UNION

LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

L'HOMME ET SES CORPS Par Annie BESANT - 1896

LES AUTRES CORPS A. LES CORPS TEMPORAIRES B. L'AURA

LES AUTRES CORPS

 

A. LES CORPS TEMPORAIRES

B. L'AURA


Nous pouvons nous élever encore d'un degré ; mais les hauteurs que nous abordons ici sont en quelque sorte inaccessibles à notre imagination elle-même. Le corps causal, que nous venons d'étudier, n'est pas ce qu'il y a de plus élevé en nous. L' "Égo spirituel", ce n'est pas Manas : c'est Manas unifié, absorbé en Buddhi. C'est ici le point culminant de l'évolution humaine, point où s'arrête enfin la roue des naissances et des morts. Nous avons donc à considérer maintenant un nouveau plan de l'Univers, plus élevé que celui du Manas dont nous parlions au chapitre précédent, plan qu'on appelle souvent "Turîya", ou Buddhi. Sur ce plan, le véhicule de notre conscience est l'Anandamâyakosha, ou "corps de béatitude", dans lequel les Yoguis peuvent passer pour y gouter l'éternelle félicité de ce monde glorieux et contempler face à face, en l'extase consciente de leur âme, l'Unité fondamentale de l'Être, qui n'est plus dès lors pour eux une simple croyance intellectuelle, mais un fait d'expérience directe. [112]
Peut-être vous a-t-on dit qu'il vient pour l'Homme un temps où riche d'amour, de sagesse, de puissance, il franchit un portail qui marque, dans son évolution, une phase décisive. C'est le portail de l'Initiation. En le franchissant, sous la conduite du Maitre, la conscience de l'Homme s'élève pour la première fois jusqu'au Corps Spirituel, afin d'y gouter cette unité qui est à la base de toute la diversité, de toute la séparativité des plans physique, astral et mental. Lorsque l'Homme, revêtu de son Corps Spirituel, laisse derrière lui ces régions, il constate pour la première fois, par l'expérience directe, que la séparativité n'appartient qu'aux trois mondes inférieurs, qu'il est un avec tous ses semblables, et que, sans perdre la notion de "l'Égo", sa conscience peut s'étendre jusqu'à englober la conscience de tous, jusqu'à s'identifier, en réalité, avec le "Soi" de l'Humanité universelle. Voici enfin consommée l'unification vers laquelle l'Homme aspire sans cesse. L'union qu'il a pressentie sur les plans inférieurs, sans parvenir jamais à la réaliser, est désormais pour lui un fait accompli. La plénitude de son bonheur surpasse tout ce que ses rêves les plus sublimes ont osé concevoir : son "Soi" le plus intime est un avec l'Humanité entière.


A. LES CORPS TEMPORAIRES


Puisque nous passons en revue les différents corps de [113] l'Homme, nous ne pouvons omettre certains autres véhicules, purement temporaires, et qui, de par leur caractère spécial, peuvent être considérés comme artificiels. Lorsqu'un homme commence à quitter son corps physique, il fait usage du corps astral : mais, tant qu'il fonctionne dans ce véhicule, il doit se renfermer dans les confins du monde astral. Il lui sera néanmoins possible, un jour, d'aller plus loin et de passer dans la région mentale de l'Univers. Il utilisera à cet effet son corps mental (celui du Manas inférieur), et ce véhicule lui permettra de parcourir également sans nul obstacle les plans astral et physique. L'enveloppe ainsi employée est souvent appelée : Mâyâvi-Rûpa, ou corps d'illusion ; c'est le corps mental transformé, en quelque sorte, pour servir de véhicule à l'activité séparée de l'individu. L'Homme façonne son corps mental selon sa propre image, à sa propre ressemblance, et, dans cette forme purement temporaire, il peut parcourir librement les trois mondes et franchir toutes leurs limitations habituelles.
C'est ici le corps artificiel dont parlent souvent les ouvrages théosophiques ; corps grâce auquel le disciple peut voyager d'une contrée à l'autre, ou passer entièrement dans le monde mental pour y apprendre de nouvelles vérités, y acquérir des expériences nouvelles et rapporter au réveil, dans sa conscience normale, les trésors ainsi [114] amassés. Le principal avantage que présente ce corps, c'est de n'être point sujet, dans le monde astral, aux déceptions et aux illusions auxquelles le corps astral peut difficilement se soustraire. Les sens astraux non entrainés nous induisent fréquemment en erreur, et une grande expérience est nécessaire avant de pouvoir se fier à leurs indications. Au contraire, ce corps astral, temporairement formé, n'est pas sujet aux déceptions. Il entend et voit avec sureté et précision ; aucune influence du monde astral ne peut le circonvenir, aucune illusion ne peut le tromper. Voilà pourquoi ce corps, formé quand le besoin s'en présente, abandonné ensuite dès qu'il a rempli son but, est employé de préférence par ceux qui sont entrainés à ce genre de pérégrinations. C'est grâce à lui que le disciple apprend souvent des leçons qui ne pourraient l'atteindre autrement, et reçoit des enseignements dont il serait entièrement privé si l'extension de son activité consciente était limitée au seul monde astral.
D'autres corps temporaires ont également été désignés sous le nom de "Mâyâvi-Rûpa" ; mais il semble préférable de restreindre cette appellation au véhicule que nous venons de décrire. L'apparition d'un homme à distance peut être simulée par une forme-pensée, qui n'est donc pas à proprement parler un véhicule du "moi" conscient, mais une pensée revêtue de l'essence élémentale du plan astral. De telles formes ne [115] sont, en règle générale, que le véhicule de quelque pensée spéciale, de quelque vouloir particulier ; à part cela, elles sont inconscientes. Il suffit de les mentionner en passant.


