UNION

LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

CHAPITRE XII — NATURE DE LA MÉMOIRE 1 — LE GRAND SOI ET LES PETITS SOI

CHAPITRE XII

NATURE DE LA MÉMOIRE

1

LE GRAND SOI ET LES PETITS SOI


Qu'est-ce que la mémoire ? Comment agit-elle ? De quelle façon arrivons-nous à nous remémorer les choses du passé, que ce passé soit proche ou lointain ? Car, somme toute, qu'il soit proche ou lointain, qu'il appartienne à notre vie actuelle ou à une vie antérieure, les lois qui gouvernent le souvenir du passé doivent toujours être les mêmes, et ce que nous cherchons, c'est une théorie qui embrasse tous les cas de mémoire, et qui nous permette en même temps d'expliquer chaque cas particulier.
La première chose à faire pour arriver à une théorie intelligible et définie, c'est de bien comprendre la composition de notre être, celle du Soi et de ses enveloppes, et leurs relations mutuelles ; nous pouvons retracer brièvement les faits principaux des chapitres précédents qui ont trait à ce problème de la mémoire. Il ne faut jamais perdre de vue que notre conscience est une unité et que cette unité agit par l'intermédiaire [216] d'enveloppes variées qui lui donnent cette apparence trompeuse de multiplicité d'aspects. La plus intérieure, la plus subtile de ces enveloppes est inséparable de l'unité de conscience ; par le fait, c'est cette enveloppe même qui fait de la conscience une unité. Cette unité, c'est la Monade, dont la demeure est le plan Anoûpâdaka ; mais dans la pratique on peut la prendre dans son aspect habituel : l'Homme-intérieur, le triatome, Atmâ-Bouddhi-Manas, considéré comme séparé des enveloppes âtmiques, bouddhiques et manâsiques. Cette unité de conscience se manifeste par les enveloppes où elle réside, enveloppes appartenant chacune à l'un des cinq plans sur lesquels elle agit ; nous l'appellerons le Soi agissant dans ses enveloppes. Nous devons donc nous représenter le Soi habitant des véhicules capables de vibrer. Ces vibrations, au point de vue de la matière, correspondent avec les changements dans la conscience, au point de vue du Soi. Il n'est pas tout à fait exact de parler de vibrations de la conscience, car les vibrations ne peuvent se former que dans la partie matérielle des objets, le côté de la forme ; le terme conscience vibrante ne peut donc être employé que dans un sens tout à fait général. Des changements se produisent dans la conscience, et des vibrations correspondantes prennent naissance dans les enveloppes.
La question des véhicules ou corps dans lesquels la conscience, le Soi agit, est d'une importance capitale dans l'étude de la mémoire. Le travail mental, grâce auquel l'individu peut se remémorer des événements plus ou moins lointain, consiste à reproduire ces événements dans une enveloppe particulière, à façonner, à l'image [217] de ces événements, la matière de cette enveloppe dans laquelle la conscience agit à ce moment. Dans le Soi, fragment du Soi universel – que nous pouvons considérer pour le moment comme le Logos lui-même, bien qu'en réalité le Logos ne soit qu'une portion du Soi universel – tout est présent ; car le Soi universel contient tout ce qui a eu ou aura lieu dans l'Univers. Tout ceci, et beaucoup plus encore, se trouve emmagasiné dans la Conscience universelle. Figurons-nous pour un instant un Univers unique avec son Logos. Considérons ce Logos comme omniprésent et omniscient. Fondamentalement, cette omniprésence et cette omniscience se trouvent aussi dans le Soi individualisé, car il est un avec le Logos ; mais – et ce mais est nécessaire ici – il y a une différence, et la voici : bien que dans le Soi séparé, en tant que Soi, abstraction faite de tous ses véhicules, cette omniprésence et cette omniscience existent en vertu de