NOUVELLES PORTES OUVERTES SUR LA RELIGION, LA SCIENCE ET L'ART


Je ne vous ai jusqu'ici parlé que du passé ou du présent. Nous allons maintenant diriger nos regards vers l'avenir.
Prenant dès lors le présent comme point de départ, et en examinant certains faits qui déjà attirent notre attention, voyons ensemble quel-sont les nouvelles portes ouvertes sur la Religion, la Science et l'Art, quelles sont les routes nouvelles qui nous conduiront à l'acquisition de connaissances plus vastes. À nos yeux, ces routes s'étendent vers de lointains horizons et ne s'arrêtent pas là, ces horizons n'étant que les points les plus éloignés que notre vue limitée puisse percevoir.
Tous mes efforts tendront surtout à vous montrer que ces portes nouvelles vont certainement [77] et prochainement s'entrouvrir. Les signes des temps nous indiquent qu'elles s'entrebâillent déjà, et nous sommes en droit de penser, qu'au fur et à mesure que l'homme avancera dans son évolution, ces portes s'ouvriront de plus en plus pour laisser finalement passer la race tout entière qui, ainsi, entrera dans un avenir meilleur, plus heureux et plus sage.


* * *


Pour rendre les choses plus claires et plus intelligibles, je vous demanderai de vouloir bien, pendant quelques instants, considérer avec moi une théorie sur la nature de l'homme et de sa constitution, théorie universellement admise dans toutes les antiques religions du monde, indiquée aussi, quoique partiellement, dans le Christianisme et qui, actuellement, est revivifiée et enseignée dans le monde entier, grâce à la Société théosophique.
Il n'est pas question ici d'envisager des vues nouvelles ; ce dont je veux vous entretenir à présent est une chose très ancienne, revêtue seulement de formes plus modernes, qui s'adapte plus étroitement avec l'esprit plus cultivé de l'homme. [78]
La voici, brièvement, telle que je désire vous la faire connaitre, car, si vous l'ignorez, l'existence des nouvelles portes ouvertes à l'humanité vous demeurerait absolument incompréhensible.


LE GRAND CYCLE MONDIAL


Tout être humain est, fondamentalement, une intelligence spirituelle s'appropriant des particules de matière appartenant aux différents mondes dans lesquels il vit. Cette intelligence spirituelle au moment où elle va parcourir LE GRAND CYCLE MONDIAL est un germe ou semence divine.
Une semence ordinaire, un grain de blé, par exemple, ne saurait développer les pouvoirs latents qu'il contient à moins d'être semé en terre ; celle-ci fournit les éléments qui lui servent de nourriture, et il ne peut croitre si la pluie ne l'arrose pas, si le soleil ne brille sur lui. De même en est-il pour le germe divin, l'esprit humain. Il est semé dans le sol de l'expérience humaine, sol dont les éléments constituants contribueront à développer ses possibilités divines. Les larmes provoquées par les peines et les souffrances humaines l'arrosent, il [79] est vivifié et réconforté par le soleil de la joie et du bonheur. Grâce à ces expériences, grâce à cette rosée des afflictions, grâce encore au soleil de la joie, graduellement, génération après génération, siècle après siècle, et des milliers d'années durant, ce germe divin devient finalement un homme divin, ayant pleinement évolué les pouvoirs divins demeurés, jusqu'alors, latents.
Pour que cette longue évolution s'effectue, il est nécessaire que ce germe divin prenne contact avec la matière et que des voiles l'enveloppent successivement. Dans sa descente du ciel sur la terre, il attire autour de lui des agrégats d'une matière de plus en plus dense, empruntés aux régions qu'il traverse, et il prend de la sorte contact avec ce qui l'environne. Ce processus, seul, contribuera à lui faire acquérir des expériences déterminées, lui permettra de développer ses pouvoirs par l'intermédiaire desquels il fera de la matière dont il s'enrobe, une esclave et un instrument pendant le temps de sa manifestation.
Si au stade présent de l'évolution nous nous considérons les uns les autres, nous constatons que l'être spirituel que chacun de nous est, a déjà développé certains de ses pouvoirs, [80] tandis que certains autres ne sont pas encore en activité. Nous constatons en outre la présence des voiles de matière qui enrobent l'esprit en voie d'évolution ; ce ne sont plus des voiles sans contours définis, mais des corps plus ou moins bien organisés pour les desseins mêmes de la vie évoluante qu'ils renferment.
Sur notre plan physique, dans le monde auquel nous appartenons aujourd'hui, cette matière que le germe divin s'est ainsi appropriée est déjà hautement organisée ; elle est devenue l'esclave de l'intelligence de l'Esprit et cela dans une proportion relativement grande en ce qui concerne les êtres humains les plus avancés.
Avec le temps, se sont construits ces organes de connaissance que nous appelons les sens. Nous en possédons actuellement cinq, l'humanité ayant passé par cinq des grandes races que j'ai précédemment, lors de ma première conférence, comparées aux vagues de l'océan. Je vous ai dit, et vous pouvez vous le rappeler, que nous formions la cinquième de ces vagues et aussi la cinquième petite vague, l'une des subdivisions de la grande 5. Partant du point [81] atteint aujourd'hui par l'humanité pour nous reporter en arrière, et suivre, dans le passé, la croissance de l'homme, il nous sera possible de distinguer l'évolution de ces sens, depuis leur naissance jusqu'à l'acuité qu'ils possèdent maintenant ; et nous constaterons qu'à chaque grande race correspond le développement d'un sens.
Pour que vous ne soyez pas portés à supposer que ce que j'avance là, s'écarte du domaine de l'expérience, permettez-moi de vous rappeler l'existence d'un important et édifiant spécimen de la quatrième race qui précéda la nôtre, spécimen qu'on trouve aujourd'hui en Birmanie, dans l'Empire des Indes.
Le sens du gout fut, dans cette quatrième race, celui qui se développa graduellement pendant que le sens de l'odorat demeurait à l'arrière-plan, très rudimentaire et à peine formé.