B. L'AURA


Nous sommes désormais à même de comprendre ce qu'est et ce que signifie réellement l'Aura humaine. L'Aura, c'est l'Homme lui-même manifesté à la fois sur les quatre plans de son activité ; le développement en est proportionné à la puissance fonctionnelle de l'Homme sur chacun de ces quatre plans. L'Aura, c'est en d'autres termes, l'ensemble des corps, des véhicules de la conscience humaine ; en un mot, l'aspect-forme de l'Individu. Voilà ce qu'il faut entendre par "l'Aura" ; il ne s'agit donc pas d'une simple auréole, ou d'un nuage entourant le corps physique.
Surpassant en splendeur tous les autres, le Corps Spirituel, visible chez l'Initié, laisse rayonner librement le feu vivant d'Atmâ : c'est ici la manifestation de l'Homme sur le plan Bouddhique. Au-dessous, nous trouvons le corps causal, sa manifestation dans le monde mental supérieur, dans la région Arûpâ du plan de Manas, séjour de l'Individualité humaine. Puis viennent successivement le corps mental proprement dit, appartenant à la région mânasique inférieure, et les formes astrale, éthérique et grossière composées chacune de la substance des régions correspondantes [116] de l'Univers et représentant l'Homme tel qu'il est dans chacune de ces régions.
À mesure que se développent ses pouvoirs de vision transcendante, le disciple peut voir et suivre dans toutes les manifestations de leur activité tous ces corps, dont l'ensemble constitue l'Homme. Leur substance, différemment subtile, permet de les distinguer entre eux et de déterminer exactement le point atteint par l'Homme dans son évolution.
Le corps physique, le plus petit de tous, apparait comme une sorte de cristallisation dense au centre des autres corps, qui le pénètrent et s'étendent en tous sens autour de lui. Puis vient le corps astral, montrant l'état de la nature kâmique, qui joue un si grand rôle chez l'homme ordinaire ; rempli de ses passions, de ses appétits, de ses émotions, il varie en finesse, en coloration, selon que l'homme est plus ou moins pur. Fort dense chez l'être grossier, ce corps s'affine de plus en plus, pour devenir extrêmement subtil chez l'Individu hautement évolué. Le corps mental vient suite ; quelque médiocre que soit son développement dans la majeure partie de l'Humanité, il est néanmoins fort beau chez un grand nombre. D'ailleurs, il varie considérablement en couleur selon le type mental et moral de l'individu considéré. Puis le corps causal, à peine visible chez la plupart, nécessitant pour sa découverte un examen attentif si faible est son [117] développement, si ténue sa coloration, si imperceptible son activité. – Mais lorsque nous venons à considérer une âme avancée, nous voyons que, tout au contraire, le corps causal et le corps spirituel frappent immédiatement la vue comme étant la représentation typique de l'Homme. Leur lumière rayonnante, leur coloration délicate et splendide à la fois, renferment des tons qu'aucun langage humain ne peut décrire, parce qu'ils ne trouvent pas leur place dans le spectre physique ; des teintes, non seulement pures et belles entre toutes, mais aussi entièrement différentes de tout ce que nous connaissons ici-bas. Ces teintes additionnelles sont l'indice du développement, en ces régions supérieures de la nature humaine, des qualités et des puissances qui n'existent que là.
Lorsqu'à la vision intérieure de l'Homme échoit l'insigne bonheur de contempler l'un des Maitres, c'est sous cette puissante forme de Lumière et de Vie qu'Il apparait, rayonnant et glorieux, à l'âme du disciple. D'une indescriptible beauté, d'une splendeur qui surpasse tout ce que l'imagination humaine peut concevoir, son seul aspect suffit à révéler sa nature même. Quelque inconcevable que soit encore pour nous une telle majesté, la possibilité de sa réalisation n'en git pas moins, obscurément latente, en chaque fils de l'Homme. Ce qu'est actuellement un tel Être, tous, nous le deviendrons un jour. [118]