son unité avec le Soi unique, les véhicules qu'il occupe n'ont pas encore appris à vibrer en réponse aux changements de conscience, lorsqu'il tourne son attention sur une partie quelconque de son contenu. C'est pourquoi nous disons que tout existe en lui potentiellement, et non pas virtuellement comme dans le Logos. Tous les changements qui ont lieu dans la conscience du Logos peuvent se produire dans ce Soi séparé, qui est une partie indivisible de sa vie, mais les véhicules ne sont pas encore prêts à servir d'intermédiaires pour leur manifestation. C'est à cause de la séparation engendrée par la forme, à cause de l'emprisonnement du Soi séparé ou individualisé, que tous ces pouvoirs, en tant que portion du Soi universel, sont latents et non [218] manifestés, sont des potentialités et non des réalités. De même qu'il y a dans chaque atome entrant dans la composition d'un véhicule des possibilités infinies de vibrations, de même il y a dans chaque Soi séparé des possibilités sans limites de changements de conscience.
Nous ne trouvons pas cette variété infinie de vibrations dans l'atome au commencement d'un Système solaire, mais nous savons que cet atome possède les capacités d'acquérir une variété immense de pouvoirs vibratoires ; ces vibrations, il les acquiert au cours de son évolution, tandis qu'il répond sans cesse aux vibrations qui viennent frapper son enveloppe extérieure ; lorsque la période d'activité du Système touche à sa fin, un nombre immense des atomes qu'il renfermait ont atteint un stade d'évolution où ils sont capables de vibrer en réponse à n'importe quelle vibration prenant naissance au sein de ce Système ; on dit alors que les atomes y ont atteint la perfection. Il en est de même pour les Soi séparés ou individualisés. Tous les changements qui se produisent dans la conscience du Logos et qui se trouvent représentés dans l'Univers et y prennent une forme quelconque, se retrouvent aussi dans les consciences qui ont atteint la perfection dans cet univers, et n'importe lequel de ces changements peut se répéter dans l'une quelconque de ces consciences. Voilà en quoi consiste la mémoire : la réapparition, la réincorporation dans la matière, de tout ce qui a existé au sein de cet Univers et qui est, par conséquent, dans la conscience du Logos, et dans les consciences qui sont des parcelles de Sa Conscience. Bien que nous nous représentions le Soi comme séparé par rapport à tous les autres Soi, il ne faut pas [219] oublier qu'il est inséparable par rapport au Soi unique, le Logos. Aucune partie de son Univers n'est privée de Sa vie, et en Lui nous vivons, nous agissons et nous existons, toujours ouverts à Son influence, toujours pleins de Sa vie.
À mesure que le Soi se revêt de ses enveloppes de matière les unes après les autres, ses pouvoirs d'acquérir la connaissance deviennent de plus en plus restreints, mais par contre plus définis. Arrivée sur le plan physique, la conscience en est réduite aux seules expériences qui peuvent être perçues par le corps physique et en particulier par ces ouvertures qu'on appelle les organes des sens ; ce sont les avenues par lesquelles les expériences peuvent arriver jusqu'au Soi – emprisonné dans les enveloppes – bien qu'elles semblent souvent être plutôt des obstacles à l'admission des connaissances, lorsqu'on songe aux capacités des véhicules plus subtils. Le corps physique rend la perception définie et précise, un peu de la même façon qu'un écran percé d'un trou permet à une image du monde extérieur de se former sur un mur, parfaitement nu autrement ; en réalité, l'écran empêche les rayons de lumière d'atteindre le mur, mais c'est cela même qui fait que les quelques rayons qui peuvent passer forment sur le mur une image bien définie.


