CHAPITRE V
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LES RACES HUMAINES
Naissance de la quatrième Race
Première sous-race
Deuxième sous-race
Troisième sous-race
Quatrième sous-race
Cinquième sous-race
Sixième sous-race
Septième sous-race
Naissance de la cinquième Race
Nous avons vu que la séparation des sexes a commencé au milieu de la troisième Race, il y a environ 18 000 000 d'années. Cependant, tant que le troisième oeil ne fut pas entièrement obstrué par la matière dense, la monade continuait d'exercer une certaine influence sur ses véhicules. Mais cette influence diminua à mesure que la matière devenait plus dense ; le mental inférieur grandissant rejeta en quelque sorte la monade à l'arrière-plan et obligea toute influence à passer par lui. La portion la plus avancée de l'humanité avait atteint cet état quand arriva le temps de la naissance de la quatrième Race ; c'est pourquoi on dit que les Atlantes furent "la première race vraiment humaine et terrestre 43". [150]
Naissance de la quatrième Race
À mesure que le continent Lémurien se divisait grâce aux éruptions volcaniques, aux tremblements de terre et s'abimait sous les flots, l'Atlantide émergeait. Le Manou de la quatrième Race choisit les types les plus appropriés de la troisième race, les plus développés intellectuellement et ceux dont le corps se trouvait le plus dense et le plus robuste et il les conduisit au Nord, vers la Terre sacrée impérissable pour y être isolés et perfectionnés. En quittant ce berceau des races, ces hommes choisis devaient s'établir dans les régions septentrionales de l'Asie qui avaient été épargnées par les grandes catastrophes lémuriennes. Les deux premières sous-races de l'Atlantide coexistèrent ainsi avec la sixième et la septième sous-races lémuriennes pendant la dernière partie de la période secondaire, avant la grande catastrophe lémurienne qui eut lieu 700 000 ans avant la fin de ladite période. L'époque la plus glorieuse, spirituellement parlant, de la quatrième Race, dirigée alors par la dynastie divine, coïncide avec l'âge éocène, et le premier [151] des grands cataclysmes qui la détruisirent eut lieu au milieu de l'âge miocène, il y a environ quatre millions d'années.
43 Doctrine Secrète, vol. III, p. 330.
Une autre civilisation magnifique, celle des Toltèques, s'éleva après ce premier cataclysme et fut détruite par la catastrophe d'il y a 850 000 ans 44. D'autres civilisations, mais [152] moins splendides, suivirent ; nous y reviendrons tout à l'heure. Le dernier vestige de l'Atlantide, l'ile que Platon appelle Poséidon, fut submergé il y a onze mille ans, soit 9 564 ans avant JC.
L'énorme continent que nous nommons l'Atlantide, celui de la quatrième Race, le Kusha des archives occultes, embrassait le nord de l'Asie – resté intact, a-t-on vu, depuis les temps lémuriens – s'étendait très au nord de la grande mer, qui est devenue le désert de Gobi, allait, à l'est, sans discontinuité au-delà de la Chine et du Japon qu'il comprenait, et couvrait ce qui est maintenant l'océan Pacifique septentrional, presque jusqu'à la côte occidentale de l'Amérique du Nord. Au sud, il comprenait l'Inde, Ceylan, la Birmanie et la presqu'ile malaise ; et à l'ouest, la Perse, l'Arabie, la Syrie, la mer Rouge, l'Abyssinie, le bassin de la Méditerranée, l'Italie méridionale et l'Espagne. De [153] l'Écosse et de l'Irlande, alors émergées, il recouvrait les mers actuelles, s'étendait à l'ouest sur ce qui est actuellement l'océan Atlantique et la plus grande partie des deux Amériques.
La catastrophe qui le brisa en sept iles de grandeurs différentes au milieu du Miocène, il y a environ quatre millions d'années, amena au-dessus des eaux la Suède et la Norvège, une grande partie de l'Europe méridionale, l'Égypte, presque toute l'Afrique et pas mal de l'Amérique du Nord, tandis que l'Asie septentrionale s'enfonçait dans les eaux, séparant ainsi de l'Atlantide la terre Sacrée Impérissable. Les continents appelés Buta et Daitya (actuellement sous l'océan Atlantique) furent arrachés à l'Amérique, reliés un certain temps encore par une grande bande de terrain disparut elle-même dans la catastrophe de la fin du Pliocène, il y a 850 000 ans, faisant de ces terres deux iles distinctes. Celles-ci sombrèrent à leur tour, il y a environ 200 000 ans, et il ne resta plus que Poséidon, au milieu de l'Atlantique.
44 Ces dates sont extrêmement difficiles à fixer. H. P. Blavatsky place la première catastrophe au milieu du miocène (voir DS, IV, pp. 325-331) et, dans une note (vol. III, p. 389), la DS dit que le "principal continent de l'Atlantide périt" "il y a plusieurs millions d'années". Quant à la catastrophe d'il y a environ 550 000 ans, celle de l'âge pliocène, elle l'appelle celle de Ruta et Daitya, probablement parce que la terre qui forma plus tard les îles de ce nom fut alors détachée de l'Amérique. Elle place la première séparation ou formation de la race aryenne environ 200 000 ans auparavant, c'est-à-dire, grosso modo, il y a un million d'années. Cet âge de la cinquième race est donné plusieurs fois par elle (DS, III, 13) et comme cela coïncide avec le dire d'autres autorités, le point peut être pour le moment considéré comme acquis. Mais il est en contradiction flagrante avec une déclaration isolée de la Doctrine Secrète (DS, IV, 331), qui met le million d'années susdit avant la catastrophe de l'âge miocène, contrairement aux autres assignations qui s'accordent ensemble et sont généralement acceptées. Une autre grave contradiction se trouve entre la Doctrine Secrète et 1'Histoire de l'Atlantide. D'après le premier ouvrage, le cataclysme d'il y a 350 000 ans est le second ; tandis que d'après l'autre il serait le premier. La Doctrine Secrète semble ignorer la troisième (ou seconde) catastrophe d'il y a 200 000 ans et l'Histoire de l'Atlantide la qualifie, il est vrai, de "relativement peu importante". La Doctrine Secrète ne mentionne pas davantage la catastrophe d'il y a 80 000 ans. La vérité, c'est que les "convulsions et les ruptures du sol de l'océan", continuèrent plus ou moins violemment pendant des siècles, et l'une de ces convulsions peut avoir été choisie pour donner un exemple. Je n'ai personnellement aucune aptitude à fixer ces dates archaïques et je n'ai fait que suivre la Doctrine Secrète dans cette esquisse.