5 Nous sommes donc, aujourd'hui, dans la 5e sous-race de la 5e grande Race-Mère (NDT).

Si maintenant vous allez chez les Birmans et vous informez de leur régime alimentaire, vous constaterez qu'un de leurs mets favoris est le poisson, non le poisson frais, fraichement retiré de l'eau, mais celui qu'on a pris depuis un certain temps et enterré dans le sol jusqu'à ce qu'il se soit décomposé ; alors seulement, on l'exhume [82] pour en faire un plat considéré comme le meilleur qu'on puisse avoir sur la table d'un Birman.
Cela suffit pour vous montrer que, dans cette quatrième race, le sens du gout diffère sensiblement du nôtre. Je dois cependant ne pas oublier cette exception : je crois que le sens du gout, chez beaucoup d'entre nous, aime encore à s'exercer sur certain gibier et venaison qu'on dit être : faisandés. Or, le poisson que mangent les Birmans est des plus faisandés ; si l'expression n'était pas tant soit peu grossière, on pourrait ajouter, pour appliquer aux choses leur véritable qualificatif, que ce poisson est pourri 6. Actuellement, aucun de nous ne saurait se contenter de cet aliment et y trouver quelque satisfaction car le sens de l'odorat est intimement lié à celui du gout et se trouve aujourd'hui développé en nous.
J'ai choisi cet exemple frappant, que j'ai eu l'occasion d'observer personnellement, afin de vous rendre plus intelligible ce que j'avance en disant qu'à chaque race correspond l'éclosion d'un sens, que celui qui le suit demeure [83] à l'état embryonnaire pour s'éveiller dans la race suivante, et y atteindre son plus haut point de perfection. Le nombre de nos sens nous indique donc à quel stade de l'évolution nous sommes.

6 Rotten. En anglais ce mot est considéré comme grossier (NDT).


LA RACE FUTURE


Les proverbes sont souvent vrais, et celui qui se rapporte à l'homme effrayé jusqu'à en perdre ses sept sens, quand ses semblables n'en possèdent que cinq, nous montre que cette antique croyance fut universellement connue, croyance d'après laquelle l'homme devra évoluer dans deux autres races, et que les sens complémentaires se développeront à mesure que les races se succèderont sur terre. C'est ainsi que dans la sixième race, dont je vous entretiendrai spécialement prochainement lorsque je parlerai de La race future, nous aurons à développer un nouveau sens à l'aide duquel le monde de l'au-delà sera pour nous aussi tangible que le monde physique nous l'est actuellement. C'est en effet cette forme particulière de vision que l'homme est appelé à acquérir désormais. À mesure que s'organisera plus parfaitement le corps astral immédiatement [84] supérieur au corps physique, se développera, pari passu, dans le cerveau physique, l'organe par lequel le monde voisin, l'astral, deviendra sensible à la conscience physique, ce qui étendra considérablement notre vision et nous rendra enfin visible ce qui maintenant, est invisible pour les yeux du plus grand nombre.
L'évolution de l'homme étant ainsi considérée, nous voyons que la conscience spirituelle, en se développant, se crée des corps de matière de mieux en mieux organisés. Chacun de nous subit cette double croissance : d'une part, celle de la conscience atteignant des états toujours de plus en plus élevés ; de l'autre, des corps dont la matière qui les compose devient de plus en plus subtile, des corps à l'aide desquels la conscience est susceptible de s'exprimer clairement et d'une manière définie ; il en résulte que chaque changement de conscience suscite une vibration dans la matière ; inversement, la conscience prend acte du moindre changement dans la matière. Il y a de la sorte deux évolutions parallèles étroitement liées l'une à l'autre : celle de l'Esprit et celle des corps, ceux-ci devenant de plus en plus sensibles. [85]
Les différences de degrés de sensibilité sont observables dans le système nerveux comme dans l'aspect extérieur du corps. Reportez-vous une fois de plus à la quatrième race ; étudiez son système nerveux et voyez s'il n'est pas entièrement différent de celui que nous possédons. Bien qu'il soit apparemment semblable au nôtre, que les différences qui existent entre sa distribution générale dans l'organisme d'une part, et le cerveau de l'autre, paraissent peu sensibles comparativement au nôtre, si nous poussions assez loin l'étude de l'organisation même de ce système, nous constaterions qu'un gouffre sépare le système nerveux de la quatrième race de celui de la cinquième.
Si vous désirez avoir encore une preuve du fait, voyez l'intense souffrance et toutes les blessures très graves qu'un Chinois est capable d'endurer, comparativement à ce que nous pouvons, nous, supporter. Notez qu'une lésion importante, sur le corps d'un Chinois, ne met pas la vie de celui-ci en danger ; il s'en remet très vite quand la même lésion nous tuerait par suite du choc nerveux qui en résulterait sur notre organisme. Il ne faut pas considérer ici la blessure en elle-même, – et la perte de sang peut être égale chez l'un et chez l'autre, – [86] mais l'homme de la cinquième race meurt d'un choc nerveux, là où un homme de la quatrième ; avec son système nerveux plus grossier, peut rapidement guérir et rétablir l'équilibre nerveux.
Vous pouvez en outre remarquer, dans votre sous-race teutonne, d'autres faits dont les caractéristiques sont celles de la grande race aryenne à laquelle appartiennent les peuples de l'Occident et de l'Inde. Il nous est en effet possible de constater, dans notre sous-race teutonne, l'étonnante augmentation des maladies nerveuses. Cette augmentation est beaucoup plus rapide de nos jours qu'à aucune autre période de l'histoire humaine. Trop grand commence à devenir l'effort demandé à notre système nerveux, car celui-ci évolue un peu plus vite que le monde extérieur qui réagit sur lui. Il en résulte que, pour éviter les troubles nerveux, il est nécessaire de commencer à corriger et à purifier votre façon de vivre, laissant loin derrière vous les passions grossières dont vous devez, au stade présent de l'évolution, dépasser les limitations dégradantes qu'elles imposent à l'individu.
Dans la sixième sous-race, qui déjà commence à poindre, le système nerveux sera plus [87] délicat encore, des organes des sens d'une extrême acuité apparaitront bientôt, chez les enfants, dans une proportion de plus en plus grande. Les organes actuels de nos sens verront peu à peu s'amplifier leur mode d'expression, puis viendra l'apparition de nouveaux organes, ceux qui décilleront à nos regards :


L'AUTRE CÔTÉ DE LA MORT.


C'est notre corps astral qui correspond à cet autre plan de l'univers, et notre système nerveux s'affinera pour que nous devenions aptes à explorer plus complètement ce monde voisin.
C'est là un point qu'il est indispensable de garder présent à l'esprit, car il se rapporte à l'une des portes dont je parlais au début.
Notre corps physique n'est pas le seul à croitre en sensibilité ; parallèlement à lui s'organise aussi celui qui lui est immédiatement supérieur et dont les pouvoirs se développent graduellement : c'est le corps d'après la mort destiné à remplacer, pour ainsi dire, celui dont nous sommes actuellement revêtus ; c'est le corps par l'intermédiaire duquel nous percevons l'émotion. [88]
En effet, lorsque nous passons dans l'au-delà, nous n'y allons pas sans vêtement ; nous rejetons l'habit grossier que nous appelons le corps physique, et nous conservons cet autre corps dont la matière interpénètre celle du corps de chair. Ce dernier appartient au monde de l'au-delà et son évolution atteint maintenant un degré tel, que, grâce à lui, il nous sera possible de l'utiliser bientôt pour l'acquisition de nouvelles expériences sur le plan astral.
Dans la prochaine race, ainsi que je m'efforcerai de vous le prouver plus complètement par la suite, ce corps s'organisera, se développera, jusqu'à devenir, comme notre corps physique, un parfait véhicule de conscience. Lorsque cette naissance et cette organisation seront terminées, de nouvelles portes s'ouvriront sur la Religion, sur la Science et les Arts.


