LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

18 - LA JEUNESSE


18. La jeunesse d'aujourd'hui dirigera le monde de demain. Il faut donc lui donner la meilleure éducation possible. Comment pourrait-elle, sinon, s'élever à la hauteur de ses possibilités ?
À dire vrai, je mets mon espoir en les jeunes beaucoup plus qu'en les vieux. La population estudiantine de chaque pays est l'espoir de la Fraternité mondiale dans un proche avenir. L'on ne trouve pas chez les étudiants, à quelque pays qu'ils appartiennent, cet antagonisme, cette suspicion, ces haines qui se manifestent chez leurs ainés… C'est en ces jeunes gens qui se forment, qui désirent se lier d'amitié avec les peuples étrangers ; c'est dans les enfants des écoles, dans les jeunes gens des collèges et des universités que réside l'espoir de l'Angleterre et de tout autre nation. Ce sont eux qui créeront de meilleures conditions de vie et, en mettant la Fraternité en pratique, le bienêtre des peuples.
Il nous faut donc encourager l'enthousiasme de la jeunesse et lui faire relever le flambeau des idéaux que nous, ses ainés, n'avons pas su réaliser. C'est dans les générations futures qu'est l'espoir de l'avenir et ce sont elles qui feront de la nouvelle civilisation une civilisation de Fraternité mise en pratique, d'amour envers toutes les nations du globe (28).
Si le monde est actuellement à la fin d'une ère et [187] sur le seuil d'un Âge nouveau, il doit être clair et évident pour tout homme qui réfléchit, pour chaque étudiant, que c'est vers les jeunes que nous devons nous tourner pour la forme effective à donner à cet Âge nouveau et que les capacités dont ils feront preuve dans cette tâche dépendra en grande partie de l'éducation qu'ils auront reçue. Ils se montrent dès maintenant accessibles aux idéaux élevés et manifestent de hautes aspirations. Mais nous, les ainés, nous avons aussi le devoir de ne pas entraver leur éducation et de leur donner toutes les possibilités de révéler les qualités qu'ils ont apportées avec eux par la porte de la naissance. Il faut que cette éducation leur enseigne les devoirs du citoyen, qu'elle réponde aux idéaux qu'ils se montrent tout prêts à embrasser, qu'elle fasse d'eux des citoyens meilleurs et plus nobles que nous, les ainés, ne l'avons été. Elle devra leur enseigner l'abnégation au lieu de l'avidité, l'esprit de coopération au lieu de l'esprit de compétition. Elle fera d'eux des êtres prêts à utiliser leurs forces pour aider les faibles et non pour les opprimer. Elle fera d'eux les hérauts d'un Âge nouveau et plus heureux, dans lequel l'Humanité constituera une seule famille et dans lequel la Loi de la Fraternité sera la loi de la société humaine (24).
L'un des plus grands devoirs qui incombent aux ainés est celui de reconnaitre que le progrès d'un pays dépend de la pensée de ses jeunes et nous ne devrions jamais mettre obstacle à l'expression des pensées nouvelles émises par les jeunes. L'on peut, oui, leur poser des questions, dans le seul but de leur faire éprouver par eux-mêmes la valeur de ce qu'ils avancent, mais l'expression de leur pensée ne doit jamais être entravée. Il faut, au contraire, lui accorder toute considération et même l'encourager à [188] se répandre et à faire son chemin, chemin sur lequel elle échouera ou réussira, selon sa valeur (115).
N'avez-vous jamais été frappés par le fait que le courant de pensées d'une nation est révélé par les espoirs, les aspirations et les désirs de ses jeunes ? Ce n'est pas chez l'homme d'âge mûr, plongé dans le travail nécessaire pour assurer les moyens d'existence, ni chez le vieillard dont la tâche est déjà presque terminée, c'est chez les jeunes gens que s'inscrit la courbe de croissance d'une nation, et les idéaux qui les touchent sont ceux que cette nation incarnera dans l'avenir. C'est pour cette raison qu'un politicien clairvoyant devrait toujours tenir compte de ce qui préoccupe le plus la jeunesse de son pays. Les jeunes sont souvent étourdis et téméraires, ils manquent de discernement et se laissent emporter par un enthousiasme passionné. Cela n'a pas d'importance. Le monde n'abattra que trop vite leur bel élan et ils perdront leur témérité. Heureux encore s'ils peuvent faire survivre aux enthousiasmes de la jeunesse et garder dans leur âge mûr quelques-unes de leurs nobles aspirations. Heureux encore s'ils peuvent conserver quelque chose du dévouement désintéressé de la jeunesse pour atténuer plus tard l'égoïsme de l'homme que le contact avec ses semblables a endurci. Je vous dis donc, intéressez-vous aux jeunes car ils sont mus par l'impulsion de l'avenir. Si vous voulez établir des lois durables, voyez d'abord ce qui tient le plus au coeur des jeunes, car ils portent en eux la vie future du peuple ; ils portent en eux ce que le peuple désire (47). [189]


À LA JEUNESSE DE L'INDE


La destinée d'une nation est tout entière contenue dans le réceptacle de la jeunesse, comme l'est la fleur dans l'étreinte étroite des folioles qui gainent le bouton. Ce que vous pensez aujourd'hui, la nation le pensera demain. Vous serez, dans votre âge mûr, responsables de la paix de l'Inde, de l'ordre dans l'Inde, des progrès de l'Inde ; vous devez accepter les responsabilités de la liberté en même temps que la gloire qu'elle peut donner. La Liberté est une Déesse splendide mais austère ; elle est le guerrier en armes, fort et sans tache. Les héros qui la servent sont des forts, non des faibles ; elle a besoin d'hommes et non de fainéants pour son service. Un homme ne doit jamais craindre que l'amour qu'il éprouve pour sa patrie l'empêche d'en éprouver pour l'Humanité. C'est, au contraire, la route qui y conduit. Le coeur devient plus vaste lorsque ses facultés sont exercées. L'amour désintéressé de la patrie est donc chose nécessaire. Mais il faut alors se souvenir que si le patriotisme est la fleur, le Service est le fruit ; le patriotisme doit devenir Service. Pour que le savoir soit fécond, il ne doit pas rester théorique ; il doit être mis en pratique. Il faut vous organiser pour le Service social (116).