Il ne faut pas perdre de vue, à propos des dates de ces catastrophes et de la répartition des terres et des mers, que tout varie selon la [154] catastrophe dont il est question et selon le moment choisi entre les deux périodes séparées par de longs intervalles, auxquels les cartes ont été faites. Les informations sont très fragmentaires et difficiles à relier ensemble ; c'est pourquoi l'exposé ci-dessus de ce qui existait à des dates données ne doit être considéré que comme provisoire.
Les Lémuriens choisis pour engendrer la race des Atlantes et conduits par leur Manou dans la Terre Sacrée Impérissable, se séparèrent en groupes qui occupèrent les sept zones ou promontoires de cette terre. "Ainsi, deux par deux, sur les sept zones, la troisième Race donna naissance à la quatrième", dit le Livre de Dzyan, il y a de cela environ 8 millions d'années, vers la fin de l'époque secondaire. Les Atlantes naquirent sous la Lune et Saturne – Soma et Shani – et la magie noire très pratiquée par eux, surtout par la sous-race des Toltèques, le fut au moyen d'un habile usage des "obscurs rayons", émanations provenant de la partie sombre de la lune. C'est à Saturne qu'est dû en partie l'énorme développement de l'esprit concret qui caractérise cette même sous-race, et c'est aussi à son influence qu'est due une grande [155] partie de la science égyptienne. On appelle aussi les Atlantes "enfants de Padmapâni", parce que la fleur du lotus est l'emblème de la génération, et par allusion à la production de la quatrième Race par l'union sexuelle. La forte densité acquise dès lors par le corps humain eut pour conséquence une claire notion des contacts solides auxquels les formes précédentes plus subtiles n'avaient offert que peu de résistance.
Première sous-race
Dans la première sous-race de la quatrième Race (les Rmoahals, de couleur claire), vinrent s'incarner les Asuras ; les Pitris solaires de la première classe (monades lunaires) arrivèrent aussi en foule. Lorsque le type
atlantéen eût été définitivement fixé, ils émigrèrent vers le sud après de longs siècles, et, sous la direction de leurs rois divins, les Agnishvattas Pitris, ils établirent peu à peu une puissante civilisation. Ils chassèrent devant eux le reste des Lémuriens demeurés en Afrique et sur les terres voisines émergées de l'Atlantique, ils construisirent de grandes villes et devinrent un peuple stable. Le troisième [156] oeil servait encore, mais les deux yeux physiques ordinaires s'étaient développés et tendaient de plus en plus à le remplacer. Le monde astral était encore généralement visible et l'on était encore assez sensible aux impressions astrales ; l'on restait soumis aux Rois divins qu'on respectait et qu'en fait même on adorait. Les Asuras n'étaient pas encore assez maitres de leurs propres corps pour s'occuper de dominer les autres, et la jeune civilisation croissait ainsi paisiblement.
Deuxième sous-race
La seconde sous-race, les Tlavatlis, de couleur jaune, occupa la terre qui est maintenant ensevelie sous l'Atlantique, toujours gouvernée et conduite d'en haut par les Rois divins. Avec les siècles, les Asuras arrivèrent peu à peu en tête de l'évolution humaine, mais ils obéissaient encore aux Seigneurs de Lumière qui gouvernaient de grandes provinces et sous la brillante direction desquels l'agriculture et l'architecture faisaient des progrès considérables. Il n'y a rien de si paisiblement grand, dans toute la civilisation de l'Atlantide, que [157] cette première période, sous les Rois divins : Pendant ce temps, vers l'occident, les germes d'une sous-race plus intellectuelle, mais, aussi, physiquement plus dense, commençaient à se développer. C'est celle des Toltèques, destinée à marquer le point le plus matériel de la civilisation de la quatrième Race, et aussi à subir la chute la plus profonde. Les plus forts des Asuras et les meilleurs des Pitris solaires s'y incarnèrent et s'établirent sur les terres qui ne devaient pas souffrir des grandes convulsions qui brisèrent l'Atlantide en sept grandes iles. Ces convulsions détruisirent la plus grande partie de la première et la seconde sous-races en n'en laissant que quelques restes ; la première s'égara vers le nord, diminua de taille et tomba dans la barbarie. La seconde s'en fut vers le sud et l'est, s'unit aux Lémuriens demeurés sur les parties du monde où ils étaient arrivés et fut la souche des peuples Dravidiens.
Troisième sous-race
Le champ se trouva ainsi préparé pour la grande sous-race Toltèque, race superbe, avec [158] de beaux traits, une stature gigantesque encore, d'environ 27 pieds, mais bien formée, bien proportionnée, et d'une couleur variant du brun au rouge ! La matière de leurs corps, et de ceux de la quatrième et de la cinquième sous-races, était plus dense qu'elle ne l'a jamais été avant ni depuis, assez forte pour courber une barre de notre fer actuel si on la lançait contre eux, ou pour briser une barre de notre acier si on les en frappait violemment. Un de nos couteaux n'aurait pu couper leur chair, pas plus qu'il ne couperait un morceau de roc d'aujourd'hui. Inutile d'ajouter que les minéraux de leur temps étant aussi beaucoup plus denses, les rapports de dureté des corps humains aux minéraux étaient à peu près les mêmes que de nos jours. Le pouvoir extraordinaire de récupération de ces corps était encore une singularité ; ils guérissaient aisément des blessures les plus affreuses et les plus étendues reçues dans les combats ou par accident, les chairs se rapprochaient et se cicatrisaient avec une rapidité inouïe ; ils ne souffraient pas davantage de l'ébranlement nerveux consécutif et n'étaient guère sensibles aux tortures physiques, même à celles que la cruauté de l'homme sait délibérément [159] infliger. Le système nerveux était fort, mais non raffiné, et son organisation intérieure, moins délicatement équilibrée, pouvait supporter sans inconvénients des secousses qui abattraient un homme de la cinquième race, et endurer des tensions et des bouleversements qui ruineraient notre organisme. Une chair comme du roc, des nerfs comme des fils d'acier, tels étaient les éléments du corps de ces sous-races.
Le sens du gout naissant ne répondait encore qu'aux plus forts des stimulants et ne pouvait distinguer les saveurs délicates : la viande gâtée, le poisson avancé, l'ail et toutes les herbes à odeur forte, les liquides et les solides les plus brulants leur paraissaient les seuls aliments sapides. Tout le reste était insipide et fade. Comme ils étaient dépourvus du sens de l'odorat, ils pouvaient vivre sans en souffrir au milieu des puanteurs les plus horribles, et, quoique les gens des hautes classes fussent extrêmement propres, sur leur personne et dans leurs demeures, le voisinage des plus immondes horreurs ne les troublait pas, pourvu que la vue n'en fût point incommodée. Quelques traces de ces particularités physiques se retrouvent dans [160] maints de leurs descendants : les Indiens de l'Amérique du Nord guérissent de blessures qui tueraient un homme de la cinquième Race soit par suite de la destruction des tissus, soit par suite du choc nerveux, et ils peuvent supporter sans pâlir des tortures qui nous feraient évanouir aussitôt.