I. — RELIGION


Considérons tout d'abord ce qui en résultera pour nous du côté de la Religion.
Le développement d'un état plus profond de conscience placera notre Moi, l'Esprit, en [89] contact plus direct avec les régions spirituelles de l'univers.
Je ne m'occupe pas ici de la matière subtile de ces mondes élevés, mais des réalités spirituelles inhérentes à la vie spirituelle.
La nature de Dieu, la conscience que l'on a de Sa présence partout ; le fait de reconnaitre Sa Vie comme la Vie animatrice de toutes choses, voilà ce qui deviendra de fondamentales réalités pour l'Esprit, plus évolué, de l'homme.
Je vous ai fait observer, en vous exposant l'impasse où se trouve engagée la Religion en ce qui touche l'idée de Dieu, que des montagnes d'arguments intellectuels ne conduiraient nullement à démontrer péremptoirement l'existence et la réalité de Dieu. Elles nous offriraient des probabilités, des séries d'évidences, mais aucune démonstration, aucune preuve. Quand une chose est une fois pour toutes démontrée, les discussions s'apaisent, nul ne songe plus à demander si le fait existe réellement. Or, nous avons bien jusqu'à présent discuté sur Dieu autant que nous pouvions le faire, mais nous n'avons pas acquis la connaissance spirituelle de Dieu, source éternelle de tout ce qui est. [90]
Comment atteindrons-nous cette connaissance ?
Nous ne l'atteindrons ni par de nouvelles spéculations intellectuelles, ni par la simple aspiration de la nature émotionnelle. Nous l'atteindrons par l'éclosion, dans l'homme, de cet Esprit, divin en essence et qui, de par sa divinité même, peut s'unir au divin qui lui est extérieur. Étant Dieu lui-même, il peut connaitre le Dieu dont il est une étincelle. Telle est L'ultime vérité de la Religion, communion de l'homme avec Dieu dans les profondeurs de l'Esprit humain.


L'ULTIME VÉRITÉ DE LA RELIGION


La Religion n'est qu'une aspiration vers Dieu, c'est la recherche du divin.
Cérémonies, rites, églises, Écritures, tout cela est purement externe et ne saurait jamais révéler Dieu à cet Esprit fait à l'image de Dieu. Seul, l'Esprit peut se connaitre ; seul, l'Esprit peut se trouver. Quand il cherche dans la matière, il ne peut qu'oser croire qu'il est : mais l'Esprit dépouillé de tout voile peut sentir le Seigneur sans voile ; par son identité de nature avec lui, il peut savoir que Dieu est, et qu'il est Dieu Lui-même. [91]
À mesure que cette vie spirituelle intérieure se reflètera dans les religions du monde, l'homme en viendra à comprendre et à croire cette parole du Christ : "Le Royaume des Cieux est en vous ?" À mesure que vous avancerez plus avant dans les profondeurs de votre être, vous trouverez enfin Dieu, vous acquerrez la conviction que Dieu est et doit être ; car, à ce moment, vous pourrez rejeter loin de vous tout ce qui n'est pas Lui jusqu'à ce que seul Il demeure, Lui, l'Unique Moi du monde. Vous pouvez mutiler votre corps, arracher vos membres ; vous demeurez. Vos émotions peuvent vous entrainer à une aveugle colère ; derrière vos émotions, vous demeurez. Votre intelligence peut s'affaiblir, sa faculté de raisonnement peut être inhibée ; derrière cette intelligence chancelante vous demeurez. Et si vous êtes disposés à passer dans le domaine des expériences spirituelles, à apaiser vos émotions, à calmer votre mental ; alors, dans le silence des émotions, dans la sérénité du mental, vous trouverez une conscience et une vie plus profondes, une individualité plus réelle. Pendant cette paix des émotions et cette tranquillité du mental, vous vous plongerez dans les régions profondes de l'Esprit ; et vous trouverez Dieu. [92]
Contemplant alors cette éternelle et puissante Vie, vous sentirez que vous la partagez, que vous en êtes une partie, que vous ne sauriez vivre séparés d'elle et, dans une effusion suprême, vous ne douterez jamais plus de la réalité du Divin, ayant dès lors découvert, en vous-mêmes, la présence de ce Divin.
Telle est l'ultime conviction que rien ne peut ébranler ; c'est une expérience que tout homme pourra faire ; grâce à elle, il envisagera le monde sous une tout autre face, c'est elle qui lui servira de base stable pour la Religion future ; elle sera le roc sur lequel une pure croyance peut seule être édifiée.


L'UNIQUE TÉMOIGNAGE DE L'EXISTENCE DE DIEU


Il est dit, avec juste raison, dans les anciennes Écritures de l'Inde, que L'UNIQUE TÉMOIGNAGE DE L'EXISTENCE DE DIEU n'existe que dans le témoignage du Moi. C'est sur ce rocher que la Religion s'élèvera, invincible devant l'attaque, imprenable à l'assaut. Aucune question de chronologie ne l'ébranlera, tout individu pouvant se rendre compte par lui-même de la vérité ; ni la critique, ni la lacération des Écritures n'auront raison d'elle [93] car, telle une plante vivace, elle se renouvèlera sans cesse dans la Vie de l'Esprit Éternel. Les églises, en s'écroulant, ne l'entraineront pas dans leur chute, puisque c'est en son nom que ces églises furent édifiées pour aider ceux qui la recherchaient ; rien de ce qui lui est extérieur ne pourra la souiller, car elle vivra dans le coeur de tout homme. Grâce à ces nouvelles expériences, la connaissance sera plus grande et la faculté d'assimilation plus développée ; l'amour s'étendra, la paix et les bénédictions descendront sur le monde. Tout peut disparaitre, mais Cela demeurera inchangeable ; puisque tout ce qui existe émane de Cela, toutes les choses éphémères peuvent disparaitre, peu importe ! La Source éternelle demeure.
Bien qu'elle soit la plus importante, ce n'est pas là la seule porte nouvelle qui s'entrouvre sur la religion.
Vous vous rappelez m'avoir entendue dire que, parallèlement au développement de la conscience, évoluait le corps physique dont l'organisation devenait plus délicate, si bien que l'éclosion de nouveaux sens, de nouveaux pouvoirs, a lieu dans le tabernacle physique à mesure que s'accomplit l'évolution de l'Esprit dans l'homme. Or, les sens qui sont en [94] connexion avec les mondes supérieurs, sont tour prêts à s'éveiller en vous. Au cas où vous me demanderiez pourquoi je vous l'affirme, ma réponse sera simple : si, prenant par exemple douze d'entre vous, je paralyse leurs sens physiques par ce que l'on appelle mesmérisme, – ou hypnotisme si vous préférez cette dernière appellation, – en sorte qu'ils ne puissent plus percevoir les choses, ni sentir, ni gouter, ou avoir physiquement conscience des objets extérieurs sous de pareilles conditions, dix sur douze d'entre vous verront se manifester leurs sens internes et seront capables de constater l'existence d'un autre monde plus subtil que le nôtre.


