LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

12 - LA POLITIQUE


12. La démocratie présentera des dangers aussi longtemps que la parole d'un citoyen quelconque aura autant de valeur que celle des plus sages gouvernants. Comment assurer un gouvernement qui soit aux mains des sages. N'est-ce pas là un problème permanent digne de fixer l'attention de nos plus hautes autorités ?


LE GOUVERNEMENT DES SAGES


Je ne puis comprendre pourquoi le plus grand de tous les arts, la plus haute de toutes les sciences : l'art et la science du gouvernement humain et de l'administration, sont les seuls pour lesquels on n'exige aucun apprentissage préalable. Les hommes ne reçoivent aucune instruction spécialisée pour occuper des postes dans ces branches ; ils passent de l'un à l'autre sans autre titre que la position qu'ils occupent sur l'échelle sociale, et non en considération des aptitudes dont ils font preuve. Gouverner les hommes loyalement, justement et impartialement est l'un des devoirs les plus élevés de la société humaine. Cependant, l'on envoie au Parlement des hommes non parce qu'ils ont été reconnus capables de gouverner la nation mais, bien souvent, parce qu'ils sont en mesure de favoriser telle ou telle branche de négoce qui intéresse [119] leurs mandants. Ceux-ci pensent que leur représentant au Parlement pourra leur obtenir des avantages, mêmes déloyaux, sur d'autres branches d'industrie moins bien représentées (24).
Êtes-vous donc si certains que la politique soit la seule chose qui ne nécessite pas un apprentissage préalable, qui n'exige pas une instruction spécialisée chez l'homme qui gouverne. Vous ne laissez pas un médecin jouer avec votre corps avant qu'il ait suivi un enseignement professionnel très poussé, quelle que soit la valeur que peut avoir cet enseignement. Vous ne laissez pas un charlatan jouer avec votre corps et, cependant, vous semblez ne pas vous soucier de ceux qui peuvent se trouver dans l'arène politique. L'idée ne semble pas vous venir que, alors que vous n'autoriseriez pas les mousses d'un navire à élire l'un d'eux comme capitaine car ce dernier doit connaitre la science de la navigation, vous ne montrez pourtant pas semblable exigence lorsqu'il s'agit du pilotage du navire de l'État à travers les orages et les difficultés qui demandent, pour être surmontés, une grande habileté et beaucoup de savoir. Je sais que cette idée n'est pas actuellement très populaire dans le monde extérieur. Je désire pourtant que l'instruction professionnelle soit étendue aux affaires de la nation pour ceux dont la vocation est de diriger les peuples et de résoudre les problèmes internationaux (21).
Le monde est passé par bien des expériences diverses. Nous avons eu des autocrates, nous avons eu des aristocrates. Un changement est actuellement en train de se produire : nous allons avoir ce que l'on appelle la démocratie, le gouvernement du peuple. Mais la démocratie n'a pas encore trouvé sa stabilité. Elle ne se comprend pas encore elle-même et elle n'a pas encore trouvé la meilleure méthode pour choisir [120] son Exécutif. Comment devrait-elle agir ? Elle devrait choisir parmi ses citoyens les plus sages et les meilleurs et les charger du pouvoir exécutif en ce qui concerne la partie législative du gouvernement. L'époque n'est plus du choix déterminé par le favoritisme, par la naissance, par la richesse. L'Amérique a essayé de prendre la richesse comme Standard et le résultat en a été, jusqu'à tout récemment encore, que les meilleurs de ses citoyens ont été exclus du service de la nation. Il est résulté de cet état de choses une lutte sordide pour accéder au pouvoir.
La méthode permettant de choisir les meilleurs gouvernants n'a pas encore été trouvée. Il nous faut arriver à comprendre que la seule autorité réelle devant laquelle l'homme doive s'incliner est celle de la sagesse et que c'est à elle qu'il revient de diriger. C'est cela qui est nécessaire. Comment, autrement, organiser la nation ? Ce n'est pas la population ignorante qui peut le faire. La faiblesse de la classe ouvrière, à l'heure présente, est que, alors qu'elle sait travailler, elle est incapable de diriger le travail. Elle peut travailler mais ne peut pas diriger les travailleurs. Elle ne comprend pas que les nations sont liées entre elles par leur négoce, leur commerce, leur industrie. Elle ne voit que ce qui est à la portée de ses yeux.