Les Birmans enterrent le poisson et la viande et les considèrent comme des friandises quand ils sont pourris. Tous peuvent vivre au milieu d'odeurs qui donnent des nausées à l'homme de la cinquième Race.
Nous avons vu que le troisième oeil rentrait de plus en plus dans l'intérieur de la tête et se voilait de plus en plus à mesure que la matière devenait plus dense ; chez les Toltèques nous le trouvons définitivement fermé comme organe de la vision physique, mais il reste encore fonctionnellement actif pendant les sous-races subséquentes. Même après la disparition complète du troisième oeil, en tant qu'organe physique, l'homme resta très sensible aux influences astrales ; la sensibilité ultra-physique était alors générale. Lors de la dégénérescence des Toltèques, les classes supérieures eurent recours à la magie noire pour priver de cette faculté ceux qu'ils voulaient opprimer [161] et asservir. Non seulement ils cessèrent de la développer par l'éducation, comme cela se faisait au début, mais ils cherchèrent à l'émousser et même à la détruire. Malgré tout, cependant, cette faculté psychique survécut encore jusqu'à un certain point chez pas mal de nations et de tribus de la quatrième Race.
Le langage était alors agglutinant, aussi bien chez les Toltèques que dans les quatrième et cinquième sous-races, à savoir les Touraniens et les Sémites – et ce fut le type le plus ancien du langage Râkshasa, ainsi appelé parce qu'il fut celui des géants touraniens à qui le nom de Râkshasas s'appliquait particulièrement. Avec le temps, le langage devint infléchi et passa ainsi à la cinquième Race.
Nous avons dit de la stature qu'elle était gigantesque (les noms de géants, de Titans, se rencontrent souvent lorsqu'il s'agit de cette époque), mais nous la voyons diminuer de sous-race en sous-race. Les statues de l'ile de Pâques s'élèvent à environ 27 pieds et représentent des hommes de la quatrième Race à sa période moyenne. H. P. Blavatsky dit que les statues de Bamian, au nombre de cinq, ils [162] sont l'oeuvre d'Initiés de la quatrième Race et qu'elles représentent la diminution progressive des cinq Races. La première a 173 pieds de haut, elle représente la première race ; la seconde, celle des "Nés-de-la-Sueur", a 120 pieds de haut ; la troisième, celle de la troisième Race, a 60 pieds ; la quatrième et la cinquième sont plus petites, la dernière dépassant un peu la taille d'un homme de taille élevée de la cinquième Race. Les statues ont été recouvertes de plâtre et modelées à nouveau pour représenter le Seigneur Buddha, mais les figures primitives, taillées dans le roc, précèdent de bien des siècles l'âge du Bouddha 45.
Dans cette troisième sous-race des Toltèques vinrent quelques-uns des plus grands parmi les Asuras ; intelligences hautement développées au double point de vue de la science et de la puissance, ils trouvèrent, dans les corps splendides du type Toltèque supérieur, des instruments propres à avancer leur évolution, des véhicules susceptibles d'un développement plus élevé sous la stimulante influence du principe inférieur. Derrière eux suivirent [163] les Asuras qui avaient déjà vécu dans la première et la seconde sous-races et aussi les Pitris solaires qui y avaient fait leurs premières expériences terrestres. Telles étaient les classes supérieures des Toltèques ; au-dessous d'eux se trouvait la masse du peuple, moins développée, mais docile, éducable, et disposée à se laisser conduire. Les Rois divins arrivèrent pour les aider à établir une grande civilisation, et les Dragons de Sagesse surveillèrent ce nouveau développement de la race humaine si pleine de promesse dans sa vigoureuse et ardente jeunesse. C'est pourquoi l'on dit que cette sous-race, appelée dans les Parquas les Daityas, eut pour Instructeur Shûkra, les Agnishvattas l'ayant gouvernée sous la direction et la protection des Dragons de la Sagesse venus de Vénus. C'est pourquoi aussi Shûkra est appelé le précepteur des Asuras.
Dans ces conditions favorables, réunissant des disciples capables et des Maitres des Instructeurs divins, la civilisation des Toltèques croissait et se développait. On y vit paraitre Asuramaya, le plus grand des astronomes, qui commença les archives astronomiques toujours conservées depuis par la Loge [164] Blanche ; c'est lui qui construisit le zodiaque pour les Atlantes de Ruta, qui le transmirent aux Égyptiens après des siècles et des siècles. On vit apparaitre aussi de temps à autre, parmi eux, le mystérieux Nârada, Fils de la volonté et du yoga. C'est lui qui, ayant appris le secret de réapparaitre sur la terre pendant des siècles incalculables, en passant d'un corps à un autre, devint l'arbitre de la destinée des nations, le conducteur des roues tournantes du changement dont les étincelles sont les guerres et les convulsions de la nature.
L'étude des énergies de la nature fut poussée plus loin, par ces intelligents élèves des sages, qu'elle ne l'a jamais été depuis. Ils savaient utiliser les énergies subtiles dont l'éther est le milieu ; ils savaient naviguer dans les airs, au moyen d'aéronefs, comme les vaisseaux naviguent sur l'océan, et ces aéronefs leur servaient dans les grandes guerres qui marquèrent les derniers siècles de la suprématie des Toltèques. Les vieilles légendes gardent le souvenir de ces engins et parlent plus d'une fois des combats livrés dans les airs par les armées ennemies. Ils employèrent aussi, dans ces derniers temps, leurs connaissances [165] chimiques pour construire des armes meurtrières répandant au loin la destruction ; un aéronef de guerre, planant au-dessus de la tête des combattants, versait soudain une pluie de lourdes vapeurs empoisonnées capable de stupéfier ou de tuer des milliers de soldats sans défense ; ou bien ils lançaient de grosses bombes qui, en touchant le sol, faisaient explosion, dispersant dans toutes les directions des milliers de projectiles brulants ou de flèches en feu, jonchant la terre de cadavres mutilés.
45 Doctrine Secrète, vol. III, pp. 418-421.
Au début, leurs études scientifiques avaient eu des fins bienfaisantes, comme les progrès de l'agriculture, l'élevage de types supérieurs d'animaux, la production de nouvelles céréales, la culture des arbres fruitiers, l'amélioration du sol, l'usage de lumière de couleur variée pour stimuler le développement des animaux et des plantes et pour la destruction des maladies microbiennes.
