LE CHRIST FUTUR
Si nous jetons un regard vers le passé, nous verrons émerger, au-dessus de la masse des êtres humains, quelques puissantes et grandioses figures : ce sont des hommes s'élevant bien haut au-dessus de leur génération, ce sont des géants, véritables géants au milieu des pygmées qui les entourent. Si loin que nous regardions en arrière, nous les distinguerons toujours, jusqu'au moment où des brumes viendront nous cacher ces grands visiteurs de l'Antiquité ; et pourtant, même au travers de la brume, nous pourrons encore apercevoir les silhouettes de ces êtres merveilleux, venus ici-bas pour enseigner et bénir l'Humanité.
Pour la plupart, ces instructeurs paraissent se ressembler étrangement. Ce n'est pas leur sagesse ni leur pouvoir qui les distinguent les uns des autres : ils sont si loin au-dessus des hommes de leur époque, si loin devant les plus avancés de l'humanité actuelle, qu'il parait [219] impossible de leur assigner quelque rang que ce soit, ou même de comprendre à quel degré de quel grand ordre ils peuvent appartenir, de comprendre les liens qui les y rattachent et de se rendre compte de la place qu'ils occupent dans la Hiérarchie surhumaine. Mais, lorsque l'étudiant en occultisme se tourne vers le passé, il y trouve certaines indications dont il peut se servir pour saisir le rôle immense de ces grands Êtres. Il entrevoit, dans le monde, de grands cycles dont la durée varie, et il se voit en mesure d'établir des rapports définis entre ces Êtres et les cycles, tout en tenant compte des époques auxquelles ces Instructeurs apparurent et se manifestèrent.
En étudiant ainsi le passé, aidé en cela par les méthodes occultes, on trouve de frappantes concordances se rapportant à ces périodes mondiales et à l'apparition de ces Instructeurs.
Il nous est possible de considérer ce passé sous quatre aspects différents, chacun d'eux représentant une période très déterminée, un stade dans l'évolution du monde.
Lorsqu'on parle de ces époques lointaines, on en parle souvent comme du temps de la mythologie, et cependant, ces époques se distinguent essentiellement les unes des autres [220] tout en divisant très nettement l'histoire du globe.
LA SURHUMANITÉ
Nous pouvons en outre constater qu'au début de chaque grande période, une grande figure apparait ; cette venue semble répondre à une nécessité pour le monde qui, en entrant dans une nouvelle phase de sa vie, parait avoir besoin d'une bénédiction spéciale et d'une nouvelle lumière pour le guider. Lorsque nous demandons quels sont ces grands Êtres qui marquent ces importantes transitions, on nous répond qu'Ils ont appartenu à des univers disparus, à des planètes autres que la nôtre, et à des mondes plus avancés dans leur manifestation que notre propre monde. On nous répond encore qu'en évoluant, Ils ont passé par toutes les luttes de la vie ; qu'Ils font partie d'une humanité disparue en d'autres régions de l'univers, et qu'Ils sont désormais trop avancés pour continuer, au milieu de nous, leur évolution. Ils ont atteint La Surhumanité en passant par la simple humanité, pour fondre finalement leur conscience avec la conscience du Logos qu'Ils partagent, avec la nature [221] de Dieu, sans perdre pour cela leur centre d'individualité, résultat de leur évolution depuis l'humanité jusqu'à la surhumanité. Ayant conservé ce centre dans la Vie Divine elle-même, il leur est possible de se circonscrire en un cercle dans lequel Ils peuvent se manifester sur n'importe quel monde et dans n'importe quelle race.
Partout où un semblable centre existe, peut exister aussi une circonférence, et, autour d'un tel centre divin, – Fils, un avec son Père, – un nouveau cycle de vie humaine peut être établi. Un tel Être, puissant dans Sa Divinité et voilé cependant par un corps humain, peut apparaitre pour éclairer et bénir le monde. Chez les Indous, que les Instructeurs ont fait avancer très loin en occultisme et dont les Écritures sacrées sont remplies d'indications occultes, un nom spécial d' "Avatar" est donné à ces glorieuses manifestations ; ce mot sanscrit vous est sans doute connu et signifie : "ceux qui descendent".
Je m'attache moins au mot lui-même qu'à sa signification.
Ces grands Êtres ont gravi l'échelle du progrès jusqu'à ce qu'Ils aient atteint l'unité en Dieu ; Ils descendent ensuite dans l'humanité [222] pour l'aider et la protéger. Telles sont ces grandioses figures qui apparaissent à
certains moments, au cours de la longue évolution d'un monde ou d'un globe.
L'Égypte avait pour ce mystère un nom spécial ; elle l'appelait : "la naissance d'Horus". Le Christianisme le nomma : "l'incarnation divine" ; aussi le chrétien vous dira-t-il, – avec juste raison quant au point de vue spirituel, mais s'égarant parfois en ce qui concerne la définition de la vie, – que la seconde Personne de la Trinité descend sur la terre, et il considère le Christ de Judée comme étant précisément une semblable manifestation du Seigneur. Une pareille incarnation divine dans le corps d'un homme est un fait d'une vérité spirituelle fondamentalement vraie. On ne devrait pas oublier, – et toutes les grandes religions l'ont dit, – que, de cet aspect du Logos, proviennent ces manifestations du ciel sur la terre.
Le Christianisme n'admet qu'une seule manifestation ; l'Indouisme en admet neuf et ajoute qu'une dixième aura lieu ; le Zoroastrisme s'exprime de même.