MÉDITATION


Si donc, vous admettez que, artificiellement, on puisse d'une façon analogue rendre un individu quelconque clairaudient ou clairvoyant, capable de sentir et de toucher des choses qui ne relèvent en rien du monde physique ; si vous vous apercevez qu'en apaisant le côté physique, ces sens rudimentaires deviennent susceptibles de se manifester, – limités dans une certaine mesure mais néanmoins en activité, – cela vous prouve clairement que l'homme est sur le point de développer plus complètement ces sens encore rudimentaires qui, pour [95] l'instant, ne se montrent que sous l'influence de certaines conditions artificiellement provoquées. Mais ils se montrent sous ces conditions et c'est là un fait ; s'ils n'existaient pas, ils ne signaleraient pas leur présence, si loin que vous poussiez l'inhibition des centres physiques. Ils sont donc là. Mais il arrive qu'au moment où les sens grossiers du corps physique sont en pleine activité, les fortes vibrations de ceux-ci éteignent les délicates vibrations des sens naissants et rudimentaires. Comme ils existent, partiellement développés, la grande majorité de ceux qui sont ici présents peut les manifester.
Non seulement cela est vrai, – et j'ai commencé par mentionner ce fait parce qu'il est désormais reconnu par la science, – mais ces sens peuvent être artificiellement stimulés sans le secours du mesmérisme qui, d'ailleurs, ne fournit qu'un banal moyen d'expérience. Celui que je vais vous indiquer implique, au contraire, une conscience ayant atteint un degré de développement tel, que l'existence de ce sens est dès lors reconnue comme réelle. Un entrainement spécial est alors délibérément entrepris pour hâter leur développement. Cet entrainement est celui qu'on désigne le plus souvent sous le nom de [96]MÉDITATION, et la méditation n'est autre chose que la concentration de la pensée. Quiconque est capable d'être attentif, de penser fermement, pendant un temps déterminé, à une seule et même chose, sans permettre au mental de vagabonder, est prêt pour la méditation. Sont prêts aussi pour la méditation, – bien qu'on puisse être amené à supposer le contraire, – ceux qui sont susceptibles d'être enthousiasmés par une idée haute et noble qui prend possession d'eux, ou les obsède, si vous préférez ce mot. Ainsi possédés, ils deviennent martyrs ou héros lorsqu'il s'agit de défendre l'idée qui leur est chère. Je n'entends pas prétendre que ce soit là le plus haut état d'être ; cela n'est pas. Il vaut mieux, certes, posséder une idée plutôt que de se voir possédé par elle ; le premier état est supérieur au second. Mais le fait de pouvoir être possédés par une idée indique que vous vous approchez des royaumes de l'idéal. Plus d'un homme, plus d'une femme, taxés de fanatiques parce qu'ils se dérobent à toute espèce de raison et préfèrent garder leur idéal, – si stupide qu'il puisse paraitre, – ces rêveurs du monde, ces utopistes, ces poètes qui aspirent à [97] L'ÂGE D'OR, ces hommes et ces femmes que le présent n'intéresse pas, – quelquefois à tort, – entrainés qu'ils sont par leur enthousiasme extrême pour l'idée qui les possède, tous ceux-là sont bien près d'acquérir le pouvoir de la concentration du mental. Ce pouvoir les aidera à maitriser leurs pensées et les conduira fort loin en avant jusqu'au degré suivant du développement humain.
C'est par la méditation que ces autres sens sont artificiellement éveillés, c'est-à-dire que vous hâtez le processus normal de l'évolution par la connaissance des lois de la pensée, utilisant celles-ci pour tel but que vous vous proposez d'atteindre.
La chose est artificielle ainsi que peut l'être le moyen employé par l'éleveur de bestiaux pour obtenir un produit déterminé ; l'éleveur utilise les lois de la nature qu'il juge propices à la réalisation de ses desseins ; négligeant celles qui pourraient lui nuire, il commence par se débarrasser de toutes les forces contraires pour pouvoir agir ensuite plus librement.
De même pour les lois du mental ; si vous les connaissez, si vous savez aussi à l'aide de [98] quelles lois la conscience évolue, vous pouvez alors les utiliser scientifiquement, pour développer en vous les pouvoirs supérieurs du mental, pour organiser votre corps subtil et faire de celui-ci un véhicule de conscience qui obéisse docilement et apaise votre soif de connaissance. Ce travail s'effectue déjà en vous tous ; de là les troubles nerveux dont vous souffrez ; mais si vous connaissez la loi, vous pourrez développer la délicatesse de votre système nerveux sans aucun préjudice pour votre santé, mais la chose exige une soumission à des règles, ce dont les gens se plaignent ; il faut dominer le corps physique, chose peu populaire dans la civilisation de notre temps, où le luxe et la recherche du confortable sont les objets principaux de nos efforts.
Voici ces règles. Il faut faire de son corps un instrument ; qu'il n'absorbe que ce que vous savez bon pour lui, qu'il s'abstienne de boire ce qui peut lui nuire, qu'il n'ait de sommeil que juste ce qui lui est nécessaire, ni trop, ni trop peu. Voilà comment vous arriverez au but que vous poursuivez : en faisant du corps votre serviteur et non votre maitre, ni même l'égal de l'esprit.
Tel est le régime à suivre, indispensable à ceux [99] qui désirent hâter l'évolution du corps astral et des sens plus parfaits que celui-ci possède.
Beaucoup parmi nous obtiennent déjà ce résultat, la nature les y poussant ; mais ils ne réussissent pas aussi rapidement pourtant que l'homme qui s'efforce d'aider cette nature.
Sur la côte occidentale de l'Amérique du Nord, en Californie, où les conditions électromagnétiques sont tout à fait spéciales, les enfants s'amusent à courir et à frotter leurs pieds sur un tapis. Ils se chargent ainsi d'électricité et cela de telle façon, qu'ils peuvent allumer le gaz d'un bec en y approchant le bout du doigt. C'est là une chose courante là-bas et, étant donné ces conditions électromagnétiques particulières, la tension du système nerveux est très grande ; il s'ensuit que les sens dont j'ai parlé sont, là, beaucoup plus communs qu'ils ne le sont dans notre lourde et peu électrique atmosphère.
Il arrivera cependant que tous en jouiront ; si, là-bas, les conditions naturelles y contribuent dans une certaine mesure, vous les obtiendrez ici, pour peu que vous vous décidiez à vous mettre délibérément à l'oeuvre et à travailler avec la nature, c'est-à-dire en suivant le courant de l'évolution. [100]
Que résultera-t-il maintenant de l'évolution de ces sens astraux ?