Il ne faut pas oublier non plus l'emploi très répandu de l'alchimie, mère de la chimie, pour la production des métaux maintenant dits "précieux", mais alors estimés surtout pour leur beauté décorative. On se servait largement de l'or dans les maisons et les [166] temples, des piliers dorés supportaient les demeures des riches, les palais des princes, les temples des dieux. De beaux alliages étaient combinés pour contribuer à la décoration des villes par l'éclat de leurs reflets métalliques.
L'architecture fut l'art que les Toltèques poussèrent au plus haut degré de perfection, et telles de leurs grandes villes furent des modèles de force et de beauté. La plus belle de toutes fut la fameuse "Cité aux portes d'or" construite sur une hauteur, couronnée par le splendide Temple d'or, à la fois temple et palais, dont les galeries aux mille colonnes et les cours richement décorées servaient de demeures aux Rois divins sous lesquels l'empire Toltèque parvint à de si hautes destinées. La peinture et la dorure étaient employées à profusion sur la façade des maisons ; des statues, des bas-reliefs et des moulures de toute espèce servaient de décoration 46.
46 Voir les détails dans l'intéressante Histoire de l'Atlantide de W. SCOTT-ELLIOT.
Le régime social établi par les Rois divins était basé sur cette idée que le savoir et la puissance doivent porter le fardeau de la [167] responsabilité et que la faiblesse, loin d'être une cause d'oppression, donne droit à la protection.
L'éducation était générale, mais de degrés divers et proportionnés au genre de vie de chacun. Aux jours florissants de la civilisation Toltèque, chaque capitale de province avait son université centrale avec des facultés de chaque branche de science, d'art ou de littérature ; des collèges affiliés à ces facultés répandaient à travers la province entière la connaissance de toutes les découvertes dont l'application pouvait amener un progrès pratique. La loi favorisait l'avancement des sciences en retirant aux hommes toutes les fonctions actives, tout pouvoir exécutif sitôt qu'ils avaient dépassé le zénith de leur force physique et en les envoyant à l'étude et au laboratoire, quand on n'avait pas besoin d'eux pour la direction de grandes entreprises industrielles, les fonctions judiciaires ou la conduite de l'État. Les classes inférieures étaient instruites en vue de l'agriculture, de l'industrie et de tous les arts manuels ; assurer leur prospérité et, leur bienêtre, en pourvoyant abondamment à leur nourriture et à leurs vêtements, était considéré comme un des premiers devoirs du gouvernement. [168] Un gouverneur dont les administrés étaient mécontents, indisciplinés, ou mal pourvus, perdait son poste, étant considéré comme incapable ou négligent, et, si quelque trouble sérieux s'élevait, il en était puni par amende ou emprisonnement.
On retrouve des traces de ces méthodes et de ces idées dans les fragments des littératures très anciennes ou dans les livres de nations qui ont un très vieux passé. On les trouve dans quelques livres chinois, et quelques-uns des fragments provenant des civilisations disparues, mais relativement récentes, montrent quel soin paternel et minutieux les princes prenaient alors de leurs peuples. La civilisation du Pérou, si belle quoique stérile, détruite par Pizarro et ses Espagnols, conservait encore quelques traditions du monde plus ancien dont elle était descendue.
L'empire Toltèque s'étendait de son centre en Atlantide proprement dite (maintenant submergée sous l'Atlantique), à l'ouest sur les deux Amériques, à l'est sur l'Afrique septentrionale et l'Égypte. Sous son autorité vivaient [169] diverses nations provenant d'un mélange de la deuxième sous-race avec des Lémuriens, et des quatrième et cinquième sous-races en train de croitre sur leurs zones respectives.
Arrivé à ce degré suprême, l'empire Toltèque vit s'éteindre la dynastie des Rois divins, car la sagesse de la grande Hiérarchie trouva que le moment était venu de laisser l'humanité essayer ses forces par elle-même, afin que l'expérience lui apprît à se diriger et qu'elle se fortifiât par ses chutes. Une longue lignée de rois Adeptes suivit, qui étaient les disciples des Grands Seigneurs. Mais l'Ahamkara, la personnalité des Asuras incarnés, commençait à prendre des proportions dangereuses, à mesure que leur puissance augmentait et que, la forte direction des Rois divins se retirant, les rênes de l'empire tombaient en de plus faibles mains. Les stances l'expriment en quelques mots puissants :
"Alors les Troisième et Quatrième grandirent en orgueil. Nous sommes les rois, dirent-ils, nous sommes les dieux.
Ils prirent des épouses jolies à voir. Des épouses prises parmi ceux qui n'avaient pas de mental, parmi ceux dont la tête était étroite. Ils donnèrent naissance à des monstres, de [170] méchants démons, mâles et femelles, et aussi à des khados au petit mental.
Ils élevèrent des temples au corps humain. Ils adorèrent les mâles et les femelles. Alors le Troisième oeil cessa de fonctionner.
Ils édifièrent des villes colossales. Ils les édifièrent avec des terres et des métaux rares. En se servant des feux vomis, de la pierre blanche des montagnes et de la pierre noire, ils taillèrent leurs propres images en grandeur naturelle et à leur ressemblance, et ils les adorèrent.
Ils érigèrent de grandes statues, hautes de neuf yatis, taille de leur corps. Des feux intérieurs avaient détruit le pays de leurs pères. L'eau menaçait la Quatrième 47."
Complétons un peu cette esquisse. D'abord je suggère respectueusement que cette "troisième et quatrième" ne se rapporte pas, comme il est dit en note (DS, III, p. 337), à la troisième et à la quatrième Races, mais à la troisième et à la quatrième sous-races de la quatrième Race. On trouve expressément dans la première shloka de la stance X : "la troisième race donna naissance à la quatrième" et, ensuite, [171] il est question des quatre premières sous-races ainsi produites.
47 Doctrine Secrète, vol. III, p. 26.
Parler de la troisième Race à ce moment où il n'en subsistait plus que quelques restes dégénéré, clairsemés parmi les royaumes de la quatrième Race, parait hors de propos et fausse tout le récit. Tandis que si nous appliquons "troisième et quatrième" aux sous-races, l'ensemble se tient et devient logique. À cette époque de l'empire de la troisième sous-race, dite Toltèque, la quatrième sous-race, Touranienne, arrivait au pouvoir en Orient, quoique toujours tributaire de l'Empereur blanc de la Cité aux Portes d'Or. Dans les luttes subséquentes, ces Touraniens s'allièrent aux rebelles du Sud et voilà ces "troisième et quatrième" dont "l'orgueil grandit". La cinquième sous-race était déjà formée aussi et luttait violemment pour conquérir le pouvoir au Nord. Mais nous n'avons pas besoin de nous en occuper pour le moment.
