals et sont construits et contrôlés par l'influence du plan mental, comme les centres du cerveau l'ont été par le plan astral. La conscience agit dès lors sur le plan mental et construit son appareil astral, de la même façon qu'elle façonnait son appareil physique lorsqu'elle était en pleine activité sur le plan astral. Mais elle travaille maintenant avec un pouvoir et une connaissance bien supérieurs, car elle a développé un grand nombre de ses facultés. Elle crée ensuite dans le corps physique, par l'intermédiaire des systèmes sympathique et cérébrospinal, des centres qui, sur le plan physique, serviront à transmettre à la conscience cérébrale les vibrations des plans supérieurs. À mesure que ces centres entrent en activité, la connaissance est "transmise" c'est-à-dire mise à la disposition de la conscience agissant dans le système nerveux physique.
Ceci constitue, comme nous l'avons dit, la clairvoyance supérieure, l'emploi intelligent et conscient, dans le corps astral, des pouvoirs de la conscience.
Dans cette marche ascendante les pouvoirs de la conscience entrent donc en activité sur le [161] plan physique d'abord, puis sur les plans astral et mental ensuite. Il faut que les enveloppes astrales et mentales aient atteint un haut degré d'évolution avant de devenir ces corps subtils, capables d'agir d'une façon indépendante sur les plans supérieurs et de construire, par leurs propres moyens, le mécanisme grâce auquel ils pourront manifester ces pouvoirs par des pensées élevées et des désirs purs, il faut qu'il soit vivifié sur le plan physique par le feu de Kundalini, qu'éveille et dirige la conscience travaillant dans le cerveau physique.