Les religions, les mortes comme les vivantes, ont toujours cherché à justifier cette suprême vérité, mais il ne faut jamais oublier que [223] l'Avatar, la plus haute des manifestations divines, fut autrefois, en un autre cycle de vie, un homme parmi les hommes et que, c'est grâce à ce passé et à l'expérience qu'il en a retirée, qu'il lui est possible de retourner, de temps à autre, à l'humanité.
Abandonnons pour l'instant cette question pour porter notre attention sur une autre de ces grandes physionomies dont l'éclatante splendeur rayonne sur toute la masse humaine environnante. Il n'y a pas de nom pour cet être auquel je fais allusion, sauf pourtant en Orient où il est appelé "l'Illuminé", "le Bouddha". En Occident, on fait constamment de ce dernier l'une des dernières grandes manifestations, et l'on appelle Bouddha ce grand Être venu au monde environ six cents ans avant l'ère chrétienne. Mais chez le peuple dont la religion est précisément celle que Bouddha donna au monde, on croit qu'avant lui, il y eut beaucoup d'autres Bouddhas, qu'après lui il y en aura plusieurs autres, qu'en réalité il est simplement détaché de la cohorte des Révélateurs du Divin. Pour l'Indou, un tel révélateur apparait dans chaque monde à la naissance d'une grande race-mère, si bien que, pour chaque monde, il y a sept de ces grands êtres, un par race-mère. [224]
Mais, sa mission terminée, il disparait du monde terrestre et il a dès lors terminé l'évolution surhumaine elle-même ; il s'en va, comme ceux que je mentionnais tout à l'heure, en d'autres mondes, en d'autres temps : c'est le Fils allant rejoindre son Père ; c'est Lui encore qui, dans le monde qui succèdera au nôtre, pourra revenir, en tant qu'Avatar : "Celui qui descend." Notez pourtant que le Bouddha, puissant comme Il le fut, atteignit Sa grandeur en passant par l'humanité de notre globe, en gravissant, degré par degré, l'échelle de la vie humaine.
Peu à peu Il entra dans l'évolution de la vie suprahumaine et atteignit le dernier degré de l'échelle en naissant, dans l'Inde, sous le nom de Gautama il y a vingt-cinq siècles. Là, ayant terminé son rôle, il passa en ce que l'on nomme là-bas : le Nirvâna, la plus haute condition à laquelle puisse prétendre un être surhumain, celle qui consiste à s'unir au Divin, sans pour cela perdre ce centre d'individualité dont j'ai parlé au début de cette conférence.
Considérons maintenant ce que fut ce grand instructeur, avant d'être le Bouddha qui abandonna le monde terrestre lorsqu'il eut achevé son rôle d'instructeur.
Avant de passer la dernière grande initiation [225] sur le sentier qu'il suivait, il se manifesta plusieurs fois sur terre, au cours de la même grande race, la race aryenne, à laquelle nous appartenons tous ici avec tant d'autres. Avant de passer cette dernière initiation, il eut, pendant des milliers et des milliers d'années, une autre grande fonction à remplir.
LES ÊTRES BRILLANTS DE L'ORIENT
Je ne tiens pas à vous troubler en employant des termes qui ne vous sont pas familiers, et pourtant il m'est difficile de les éviter car j'ai besoin d'un terme qui contienne, à lui seul, toutes les manifestations successives. Notre cinquième sous-race, la Teutonne, est apparue depuis si peu de temps sur terre, en Occident, qu'elle n'a pas encore créé ce terme général que nous emploierons pour désigner d'un mot toutes ces manifestations du passé. Ce terme, en Orient, lorsqu'on le traduit, signifie : "la Vérité et la Sagesse", Boddhisattva en sanscrit. Ce nom importe peu, pourvu toutefois que, pour l'instant, vous lui attribuiez son exacte signification : il désigne un office, une fonction particulière, et cet office est celui de l'Instructeur
suprême qui non seulement est l'Instructeur des hommes, mais aussi, comme on le dirait aux Indes, l'Instructeur des dieux. Vous pouvez substituer ici au mot : dieux, ceux [226] d'anges et d'archanges. Vous devez en effet vous souvenir que
Les Êtres brillants de l'Orient sont ce que vous appelez ici les anges et les archanges, mais ces mots n'ont pas tout à fait là-bas le sens que vous leur attribuez en Occident ; ils désignent simplement : "les êtres brillants" ; ici, on les traduit par : Dieu ; de là résulte une grande confusion de pensées en ce qui concerne les grandes croyances de l'Orient. Pourtant, tout comme le Christianisme, ces croyances proclament l'unité de Dieu, la vie universelle pénétrant et animant toutes choses, et ceux qu'ils appellent les êtres brillants, les Dévas, ne sont autres que les manifestations de cette Lumière centrale, anges et archanges du Christianisme ou de l'Islamisme.
Or, Lui, l'Instructeur suprême, instruit les archanges et les anges aussi bien que les hommes ; Il est Celui qui instruit tous les êtres. Dans son corps de chair, comme en dehors de ce corps, il n'y a pas, dans le ciel ou sur la terre, d'autre Instructeur, en dehors de l'Être tout-puissant qui remplit cet office. [227]
Un tel Être, le suprême Instructeur des mondes, se manifeste, comme homme, au début de chaque sous-race.
