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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944

LES BASES DU MONDE NOUVEAU 2 — LES DEVOIRS QUI NOUS INCOMBENT

LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

2 — LES DEVOIRS QUI NOUS INCOMBENT


2. Il est enjoint à tous de guérir les blessures causées par la guerre, d'aider à mettre sur pied la nouvelle civilisation, d'unir les êtres humains et foutes les créatures vivantes en une Fraternité universelle. Comment mènerons-nous à bien ces desseins supérieurs ?
Je considère que la Société théosophique sera appelée dans l'avenir à panser les blessures causées par cette terrible guerre fratricide. J'espère que, lorsque la guerre sera terminée, l'influence exercée par la Société dans les divers pays contribuera à rapprocher davantage les nations et je suis certaine qu'aucun Théosophe ne laissera pénétrer dans son coeur un sentiment de haine envers une nation quelle qu'elle soit. Souvenez-vous aussi que vous avez le devoir d'admettre la légitimité des idéaux qui inspirent les adversaires et que vous devez mettre tout le poids de votre pensée et de votre énergie au service de ceux de ces idéaux que nous devons toujours défendre : justice envers les petites nations, bonne foi publique, honneur public et observance des obligations contractées en vertu des traités internationaux. Notre devoir est d'agir ainsi parce que tout l'avenir du mondé dépend du fait que la parole donnée par une nation devienne une question d'honneur pour cette nation autant [40] qu'elle l'est pour un individu particulier. Les traités et les obligations internationaux ne prennent leur valeur véritable qu'en temps de guerre. C'est seulement lorsque les nations se combattent, que ces questions, et d'autres encore qui découlent de la guerre civilisée, deviennent d'actualité. Il serait inutile d'élaborer ces traités s'ils devaient être méconnus en temps de guerre et nous retomberions alors dans la barbarie. Je vous demanderai donc de vous souvenir de l'enseignement de la Bhagavad-Gîtâ ; de vous souvenir de ce que Shri Krishna a dit de la guerre ; de vous souvenir aussi que si l'on peut faire la guerre pour défendre un idéal ou pour accomplir un devoir, l'homme ne doit cependant abriter en lui aucun sentiment de haine, de vengeance ou d'antagonisme envers l'ennemi en tant que tel, mais uniquement envers les principes que l'ennemi peut incarner en période de guerre : "En combattant ainsi, vous ne commettrez pas de péché." Et c'est à tous les membres de la Société théosophique qu'il revient de démontrer que l'amour peut rester pur et sincère même au milieu du massacre et de la misère. De cette façon, nous pouvons accomplir à la fois notre devoir envers nos pays respectifs et notre devoir envers l'Humanité (34).


AIDEZ AUTRUI !


C'est de vous et de vos semblables que dépend l'avenir de notre monde ; cet avenir dont vous verrez le premier stade et dans lequel vos enfants et vos petits-enfants pourront moissonner une grande partie de la récolte issue des semailles d'aujourd'hui.
Nous, moi et des millions de nos semblables devons [41] essayer de déterminer quelles sont les fondations indispensables à l'édification d'une civilisation durable. Nous n'avons le choix qu'entre une construction solide ou un déclin rapide. Il n'y a pas d'état intermédiaire (23).
Il n'est pas question pour l'instant de politique de parti ou de luttes partisanes. Ce que nous préparons, c'est le moule dans lequel devront être coulées les nations qui feront partie de la nouvelle civilisation et c'est au façonnage de ces moules que nous devons participer… La Société théosophique est appelée à prendre part à cette puissante création mondiale, à répandre ses idéaux sur le plan mental et à leur donner une forme matérielle utilisable pour la nouvelle civilisation. Je vous demande, mes Frères, de vous atteler avec moi à cette grande tâche… Vous paierez ainsi de retour, dans la mesure de vos moyens, les tendres soins dont nous ont comblés nos Frères ainés au cours des quarante dernières années, en Les aidant dans Leur OEuvre (35).
… Le devoir des Théosophes, à l'heure actuelle, est de jouer un rôle – adapté à la sphère particulière et aux aptitudes intellectuelles et morales de chacun –, en premier lieu dans le développement de leur propre pays et, en second lieu, dans celui de tous les autres pays, pris dans leur ensemble. Ils aideront ainsi l'Humanité à passer la dangereuse période de transition actuelle, qui est comme une mer tumultueuse et agitée que, seule, la barque des Principes est en mesure de traverser en devançant la tempête. Si nous ne pouvons réaliser cela, je ne vois pas à quoi auront servi les études que nous avons faites pendant des années… si nous n'avons rien appris de cette Sagesse que nous faisons profession d'enseigner, je crains alors que nous ne soyons des serviteurs bien inutiles et [42] que nous n'ayons failli dans l'accomplissement du but pour lequel il nous a été donné d'étudier cette sagesse divine (36).
… Il convient que le serviteur théosophe comprenne qu'il doit, à notre époque, aider autrui sans attendre d'aide pour lui-même. En temps normal, celui qui aide autrui est souvent aidé lui-même : des paroles
d'encouragement, des pensées réconfortantes lui parviennent et ses ainés en ce monde, de même que ses Frères invisibles, le guident, le consolent, l'instruisent et l'aident de cent façons. Combien d'appuis, d'enseignements, d'encouragements de ce genre n'avons-nous pas tous reçus ? Mais les temps ont changé ; nous voici plongés dans le Maëlstrom d'un grand conflit et la guerre, qui fait du monde entier un immense champ de bataille, n'est, sur notre monde inférieur, que le reflet de la grande "Guerre dans le Ciel" que se livrent les Seigneurs de la Lumière et les Seigneurs des Ténèbres : les premiers, pour élever l'Humanité, les seconds, pour l'avilir. Leur énergie se déverse sur la Terre par le canal d'êtres humains. Des hommes et des femmes, rendus aptes à ce rôle par la vie qu'ils ont menée, deviennent les canaux par lesquels les forces qui hâtent l'évolution et celles qui la retardent atteignent la Terre. Chaque Théosophe devrait être le canal par lequel les forces intégrantes des Maitres parviendraient aux nations. Chaque Théosophe devrait se placer au milieu du courant de ces forces et les laisser couler abondamment à travers lui pour fortifier et protéger le monde.
… Si chacun des membres de la Société théosophique se destinait délibérément à servir de canal aux forces du Droit, de la Justice, de la Foi et de la Protection des faibles, une immense impulsion en serait donnée aux armées qui combattent pour la civilisation, pour [43] le sauvetage de tout ce qui a été gagné par la civilisation au cours du dernier millénaire…