2 — CHANGEMENTS DANS LES VÉHICULES ET DANS LA CONSCIENCE


Examinons maintenant le véhicule physique pour voir ce qui se passe lorsqu'il reçoit une impression quelconque, et comment cette impression est rappelée à la mémoire. Une [220] vibration de l'extérieur vient frapper un organe sensoriel et est transmise à un centre correspondant dans le cerveau. Un groupe de cellules du cerveau entre en vibration et lorsque cette vibration a cessé, les cellules restent dans un état un peu différent de celui dans lequel
elles se trouvaient précédemment. Cette réponse laisse une trace qui constitue une possibilité vibratoire pour le groupe de cellules ; ce groupe a vibré une fois d'une façon particulière et il conservera durant tout le reste de son existence, en tant que groupe, la possibilité de vibrer à nouveau de la même façon sous l'influence d'une excitation extérieure. Chaque répétition de la même vibration vient renforcer cette faculté, laissant chaque fois une trace particulière, mais il faudra que cette vibration soit répétée un grand nombre de fois avant qu'elle puisse arriver à se reproduire d'elle-même à volonté ; chaque fois que les cellules vibrent à nouveau de la même façon, elles s'acheminent vers ce but. Mais cette vibration ne s'arrête pas aux cellules physiques : elle est transmise aux cellules, aux groupes de cellules correspondantes, dans les véhicules plus subtils, et provoque, en fin de compte, un changement dans la conscience. Ce changement réagit à son tour sur les cellules et il se crée ainsi une répétition des vibrations, de l'intérieur vers l'extérieur, sous l'influence de ce changement dans la conscience, et cette répétition constitue le souvenir de l'objet qui a provoqué cette série de vibrations. La réponse des cellules aux vibrations du dehors, réponse qui a pour cause les lois de l'univers physique, confère à ces cellules le pouvoir de répondre à une impulsion de même genre, bien plus faible, venant du dedans. À chaque [221] mouvement dans la matière d'un nouveau véhicule, un peu d'énergie se trouve perdue ; il en résulte une diminution de force dans la vibration. Mais il s'en perd de moins en moins à mesure que les cellules répètent plus fréquemment des vibrations semblables, en réponse à de nouveaux impacts du dehors et qu'elles répondent plus facilement à chaque nouvelle répétition.
C'est en cela que réside toute la valeur du dehors ; il éveille dans la matière, mieux que par tout autre moyen, la possibilité de répondre, car il a plus de points de contact que le dedans avec les véhicules.
Le changement qui prend naissance au sein de la conscience laisse, lui aussi, dans cette conscience le pouvoir de répéter ce changement plus facilement qu'auparavant, et chaque changement rapproche la conscience du moment où elle aura le pouvoir de provoquer elle-même un changement de ce genre. Si nous reportons nos regards en arrière, sur les origines de la conscience, nous voyons que les Soi emprisonnés passent par d'innombrables expériences, avant qu'un changement provoqué par leur propre volonté puisse prendre naissance dans la conscience ; mais, en ne perdant pas cela de vue, nous pouvons quitter ces stades préliminaires et étudier les activités de la conscience à un degré plus élevé. Il faut nous
rappeler ainsi que chaque impact atteignant l'enveloppe la plus intérieure et produisant un changement dans la conscience est suivi d'une réaction – car le changement dans la conscience donne naissance à une nouvelle série de vibrations du dedans au dehors ; les vibrations pénètrent donc vers l'intérieur jusqu'au Soi, et cette incursion est suivie d'une ondulation, du [222] Soi vers l'extérieur ; le premier mouvement a pour cause l'objet extérieur, et donne naissance à ce qu'on appelle la perception ; le second est dû à la réaction du Soi et donne naissance à ce qu'on appelle le souvenir. Un certain nombre d'impressions sensorielles venant frapper le corps physique par la voie des sens de la vue, de l'ouïe, du toucher, du gout et de l'odorat sont transmises de ce véhicule, à travers le corps astral, jusqu'au corps mental. Là elles sont coordonnées de façon à former une unité complexe comme un accord de musique composé de plusieurs notes. C'est ici la tâche particulière du corps mental ; il reçoit de nombreux courants et les synthétise en un seul ; d'un grand nombre d'impressions il fait une perception, une pensée, une unité complexe.