Je vous ai parlé déjà de races et de sous-races, et ces termes doivent vous être familiers à présent ; laissez-moi seulement vous rappeler que nous appartenons tous à une grande race-racine : la race aryenne, à laquelle se rattachent la première sous-race dans l'Inde ; la seconde qui, dans l'antiquité, peuplait le bassin de la Méditerranée ; la troisième dans la Perse d'autrefois ; la quatrième qui donna naissance aux Grecs et aux Romains de l'histoire et qui se répandit vers l'Ouest, à travers l'Espagne, la France, la Bretagne, jusqu'au Nord de l'Écosse puis en Irlande où se forma la puissante sous-race celtique, enfin la cinquième, la race Teutonne, qui peuple maintenant l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Amérique et leurs dépendances.
Si vous gardez présentes à l'esprit toutes ces grandes divisions d'une seule grande race-mère, vous vous sentirez alors capables de suivre les manifestations de l'Instructeur suprême.
Comme cela existe pour les plus grands cycles des manifestations de ces grands Êtres, à chaque sous-race correspond l'apparition de [228] ce puissant Instructeur comme homme : Il lui donne la Religion sous l'autorité de laquelle la civilisation doit se développer, Il lui donne la bénédiction qui marque le début de son évolution dans le monde.
Si nous tournons nos regards en arrière, vers les sous-races qui précédèrent la nôtre : la race teutonne, à laquelle appartiennent la plupart d'entre nous ici présents, il nous est possible de constater, pour chacune de ces sous-races, l'apparition de l'Instructeur suprême sous des noms chaque fois différents, mais c'est toujours la même Individualité immortelle sous le voile du nom qui La recouvre.
HERMÈS LE TROIS FOIS GRAND
Un nom connu de vous tous, qui étudiez le passé, est le nom qu'Il prit quand Il conduisit du fond de l'Asie centrale la seconde des grandes émigrations qui passèrent vers l'Ouest, donnant à un grand nombre des peuples de l'Arabie, de l'Afrique septentrionale et du bassin de la Méditerranée, les caractères distinctifs de la race aryenne. Il portait alors le nom d'Hermès, nom familier à, tout étudiant de l'histoire ancienne, et spécialement aux étudiants de la pensée égyptienne, car ce fut en grande partie à cette civilisation que se rattacha cette [229] puissante manifestation. Puis vous rencontrez le nom d'Hermès le Trois fois Grand, dans ce que l'on appelle communément : la littérature hermétique. Ce nom fut porté déjà, en Lémurie, mais je m'occupe ici de l'Instructeur Suprême lors de Sa manifestation au début de la deuxième sous-race.
Arrêtons-nous pour éclaircir un point obscur qui, peut-être, a déjà surgi dans l'esprit de ceux d'entre vous qui s'occupent de l'histoire du passé. Vous voyez le même nom apparaitre d'époque en époque pour une seule et même tradition dont les enseignements se perpétuent et se propagent de siècle en siècle. Il en a toujours été ainsi dans le passé.
Le nom du grand Instructeur Lui-même a toujours été pris par ses successeurs qui rajeunissaient son enseignement et répandaient les traditions qu'Il laissait. C'est ainsi que dans les immenses intervalles qui s'écoulèrent après l'apparition d'Hermès Ier de la deuxième sous-race de la race-mère aryenne, d'autres Hermès continuèrent la tradition, répétèrent l'enseignement et, chaque fois, le même nom se retrouvait. [230]
C'est là la manière orientale. Aucun disciple ne pense à enseigner sous son propre nom ; c'est sous le nom de son Maitre qu'il répand la sagesse dans le monde. Il ne s'agit pas ici d'éviter toute responsabilité en se cachant sous un autre nom que le sien, mais c'est parce qu'il est d'usage que tout ce que le disciple peut répandre, c'est à son Maitre qu'il le doit ; et ainsi, en témoignage d'humilité, de vénération, de gratitude, envers le plus Saint, ceux qui succèdent au Maitre, écrivent sous le nom de Celui qu'ils vénèrent ; ils propagent Sa sagesse parfois jusque dans les générations qui surviennent longtemps après que le Maitre a quitté la scène du monde. Une grande confusion et de grosses difficultés surgissent lorsque la critique historique d'Occident s'exerce sur ces Écritures de l'antiquité, lorsqu'elle applique les formules d'interprétation de ces Écritures à des personnalités appartenant à des époques bien antérieures à ces formules elles-mêmes.
Ce qu'on appelle la critique historique 9 est compris en Orient d'une tout autre façon qu'en Occident.
Ici, la critique historique s'attache à une [231] suite de noms, de dates, de personnages, cela étant considéré comme les seules choses importantes. En Orient, au contraire, on voit le dieu évoluant dans les types les plus variés qui puissent apparaitre dans l'humanité, et l'on ne s'intéresse pas exclusivement au personnage spécial qui a écrit telle ou telle chose, mais bien à l'enseignement, à la tradition transmise d'âge en âge, marquée toujours du sceau de son premier Révélateur, faite toujours au nom de Celui qui, le premier, apporta la connaissance à l'homme.
9 "Historical sense" que nous traduisons par : critique historique par analogie avec : critique scientifique (NDT).
Laquelle des deux méthodes est la meilleure ? Peu m'importe quant à présent ; je tiens surtout à vous exposer la différence entre les deux, pour que vous puissiez vous rendre compte que les similitudes de noms ne sont pas faites pour troubler les étudiants, mais bien pour indiquer la continuation de la tradition.