Les Asuras incarnés se révoltaient peu à peu contre le gouvernement de l'Empereur blanc, d'abord secrètement, négligeant d'obéir aux ordres venus de la capitale ; ils répandaient cette idée que le peuple a bien plus besoin des Vice-rois qui sont près, que de [172] l'Empereur qui est loin, assumaient un pouvoir de plus en plus grand, et empiétaient toujours davantage sur l'autorité impériale. Pour en imposer au peuple, ils l'éblouissaient par le déploiement de leurs pouvoirs magiques et ils se servaient de leurs grandes connaissances hyperphysiques pour se grandir et s'entourer de mystère, frappant de terreur les esprits ignorants. Pour détacher plus surement le coeur du peuple de l'Empereur blanc, ils introduisaient des changements dans le culte, et substituaient au rituel sévère et solennel institué par les Rois divins des fêtes somptueuses, des spectacles éblouissants, toute une mise en scène sensuelle. Les temples primitifs étaient d'une grandeur massive, enrichis d'or et de joyaux, mais tout y était pur, simple et grandiose. Un radieux soleil d'or en occupait le centre, image et symbole du soleil céleste qui n'était à son tour que le symbole, le brillant vêtement du Seigneur de lumière et d'amour, gouverneur du système solaire, dans lequel il voilait sa présence de lumière ineffable. Le culte consistait en psalmodies sonores et en nobles danses rythmées avec des guirlandes de fleurs, des nuages d'encens, le tout vraiment superbe et magnifique, [173] mais d'une noble et pure simplicité. En communication avec le Temple d'Or, se trouvait la salle blanche, ou crypte d'Initiation où les disciples des Dragons de Sagesse recevaient l'onction sainte, où l'Étoile de l'Initiation brillait au-dessus de la tête de l'Hiérophante, où apparaissaient parfois les formes radieuses des Fils du Feu.
C'était de là que venait la suprême sainteté du temple et ce qui en faisait le foyer même du pouvoir spirituel. Les coeurs se tournaient vers lui, l'entourant d'un halo de dévotion ; c'était le symbole visible de la protection des Dragons de Sagesse.
Aussi les ambitieux Asuras savaient-ils bien que, tant que le Temple d'Or et la grande salle blanche resteraient le centre de tous les regards et le coeur reconnu de l'empire Toltèque, le peuple ne pourrait s'en détacher. Ils décidèrent donc de créer une nouvelle capitale avec un nouvel empereur – son nom, Thevatat, a été conservé – et de construire dans son palais un nouveau temple et une nouvelle salle d'Initiation. Pour donner à ce nouveau centre la sanction de l'hyperphysique, ils appelèrent à leur aide les élémentals puissants du monde astral inférieur, les firent apparaitre [174] aux jours de grandes fêtes et recevoir, d'éblouissantes formes, les offrandes et l'adoration du peuple. Puis, pour attacher plus étroitement ces puissances redoutées à leur service, Ils leur offrirent des sacrifices d'animaux et, dans les grandes circonstances, des sacrifices humains. En même temps commencèrent les pratiques licencieuses ; parce que la cruauté et la luxure ont d'étroites affinités. Enfin les orgies les plus basses remplirent les nuits succédant aux jours passés en spectacles de gladiateurs et en sacrifices sanglants.
Plus tard encore, les chefs des Asuras se proclamèrent eux-mêmes objets de culte et d'adoration : "Nous sommes les rois, nous sommes les dieux", dirent-ils, et faisant tailler leurs propres images en leur donnant des proportions énormes, ils les élevèrent dans les temples pour y être adorées. La puissance créatrice de l'homme, reflet du divin, ayant été substituée à l'énergie spirituelle dont elle était le pendant physique, les cultes phalliques prirent naissance avec toutes les abominations qui les caractérisent.
Le grand Pouvoir supraphysique des Asuras, devenus des Magiciens du type le plus sombre et le plus terrible, ouvrit le règne de [175] la terreur sur la portion du globe qu'ils dominaient. Les plus noires pratiques de la magie furent employées pour frapper d'effroi et asservir les peuples. Avec l'aide des femmes presque animales des "têtes étroites" de la troisième Race et par des opérations magiques d'une infamie impossible à décrire, ils produisirent des monstres unissant la force de la brute à la ruse du sauvage et donnèrent pour âme à ces êtres horribles les pires types d'élémentals. Ils en firent ensuite leurs gardes et leurs messagers, terribles symboles de leur puissance, et, ainsi, les Seigneurs à la Face noire, incarnation d'Ahamkara et véritables Rois des ténèbres, parvinrent au plus haut pouvoir.
Tandis que toutes les forces de la matière se ralliaient ainsi autour d'un centre commun, l'Empereur blanc préparait, de son côté sa résistance. Des préparatifs pour l'avenir s'accomplissaient dans les sphères supérieures. Parmi les Fils de la Lumière plusieurs atteignaient l'initiation suprême, devenaient des Bouddhas, vaste réserve de forces spirituelles – pour le relèvement du monde après sa chute dans la matière. Il devait encore s'écouler deux cent mille ans avant la grande lutte, [176] quand les Dragons de Sagesse déléguèrent l'un d'entre eux, Vaivasvata, pour choisir parmi les membres de la turbulente sous-race des Sémites, la cinquième, les germes de la cinquième Race-mère, et les conduire dans la Terre Sacrée Impérissable, berceau, nous l'avons vu, de toutes les races-mères. Un million d'années s'est écoulé depuis que ces premiers ancêtres de la cinquième Race furent ainsi séparés de la quatrième. Des émigrations successives de la race élue furent conduites dans cette forteresse impénétrable pour y être gardées en sureté pendant les grands bouleversements, loin des scènes de lutte. Nous pouvons nous imaginer Vaivasvata dirigeant ses disciples et la race naissante, embryonnaire même. Là se trouvèrent le futur Zoroastre, le futur Hermès, le futur Orphée, le futur Gautama, le futur Maitreya et bien d'autres encore surveillant cette croissance. Mais il faut quitter cette paisible retraite pour revenir à l'agitation et aux luttes de la quatrième Race.