3 — SOUVENIRS


Essayons de comprendre la nature de cette chose si complexe, après qu'elle a pénétré à l'intérieur et provoqué un changement dans la conscience : … une idée. Ce changement donne naissance, dans les véhicules, à de nouvelles vibrations, répétition de celles qui avaient été provoquées au début, et ces vibrations se reproduisent d'un véhicule à l'autre, sous une forme affaiblie. Cette image n'est pas aussi vive, aussi précise qu'au moment où les différentes vibrations qui la composent passèrent, avec la rapidité de l'éclair, du corps physique au corps astral et de là au corps mental. Elle réapparait dans le mental sous une forme affaiblie, copie de ce que le mental a transmis précédemment vers [223] l'intérieur, mais avec des vibrations plus faibles. Lorsque le Soi perçoit cette réaction – car l'impact d'une vibration provoque fatalement une réaction en touchant les différents véhicules – cette réaction est beaucoup plus faible que l'action qui en est la cause et semble par conséquent moins réelle que cette action ; le changement dans la conscience est moins sensible, et le sentiment de réalité s'en trouve amoindri d'autant. Tant que la conscience est incapable de reconnaitre la présence des impacts qui ne lui parviennent pas par l'intermédiaire des puissantes vibrations du corps physique, elle est réellement plus intimement liée à ce corps qu'à toute autre enveloppe. Il n'y a pas de souvenirs d'idées mais seulement de perceptions, c'est-à-dire
d'images d'objets extérieurs, engendrées par les vibrations de la matière nerveuse du cerveau qui se reproduisent dans la matière astrale et mentale correspondante. Ce sont littéralement des images dans la matière mentale, semblables aux images qui se forment sur la rétine de l'oeil. La conscience perçoit ou plutôt voit ces images, car la vision de l'oeil n'est qu'une impression limitée de son pouvoir de perception. Lorsque la conscience se retire partiellement du corps physique pour tourner son attention vers les modifications qui se produisent dans ses enveloppes intérieures, elle voit les images réfléchies du corps astral, dans le cerveau, par les vibrations que cette conscience envoie vers l'extérieur ; c'est en cela que consiste le souvenir des sensations. L'image prend naissance dans le cerveau, sous l'influence de la réaction provoquée par le changement dans la conscience, et est reconnue par cet organe. Ceci montre que la conscience [224] s'est retirée, dans une grande mesure, du corps physique pour passer dans le véhicule astral où elle est en pleine activité. C'est de cette façon que de nos jours la conscience agit dans l'être humain ; c'est pourquoi elle est pleine de souvenirs, reproduction dans le cerveau d'images passées, et provoquées par la réaction de la conscience. Chez les individus peu évolués, ces images sont celles d'événements passés, dans lesquels le corps physique a joué un rôle quelconque, la sensation de la faim, de la soif et leur satisfaction, le souvenir de jouissances sexuelles, etc., toutes choses auxquelles le corps a été mêlé d'une façon ou d'une autre. Chez les individus plus évolués, chez lesquels la conscience agit dans une plus grande mesure dans le corps mental, ce seront les images dans le corps astral qui attireront le plus l'attention ; ces images sont formées dans le corps astral par les vibrations émanant du véhicule mental, et la conscience les perçoit, en tant qu'images, lorsqu'elle se recueille plus spécialement dans le corps mental, son véhicule le plus proche. Peu à peu la conscience s'éveille et répond aux vibrations provoquées à l'extérieur par des objets sur le plan astral ; ces objets deviennent plus réels et plus faciles à distinguer des souvenirs mêmes, des images auxquelles les réactions de la conscience ont donné naissance dans le corps astral.
Notons en passant que le souvenir d'un objet est toujours allié à une image de la répétition, sous une forme plus vive, par le contact physique de la sensation causée par cet objet ; c'est ce qu'on appelle l'anticipation. Plus le souvenir d'une expérience quelconque est net, plus nette aussi sera cette anticipation. De sorte que le [225] souvenir pourra parfois provoquer dans le corps physique les mêmes réactions qui, d'habitude, accompagnent le contact avec un objet extérieur, et on pourra par exemple savourer à l'avance des jouissances hors de portée à ce moment. Ainsi, l'anticipation de mets savoureux nous "fait venir l'eau à la bouche". Nous reviendrons à ceci en terminant l'exposé de notre théorie de la Mémoire.


4 — QU'EST-CE QUE LA MÉMOIRE ?