Or, au début de la seconde sous-race apparut Hermès. Les siècles s'ajoutèrent aux siècles. Puis vint le temps où la troisième sous-race allait naitre et où l'émigration devait fonder cette sous-race, vers l'Ouest, en Perse. Une fois de plus, "la Vérité et la Sagesse", le Boddhisattva, conduisit cette émigration, et cette fois ce fut le grand Être connu alors sous le nom de [232] Zarathoustra, plus souvent appelé, parmi nous, Zoroastre. On connait quatorze Zoroastre dans l'histoire ancienne de Perse, mais c'est le premier, l'ainé de tous, qui, seul, fut l'unique Instructeur suprême, descendu parmi ses disciples pour instituer le gouvernement de la Perse, et transmettre à ses successeurs la tradition qui naquit sous son nom. C'est ainsi que tout haut prêtre de cette religion, digne de porter le manteau du grand Être, est connu dans l'histoire sous le nom de Zoroastre. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il existe, dans les littératures, quatorze de ces prêtres.
MYSTÈRES ORPHIQUES
Nous arrivons à la naissance de la quatrième sous-race, la race celtique ; le même grand Bien Être revient sous un autre nom, celui d'Orphée, familier aux étudiants de la Grèce antique.
Mystères Orphiques, tradition orphique, ce sont là des termes auxquels sont accoutumés tous ceux que l'histoire de la Grèce antique intéresse.
En général, les étudiants diront d'Orphée ce qui fut dit pour Hermès : que ce n'est pas là le nom d'un personnage, mais celui d'une succession de grands êtres. C'est vrai, car il y a en [233] réalité succession. L'erreur consiste à croire qu'une telle succession n'eût pas d'auteur originel. Le premier, et le plus grand des instructeurs auquel tout revient, n'est pas nécessairement un mythe sous le prétexte, trop simple, qu'il fut si grand.
Ceux qui propagèrent le mythe du soleil firent beaucoup de mal en recouvrant d'épais nuages l'histoire du passé. C'est seulement au fur et à mesure que les fouilles archéologiques faites par les savants actuels nous apportent les vestiges du passé, que nous nous apercevons enfin que ces soi-disant mythes solaires furent de puissants instructeurs et de puissants rois divins dans l'humanité-enfant. Et cela devient de plus en plus indéniable à mesure que les fouilles sont plus profondément poussées, qu'on découvre des civilisations remontant à une antiquité toujours plus éloignée, si bien que ceux dont on fit des mythes, finissent par prendre une apparence d'humanité, mais une humanité si grande, si divine qu'il semble pour ainsi dire impossible de croire que de tels Êtres puissent avoir vécu, comme hommes, sur la terre.
Vous pouvez suivre cette tradition orphique à travers tout ce qu'il y eut de plus grand et de plus beau en Grèce ; vous pouvez la suivre [234] dans les mystères que je mentionnais il y a un instant, dans les noms mêmes des génies grecs qui déclarèrent avoir puisé leur inspiration à cette tradition.
Nous arrivons enfin à la dernière des incarnations du grand Être au moment où il apparut comme Gautama, devint le Bouddha, et disparut, en tant qu'Instructeur des mondes.
J'ai parlé avec intention de ces Êtres puissants du passé : sans quoi, de semblables possibilités pour le présent seraient considérées comme des chimères.
Je vous ai indiqué les quatre dernières apparitions de Celui qui est Sagesse et Vérité ; je vous ai indiqué la dernière de ses quatre manifestations avant qu'Il ne fût Bouddha et ne quittât le monde pour devenir le Fils uni au Père, abandonnant désormais son rôle d'Instructeur, de Guide de notre humanité.
Il n'y a pas de solution de continuité dans sa succession ; dans cette grandiose série d'instructeurs religieux, la chaire de l'Instructeur ne reste jamais inoccupée ; il y a toujours un Sage pour s'en charger et c'est le plus Sage parmi les sages de la terre. Lorsque l'un d'eux abandonne son sceptre, symbole de sa loi, un autre est là encore, attendant sur les marches [235] de la chaire de Sagesse le moment de succéder au suprême Instructeur qui le précède et qui va abandonner le monde terrestre. L'humanité n'est jamais laissée sans instructeur, elle n'est jamais orpheline ; un Être puissant est toujours présent pour la guider et la sauver, et dès que l'un a terminé son rôle et s'en va, un autre prend sa place et continue l'enseignement.
Lorsque Celui qui devint le Bouddha – Gautama – se retira, un autre apparut que j'ai appelé Boddhisattva : "la Vérité et la Sagesse". Sa première manifestation sur terre coïncide avec la sous-race suivante. Comme vous pouvez vous en rendre compte, – et c'est pourquoi je vous indique les noms correspondant à chacune des sous-races, – il vous sera facile d'étudier les rapports entre la nouvelle ère de la vie humaine et la manifestation du divin Instructeur.
À la naissance de la cinquième sous-race, à une certaine période de la naissance des Teutons dans les forêts de la Germanie, lorsque les germes, les semences de cette nouvelle sous-race furent semés dans l'Europe septentrionale, alors se manifesta de nouveau l'Instructeur suprême ; une fois de plus, Il vint dans le monde fonder une nouvelle Religion et bénir, une fois encore, la civilisation naissante. [236]
Et la religion qu'Il fonda, la civilisation qu'Il bénit, lui donnèrent le nom grec de Christ.
CHRIST
Arrêtons-nous sur ce nom, celui encore d'une fonction.
Ce ne fut pas là le nom de Bouddha : ce ne fut pas non plus le nom d'un personnage.
Si nous considérons la pensée dominante de la Grèce au temps dont nous parlons, nous trouvons que cette pensée incarnait sa plus haute expression dans une certaine institution connue sous le terme de : "Mystères". Il y eut des mystères dans l'Égypte ancienne, en Perse, aux Indes et dans toutes les contrées de l'antiquité. Chez les Grecs, il y avait aussi des mystères : les mystères orphiques dont j'ai déjà parlé, et plusieurs autres encore connus des étudiants sous les nombreux noms que nous donnons aux dieux, aux déesses de la Grèce, et aux instructeurs du passé.