Quelle est donc actuellement la seule façon de rectifier cet état de choses ? C'est d'organiser le travail et le capital comme on a tenté de le faire dans les grands trusts américains, mais en agissant en sorte qu'ils ne constituent qu'un seul organisme soumis à l'État. Les dirigeants des trusts américains se répartissent les richesses produites par des centaines de milliers de travailleurs et il n'en résulte pour ces derniers qu'une terrible oppression. Il faudrait que les mêmes hommes qui ont créé ces trusts et qui possèdent [121] de grandes capacités ainsi que la science de l'organisation se mettent au service de la nation qui rémunèrerait richement leurs capacités. Les bénéfices réalisés iraient alors à la nation et non à des groupes d'individus. Telle est la ligne de conduite qui permettra de sortir la nation de la pauvreté (89).
Quels sont donc les gouvernants que la nation doit ainsi chercher à tâtons ? Les meilleurs, certes. Ceux qui font preuve de plus de compétence dans les divers services du gouvernement. Ceux qui sont au courant des questions compliquées que doivent traiter non seulement ceux qui font les lois mais aussi ceux qui les appliquent (21).
Il est évident qu'un gouvernement ne peut être à la hauteur de sa tâche que s'il est composé d'hommes qui possèdent la sagesse et qui, en outre, ont l'ardent désir de procurer à la masse de la population des conditions de vie heureuse. On a parfois défini la Sagesse en disant qu'elle était l'union de la Connaissance et de l'Amour. Je crois que c'est là, dans l'ensemble, une bonne définition. On peut posséder un savoir très étendu et ne s'en servir que pour des fins égoïstes ; il devient alors nuisible à la communauté au lieu de lui être profitable. Mais si à ce savoir vient s'ajouter l'Amour l'on a alors la Sagesse, seule autorité véritable ; le Savoir qui comprend, l'amour qui applique cette compréhension à tous les êtres sans exception (23).
Dans toutes les questions intéressant la nation, je ne voterais que pour un candidat possédant une instruction approfondie, au courant de l'Histoire et de l'Économie politique et qui ait déjà fait la preuve de ses capacités dans les sphères moins vastes de la politique individuelle ou municipale. Je ne voterais que pour un candidat qui ait au moins cinquante ans. [122]
Je sais que ce ne sont pas là les conceptions modernes de l'Occident. Et pourtant, qui est en droit de gouverner ? Les hommes pourvus de sagesse et d'expérience, les hommes réfléchis, ceux qui ont étudié, qui comprennent la vie et les hommes. Le droit de gouverner doit-il être donné automatiquement à tout gamin inconsidéré dès qu'il a vingt et un ans, alors qu'il n'a ni expérience, ni savoir, ni entrainement aux affaires politiques. Il réclame cependant le droit d'opposer sa tête encore vide à celle de l'homme d'État qui a derrière lui un demi-siècle d'expérience. C'est la pire des folies. Mais les slogans usés de la politique aveuglent les hommes et leur font perdre toute sagesse. Je sais que le conseil d'atteindre la perfection ne sera pas populaire et qu'il faudra attendre que la démocratie ait ruiné bien des nations et bien des peuples et les ait jetés finalement aux pieds d'un dictateur militaire, pour qu'elle apprenne la sagesse dans la souffrance. C'est alors, et alors seulement, que la démocratie commencera à entendre la voix de la raison et à appliquer à la vie de l'État les règles que tout individu met en pratique dans ses affaires personnelles (27).
Tous les hommes qui pensent ont l'amour de la Liberté et l'Ordre est l'une des premières nécessités de l'État. Le but de chaque gouvernement, de chaque homme d'État, de chaque patriote doit donc être d'unir harmonieusement la Liberté et l'Ordre. On a naturellement discuté du meilleur type d'État et on a essayé de le réaliser, en Orient et en Occident, mais de façons très diverses par suite de la différence qu'il y a entre l'idéal oriental et l'idéal occidental… En Occident, la Liberté a été obtenue par des conflits, elle a été arrachée des mains des rois et des nobles par des siècles de lutte. C'est de la longue bataille [123] contre l'oppression et la tyrannie qu'est née la Démocratie, le gouvernement du peuple. En Orient, la Liberté a été assurée à chacun par l'ordonnancement de la société et la définition, établie par des hommes sages, de la place et des devoirs de chacune des classes de la nation. Elle a été assurée non par des batailles mais par des règles établies, par des législateurs qui étaient des Rishis et les Sages ont instauré la Justice en mettant leur sagesse au service de l'État. C'était cela, l'aristocratie, le gouvernement des Meilleurs, né de l'idéal oriental de même que la démocratie est née de l'idéal occidental (73).