Après avoir étudié les changements qui ont lieu dans les véhicules sous l'influence des impacts du monde extérieur, et la réponse à ces impacts sous forme de changements dans la conscience, puis les vibrations plus faibles qui prennent ensuite naissance dans les véhicules par la réaction de la conscience ; après avoir vu enfin comment la conscience reconnait ces vibrations comme des souvenirs, abordons maintenant la question principale : Qu'est-ce que la mémoire ? La désintégration des corps qui se produit entre la mort et la réincarnation met fin à l'automatisme de ces corps, à leur pouvoir de répondre à des vibrations qu'ils ont déjà ressenties ; les groupes responsifs se dissolvent ; et tout ce qui doit devenir des facultés vibratoires à l'avenir, se trouve emmagasiné dans les atomes permanents ; on peut se rendre compte combien faibles sont ces traces de facultés vibratoires comparées aux nouvelles facultés de réponse automatique que la matière acquiert par chaque nouvelle période d'expérience dans le monde extérieur, lorsqu'on se rend compte de l'absence [226] de tout souvenir des vies passées, qui pourrait prendre naissance dans les véhicules eux-mêmes. À vrai dire, tout ce que les atomes permanents peuvent faire, c'est de répondre plus facilement à des vibrations semblables à celles auxquelles ils ont déjà répondu antérieurement plutôt qu'à des vibrations nouvelles. La mémoire des cellules ou des groupes de cellules disparait à la mort, et il est impossible de la recouvrer sous cette forme. Où la mémoire se conserve-t-elle dans ce cas ?
La réponse est simple : la mémoire n'est pas une faculté et n'est conservée nulle part ; elle n'est pas inhérente à la conscience en tant que faculté, et aucun souvenir d'évènement n'est enregistré dans la conscience individuelle. Chaque évènement est présent dans la conscience universelle, la conscience du Logos ; tout ce qui se passe dans l'univers, le passé, le présent, l'avenir, se trouve dans Sa conscience qui embrasse tout dans son éternel Présent. Du commencement à la fin, de l'aurore au crépuscule de l'univers, tout est là, toujours présent, toujours vivant ; dans cet océan d'idées, tout est. Errant à travers cet océan, nous entrons en contact avec des fragments de ce qu'il renferme, et la réponse que nous donnons constitue le savoir ; lorsqu'une fois nous avons su, il nous est plus facile à l'avenir d'entrer à nouveau en contact avec ces fragments, et cette répétition du contact – lorsqu'elle ne résulte pas d'un contact de l'enveloppe extérieure du moment, avec les fragments du plan sur lequel elle se trouve – constitue la mémoire. Tous les souvenirs peuvent être recouvrés, car toutes les possibilités vibratoires produisant des images se trouvent [227] emmagasinées dans la conscience du Logos, et nous pourrons partager cette conscience d'autant plus aisément que nous aurons perçu plus souvent, auparavant, des vibrations du même genre ; c'est pourquoi nous répétons plus facilement les vibrations que nous avons déjà ressenties, que celles qui nous sont nouvelles. C'est là qu'apparait toute la valeur des atomes permanents ; ces atomes, lorsqu'ils sont appelés à l'activité, émettent à nouveau les vibrations qu'ils ont reçues auparavant, et, de toutes les possibilités vibratoires des atomes et des molécules de nos corps, celles-là seules se montreront qui répondront à la note émise par les atomes permanents. Parce que nous avons été affectés dans notre vie présente par les vibrations et les changements de conscience, il nous est plus facile de prendre dans la Conscience universelle ce que nous avons déjà vécu dans notre conscience individuelle. Que ce soit de notre vie présente ou d'une vie passée depuis longtemps, un souvenir est toujours recouvré de la même façon. Il n'y a pas d'autre mémoire en dehors de la conscience toujours présente du Logos, dans laquelle, en vérité, nous vivons, nous agissons, nous existons ; et tout effort de mémoire consiste à nous mettre en rapport avec les parties de la conscience avec lesquelles nous avons déjà été en contact auparavant.
C'est pourquoi, d'après Pythagore, apprendre n'est que se souvenir, car ce n'est que l'action de puiser dans la conscience du Logos, pour le faire passer dans celle du Soi séparé, ce qui, en vertu de notre unité essentielle avec Lui, est éternellement nôtre. Sur le plan où l'unité l'emporte sur la séparativité, nous partageons [228] avec le Logos Sa conscience de l'univers ; sur les plans inférieurs où l'unité est ensevelie sous le voile épais de la séparativité, nous sommes séparés de cette conscience par nos véhicules grossiers. C'est le manque de responsivité de ces véhicules qui nous limite, car nous ne pouvons prendre connaissance des plans de l'univers que par leur intermédiaire. C'est pourquoi il nous est impossible d'améliorer directement notre mémoire ; nous ne pouvons améliorer que notre réceptivité générale et notre faculté de reproduction, en rendant nos corps plus sensitifs tout en prenant soin de ne pas dépasser les limites de leur élasticité. Il nous faut aussi apprendre à faire attention, c'est-à-dire à diriger le pouvoir de perception de la conscience, à concentrer cette conscience sur la portion de la Conscience du Logos avec laquelle nous désirons nous
mettre en harmonie. Il est inutile de nous fatiguer à chercher "combien d'anges peuvent se tenir sur la pointe d'une aiguille", ou comment il nous est possible d'emmagasiner, dans un espace infinitésimal, le nombre illimité des vibrations que nous avons vécues au cours de nos nombreuses existences, car toutes les vibrations produisant des formes dans l'univers, sont continuellement présentes, toujours à la portée de n'importe quelle unité individuelle qui désire y puiser, et cette unité les fait siennes, à mesure que, par son évolution, elle passe par des expériences de plus en plus nombreuses.


