LES BASES DU MONDE NOUVEAU
17 - LES FEMMES
17. La guerre a permis aux femmes d'atteindre un degré plus élevé d'indépendance et de dignité, en particulier dans les pays en guerre. N'est-il pas vrai que si ce standard n'était pas maintenu après la guerre, le monde serait indigne de leurs grands sacrifices ?
Lorsqu'au vieux temps d'avant-guerre on discutait de la liberté du travail pour les femmes… je demandais souvent qu'aucune restriction ne leur soit imposée, que leur travail soit manuel ou intellectuel. Je demandais que l'on laissât leurs capacités et leurs dons marquer seuls la mesure de leur niveau. La femme sera toujours handicapée du fait qu'elle porte les enfants mais c'est là un handicap imposé par la nature et auquel il faut obéir avec joie et respect, car la loi de la Nature est la volonté de Dieu. Mais les contraintes et les vétos artificiels ne devraient pas exister. La maternité est, en elle-même, l'une des plus hautes fonctions dans la nation. C'est rendre à la Nature un inappréciable service que de mettre au monde des enfants de noble nature, que de les élever et les chérir pendant leur jeunesse. Dans un État bien ordonné, tel qu'on l'entrevoit déjà à l'horizon, les enfants ne naitront que de parents sains, forts et vigoureux ; l'âge de la maternité sera celui où les forces physiologiques de la femme auront atteint leur plein développement et il se terminera [183] lorsque la mère commencera à s'affaiblir et à perdre l'énergie de la jeunesse (113).
… Nous devons en premier lieu, nous tourner vers les mères dans la nation. C'est là le point crucial et c'est sur ce terrain que nous devons essayer de redresser les inégalités artificielles et de réduire les inégalités naturelles par une plus grande égalité dans les conditions de vie. Il faut s'occuper de la future mère, car la vie de l'enfant commence avant qu'il vienne au monde. Son état au moment de sa naissance, son équilibre mental et émotif autant que son état physique dépendent en grande partie des conditions de vie de la mère pendant la période prénatale. De là la nécessité, pour la nation, de veiller sur les mères dont dépend la génération future ; de là l'amour, la patience, la tranquillité dont elles devraient être entourées.
Il faut comprendre que la nation doit prendre soin des mères car les enfants sont la garantie de son avenir… La maternité est une fonction au service de la nation et c'est à peu près la fonction la plus mal rémunérée qui soit. On rémunère hommes et femmes pour bien des choses, mais on ne rémunère pas le plus grand des dons qu'ils sont prêts à faire à la nation (31).
Pensez plus que vous ne le faites aux mères de votre pays. Je veux vous demander, après que vous aurez pensé aux enfants et à la façon de leur donner ce dont ils ont besoin, de vous rappeler qu'un enfant ne peut être sain s'il est né d'une femme dont la maternité a été tenue pour sacrée parce qu'elle donne une vie à la nation et crée les générations futures (23).
… Lorsque la paix reviendra, la Féminité libérée ne remettra jamais les chaines que la nécessité a fait détacher de ses membres. La femme a démontré [184] qu'elle peut être, dans toutes les circonstances la camarade et l'aide de l'homme. Elle ne redeviendra jamais plus son jouet ou sa servante. Quand je dis "jouet", je n'entends pas le cas où l'homme et la femme jouent ensemble et où la différence de sexe accentue la douceur de l'amitié et la passion de l'amour ; lorsque je dis "servante", je n'entends pas l'accomplissement des devoirs ménagers, le doux ministère du foyer qui est digne et qui demande plus d'intelligence que le travail sans âme d'un conducteur de machine. Le "jouet" est la femme qui n'est que l'esclave d'une passion sexuelle non sanctifiée par l'amour, qui est l'amusement d'un instant de loisir et que l'homme rejette lorsque des soucis plus graves le sollicitent ; la "servante" est celle qui accomplit des tâches pénibles et ingrates, qui est la bonne à tout faire sans gages, moins respectée qu'une domestique que l'on paie.
… Aucune restriction artificielle ne devrait être imposée à l'homme ni à la femme. Ils devraient pouvoir, l'un et l'autre, développer leurs capacités respectives et n'être exclus d'aucun domaine par la loi ou les coutumes. (41)
Lorsque la guerre sera terminée, les rapports entre l'homme et la femme deviendront beaucoup plus nobles ; où, sinon, ils seront désastreux pour l'un et pour l'autre. Car après la guerre, l'homme rentrant au foyer trouvera la femme occupant tous les emplois, sauf ceux matériellement trop pénibles. Il la verra dans les tramways, aux portières des chemins de fer, sur les camions, dans les automobiles, dans les bureaux, derrière les comptoirs, à l'usine, partout, même derrière la charrue. Ou bien une terrible guerre des sexes se déchainera pour la conquête des moyens d'existence, telle que le monde n'en aura jamais vue [185] et qui sera destructrice pour la société humaine ; ou bien il s'établira une camaraderie dans l'égalité, plus douce et plus attachante qu'aucune de celles que les êtres – sauf les âmes d'exception – n'ont connues jusqu'ici. Cette amitié entre homme et femme est le sentiment le plus sûr et le plus doux que le monde puisse nous offrir. Elle se forme parfois chez mari et femme qui, d'amoureux mariés, sont devenus des amis mariés et que l'on trouve parfois aussi, mais rarement, en dehors du mariage. Cette amitié est douée de toute la force, de toute la confiance, de toute la douceur de l'amour, elle est parachevée par la différence de sexe mais est absolument libre de toute passion (113).
Les femmes doivent être honorées et parées par leur père, leur mari, leurs frères et leurs beaux-frères qui désirent le bonheur. Là où les femmes sont honorées, les Devas sont satisfaites. Mais là où elles ne sont pas honorées, tout rite sacré est stérile (114).