Il existait dans ces mystères un certain grade appelé Christos, réflexion sur notre terre et sur l'imparfait miroir de notre monde, des grandes initiations concernant la hiérarchie occulte qui guide les destinées religieuses des [237] hommes, pâle reflet de ces grandes initiations sur le miroir de notre petite humanité. C'est un peu ce qui eut lieu, selon les témoignages chrétiens, lorsqu'il est dit que Moïse, le grand guide des Juifs, fit toutes choses conformément aux modèles qui lui furent montrés sur le sommet de la montagne ; qui ne se rappelle :
Le Mont de l'Initiation ?
Ce fut là une indication pour ceux qui le suivirent comme législateur ; le temple dont il dressa le plan et qui, pendant un certain temps, fut imité dans le tabernacle qui accompagna les Juifs dans leurs pérégrinations, reçut son plus somptueux symbole dans le temple du roi Salomon, qui, lui-même, fut construit, dit-on, d'après les modèles des choses divines.
Ainsi le divin et le terrestre sont reliés l'un à l'autre puisqu'ils sont le reflet l'un de l'autre ; les grandes Initiations de la hiérarchie se reflétèrent, ici-bas, dans les mystères du passé. C'est par les épreuves nombreuses de ces mystères, leurs nombreuses et difficiles méthodes d'entrainement et disciplines, que les hommes les plus avancés dans les civilisations antiques furent guidés sur le sentier de la surhumanité. [238]
Or, en ces mystères existait le grade de Christos, "l'oint" ; c'était le grade de l'Initié qui avait triomphé de la souffrance, de l'Initié qui avait porté la croix dans des vies passées, de l'Initié maitre de la vie et de la mort, ce qui le désignait comme étant sur le seuil de la surhumanité, prêt à franchir ce stade supérieur de la vie manifestée. Il était par conséquent naturel, inévitable, qu'au moment où la Grèce avait un terme pour exprimer la condition la plus haute que puisse atteindre un homme sur terre, il était naturel, dis-je, que ce terme grec ait précisément été choisi pour désigner l'Être puissant qui se révélait comme Instructeur sur la terre. Et quel plus noble nom aurait-on pu choisir ? Quel titre plus significatif ? Quel symbole plus instructif que l'adaptation de ce mot Christ à l'Instructeur qui apparut et fut martyrisé sous ce nom ?
Aux premiers jours de la chrétienté, ainsi que plusieurs d'entre vous doivent le savoir, on faisait une différence, – (différence qu'on s'efforce de faire à nouveau comprendre de nos jours), – entre Jésus l'Hébreu et le Christ : l'Instructeur oint. Reportez-vous à toutes ces écoles de philosophes et de savants, au début de l'ère chrétienne, alors que [239] l'ignorance triomphait après la décadence de Rome et de Constantinople, reportez-vous à ces savants qui furent brulés comme hérétiques et qui n'étaient autres que ceux qu'on appelait gnostiques : "ceux qui savaient", dénomination significative. Et si vous parcourez Origène, l'un des plus grands savants de l'époque et de l'Église primitive, vous trouverez dans son exposition de la chrétienté maint passage où il dit qu'il est nécessaire que l'Église chrétienne ait dans son sein beaucoup de "gnostiques" qui puissent établir une base sur laquelle on pourrait construire des piliers qui soutiendraient l'édifice. Or, il se sert de ce mot comme désignant "ceux qui savent" et ne fait pas allusion ici aux nombreuses écoles que l'on rangeait sous cette appellation. Dans un passage célèbre, Origène déclare que, s'il est vrai que la chrétienté est faite pour les ignorants, qu'elle n'est qu'un remède pour les pécheurs, ce ne sont cependant ni ces ignorants, ni ces pécheurs qui contribueront à l'édification de l'Église chrétienne, et il ajoute :
"S'il est vrai qu'il y a un remède pour le pécheur, l'Église doit être soutenue par les gnostiques, par ceux qui savent et nullement par les ignorants et les pécheurs." [240]
MYSTÈRE DE JÉSUS
Cela fut parfaitement prévu. En effet, dans les premiers siècles, le Christianisme eut ses mystères comme les religions qui l'avoisinaient. Consultez les oeuvres de ces premiers évêques et docteurs chrétiens de l'Église, celles de Clément d'Alexandrie, canonisé à cause de son savoir et de sa sainteté ; feuilletez au hasard ces premiers instructeurs chrétiens qui puisèrent leurs connaissances chez ceux qui avaient reçu l'enseignement des continuateurs du Christ lui-même, et vous verrez qu'il est à chaque instant question du : Mystère de Jésus.