VOUS VERREZ VOS MORTS


Le monde voisin du nôtre vous sera ouvert ; un grand nombre de choses qui, actuellement, ne sont que pures questions de foi, appartiendront au contraire à une science courante journellement véritable. Dès lors, il ne sera plus nécessaire de disserter sur la persistance de la personnalité humaine de l'autre côté de la mort, car autour de vous, VOUS VERREZ VOS MORTS comme certains clairvoyants peuvent les voir à présent. La mort sera vraiment comme le passage d'une chambre à une autre dans la maison où nous vivons ; mieux encore, les murs mêmes de notre maison deviendront transparents et il n'y aura plus réellement de séparation. Le clergé pourra cesser de prêcher sur la vie après la mort, puisque chacun sera témoin de la réalité de son existence ; il ne sera plus nécessaire d'insister sur les effets qui, dans cette vie post mortem, sont les résultats de ce que nous avons semé ici-bas : en effet, chacun sera à même de voir ces résultats tout aussi bien que les voyants de nos jours ; il sera désormais [101] inutile d'affirmer que la mort ne sépare pas, car tous sauront que les êtres chers sont avec eux, qu'il est possible de les toucher, de les voir, de les entendre.
Ces phénomènes, dont le nombre va sans cesse croissant dans notre propre race, deviendront un privilège commun à tous à mesure que l'évolution se poursuivra. Aussi, beaucoup des enseignements secondaires de la religion seront-ils indéniables et vérifiables pour la grande majorité ; non seulement la question de la vie après la mort et ses conditions seront connues et vues, mais l'on appréciera aussi la valeur de la plupart des rites et cérémonies d'églises, toutes choses que le sceptique et le matérialiste de notre époque taxent avec pitié et mépris d'antiques superstitions.
La vie sacramentelle existe ; il y a un pont entre ce monde et le monde voisin. Les sacrements ont précisément pour but d'établir ce pont ; les Églises de toute grande religion les possèdent et ils ne sont pas exclusifs à l'Église chrétienne. Ce fait fut perdu de vue dans le Christianisme occidental par la faute de la Réformation. Celle-ci rejeta l'occultisme parce que l'on en avait abusé, et que la superstition laisse croire sans comprendre. Les grands [102] sacrements de l'Église n'en contiennent pas moins une force que, sans le sacrement, vous ne pouvez apprécier car ce dernier contribue à établir une communication réelle entre le spirituel et le matériel, il permet l'épanchement d'un afflux de vie spirituelle, chose visible aux yeux du voyant, bien qu'invisible aux adorateurs ordinaires qui fréquentent les églises.
C'est ainsi donc, que ces sens devenant l'apanage de tous, se justifieront graduellement toutes ces anciennes traditions. Les hommes sauront de nouveau qu'il existe, dans les offices de la religion que nous léguèrent des mains divines, une force puissante, une vie spirituelle des plus réelles. Certes, ils cessent de nous être utiles lorsque l'Esprit s'est élevé aux réalités supérieures du monde spirituel, mais combien rares sont ceux qui s'appliquent à les vivre dans leur vie journalière ! Les sacrements servent de traits d'union entre les mondes, et il est insensé de les rejeter aussi longtemps que vous n'aurez pas construit, en vous-mêmes, le pont qui relie le divin au terrestre.


LA SCIENCE OCCULTE


D'après ces aperçus, il vous est facile, à tous, de voir combien seront nombreuses les portes qui s'ouvriront sur la religion quand la [103] connaissance justifiera ce que l'humilité et la foi acceptèrent. La religion, sans cesser d'être spirituelle, deviendra rationnelle et scientifique, et vous vous rendrez compte que la science occulte
peut l'expliquer, peut défendre, logiquement et scientifiquement, la plupart de ses rites, de ses cérémonies et de ses enseignements, choses qui, pour l'instant, reposent sur l'autorité et la tradition.
Je n'ai pas le temps de m'étendre plus longuement sur ce sujet ; je vous ai indiqué ce sur quoi les portes s'entrouvrent tant au point de vue de l'évolution spirituelle vers des hauteurs suprêmes, qu'au point de vue de l'évolution des sens supérieurs qui, peu à peu, permettront à l'humanité d'apprendre à connaitre le monde voisin du nôtre.