LE SOCIALISME DÉMOCRATIQUE


… Je crois que la politique économique d'une nation n'est pas suffisante à elle seule pour rendre cette nation prospère et libre. Pour importante que soit – et elle l'est – l'économie nationale, il existe derrière elle des hommes et des femmes et à moins que ces derniers n'aient été accoutumés à la conception d'une Humanité noble, les plans économiques échoueront tout autant que peuvent échouer les plans politiques. Car s'il est vrai que le politicien tente de bâtir une maison dépourvue de fondements tandis que les socialistes veulent, eux, que la maison ait des fondements, il n'en est pas moins vrai aussi que ces derniers doivent être construits avec des matériaux solides. Il est aussi dangereux pour un édifice d'avoir de man-vais fondements que de n'en pas avoir du tout. Et le danger (danger qui croît au fur et à mesure que gagne la propagande socialiste) est que le socialisme échoue complètement si, alors que l'État prend en mains une entreprise après l'autre et essaie de régir les industries nationales pour le bien de la communauté, [124] on ne place pas à la tête de ces industries et si l'on ne choisit pas pour y travailler des hommes dignes de confiance, loyaux et désintéressés.
Je crois que le prochain grand stade de la civilisation sera socialiste et que la plupart (sinon toutes) des conditions économiques que les socialistes réclament aujourd'hui seront obtenues. Mais je crois aussi que tous ces plans échoueront si les leadeurs socialistes ne s'assurent pas d'une instruction bien supérieure à celle des masses qu'ils dirigent et si ces dernières ne reconnaissent pas que seule la Sagesse donne l'autorité. S'il n'est pas possible d'atteindre à un socialisme dans lequel seuls les êtres les plus sages seront chargés de gouverner et de diriger, je ne vois pas qu'un simple changement des conditions économiques puisse apporter une amélioration considérable à l'état de choses actuel. Car s'il est exact qu'une meilleure politique économique puisse améliorer les conditions extérieures de vie, il n'en est pas moins vrai que l'homme a besoin de quelque chose de plus que de nourriture à absorber et de vêtements à se mettre. Il n'a pas uniquement besoin de ce que son corps exige impérativement, mais aussi de ce que réclament, non moins impérieusement son cerveau, sa conscience, son esprit. Je crains que faute de reconnaitre la véritable nature de l'homme, cette impulsion ne soit brisée et que l'homme ne soit considéré que comme un corps matériel et non comme une intelligence spirituelle. Je crains que tous les plans ne se brisent contre cet écueil, car on ne peut ignorer la véritable nature de l'homme.
Bien que je ne croie pas… que l'Histoire se répète et bien que je croie que la grande leçon de la démocratie ait sa raison d'être pour l'Humanité et que cette dernière doive l'apprendre, je crois aussi que le socialisme ancien contient des leçons pour l'avenir et que [125] de l'autocratie, déjà morte, et de la démocratie, qui essaye de vivre, les nations tireront un composé qui donnera à la future civilisation les avantages que l'on peut tirer de chacune de ces expériences.
Je crois que l'organisation naturelle de la famille peut servir de modèle à une saine organisation humaine et que la phrase : "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins", de même qu'elle a été le premier mot de l'organisation sociale, en sera aussi le dernier.
Comment la société doit-elle être réorganisée ? Car il est évident qu'elle doit l'être. Mais comment ? Je dirai qu'il y a beaucoup de choses à tirer des anciens principes, beaucoup d'éléments qui pourraient former la charte du socialisme moderne et que l'un des enseignements vitaux des temps modernes est celui de l'apprentissage moral qui fera comprendre aux hommes et aux femmes que le développement de la conscience et de la force est un devoir.