Les armées des Seigneurs à la Face noire commençaient à s'avancer vers le Nord et une série de combats s'engagea entre elles et les troupes de l'Empereur blanc. Tantôt les forces noires et tantôt les forces blanches [177] remportaient le succès, mais, malgré tout, la marée victorieuse montait vers le nord, car ce n'était pas l'heure du triomphe de l'Esprit, mais celle de la matière. De tous côtés des hordes nombreuses venaient rejoindre les étendards des Seigneurs Sombres, car ils faisaient appel aux passions animales dans l'homme. La vie pure des fidèles de la Bonne Loi excitait des haines féroces, haine toujours vouée par le débauché au "pâle ascète", haine de l'impur pour celui dont la pureté est un blâme tacite. Lentement, de flux en reflux la marée montait ; de rudes combats, d'immenses carnages n'empêchaient pas les forces noires d'avancer. Enfin l'Empereur blanc fut chassé de sa capitale et la Cité aux Portes d'Or, où les Rois divins avaient régné et qui avait été sanctifiée par le passage des Saints Êtres, devint la proie des Seigneurs à la Face noire. L'empereur noir, le fameux Hiranyaksha, s'assit sur le trône où la Bonne Loi avait été proclamée. On trouva la crypte d'Initiation en ruines, les grands piliers de l'entrée brisés en deux et le dôme effondré réduit en pièces. Puis, le sang d'animaux innocents souilla de ses flots le Temple d'Or où un clergé divin avait officié, et les hautes [178] statues des magiciens noirs montrèrent leurs faces menaçantes là où avait brillé le disque du soleil.
À la fin, la mesure du mal fut comble. Quelque 50 000 ans avaient passé depuis la grande profanation du Temple d'Or ; la sorcellerie s'étendait dans toutes les directions et le degré le plus bas de matérialité était atteint. Il était temps que la terre fût délivrée de ce fardeau de cruauté, de luxure et d'oppression sous lequel elle succombait.
Les Dragons de Sagesse virent que le temps était venu où les forces de la nature devaient être employées contre "la horde noire des sorciers". Le mot d'ordre partit de Shamballah, signal de l'engloutissement de la terre souillée sans purification possible pour elle, mais signal de salut, pour ceux qui voudraient l'entendre et quitter la terre maudite. Voici comment le rapporte le Commentaire :
"Et le Grand Roi à la Face éblouissante, le chef de tous ceux à la Face jaune, était triste en voyant, les péchés de ceux à la Face noire.
Il envoya ses Vimânas (véhicules aériens) à tous les chefs ses frères (les chefs d'autres nations ou tribus), avec des hommes pieux dedans, chargés de dire : [179] "Préparez-vous. Debout, hommes de la Bonne Loi, et traversez le pays pendant qu'il est (encore) sec.
Les Seigneurs de l'orage approchent. Les charriots s'approchent de la terre. Les Seigneurs à la Face sombre (les Sorciers) ne vivront qu'une nuit et deux jours sur cette terre patiente. Elle est condamnée et ils doivent s'engloutir avec elle. Les Seigneurs inférieurs des Feux (les gnomes et élémentals du feu) préparent leurs magiques Agniyastra (armes de feu préparées par magie). Mais les Seigneurs à l'oeil sombre (mauvais mil) sont plus forts qu'eux (les élémentals) et ils sont les esclaves des êtres puissants. Ils sont versés en Astra (Vidya, le savoir magique le plus haut). Venez et faites usage des vôtres (c'est-à-dire de vos pouvoirs magiques pour contrecarrer ceux des Sorciers). Que chaque Seigneur à la Face éblouissante (Adepte de la magie blanche) s'arrange de façon à ce que la Vimâna de chaque Seigneur à la Face sombre tombe entre ses mains (ou dans sa possession), de peur que l'un d'eux (les Sorciers) n'échappe grâce à elle aux eaux, n'évite la verge des Quatre (Divinités Karmiques) et ne sauve ses méchants (partisans) ou son méchant (peuple). [180]
Que chaque Face jaune projette un sommeil sur chaque Face noire. Qu'eux-mêmes (les Sorciers) évitent la douleur et la souffrance. Que chaque homme fidèle aux Dieux solaires attache (paralyse) chaque homme soumis aux Dieux lunaires, de peur qu'il ne soutire ou qu'il n'échappe à sa destinée.
Et que chaque Face jaune offre de son eau vitale (de son sang) à l'animal parlant d'une Face noire, de peur qu'il n'éveille son maitre.
L'heure a sonné, la nuit noire est prête…
Que leur destin s'accomplisse. Nous sommes les serviteurs des Quatre Grands. Puissent les Rois de la Lumière revenir…"
Des étoiles (météores) plurent sur les territoires des Faces noires ; mais elles dormaient.
Les bêtes parlantes (les veilleurs magiques) ne bougèrent pas.
Les Seigneurs inférieurs attendaient des ordres, mais il n'en arriva pas, parce que leurs maitres dormaient.
Les eaux montèrent et couvrirent les vallées d'un bout à l'autre de la Terre. Les hautes terres restèrent, le fond de la Terre (les pays situés aux antipodes) resta à sec. Là habitèrent ceux qui s'étaient échappés ; les hommes à la Face jaune et à l'oeil droit.
Lorsque les Seigneurs à la Face sombre s'éveillèrent et pensèrent à leur Vimânas pour échapper aux flots montants, ils s'aperçurent qu'elles avaient disparu."
Tel est le fragment du récit du Commentaire. Les "animaux parlants" s'appliquent aux monstres dont il a été précédemment parlé et "l'eau vitale" au sang. Les hommes de la Bonne Loi échappèrent au désastre imminent, et alors la tourmente éclata. De furieux coups de vent soulevèrent les vagues de l'Océan à la hauteur des montagnes ; des convulsions souterraines précipitèrent des vagues énormes sur les terres ébranlées, des déluges de pluie noyèrent les vallées et changèrent les rivières en cataractes ; des collines arrachées par des tremblements de terre furent lancées dans les airs d'où elles retombèrent en avalanches de débris sur les vallées ; la terre même sembla frémir sous les attaques des eaux tourbillonnantes et des rivières déchainées. Le tonnerre des eaux mugissantes se mêla aux cris des hommes engloutis et aux hurlements des animaux entrainés. Et ainsi sombra sous les eaux la gloire de l'Atlantide, [182] en laissant derrière elle la tradition d'un déluge qui se retrouve dans la littérature de tant de nations et a servi de thème à mainte légende et à mainte poésie dans la suite des temps.
La terre se trouva ainsi délivrée de son fardeau et l'art noir reçut un coup dont il ne s'est jamais relevé. Les Asuras eux-mêmes comprirent la leçon qui assurait leur rédemption et la continuation de leur évolution par une voie sure.