II. — SCIENCE


Tournons-nous vers la science et voyons ce que les portes entrouvertes nous laissent [104] percevoir qui puisse intéresser notre science d'aujourd'hui.
Vous devez vous rappeler m'avoir entendue dire que la science était actuellement arrivée à un point d'acculement quant au point de vue des moyens d'observation ; qu'elle parait avoir atteint l'extrême limite en ce qui concerne la délicatesse de ses instruments.
Comment pourra-t-elle désormais poursuivre ses observations ?
À l'aide des mêmes sens dont je vous ai entretenus en vous parlant de la possibilité qu'ils donneront de vérifier les enseignements religieux.
En ce qui concerne la science, nous commencerons notre étude de ces sens à un degré inférieur à celui sur lequel nous nous étions placés pour la religion.
La science reconnait maintenant, pour notre monde physique de matière, les états solide, liquide et gazeux, plus l'état éthérique au-delà duquel une matière, probablement plus subtile, permettrait de supposer l'existence de plusieurs éthers, idée qui d'ailleurs fut suggérée par Sir William Crookes, dans la fameuse classification des modes vibratoires que le savant donna dans l'un de ses [105] discours, il y a quelques années. Pour l'instant, considérons comme hypothèse l'existence d'un éther que la science découvrira graduellement, et qui appartient à un domaine d'observation où la vision est supérieure.
En ce moment la science n'est pas même capable d'observer l'atome chimique, lequel est gazeux et ne dépasse pas le troisième état de matière. L'atome échappe à la vision par sa subtilité, sa petitesse, et cependant ce ne serait pas une chose bien difficile pour la plupart d'entre vous de développer la faculté de voir jusque-là, car il ne s'agit, somme toute, que de matière physique. Il n'est pas question ici d'étendre la vision au point de distinguer une autre matière comme celle du plan astral, il s'agit simplement de rendre plus perçante votre présente vision physique.
Je me demande combien parmi vous pourraient, à bord d'un navire, voir danser, dans l'atmosphère calme et pur, des myriades de points brillants. Je crois que beaucoup d'entre vous seraient susceptibles de les distinguer. Tentez l'expérience lorsqu'il vous arrivera d'être en mer ; asseyez-vous le dos au soleil, de façon à ne pas être éblouis ; fixez votre regard à une distance telle que vous savez pouvoir [106] distinguer clairement un objet quelconque sans effort ; faites converger vos rayons visuels en un point de l'espace situé à environ trois ou quatre mètres devant vous, à une distance enfin qui vous permette de concentrer vos regards sur un point, sans fatigue et surtout sans loucher, chose qui, à la longue, serait préjudiciable aux yeux.
Regardez sans effort à quelques mètres dans l'air, et demeurez tranquillement dans cette posture, les yeux fixés sur un point. Il est plus que probable que la plupart d'entre vous distingueront des quantités de petites bulles brillantes et dansant dans l'air comme des poussières dans un rayon de soleil. Je dois cependant vous mettre en garde contre le phénomène suivant : si, croyant fixer votre attention sur une de ces bulles ; vous la voyez glisser lentement hors de votre vue comme si elle s'évanouissait vers le coin de l'oeil ; c'est qu'alors une poussière quelconque, entrainée par l'humeur de l'oeil glisse vers les bords des paupières. Tout ce que vous verrez glisser ainsi hors de la vue ne sera rien d'extérieur et ne sera simplement qu'un phénomène à la surface de vos yeux. Si, par contre, vous voyez ces bulles danser légèrement dans tous les sens, absolument [107] comme des poussières dans le rayon de soleil que laisse passer le trou percé dans le volet d'une chambre noire, vous pouvez être certains alors que vous vous servez d'une vision supérieure à la vision ordinaire. Regardez ces bulles sans faire d'efforts, sans provoquer de tension dans les organes, mais avec la ferme volonté de voir (tous les organes des sens se développent sous l'influence de la volonté de l'Esprit, de l'âme qui est lumière), regardez avec la ferme volonté de voir plus complètement et, peu à peu, vous remarquerez que ces petites bulles peuvent s'arrêter à votre gré, que chacune d'elles reste suspendue dans l'espace, immobile. Dès lors vous possédez la vision éthérique et, en vous perfectionnant dans ce sens, vous ne tarderez pas à voir l'atome du chimiste. Cela est naturellement possible pour tout clairvoyant qui possède la véritable clairvoyance, c'est-à-dire celle qui ne résulte pas de vibrations incomprises, et extérieures à l'observateur qui les ressent.
Il y a deux ans, sous des conditions favorables, deux d'entre nous qui ont développé les différents modes supérieurs de vision, ont spécialement entrepris l'étude des atomes chimiques. Nous en avons examiné environ cinquante-six [108] que nous avons dessinés ; depuis nous avons observé tous ceux que la science connait. Leurs formes appartiennent à des classes déterminé et, quiconque les voit peut les reproduire par le dessin et peut, si cela lui plan, vérifier ce qu'il aura vu à l'aide des renseignements que nous avons donnés dans l'ouvrage publié sous le titre de Occult Chemistry. Vous trouverez là de nombreuses planches où figurent les formes des éléments chimiques, vous aurez des indications concernant la manière dont ceux-ci se transforment en formes de plus en plus délicates dans un éther de plus en plus subtil. Cela donnera probablement, à quelque chimiste, l'idée de tenter quelques expériences nouvelles, et notre ouvrage l'aidera sans doute dans les observations qu'il entreprendra en utilisant et en prenant pour des hypothèses ce qui, pour nous, sont des réalités. Il pourra dès lors suivre ces subtiles et décevantes particules de matière beaucoup plus loin qu'il n'a pu les suivre jusqu'à présent avec le secours de ses instruments. Une chose une fois faite, il est possible de la vérifier aussi souvent qu'on le désire ; les dessins en ayant été faits, il est facile pour d'autres de les voir et d'en vérifier les détails. D'après ce qui précède, s'ouvre donc une [109] nouvelle ère d'observations scientifiques par le développement, chez l'homme, d'instruments d'observation plus parfaits que ceux des laboratoires. C'est ainsi que, dans l'avenir, se poursuivront aussi les recherches de la physique. À mesure que ces sens deviendront plus communs, des investigations de plus en plus nombreuses pourront être faites, par des scientistes, dans les mondes subtils, sur le seuil desquels ils se trouvent aujourd'hui ; un jour enfin viendra où nous possèderons une chimie basée sur l'observation directe, une chimie qui nous conduira jusqu'à l'atome physique ultime et rendra possibles ces Rêves de l'Alchimiste.


RÊVES DE L'ALCHIMISTE


Ceux-ci sont en effet réalisables. Il suffit de combiner entre eux les atomes supérieurs aux atomes gazeux, combinaisons d'où résultent des agrégats déterminant les éléments désirés par le chimiste, celui-ci répétant dans son laboratoire les procédés de la nature elle-même. Voilà comment, en chimie, comme en électricité, de nouvelles facultés d'observation reculeront les limites de la science.


EN MÉDECINE


En médecine, il en sera de même. Déjà, dans une certaine [110] mesure, en Europe notamment, la médecine commence à bénéficier de la clairvoyance. Dans certaines cliniques de Paris, on est plus surpris de voir des docteurs s'enquérir d'un sujet qu'on hypnotise et qu'on réveille à demi jusqu'à ce qu'on obtienne ce qu'on nomme : l'état lucide ou "clairvoyance". On le conduit ensuite près d'un patient, et on le prie de décrire les conditions internes des organes du malade. Plus d'un diagnostic a été obtenu de la sorte. La tâche du médecin et celle du chirurgien se trouvent de la sorte énormément facilitées. En réalité, c'est voir à l'aide de ce que vous appelez : rayons Roentgen. L'oeil humain peut acquérir la faculté de voir par l'intermédiaire de ces rayons et vous n'aurez bientôt plus besoin de vos écrans et de tous vos appareils actuels, la vision directe devant avantageusement remplacer ces instruments imparfaits.
En parlant un jour de ces questions, je fis remarquer que les médecins n'avaient tout simplement donné qu'une nouvelle étiquette à une faculté depuis longtemps reconnue dans le passé par de nombreuses personnalités. Ils ne l'appellent pas : "clairvoyance", terme que j'emploie, ils l'appellent : "autoscopie interne". Après tout, le fait de changer le [111] nom d'une rose ne change pas son parfum. La clairvoyance est tout aussi utile en six syllabes qu'en trois ; la faculté demeure la même et l'on s'en sert d'ores et déjà clans les questions médicales. Cette méthode s'étendant, l'action des médicaments pouvant être observée, le médecin v oyant ce qu'il fait au lieu de procéder à l'aveuglette, la médecine deviendra ce qu'elle devrait être, c'est-à-dire : "l'art de guérir" ; au lieu des misérables pratiques de la vivisection, vous utiliserez la clairvoyance pour diriger le scalpel du chirurgien comme aussi pour indiquer les prescriptions du médecin.
Ce n'est pas là l'unique porte s'entrouvrant sur cet important domaine. Des médecins commencent en effet à s'apercevoir de l'énorme valeur du pouvoir de la pensée dans le traitement des maladies.