Vous trouverez les règles auxquelles on devait se soumettre avant de pouvoir être admis à ces mystères. Vous pourrez lire, dans Clément d'Alexandrie, la proclamation de l'hiérophante auquel les candidats se présentaient, hiérophante qui possédait la clé du royaume des cieux. Vous verrez qu'au moment où ces candidats étaient devant lui, il leur disait que ceux-là seuls qui, pendant longtemps, étaient certains de n'avoir pas péché, pouvaient entrer et apprendre l'enseignement que Jésus donnait en secret à ses disciples. Tels étaient les mots [241] de passe avant que la porte du ciel ne fût ouverte ; des hommes et des femmes n'étaient admis aux mystères qu'à la condition de n'avoir pas transgressé les lois. Une fois reçus, ils étudiaient les enseignements secrets intérieurs, ceux mêmes qui sont indiqués dans l'Évangile où, vous le savez, on dit du Christ : "qu'Il ne leur parlait qu'en paraboles". Vous vous rappelez aussi ce qu'Il répondait à ses disciples lorsque ceux-ci l'interrogeaient : "Il vous est permis à vous, de connaitre les mystères du Royaume de Dieu ; aux autres, je ne parle qu'en paraboles." – Vous pouvez vous rappeler encore qu'au moment où il se trouvait avec ses disciples "dans la maison" Il leur disait des choses qu'Il se refusait à révéler à la multitude du dehors ; vous pouvez vous souvenir aussi de la promesse qu'il fit en voyant approcher la fin de sa carrière terrestre : "Il me reste encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne sauriez les entendre maintenant." La tradition chrétienne des mystères déclare que ces choses furent dites plus tard, lorsque les disciples furent prêts à les recevoir, quand les élèves furent devenus plus dignes de l'enseignement qui leur était destiné.
Origène nous apprend que tous ces [242] enseignements étaient gardés dans les mystères chrétiens et constituèrent les enseignements secrets de l'Église, donnés seulement à ceux qui en étaient dignes.
JÉSUS ET LE CHRIST
À cette époque, alors que beaucoup savaient, que beaucoup comprenaient, une distinction était établie entre Jésus et le Christ. 10
J'ai déjà fait allusion à ce sujet au début de mes conférences et, si je l'ai fait si délibérément, sans préciser beaucoup, c'était avec l'intention d'y revenir, après avoir traité des questions intermédiaires, jusqu'au moment de cette conférence sur le Christ futur.
10 Lire La Nature Du Christ, par Annie Besant. (NDT)
Vous ne pouvez définir la venue du Christ, la consécration de l'Instructeur suprême, si vous n'établissez pas de différence entre le corps humain du grand disciple Jésus, né à Bethléem, et le divin pouvoir qui illumina ce corps lors du Baptême, à propos duquel il est écrit "que l'Esprit de Dieu descendit sur Lui et L'habita". C'est là la venue du Christ, la consécration de l'Instructeur Suprême.
Vous trouverez cette distinction dans les [243] Épitres, bien que plus loin, dans les Évangiles, l'attention ne soit pas spécialement attirée sur ce point, cette distinction suggestive et saisissante une fois faite. Mais, si pourtant vous prenez les Épitres de saint Paul, vous vous trouverez dans une atmosphère tout autre que celle de l'histoire du Christ telle que la contiennent les Évangiles : vous trouvez là le Christ avec un sens différent, un sens mystique du plus profond intérêt. Lorsque saint Paul déclare qu'il ne demande pas à Le connaitre dans la chair, c'est le Christ intérieur qu'il cherche ; vous le voyez parlant de ce Christ mystique qui doit naitre dans l'âme du croyant, déclaration qui, jamais, n'aurait pu s'appliquer au corps physique de Jésus. Vous l'entendez affirmer que cette naissance mystique du Christ dans les âmes humaines doit être suivie par l'évolution du Christ mystique chez le croyant, jusqu'à ce qu'enfin celui-ci ait atteint la stature et la plénitude du Christ. Cela revient à dire qu'il doit vivre la vie mystique chrétienne, que le Christ doit naitre dans son âme et développer ses divins pouvoirs, pouvoirs qui apparaissent à mesure que le chrétien croit en sagesse et en amour, à mesure qu'il se manifeste davantage et que sa vie humaine [244] s'approche de la vie divine, jusqu'à ce qu'enfin le Christ parfait apparaisse, jusqu'à ce qu'enfin le Fils de Dieu soit, de nouveau, manifesté sur terre.
Cependant, cette antique idée mystique disparut des préceptes de l'Église, demeura dans le Nouveau Testament, très nette, mais incomprise. Et c'est ainsi que Lui, l'influx spirituel, le suprême Instructeur, la vie animatrice de son Église, devint le Sauveur extérieur qui, par suite, d'un sacrifice physique, réconcilia, dit-on, l'homme avec Dieu. Mais vous n'avez là qu'une réconciliation arbitraire, une substitution au lieu d'une entière identité de nature, grâce à laquelle le Christ et le croyant sont un.
Telle fut la transformation qui apparut dans l'enseignement chrétien, durant ces longues périodes d'obscurité qui succédèrent à la disparition des mystères qui avaient alimenté et gardé la flamme de la connaissance, jusqu'à ce qu'il n'y eût plus de candidats désireux d'être instruits ; cette absence de candidats causa le retrait des instructions des Maitres.
LA VENUE DU CHRIST
À l'heure actuelle, le fait de ressusciter l'enseignement mystique, de reconnaitre qu'il existe dans le Christianisme une vie nettement caractérisée par le plus saint des noms, le fait de voir les Églises chrétiennes revivifiées par [245] un nouvel afflux ne vie, de croire à nouveau, pour l'humanité, à une croissance possible vers le Divin, c'est là un des signes de la Venue du Christ.
C'est le présage de Sa prochaine manifestation sur la terre, car il n'eût vraiment pas été nécessaire de vous intéresser pendant une heure à l'histoire du passé, si cette histoire ne s'appliquait pas au temps présent et à l'avenir, à la répétition de cette antique et universelle histoire : la nouvelle manifestation de ce puissant fils de Dieu.