LES DEVOIRS PRIMENT LES DROITS


Tous ceux qui dans les classes supérieures ou moyennes de la société ne sont pas entièrement absorbés par la lutte à livrer pour le pain quotidien devraient prôner les devoirs plutôt que les droits et donner l'exemple de l'accomplissement du devoir. Nous devrions enseigner aux hommes et aux femmes qui mènent une vie relativement facile que la seule manière de réorganiser la société sans provoquer de catastrophe dans laquelle sombreraient les résultats obtenus par la civilisation, est de s'imposer volontairement et de bon gré les règles du renoncement qui ont été si longtemps imposées contre leur volonté aux pauvres et aux malheureux. Cela me semble être la première [126] des leçons que devraient apprendre ceux qui n'ont pas à lutter pour gagner leur pain : personne n'a le droit de vivre et de jouir de la vie s'il ne donne à autrui, quoi que ce soit qu'il donne : temps, pensée, argent, enseignement, et plus il possède, plus il est tenu de donner.
Un socialisme démocratique contrôlé par une majorité et régi par le nombre ne peut réussir. Un socialisme véritablement aristocratique, contrôlé par le devoir, régi par la Sagesse, constituera le prochain pas en avant de la civilisation (91).
… On demandait un jour à Mme Blavatsky : "Êtes-vous socialiste ?". Elle répondit : "Je crois au socialisme qui donne ; je ne crois pas au socialisme qui prend". Là est la clé de l'avenir (92).
La démocratie, telle qu'elle est en train de se constituer en Occident, ne tend pas à rendre le peuple heureux et prospère. Le pouvoir est passé aux mains d'une multitude ignorante qui, sans avoir aucune notion des vastes problèmes internationaux, choisit les hommes auxquels elle confie le soin de les résoudre. Comment faire en sorte de remettre le pouvoir aux mains des Sages afin que chaque nation ait à son service ses meilleurs citoyens, meilleurs par leur désintéressement, par leur idéal élevé, par leur intelligence, leur expérience et leur caractère. Telle est la question du Sphinx qui est posée à la démocratie moderne et de la solution de laquelle dépend son existence même. Les races blanches n'ont obtenu jusqu'à présent que de maigres résultats de leurs tentatives de régime démocratique et donnent l'exemple de "ce qu'il ne faut pas faire" plutôt que celui d'une excellente organisation politique et sociale. Existe-t-il aujourd'hui en Europe un pays que l'Inde pourrait prendre sans danger pour modèle ?… La Grande-Bretagne est-elle en mesure [127] d'élaborer une Constitution pour un pays qu'elle ne comprend pas… La Grande-Bretagne et l'Inde ont chacune derrière elles un passé différent, tant en ce qui concerne la religion que les traditions, les idéaux, les coutumes, l'organisation sociale. Elles pourraient se rendre d'immenses services mutuels en mettant en commun ce qu'elles ont chacune de bon et sans que cela aboutisse à imposer à l'une d'elles un type de constitution politique qui n'a pu se développer que dans l'autre. L'Angleterre saxonne et l'Inde auraient pu se développer parallèlement, mais le féodalisme, le militarisme et l'industrialisme qui ont conduit l'Angleterre à son état politique actuel n'ont aucune correspondance dans l'Inde. Le présent de la Grande-Bretagne est issu de son passé ; le présent de l'Inde doit également reposer sur les fondements de son passé (93).