5 — MÉMOIRE ET OUBLI


Appliquons ceci à une expérience d'une vie passée. Un certain nombre de circonstances que [229] nous avons traversées nous restent en mémoire, d'autres sont oubliées. En réalité, l'expérience, qu'elle soit restée en mémoire ou qu'elle soit oubliée, reste toujours, avec toutes les circonstances qui l'entouraient, sous une forme unique, dans la mémoire du Logos, la Mémoire universelle. Toute personne capable de se mettre en rapport avec cette mémoire pourra retrouver ces circonstances aussi bien que nous-mêmes : les expériences par lesquelles nous avons passé ne nous appartiennent pas en propre, mais font partie du contenu de Sa Conscience ; et ce qui fait que nous croyons que ces expériences sont nôtres, c'est que nous avons déjà auparavant vibré en harmonie avec elles et, par conséquent, vibrons, cette fois, plus facilement qu'à l'origine.
Nous pouvons cependant entrer en contact avec ces expériences par l'intermédiaire d'enveloppes différentes et à différents moments, car nous vivons au milieu de conditions de temps et d'espace qui varient avec chaque enveloppe.
La partie de la conscience du Logos dans laquelle nous agissons dans le corps physique est beaucoup moins étendue que celle dans laquelle nous fonctionnons dans nos corps astral et mental, et les contacts qui s'établissent avec elle par l'intermédiaire de corps hautement organisés sont plus nets et plus précis que lorsque c'est un corps plus grossier qui sert de médium. Il faut se rappeler aussi que l'étroitesse du champ d'action n'est due qu'à nos véhicules. Vis-à-vis d'une expérience complète – physique, astrale, mentale et spirituelle – notre conscience en est réduite aux limites du champ d'action des seuls véhicules capables de répondre. Nous avons la sensation d'être au milieu des conditions qui [230] entourent notre véhicule le plus grossier et qui, par conséquent, viennent le toucher du dehors ; par contre nous avons le souvenir des expériences avec lesquelles nous entrons en contact par l'intermédiaire des corps subtils ; ceux-ci transmettent les vibrations au corps grossier qui se trouve aussi influencé du dedans.
Pour nous rendre compte de l'objectivité des circonstances présentes ou à l'état de souvenirs, nous les soumettons au jugement du sens commun. Si d'autres personnes autour de nous voient comme nous, entendent comme nous, nous admettons que ces circonstances sont objectives ; mais si, au contraire, ces autres personnes sont inconscientes de ce dont nous sommes conscients, nous serons forcés d'admettre que ces circonstances sont subjectives. Mais cette preuve d'objectivité n'a de valeur que pour des personnes agissant dans des enveloppes identiques ; si l'une agit dans le corps physique et l'autre dans le corps physique et le corps astral en même temps, les choses qui seront objectives pour cette dernière ne pourront affecter la première et celle-ci soutiendra que ces expériences ne sont que des hallucinations subjectives. Le sens commun ne peut agir que dans des corps de même nature ; il donnera des résultats identiques pour tous les individus si ceux-ci agissent tous dans leur corps physique. Car le sens commun n'est que les formes-pensées du Logos sur chaque plan ; ces formes-pensées conditionnent chaque conscience incorporée et la rendent capable, par certains changements, de répondre à certaines vibrations prenant naissance dans les véhicules. Le sens commun ne se limite pas au plan physique seul ; mais la majorité [231] des individus, au degré actuel de l'évolution, n'ont pas assez développé la conscience interne pour pouvoir se servir de leur sens commun sur le plan astral et le plan mental. Le sens commun est donc une preuve éloquente de l'unité de la vie qui est en nous tous. Sur le plan physique nous voyons tous de la même façon ce qui nous entoure, parce que nos consciences, qui paraissent séparées les unes des autres, font, en réalité, toutes partie de la Conscience unique, animant toutes les formes. Nous répondons tous d'une façon générale identique, selon le degré de notre évolution, parce que tous nous partageons une même conscience ; nous sommes tous affectés de la même façon par des choses semblables parce que l'action et la réaction qui se produisent entre elles et nous ne sont en réalité que les activités d'une Vie unique dans des formes variées.
Par conséquent, s'il est possible pour la mémoire de retrouver une chose passée quelconque, cela vient de ce que tout existe éternellement dans la conscience du Logos, et Il nous a imposé les limites de l'Espace et du Temps