SCIENTISTES CHRÉTIENS


C'est dans cette voie que se sont engagés ceux que la science moderne, selon son habitude, a traités de charlatans, Scientistes chrétiens, "mental scientists", adeptes des cures par [112] la foi, la pensée, etc. Ce sont là des méthodes qui aboutiront à diriger la profession médicale vers des voies plus sures, vers des moyens de guérir moins dangereux que ceux actuellement employés. Certains médecins admettent maintenant que la confiance qu'ils inspirent double l'efficacité du médicament qu'ils prescrivent, ou que l'imagination joue un grand rôle dans la guérison des maladies.
Vous voyez donc ces méthodes adoptées peu à peu, dans maintes contrées, par les professionnels de la science médicale, et devenir de plus en plus scientifiques.
Quelle peut être la loi générale qui les régit ?
C'est que le mental crée ; le mental est l'unique grand pouvoir créateur dans l'univers : il est divin dans l'univers, humain chez l'homme. Le mental ayant la faculté de créer peut donc réparer ; là où il y a blessure ou trouble, le mental peut concentrer ses forces et guérir ; là où le corps souffre, le mental peut apporter le remède et renforcer l'action des médicaments conseillés par le médecin.
Il y a aujourd'hui, dans l'Église anglicane, des associations s'occupant de guérir, soit par la prière, par la concentration de la pensée, par l'huile bénite ou quelque fonction [113] sacramentelle, soit encore par la foi du malade, c'est-à-dire par une détermination du mental à travailler dans le sens voulu par le patient.
Il n'y a rien de nouveau dans tout cela, rien que n'ait connu le monde depuis des milliers d'années. Tout cela fut rejeté par la science qui se basait exclusivement sur des méthodes matérialistes, mais toutes ces questions reviennent à l'ordre du jour en même temps que la suprématie de l'esprit sur la matière s'affermit, en' même temps que la science commence à se rallier à cet important principe : la Vie seule fait évoluer la matière qu'elle façonne.
Si la médecine suit cette route et abandonne les cruelles tortures infligées aux animaux, elle arrivera certainement à guérir au lieu d'intoxiquer comme elle intoxique par trop fréquemment de nos jours.
De même encore en Psychologie.


PSYCHOLOGIE


Sur elle aussi de nouvelles portes s'entrouvrent. À mesure que s'organiseront ces corps subtils et supérieurs dont j'ai parlé au début [114] de cette conférence, ils nous mettront successivement en contact plus direct avec les différentes régions de l'univers au milieu desquelles nous vivons. Nous serons sensibles aux vibrations d'un monde dépassant de très loin notre globe physique, nous pénètrerons dans les hautes régions de la pensée et dans celles de l'Esprit pur.
À mesure que la conscience rendra ses véhicules plus plastiques, plus utiles, plus parfaits, moins denses, nous nous apercevrons que cette conscience peut étendre ses pouvoirs beaucoup plus loin que nous n'aurions osé l'espérer. Nous arriverons ainsi à constater que la conscience humaine, la nôtre, est semblable à une grande sphère qui effleurerait la surface de notre globe de matière. En pénétrant, petit à petit, un peu plus profondément dans la matière cérébrale qui devient ainsi plus sensible, mais dépassant toujours de beaucoup le côté physique, nous verrons que cette sphère, cette conscience, utilise la matière plus subtile, des plans supérieurs pour se construire un instrument plus parfait ; nous comprendrons enfin que tout grand génie n'est qu'une extension de cette conscience que nous possédons tous mais que nous ne sommes pas capables [115] de manifester dans la matière dense de notre cerveau.
Nous justifierons alors les paroles des prophètes, les dires des grands mystiques, tout ce qui provient enfin de l'extension de la conscience dans un monde plus vaste avec lequel nous entrerons en contact avant que la psychologie n'ait eu le temps de développer son programme de possibilités. En ces mondes : supérieurs l'homme gravira ses sommets toujours plus élevés, il en arrivera à se convaincre qu'il est cosmique et non planétaire, qu'il appartient à un vaste système et non pas seulement à un unique petit monde.
En suivant cette voie, parmi beaucoup d'autres, l'éveil d'autres sens ouvrira de nouvelles portes à la science, tout en lui découvrant des aperçus nouveaux.


III. — L'ART


Qu'adviendra-t-il de l'art ?
Ici encore, ces sens supérieurs contribueront à édifier un autre art, à venir offrir de nouveaux idéaux. Déjà des signes précurseurs, dans le monde, et principalement chez les [116] peintres, nous font entrevoir de nouveaux pouvoirs, une nouvelle splendeur de la couleur, de nouvelles fiançailles entre l'émotion et la couleur. Une nouvelle école de peintres se forme, en Angleterre, en Belgique et surtout en Hongrie. En regardant dernièrement des oeuvres d'artistes hongrois, je pus constater que leur façon de se servir de la couleur parait tendre vers les hautes émotions du mental, parait vouloir reproduire, en images d'une beauté et d'une splendeur nouvelles, les hautes pensées et les pures émotions provoquées principalement par les sentiments religieux. Il y avait notamment, à l'une des extrémités de la salle de notre Congrès international, un tableau qui, vu de l'autre extrémité, faisait croire à toute autre chose qu'à de simples couleurs sur une toile opaque. À une certaine distance, les couleurs semblaient être transparentes comme s'il y avait eu, derrière, un foyer lumineux qui, traversant le tableau, aurait donné des colorations semblant appartenir à un autre monde.
De semblables qualités se retrouvent presque dans les oeuvres que M. Mortimer Menpes exécuta au Japon. Je me souviens que, lors d'une de ses expositions, ceux qui regardaient [117] avaient peine à croire qu'il n'y avait pas une lumière cachée derrière la toile, tant étaient grandes la luminosité et la transparence des couleurs. Mais, après un entretien avec le grand coloriste, l'on s'apercevait qu'il voyait les couleurs d'une tout autre façon qu'on ne les voit habituellement. Je peux dire qu'il les voyait tout au moins autrement que moi-même avec ma vue normale et, lorsque je m'entretins avec lui, je reconnus, après m'être servie d'un mode supérieur de vision, qu'il voyait les couleurs astrales et non les couleurs physiques ; l'effort qu'il tenta pour les rapporter sur la toile produisit ces remarquables résultats que tous admiraient sans toutefois comprendre.