C'est pour cette raison que je vous ai parlé des manifestations antérieures (chacune d'elles correspondant à une sous-race), c'est afin aussi de rétrécir le gouffre qui sépare la pensée moderne de la pensée de l'occultiste. Si vous avez suivi la ligne que je vous ai tracée chaque dimanche, si vous avez saisi le point d'évolution auquel se trouve le monde à l'heure actuelle, si vous comprenez la période de transition dans laquelle nous nous trouvons, si vous voyez la période qui s'en va, la nouvelle ère qui apparait, tous les signes qui indiquent la fin de l'une et ceux qui indiquent la [246] naissance de l'autre, vous comprendrez alors, sans heurt et sans combat, cette manifestation de l'Instructeur, de l'Instructeur suprême des mondes qui, en dernier lieu, fut le Christ de la Palestine.
Voyons ce que ces dernières paroles peuvent signifier.
LE DÉBUT D'UNE ÈRE NOUVELLE
À moins que tout ce que je vous ai dit durant ces cinq dernières semaines ne soit un rêve, à moins que tous les faits sur lesquels j'ai porté votre attention n'aient aucune espèce de signification, vous devez avoir senti vous-mêmes le point où je désire vous amener maintenant :
Le début d'une ère nouvelle, et vous devez avoir pressenti l'apparition prochaine du grand Instructeur parmi les hommes.
Dire cela au premier venu ne peut que faire rêver.
Mais nous ! pourquoi cela nous étonnerait-il ?
C'est là une interrogation que les Juifs auraient pu se poser la dernière fois qu'Il vint. Qu'une chose si grande, si inaccoutumée, si hors de la pensée puisse se voir sur terre à certaines époques déterminées pendant [247] quelques petites années d'une vie humaine, voilà qui parait trop étrange, trop beau pour être vrai. Et pourtant, Il vint autrefois ! pourquoi ne reviendrait-Il pas ? Puisqu'Il apparut au début de la cinquième sous-race, pourquoi ne réapparait-Il pas à la naissance de la sixième ?
Certains d'entre nous seront ici-bas pour assister à cette manifestation ; une génération d'hommes et de femmes est appelée à naitre autour du Christ futur, et aucun de nous ne peut donner de raison valable, pour laisser croire que nous ne pouvons vivre à une pareille époque, que nous ne sommes pas appelés à devenir des canaux pour le nouvel épanchement de vie spirituelle.
Cela peut paraitre étrange, étant donnée la rareté du fait ; mais cela est, car dans l'histoire du monde la même chose se présente aux périodes de crises analogues à celles que nous traversons, et son étrangeté ne doit pas vous porter à nier le fait, alors que vous pouvez constater autour de vous les signes de l'ère nouvelle si vous avez des yeux pour distinguer leur réelle signification.
Partout, les hommes sont dans l'attente de la venue de quelque grand Instructeur ; ici et là, sur la terre, cette venue a son messager, [248] que dis-je ? elle a toujours eu un messager humain et un héraut pour la proclamer.
En Perse, un pareil messager est apparu sous le nom de Bab annonçant la venue du grand Être, suivi d'un autre plus grand encore, puis d'un troisième, l'Abbas Effendi des temps présents, grand Instructeur spirituel, après lequel un autre plus puissant viendra pour unir l'Orient à l'Occident.
Cette attente de la venue du Christ ne se constate pas seulement de ce côté, elle se constate aussi chez les peuples de l'Islam et sous une forme étrangement combattive, naturelle d'ailleurs, étant donné le tempérament guerrier de ces peuples, dont l'espérance et l'attente se traduisent par la certitude qu'ils ont de vaincre dans les combats qu'ils livrent ou livreront.
Vous pouvez constater aussi cette espérance chez le Mahdi, en Afrique, qui provoque tant de troubles aujourd'hui.
Je vous indique tout cela pour vous montrer que cette pensée s'est partout répandue, que [249] l'attente est partout, et que l'impatience du monde va croissant en attendant le grand Être qui doit se révéler sur terre.
Telle est la venue du Christ que le monde occulte attend. C'est le même grand Être qui apparut en Palestine car Il est toujours l'Instructeur suprême, c'est la même Individualité. Qui peut dire le nom qu'Il portera ?
Ce qui importe avant tout, c'est de nous demander si nous Le reconnaitrons quand Il viendra, ou si nous serons aussi aveugles, aussi durs de coeur, que le furent les Juifs au sein desquels sa dernière manifestation eut lieu ?
Il nous est facile, en regardant en arrière, à travers les siècles qui virent le grand Maitre chrétien à la tête du Christianisme, homme parfait auréolé de la gloire du Christ, – (car l'Église n'a fait aucune distinction entre les deux toutes ces dernières années), – il nous est si facile, dis-je, de jeter les regards sur les siècles passés en disant que nous L'aurions reconnu si nous avions été là.
Il ne fut pas toujours reconnu et n'est-ce pas le reproche qu'Il adressa à son peuple : "Vos pères égorgeaient les prophètes et vous leur creusez des sépulcres."
Il y a toujours beaucoup de gens prêts à [250] élever des tombes en l'honneur et au nom d'un prophète du passé, mais combien peu ont reconnu, depuis que le monde existe ; combien peu ont reconnu le prophète de leur époque ! Et cela n'est pas vrai seulement pour l'Instructeur suprême, mais pour tous ceux qui se trouvèrent dépasser un peu le niveau intellectuel et les pouvoirs de la masse ; Ils ont toujours été haïs ; la société Les a toujours chassés, torturés ou lapidés.
Qui nous porte à croire que nous serons plus sages de nos jours ? Pourquoi la cinquième grande race-mère, la plus combattive de toutes, la plus critique, la plus sceptique, la moins prête à reconnaitre ce qui lui est supérieur, la plus orgueilleuse, aurait-elle des yeux capables de voir une splendeur qui ne fut jamais reconnue dans le passé ?