Quatrième sous-race
La quatrième sous-race, celle des Touraniens, ne mérite pas de nous arrêter : c'étaient à proprement parler les Rakshasas, ces géants d'un type brutal et féroce, et l'histoire de l'Inde ancienne est pleine de leurs conflits avec les premiers types de la cinquième Race.
Cinquième sous-race
C'est la cinquième sous-race ou Sémitique qui fournit, on l'a vu, les germes de la cinquième Race-Mère. C'était un peuple turbulent, combattif. Une branche d'une de leurs familles fut d'abord choisie par le Manou [188] Vaivasvata pour fonder la cinquième, Race, puis rejetée par lui à cause de son manque de souplesse ; cette branche est l'ancêtre lointain du peuple juif.
Sixième sous-race
La sixième sous-race, les Akkadiens, naquit après la catastrophe qui détruisit les deux tiers de la Race Toltèque (l'autre tiers remonta vers le nord et plus tard se mêla à la cinquième Race qui se développait). Les Pélasges en descendirent avec un léger mélange du sang de la septième sous-race. Les Étrusques et les Carthaginois, ainsi que les Scythes, provenaient de la même origine.
Septième sous-race
La septième sous-race, la Mongolienne, sortit des Touraniens, quatrième sous-race précitée ; c'est d'elle que proviennent les Chinois de l'intérieur – pas ceux des côtes – les Malais, les Tibétains, les Hongrois, les Finnois et les Esquimaux. Quelques-uns de leurs rameaux s'unirent aux Toltèques de l'Amérique du Nord et ainsi les Indiens à peau rouge [181] ont un peu de sang mongol. Les Japonais sont une des plus récentes branches mongoles. Beaucoup de peuplades de cette même sous-race émigrèrent vers l'ouest et s'établirent en Asie Mineure, en Grèce et dans les contrées avoisinantes, c'est là, qu'en se mêlant à la deuxième sous-race de la cinquième grande Race, ils donnèrent naissance aux anciens Grecs et aux Phéniciens.
Après la disparition de Poséidon, la déchéance des tribus atlantes dispersées fut rapide ; seuls les Atlantes de l'Asie orientale se maintinrent. Les Polynésiens, les Samoas, et les Tongas en sont les survivants. Quelques tribus tombèrent si bas qu'elles s'unirent aux créatures hybrides, fruits du péché des inintelligents. D'autres s'unirent aux restes déchus de la septième sous-race Lémurienne ; les Veddas de Ceylan, ainsi que les hommes velus de Bornéo, les indigènes des iles Andaman, les Bushmen et quelques aborigènes australiens sont les descendants de ces unions. La majorité des habitants de la terre appartient encore à la quatrième Race, mais les seuls qui semblent avoir un avenir sont les Japonais, et peut-être aussi les Chinois. [185]
Naissance de la cinquième Race
Remontons maintenant vers le nord, vers la Terre Sacrée, et voyons notre Manou, le saint Vaivasvata, dirigeant avec une patience infinie sa race choisie. Pendant des siècles et des siècles il travaille avec sa troupe de collaborateurs à former le noyau de l'humanité future, réprimant les éléments fâcheux, stimulant les désirables, encourageant, avertissant, persuadant, grondant. C'est alors que le cinquième sens s'ajoute aux quatre autres et l'homme devient tel que nous le connaissons aujourd'hui. Là, appelés par lui, viennent se réincarner les grands Asuras pour employer leurs pouvoirs à de plus nobles fins. Il appelle les plus belles intelligences et les plus nobles caractères pour les formes qu'il développe avec soin. Et tout ce monde, sous l'Étoile polaire, bien loin des tumultes de la terre, évolue lentement vers un type nouveau et supérieur.
Pendant ce temps la surface du globe subit de nombreux changements dans la distribution des terres et des mers. Le nouveau continent, Krauncha, c'est-à-dire l'Europe, l'Asie, l'Afrique, l'Amérique et l'Australie de notre [186] temps, n'était pas encore né. Avec de grandes secousses, des parties se soulèvent l'une après l'autre et d'autres sont submergées, jusqu'au grand cataclysme d'il y a 200 000 ans, qui laissa Poséidon seule au milieu de l'Atlantique et donna, aux grands continents d'aujourd'hui, à peu près leurs contours actuels. Ce cinquième "continent" (c'est-à-dire toutes les terres destinées à être occupées par une grande Race-Mère) est destiné à disparaitre dans le cours des siècles par des tremblements de terre et des éruptions volcaniques, comme la Lémurie a autrefois péri. Car l'eau et le feu détruisent alternativement les mondes, et c'est le feu qui causera la fin du nôtre, comme jadis celle de la Lémurie.
La cinquième Race évolue sous la direction de Bouddha, la planète Mercure, car le développement de l'intelligence devait être son objet principal, et la planète de la science éclaira de ses rayons bienfaisants l'heure de sa nativité. C'est pourquoi les Purânas font de Bouddha le fils d'Indu. Indu, alias la lune, étant le seigneur de la quatrième Race, mère de la cinquième dont le Seigneur est, avons-nous dit, Bouddha.
Quand le Manou eut fixé le type de sa race, [187] il la conduisit vers le sud, en Asie centrale ; là, une autre halte séculaire arrêta la race, établissant son véritable foyer, d'où ses divers rameaux devaient ainsi sortir.
Alors vint la première grande migration, il y a de cela peut-être 850 000 ans. La première sous-race – souvent appelée Aryenne – quoique le nom appartienne en réalité à toute la cinquième Race – fut conduite au sud, à travers la puissante ceinture de l'Himalaya, et s'établit dans le nord de l'Inde alors appelée Aryâvarta. À sa tête étaient les "sept Rishis", Marichi, Atri, Pulastya, Pulaha (Kavi), Angiras (Kratu), Kardama et Daksha (les noms diffèrent selon les documents) qui depuis longtemps dirigeaient son évolution. Nous trouvons l'énumération ci-dessous dans les Manousmritis, sauf que Daksha y est appelé Prachetas. Avec eux, complétant ainsi les dix Rishis, s'en trouvaient trois autres, Vashishtha, Bhrigu et Narada.