À propos de l'Aura, il y a un point que je tiens à signaler, comme étant susceptible d'application pratique. Nous pouvons, dans une grande mesure, nous protéger contre les incursions des pensées extérieures en formant autour de nous, au moyen de la substance même de l'Aura, un véritable mur sphérique. L'Aura obéit, avec la plus grande facilité, à l'action de la pensée, et si, par un effort de notre imagination, nous nous figurons sa surface extérieure solidifiée sous forme de coque impénétrable, nous formons réellement autour de nous ce mur protecteur. Cette coque s'opposera à l'entrée des pensées errantes qui remplissent l'atmosphère astrale ; elle pourra donc combattre l'influence que ces pensées exercent sur le mental non entrainé. L'épuisement vital que nous éprouvons parfois, surtout lorsque nous entrons en contact avec des gens "qui vampirisent" inconsciemment leurs voisins, trouve aussi son remède dans la formation d'une coque aurique. Toute personne sensitive, susceptible d'être facilement épuisée par de tels emprunts, agira sagement en se protégeant ainsi. Tellement grande est la puissance de la Pensée humaine, que la seule idée d'être garanti par un manteau protecteur suffit à former instantanément ce manteau autour de nous.
Si nous considérons maintenant les êtres humains qui nous entourent, nous pourrons les voir, à tous les degrés de leur développement, [119] montrant par l'aspect même de leurs corps le point qu'ils ont atteint dans leur évolution. Car leur vie gagne successivement les différents plans de l'Univers, leur activité s'étend à des régions de plus en plus élevées, à mesure qu'ils développent les véhicules de leur conscience qui correspondent à ces régions. Notre Aura nous montre tels que nous sommes : sa beauté s'accroit lorsque nous-mêmes croissons dans la vie réelle ; en menant une existence noble et digne, nous purifions sa substance même, et nous y tissons des qualités de plus en plus élevées.
Est-il possible qu'une philosophie de la vie puisse renfermer plus d'espérance de joie, de force ? – Regardant le monde des hommes avec la seule vue physique, nous le voyons dégradé, misérable, apparemment sans espoir ; il est tel, en effet, pour l'oeil de chair. Mais ce même monde des hommes nous apparait sous un tout autre aspect, lorsqu'il est vu avec la vision plus haute. Sans doute, nous y voyons toujours la tristesse et la misère, la dégradation et la honte ; mais nous savons que ces maux sont passagers, qu'ils appartiennent à l'enfance de la race, et que cette race en sera quitte un jour. Et nous avons beau jeter nos regards sur tout ce qu'il y a, dans l'humanité, de plus bas et de plus vil, de plus dégradé et de plus brutal, nous pouvons toujours voir, actuellement présentes, les potentialités divines qui échappent à l'oeil ordinaire, nous pouvons nous rendre compte de ce que tous [120] seront dans les temps à venir. C'est là le message d'espoir que la Théosophie apporte au monde Occidental, message d'universelle rédemption des chaines de l'ignorance, message, par conséquent, d'universelle émancipation de la misère ; et cela, non pas en rêve, mais en réalité, non pas en espérance mais en certitude. Quiconque, dans sa propre vie, montre les signes de la croissance mystique, peut être considéré comme une nouvelle confirmation de ce message. Partout apparaissent les prémices de la moisson, moisson divine pour laquelle le monde entier sera mûr un jour, réalisant enfin le but que lui a prescrit le Logos en lui donnant sa vie.

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