afin qu'en nous y efforçant nous devenions capables de répondre rapidement par des changements de conscience, aux vibrations provoquées, dans nos véhicules, par des vibrations émanant d'autres véhicules, animés, eux aussi, par la conscience ; c'est de cette façon seulement que nous apprenons graduellement à distinguer avec précision et netteté ; nous entrons en contact avec les objets extérieurs successivement – car nous sommes les esclaves du temps – et dans des directions relatives, par rapport à nous-mêmes et aux objets entre eux – car nous sommes [232] soumis à l'espace. Nous nous développons ainsi graduellement, et atteignons un état dans lequel il nous est possible de reconnaitre toutes les choses à la fois, et chaque chose en tous lieux – c'est-à-dire sans être limités par l'espace ou le temps.
À mesure que nous passons ainsi par toutes les expériences de la vie, nous nous rendons compte que nous ne restons pas en rapport avec toutes les circonstances par lesquelles nous avons passé ; notre véhicule n'offre qu'un pouvoir de réponse très limité et il s'ensuit qu'un grand nombre d'expériences échappent à son observation. Dans l'état de transe il nous est possible de retrouver ces expériences : on dit alors qu'elles sortent de la subconscience. En réalité elles demeurent toujours telles quelles dans la Conscience universelle, et lorsque nous passons à leur portée nous devenons conscients de leur présence, parce que la lumière très faible de notre conscience, ensevelie dans le corps physique, tombe sur elles ; mais elles disparaissent lorsque nous passons notre chemin. Cependant, comme l'espace éclairé par cette même lumière est plus grand lorsqu'elle brille à travers le corps astral, elles réapparaissent lorsque nous sommes en état de transe – c'est-à-dire dans le corps astral, délivré du corps physique. Les expériences ne sont pas apparues pour disparaitre et réapparaitre ensuite ; mais la lumière de notre conscience dans le corps physique a continué son chemin et c'est pourquoi nous ne les avons pas remarquées ; mais la lumière brillant dans le corps astral éclaire une étendue plus vaste et nous permet de les apercevoir à nouveau : Comme l'a si bien dit Bhagavân Dâs : [233]
"Si une personne errait au milieu de la nuit à travers les salles d'un grand musée, à travers une galerie de tableaux, avec une simple lanterne à la main, les objets, les tableaux, les statues, les portraits seraient éclairés, chacun à son tour, par la lumière de cette lanterne, pendant un instant seulement, tandis que tout le reste serait dans l'obscurité, et, après cette illumination fugitive, tout retomberait dans les ténèbres. Qu'au lieu d'une seule personne il y en ait un
grand nombre, autant que d'objets dans la salle, et que chaque personne aille et vienne sans cesse parmi la foule, de telle sorte que la lampe mette momentanément en lumière un objet et seulement pour la personne qui tient la lampe. La salle immense et immobile dans laquelle tout ceci se passe symbolise l'idéation pétrifiée de l'immuable Absolu. Chaque personne portant sa lanterne, parmi cette foule, est une ligne de conscience parmi toutes ces lignes pseudo-infinies qui forment la totalité de la Conscience universelle. Chaque apparition d'un objet éclairé est l'état manifesté de cet objet, soit une expérience du Jîva ; chaque obscuration est le retour à l'état non manifesté. Au point de vue des objets eux-mêmes ou de la Conscience universelle, il n'y a pas plus d'état manifesté que d'état non manifesté. Mais au point de vue des lignes de conscience ces deux états existent 65."
À mesure que les véhicules deviennent les uns après les autres plus actifs, le champ de cette lumière s'étend, et la conscience peut diriger son attention sur une partie quelconque de ce champ et examiner attentivement les objets qui s'y [234] trouvent. Lorsque la conscience est capable de fonctionner librement sur le plan astral, et qu'elle est consciente de ce qui l'entoure, elle peut voir beaucoup de choses qui, sur le plan physique, sont passées ou futures, si ce sont des choses qu'elle a vécues dans le passé. Les choses qui se trouvent en dehors du champ de la lumière projetée à travers le corps astral, tomberont dans le champ de la lumière du véhicule mental, plus subtil. Lorsque c'est le corps causal qui remplit le rôle de véhicule, le souvenir des vies passées devient possible, car le corps causal vibre plus facilement en harmonie avec des événements qu'il a déjà vécus ; la lumière qui émane de lui couvre une étendue beaucoup plus considérable et illumine des scènes passées depuis longtemps – n'étant pas, en réalité, plus passées que les scènes du présent, mais occupant un endroit différent dans le temps et dans l'espace. Les véhicules inférieurs, qui n'ont pas vibré auparavant en réponse à ces événements, ne peuvent entrer rapidement en contact direct avec eux et y répondre ; cette tâche appartient au corps causal, seul véhicule relativement permanent. Mais lorsque ce corps répond aux vibrations, celles-ci rayonnent rapidement vers l'extérieur et peuvent être reproduites par les corps mental, astral et physique.