Ces chefs conduisirent donc dans l'Inde la sous-race déjà divisée par le Manou en quatre ordres, les Barhishads Pitris – comme nous l'avons vu en étudiant l'évolution physique – ayant prêté leur concours en fournissant le type des corps subtils de chacune des castes. [188]
Nous n'avons pas le temps de suivre la longue histoire de cette grande sous-race, qui vous est d'ailleurs plus ou moins familière. Sous ses Rois divins, elle combattit les peuples qui occupaient déjà le pays, les Titans, restes de la troisième Race, les Daityas et les Râkshasas descendants de la quatrième. Qui ne connait l'histoire de Râmachandra faisant la guerre aux Râkshasas commandés par leur puissant roi, Râvana, et étendant les limites de son empire de l'Himalaya à la mer du Sud ? Qu'il suffise de rappeler que les Aryens reçurent le Zodiaque directement des Fils de la Volonté et du yoga qui vinrent parmi eux comme Instructeurs. On vous parle de "serpents qui redescendirent, firent la paix avec la cinquième et lui donnèrent l'instruction 48". Disons encore que les Aryens apportèrent avec eux de l'Asie centrale la langue Senzar, "la langue sacerdotale secrète", le vrai "langage des dieux", d'où dérive le sanscrit et qui est toujours "la langue mystérieuse" des Initiés. C'est parmi eux, aussi, que naquirent ceux qui devinrent les vingt-quatre Bouddhas encore vénérés par les Jains sous le nom de Tirthankaras. [189]
La seconde sous-race de la cinquième Race, l'Aryo-sémitique, émigra vers l'ouest de l'Asie centrale, peupla l'Afghanistan, suivit le cours de l'Oxus et traversa l'Euphrate pour arriver en Arabie et en Syrie. Elle infusa le sang aryen à bien des tribus Touraniennes et Akkadiennes fixées le long de cette route, et les grands empires assyrien et babylonien furent les fruits de leur passage. Les Phéniciens, les derniers Égyptiens et les anciens Grecs sortirent, comme il a été dit, de leur mélange avec la septième sous-race de l'Atlantide. "Les sept dernières dynasties mentionnées dans les archives égyptiennes et chaldéennes," dit H. P. Blavatsky, appartiennent à la cinquième Race 49." Quelques rameaux détachés de cette race émigrèrent vers l'est et, se mêlant à la sous-race Mongole, donnèrent naissance aux Chinois des côtes, et aussi à la famille assise aujourd'hui sur le Trône du Dragon de Chine.
La troisième sous-race, l'Iranienne, fut conduite par Zoroastre, vers le nord et vers l'est, sur les traces de la seconde, mais s'arrêta presque tout entière en Afghanistan et en [190] Perse, où le grand prophète établit sa résidence. Quelques-uns émigrèrent jusqu'en Arabie et de là passèrent en Égypte où ils s'unirent aux Égyptiens Atlantes.
48 Doctrine Secrète, vol. III, p. 27.
49 Doctrine Secrète, vol. III, p. 530.
Ces deux sous-races trouvèrent les peuples de la quatrième race, parmi lesquels elles s'établissaient, adorateurs de Surya, le Soleil, leurs prêtres s'appelant Mages. Ces Mages prétendaient venir de Shâkudvîpa ou Shvetadvîpa, l'Ile blanche, et cette prétention était assez justifiée, quant à leur première origine, car toute vraie doctrine dérive des habitants de la Terre Sacrée, que l'on donne ce nom à l'Impérissable Terre Sacrée, ou, par substitution, à la ville sainte de Shamballah, dans le désert de Gobi. Les Instructeurs de la seconde sous-race apprirent à ces peuples le Sabéisme, ou adoration des Êtres qui gouvernent les corps célestes, "les Anges-Étoiles". Le culte Chaldéen atteignit un haut degré de sagesse et de pureté, les mages de Chaldée étant des astronomes et des astrologues profondément versés dans la science des corps célestes et conduisant l'État d'après l'observation des étoiles.
La troisième sous-race se vit interdire par ses Instructeurs, à la tête desquels se trouve [191] le premier Zarathushtra (le nom passa de maitre en maitre et il y en eut quatorze), le culte des Anges-Étoiles par suite d'abus qui s'étaient produits dans ce culte, et elle reçut le Feu comme seul symbole admissible de la Divinité. Les sages de Perse, souvent aussi appelés des Mages, s'occupèrent de chimie plus que d'astronomie, en partie à cause de son importance pour l'agriculture à laquelle les Iraniens (la 3e sous-race) étaient spécialement voués. Cela les conduisit à donner à l'alchimie un grand développement et l'on retrouve en Égypte des traces de leur influence dans cette direction.
La quatrième sous-race, la Celtique, conduite par Orphée, marcha vers l'ouest, plus loin que les précédentes, peuplant la Grèce de Grecs nouveaux, s'étendant sur l'Italie, la Gaule, plus au nord sur les vieilles terres atlantéennes de l'Irlande et de l'Écosse, ainsi que sur la terre plus jeune d'Angleterre. Il est intéressant de constater combien le symbolisme familier du Dragon ou du Serpent reste commun à tous ces peuples assez proches parents entre eux, pour désigner les grands Initiés. Les hiérophantes de Babylone et d'Égypte, les Druides, les Phéniciens sont tous [192] fils du Dragon ou des Serpents. Le symbole venait de l'Atlantide, et même de la Lémurie, et avait été conservé jusque dans la cinquième Race. On le retrouve au Mexique et un peu partout en Amérique, comme l'un des symboles universels appartenant aux premiers Instructeurs de l'humanité.
La cinquième sous-race, la Teutonne, suivit les autres vers l'ouest, occupa toute l'Europe centrale et s'étend maintenant sur le monde entier. Elle a occupé la plus grande partie de l'Amérique du Nord, en refoulant
devant elle les vieux restes des Atlantes. Elle a conquis l'Australie et la Nouvelle Zélande, restes de l'antique Lémurie, et les quelques survivants de cette Race mourante disparaissent devant elle. Elle lève une tête altière sur toutes les contrées du globe où elle est destinée à établir l'Empire universel et à régir les destinées de la civilisation.
Mais elle aussi passera, ainsi que les deux subdivisions suivantes, avec le cours des âges, et Krauncha, la configuration actuelle de la terre, suivra Plaksha, Shalmali et Kusha. Alors surgira Shâka, le continent de la sixième grande Race, là où se trouve maintenant l'Amérique du Nord, mais dont la plus grande [193] partie aura disparu sous les tremblements de terre et les feux souterrains. Shâka, à son tour, passera, submergée sous les flots comme Kusha, et Pushkara, le septième continent, émergera à son tour et deviendra florissant, son centre occupant à peu près la place actuelle de l'Amérique du Sud.
Alors viendra pour notre globe la fin de sa longue histoire bien remplie, et il s'endormira paisiblement après son long jour de veille.
Car les mondes passent, les Rondes succèdent aux Rondes, et les Chaines suivent les Chaines, mais l'Esprit éternel, qui se revêt aujourd'hui de corps humains, seul survit, et demeure à jamais.