L'ART DE L'AVENIR


Il existe actuellement de nombreux artistes engagés dans cette voie ; outre de nouveaux jeux de couleurs, beaucoup recherchent de nouveaux idéaux qu'ils s'efforcent de vivre et d'exprimer. Vous trouverez, dans la plus moderne des écoles de peinture, un groupe d'artistes peu nombreux encore, mais promettant pour l'avenir, car ils cherchent de nouvelles formes de beauté, s'efforcent de traduire des visions d'un monde supérieur dont la matière est plus subtile et moins dense que la matière de notre monde ; ils commencent à emprunter, à l'idéal, de [118] grandes pensées qu'ils reproduisent encore imparfaitement en forme et en couleurs, mais dans lesquelles nous voyons déjà les prémices de
l'Art de l'Avenir.
Pour cet Art, les mondes supérieurs se dévoileront, une Nature plus grandiose se révèlera dans l'homme ; de nouvelles couleurs et de nouvelles possibilités dans le dessin seront découvertes, le génie humain se verra plus puissant, car un monde plus grand et des pouvoirs supérieurs se montreront au peintre.


LA MUSIQUE DE L'AVENIR


Nous verrons cela aussi pour la musique. Par ses harmonies plus subtiles, ses intervalles plus rapprochés, ses tendances aux quarts de tons, elle commence, de son côté, à indiquer les signes de l'art futur. Déjà plusieurs compositeurs se servent de ces intervalles pour leurs mélodies, musique étrange que l'oreille du public n'admet pas encore et qui soulève des discussions sans nombre, mais qui n'en sera pas moins la Musique de l'Avenir, lorsque d'autres sons et d'autres sonorités se [119] feront entendre à des oreilles plus délicatement organisées que les nôtres, lorsque la nouvelle race exigera, de ses compositeurs, des accords plus subtils que ceux qu'on employa jusqu'à présent.
Il y a encore beaucoup à trouver de ce côté ; l'âme l'a déjà compris, bien que l'Occidental ne prise guère le genre de musique auquel je vais faire allusion. Si vous allez aux Indes, vous trouverez d'étranges façons de comprendre la musique : il y a une musique pour le lever du soleil, une pour le plein midi, une pour le soir, une pour la nuit. La nature a ses harmonies, qui varient à toutes les heures du jour et de la nuit, harmonies qui correspondent à ses mystères ; on peut tenter de reproduire cette musique inaudible et la faire entendre à l'aide des instruments que l'homme possède. Le musicien indou ne vous jouerait jamais une mélodie du soir au lever du soleil, il vous dirait que c'est pécher contre la religion car, pour lui, toutes choses sont religieuses. Il s'agit ici d'une subtile harmonie entre l'homme et la Nature. Ce n'est donc pas sans raison, qu'au Congrès dont je parlais tout à l'heure, une dame russe (le Russe est très sensitif et la Russie est une jeune nation qui promet pour l'avenir), nous [120] entretint de ce qu'elle appelle "les sons colorés". Elle a appris à traduire en sons musicaux les couleurs du soleil levant, d'une forêt, etc. ; il lui est donc possible de reproduire des sons qui provoquent les mêmes émotions qu'on éprouverait devant le ciel d'un glorieux coucher de soleil, le mystère d'une forêt, les ombres délicates des arbres d'un bois ; c'est-à-dire que les émotions suscitées par la vue sont, dans ce cas, provoquées par l'ouïe, etc. Beaucoup de nouvelles possibilités se présentent par conséquent aussi de ce côté : nouvelles mélodies, sonorités et harmonies exquises !


UNE NOUVELLE RACE SURGIT


C'est ainsi que l'art évoluera, grâce encore aux organes de sens plus parfaits et plus subtils. Comme il suit la voie de l'émotion, il devancera même la science qui suit, elle, la voie de l'observation. C'est pourquoi le poète est facilement prophète et l'artiste facilement clairvoyant. Ces pouvoirs se multipliant et se perfectionnant, Une nouvelle Race surgit avec ces pouvoirs innés.
Vous pouvez dès lors songer à votre aise à [121] toutes les choses nouvelles que verront la Religion, la Science et l'Art.
Et croyez-vous que ce ne soit là qu'un rêve, qu'une chimère ! Avoir cette croyance c'est prédire, comme autrefois, la fin du monde, c'est prétendre que vous êtes les produits les plus parfaits que la Nature puisse enfanter.
Vous êtes loin devant les sauvages, pourquoi n'y aurait-il pas aussi des races qui dépassent de beaucoup la nôtre ? Non ! la Nature n'a pas dit son dernier mot ; elle qui, graduellement et lentement, a construit ce délicat mécanisme de l'oeil humain, depuis la simple cellule pigmentaire, peut certainement faire évoluer la vue davantage encore, jusqu'à des facultés supérieures de vision.
Tout suit l'évolution de l'Esprit et celle-ci n'a jamais de fin.
Si vous voyez aujourd'hui avec vos yeux, c'est parce que l'Esprit en vous a voulu voir ; en voulant, il crée l'organe et sa volonté se manifeste alors dans le monde extérieur. Ce même Esprit qui, dans le passé, vivait en vous, vit encore en vous aujourd'hui, c'est votre Moi intérieur ; ses pouvoirs ne se sont pas tous manifestés, son inspiration n'est pas tarie, il est encore, et sera toujours, l'architecte du corps [122] humain comme l'Esprit divin est l'Architecte de l'Univers ; il se revêt de formes de matière toujours de plus en plus parfaites, il gravit des états de conscience de plus en plus élevés ; il est éternel devant nous, et sa naissance se perd dans la Nuit des Temps.
Par le seul fait que nous avons progressé, nous progresserons encore ; puisque nous nous sommes élevés au-dessus de la poussière, nous monterons jusqu'aux lointaines étoiles, car l'Esprit de Dieu, en nous, ne connait pas de limites, pas plus celles du Temps que celles de l'Espace, et l'évolution future sera un million de fois plus grandiose que l'évolution qui nous a faits ce que nous sommes aujourd'hui.