65 Science of Peace (non encore publié en français).


6 — L'ATTENTION


Nous avons dit plus haut, en parlant de la conscience, qu' "elle peut diriger son attention sur une partie quelconque de ce champ et examiner attentivement les objets qui s'y trouvent". [235] Cette action de diriger l'attention correspond de très près, dans la conscience, à ce qu'on appellerait, dans le corps physique, la mise au point de l'oeil. Si nous observons ce qui se passe dans les muscles de l'oeil, lorsque nous regardons un objet rapproché, et ensuite un objet éloigné ou vice versa, nous sentirons un léger mouvement ; cette contraction et cette dilatation provoquent, selon le cas, une légère compression ou le contraire, sur la pupille de l'oeil. De nos jours ce mouvement est automatique, instinctif ; mais il ne l'est devenu que par la pratique. Un jeune enfant ne sait pas mettre son oeil au point, ni juger des distances ; il cherchera aussi bien à saisir une bougie placée à l'autre extrémité de la chambre que celle qui est à proximité de sa main, et ce n'est que peu à peu qu'il saura se rendre compte de ce qui est hors de sa portée. L'effort fait afin de voir clairement, mène graduellement à la mise au point de l'oeil et, au bout d'un certain temps, cette action devient automatique. Les objets sur lesquels l'oeil est localisé se trouvent dans le champ de la vision nette tandis que le reste est imprécis. De même la conscience perçoit clairement les choses sur lesquelles elle fixe son-attention, tandis que les autres objets restent vagues, et ne sont pas au point.
L'homme apprend ainsi graduellement à tourner son attention vers des choses passées depuis longtemps, selon la notion que nous avons du temps. Le corps causal entre en rapport avec ces choses et les vibrations engendrées sont transmises aux corps inférieurs. La présence d'un étudiant avancé aidera un étudiant qui l'est moins parce que le corps astral du premier a [236] appris à vibrer en réponse à des événements passés depuis longtemps, et forme ainsi une image astrale de ces événements, et son frère moins avancé peut reproduire ces vibrations plus facilement et voir lui aussi. Cependant, même lorsque l'individu a appris à se mettre en rapport avec son passé et, par son intermédiaire, avec le passé de ceux qui y ont été mêlés d'une façon quelconque, il éprouvera plus de difficulté à entrer effectivement en contact avec des événements dans lesquels il n'a joué aucun rôle ; et lorsqu'il y sera arrivé, il aura de la peine à entrer en contact avec des événements en dehors des limites de son passé récent ; si par exemple il veut visiter la Lune et qu'il s'élance dans cette direction selon les méthodes habituelles, il se verra bientôt bombardé par une grêle de vibrations inusitées, auxquelles il ne pourra pas répondre instinctivement, et il sera obligé de faire appel au pouvoir divin qui est en lui pour répondre à tout ce qui pourrait affecter ses véhicules. S'il cherche à aller plus loin, à atteindre un autre Système planétaire, il trouvera devant lui une barrière impossible à franchir, le cercle infranchissable de son propre Logos Planétaire.
—Nous commençons maintenant à comprendre ce qu'on veut dire quand on soutient que des êtres, à un certain degré d'évolution, peuvent visiter telle ou telle partie du Cosmos ; ils peuvent se mettre en rapport avec la conscience du Logos, délivrés qu'ils sont des limites imposées à leurs frères plus jeunes par leurs véhicules [237] grossiers. Comme ces véhicules sont composés de matière modifiée par l'action du Logos Planétaire de la Chaine à laquelle ils appartiennent, ils ne peuvent pas répondre aux vibrations d'une matière modifiée d'une façon différente ; il faut que l'étudiant devienne capable de se servir de son corps âtmique avant de pouvoir entrer en contact avec la Mémoire universelle, au-delà des limites de sa propre Chaine.
Telle est la théorie de la mémoire que j'offre à la considération des étudiants théosophes. Elle s'applique aussi bien aux petits oublis, aux petits souvenirs de la vie de tous les jours qu'à ceux de la plus haute portée dont nous venons de parler. Car pour le Logos rien n'est petit ou grand, et lorsque nous accomplissons l'acte de mémoire le plus insignifiant, nous nous mettons aussi bien en rapport avec l'omniprésence et l'omniscience du Logos, que lorsque nous cherchons à nous remémorer notre passé lointain. Il n'y a ni lointain ni proche. Tout est également présent en tous temps et en tous lieux ; la difficulté ne vient que de nos véhicules imparfaits et non de la Vie immuable qui embrasse l'Univers. Tout devient intelligible et la paix descend en nous, lorsque nous pensons à cette Conscience dans laquelle il n'y a ni avant ni après, ni passé ni futur. Nous commençons à sentir que toutes ces choses ne sont que des illusions, que des limites imposées par nos enveloppes, nécessaires jusqu'au moment où nos pouvoirs ont évolué, et se trouvent prêts à nous servir docilement. Nous vivons inconscients au sein de cette Conscience si puissante dans laquelle tout est éternellement présent, et nous sentons vaguement que si nous pouvions vivre consciemment dans cet Éternel, [238] ce serait la Paix. Je ne sais rien qui puisse mieux donner aux choses de la vie leurs véritables proportions que cette idée d'une Conscience dans laquelle tout est présent dès l'origine et dans laquelle il n'y a, en vérité, ni commencement ni fin. Nous apprenons à comprendre qu'il n'y a rien de terrible, rien d'affligeant, sinon d'une façon toute relative ; et c'est dans cette leçon que nous trouvons le commencement d'une paix véritable qui, lorsque l'heure aura sonné, s'épanouira en une joie infinie.

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