C'est là un problème qui doit nous inquiéter assez pour que nous tendions de développer en nous les qualités grâce auxquelles nous pourrions Le reconnaitre s'Il venait de notre vivant, car dans la nature existe cette grande loi : "Nous ne pouvons comprendre que ce qui éveille en nous un écho." Elle est vraie en toutes choses, pour le côté extérieur comme pour le côté intérieur, et par conséquent aussi pour nos [251] yeux physiques. Nous nous voyons les uns les autres parce qu'il y a, dans la rétine de l'oeil, l'éther qui vibre en réponse aux vibrations des rayons lumineux de l'extérieur ; par analogie, au point de vue moral et, par-dessus tout, au point de vue spirituel, nous ne percevons que proportionnellement à nos facultés d'entendement, d'assimilation. Si nous sommes ouverts à la spiritualité, si nous possédons un peu des qualités qu'Il nous montre si glorieusement, si nous avons en nous un peu de cette nature qui, en Lui, a grandi jusqu'à la Divinité, oh ! Alors quelque chose en nous vibrera à son approche quand Il viendra, caché, ainsi qu'Il le fut toujours, sous le voile d'un corps humain.
Pour qu'il en soit ainsi, il nous faut dépasser la pensée moderne pour atteindre celle des temps futurs ; il nous faut abandonner la combattivité de la cinquième sous-race, pour que la compassion de la sixième puisse, à son tour, habiter nos coeurs.
Si l'on en juge d'après le passé, Il peut, lorsqu'Il viendra, être de nouveau méprisé et chassé, car l'idéal spirituel n'est pas un idéal auquel les coeurs de notre époque soient des plus sensibles. Vous pourrez reconnaitre cet [252] idéal dans les caractéristiques qui furent celles du Christ : quand Il était injurié, Il n'injuriait pas en retour ; quand Il souffrait, Il ne se révoltait pas. Voilà qui parmi vous ne prouverait que de la faiblesse d'esprit. Ne pas répondre aux injures prouve, d'après la pensée moderne, que les injures sont justifiées. C'est là l'esprit de l'époque. Si vous êtes calomnié, diffamé, trompé, il vous faut aller au tribunal et y trainer le coupable, sans quoi c'est vous avouer coupable vous-même. C'est là l'opinion moderne. Il arrive que celui qui suit l'exemple du Christ et qui, devant ses accusateurs, ne répond rien, est condamné par l'opinion publique de notre temps. Oui, je le sais, il répondrait s'il le pouvait, car on répond toujours lorsqu'on le peut, mais la stature du Christ n'est pas la stature de ceux qui portent son nom dans cette civilisation querelleuse. C'est pourquoi, lorsqu'Il reviendra, calomnié et diffamé, comme Il le sera certainement s'Il dépasse de beaucoup notre savoir et notre entendement, le verdict ne sera encore pas en sa faveur, tout comme autrefois. Nous n'assassinerons pas, ce moyen étant, de nos jours, trop dégradant pour nous ; nous préfèrerons garder, vivante, la victime pour la torturer, plutôt que de la [253] vouer à une mort prompte qui la délivrerait. Ainsi, à en juger par le monde actuel, rien ne nous invite à croire qu'Il sera le bienvenu lorsqu'il viendra. Tout comme autrefois, un petit nombre d'individus Le reconnaitra, et il peut se faire (comme les caractéristiques de la race qui vient seront celles de la spiritualité) que ce petit nombre se trouvera quelque peu augmenté pour Lui souhaiter la bienvenue car, je le répète, la vie spirituelle tend chaque jour à se déverser davantage dans le monde, et tous ceux qui auront pénétré dans le domaine de l'Esprit connaitront ses lois.
Je voudrais ce soir, avant de me séparer de vous, vous persuader que tout cela est absolument vrai, qu'avant peu le suprême Instructeur sera de nouveau incarné sur terre, de nouveau manifesté comme Instructeur, qu'une fois de plus Il ira et vivra parmi nous, comme Il vécut jadis en Palestine.
Si beau que soit l'Esprit, si, grandes que puissent paraitre nos aspirations, il n'est rien de trop glorieux à quoi l'Esprit évoluant sans cesse puisse prétendre. Aussi, notre espoir aujourd'hui consiste-t-il à souhaiter, en dépit des caractéristiques de l'époque, que les hommes deviennent plus impartiaux, plus tolérants, [254] plus enclins à reconnaitre ce qui est juste et bien. Il peut, de la sorte, arriver que nous atteignions un degré d'évolution tel, que le niveau actuel de la masse se trouvera dépassé par un grand nombre d'individus spiritualisés ; en ce cas, lorsqu'Il viendra, Il sera en mesure de pouvoir rester parmi nous, plus de trois années, temps qu'Il demeura sur terre, lors de Sa dernière apparition.
C'est sur ces derniers mots que je désire prendre congé de vous ce soir, éveillant en vos esprits le désir de développer en vous l'Esprit du Christ, pour qu'à son retour vous puissiez reconnaitre Sa grandeur !
Soyez compatissants, tendres : voyez le bien chez autrui plutôt que le mal, apprenez à être bons avec les faibles, sachez respecter et révérer Ceux qui vous sont supérieurs. Si vous savez acquérir ces qualités, le Christ alors pourra vous compter parmi Ses disciples et le souhait de bienvenue que la terre Lui adressera, ne se traduira plus par une crucifixion.