LA NOBLESSE DE CARACTÈRE


On ne peut édifier une nation heureuse avec des hommes et des femmes ignorants et pauvres. On ne peut construire un État heureux avec des hommes et des femmes dépourvus d'instruction et qui ne peuvent comprendre, parce qu'ils n'y ont pas été accoutumés, les conditions de vie qui sont les leurs. La noblesse de caractère, la volonté de collaborer, la pensée constante du bien d'autrui, telles sont les qualités nécessaires au bonheur et à la prospérité des êtres, quelles que soient les conditions économiques régnantes. Il faut se souvenir que la moralité a sa place à côté de l'économie. Il est nécessaire de modeler son propre caractère moral, de faire soi-même ses briques. Il est tout aussi impossible d'édifier une [128] nation dont les citoyens ne possèderaient pas de sens moral que de bâtir une maison sans briques.
L'idéal que je crois le seul susceptible d'assurer jamais la sécurité de la société humaine, le seul qui puisse la rendre digne de perdurer, est que chaque femme, chaque homme, chaque enfant d'une société organisée jouisse d'un minimum de bienêtre qui lui permette de développer entièrement les facultés qu'ils ont apportées avec eux en venant au monde.
Car, qu'est-ce qu'un État ? Un État est une organisation d'hommes et de femmes unis pour le bien commun, pour la prospérité commune, et toutes les facultés individuelles qui s'y développent devraient être utilisées pour le bien commun, pour assurer la prospérité commune.
Je sais que si nous pouvions nous défaire de cette folie qu'est une nation s'armant contre une autre nation, nous disposerions de suffisamment d'argent – de plus d'argent, même, qu'il n'en faudrait – pour assurer
l'éducation du peuple… Mais cela est actuellement irréalisable. Une nation ne peut désarmer seule et tant que nous ne serons pas capables de mettre de l'ordre dans notre propre maison nous ne pourrons en mettre dans celle du voisin. Il nous faut donc porter ce fardeau des armements jusqu'à ce que la folie de rivalités entre nations ait disparu. Mais la haine entre classes, la détresse, la méfiance mutuelle, la misère du peuple, la famine pour des milliers et des milliers de femmes et d'enfants sont des crimes auxquels il faudrait mettre fin et auxquels on pourrait mettre fin en appliquant la Sagesse divine, en admettant l'accroissement progressif des facultés individuelles et en collaborant volontairement, chacun dans sa sphère d'action, au bien de la communauté. Personne ne peut connaitre le bonheur, véritable tant [129] que tous ceux qui l'entourent ne sont pas également heureux (21).
LES COMPROMIS NÉCESSAIRES
Le compromis fait partie de l'action politique. Il lui est nécessaire et on ne peut l'éviter. Lorsque l'on traite d'intérêts divergents et que l'on a affaire aux états d'esprit multiples des hommes, il est nécessaire d'arriver à une solution qui soit acceptée par la majorité. Que cette solution soit ou non la meilleure idéalement, ce qu'il faut avant tout c'est qu'elle soit applicable. C'est cela que le politicien doit, ou devrait, considérer car sa tâche est d'améliorer le monde extérieur et de traiter les problèmes d'actualité. Tout homme d'État doit donc nécessairement accepter des compromis et c'est en l'habileté de ces compromis que consiste l'art du gouvernement. Il doit avancer pas à pas vers l'idéal qu'il s'est promis d'atteindre (47).
… Mais tout en acceptant ces compromis, il ne faut jamais oublier que l'idéal que l'on poursuit ne doit pas être compromis… Cet idéal, c'est la Fraternité et il ne faut jamais le perdre de vue. Cela seul peut satisfaire – ou devrait satisfaire – la nation d'aujourd'hui. L'avenir est dans vos mains. Mais il vous faut accepter des compromis pour pouvoir appliquer vos méthodes et amener cet idéal vers sa réalisation. Pour qu'il soit partout accepté, il vous faut faire dans la société le travail du pionnier qui consiste à le populariser par Faction et pas seulement par la théorie (31).
Il me semble que la politique ne doit être considérée que comme un moyen, et non comme une fin en elle-même. Là où les hommes n'entrent dans la vie politique que pour obtenir des situations en vue et des possibilités [130] pour leur convenance personnelle, la politique devient toujours un
centre d'intrigues et de corruption. Se mettre au service de l'homme, favoriser l'évolution humaine est toujours un but noble, quel que soit le terrain sur lequel s'exerce cet effort : politique, mental, religieux. Car la Vérité suprême est que nous sommes ici pour servir et non pour la satisfaction de nos ambitions personnelles, et le salut du monde est dans les mains de l'homme (95).