L'ÉLABORATION DES PLANS POUR L'AVENIR


Tous les Théosophes suffisamment éclairés pour comprendre la nature de la lutte dans laquelle le monde est engagé, verront dans cette guerre le feu purificateur qui purge la cinquième sous-race de ses pires éléments et qui la prépare au prochain pas en avant de l'évolution. Tous les penchants à la discorde qui ont caractérisé cette sous-race, l'esprit de rivalité, l'oppression des faibles par les forts dans chaque pays et l'exploitation des peuples faibles ; la lutte entre le Travail et le Capital, la législation de classes, l'utilisation des forces acquises par la civilisation à des fins diaboliques de destruction et non à la tâche divine d'élévation de l'Humanité, – tout cela doit être brulé par le feu de la souffrance qui dévaste le monde. Le sacrifice des soldats, des marins, des médecins, des infirmières ; celui des ouvriers qui maintiennent la production tandis que leurs frères combattent, tout cela constitue l'apprentissage des peuples dans la voie d'une civilisation plus noble (37).
Nous pouvons, dans la mesure de nos humbles moyens, être aussi des constructeurs et nous pouvons aider à trouver la solution de bien des problèmes qui se posent autour de nous ; théoriquement pour l'instant, pratiquement "après la guerre". Ceux qui veulent remettre la discussion de ces problèmes à l'époque qui se trouvera être aussi celle de la reconstruction, font preuve de peu de sagesse. C'est justement l'époque actuelle qui permet d'établir des plans, de les esquisser et d'en faire la synthèse. D'aucuns seraient enclins [44] à laisser ces questions en suspens sous prétexte qu'elles seraient génératrices de "litiges" et de "controverses". Mais les périodes où nous n'avons pas la possibilité d'agir sont justement celles où il nous est loisible d'élaborer des plans et de les discuter. Le fait même d'admettre que l'époque de réalisation de ces plans n'est pas encore venue devrait suffire à éliminer les sentiments d'hostilité et à établir clairement que ce que nous formulons concerne seulement l'avenir. Les gens sages, en Grande-Bretagne, aux colonies, aux Indes, tournent leurs pensées vers la reconstruction ; et ils savent bien qu'avant de poser les pierres d'un édifice, il faut en avoir dressé les plans. La période actuelle nous donne le temps de nous livrer à de mures réflexions. La période agitée de l'action viendra ultérieurement (38).


COMMENT FORMER LA SOCIÉTÉ


… Cette guerre n'est pas seulement une guerre entre nations ; elle est aussi une guerre d'idéologies. La place de tout Théosophe est aux côtés du Droit et de l'Honneur ; il est tenu de soutenir le caractère sacré des traités et d'assurer la protection des faibles. La seule issue possible de cette guerre est le triomphe du Droit sur l'Injustice. Si l'Injustice pouvait triompher, le monde entier entrerait dans une ère d'affreuses souffrances. La civilisation européenne périrait, comme ont péri celles de Babylone, d'Égypte et de Rome. L'Europe tomberait en ruines sous le talon des nouveaux Barbares. Cela ne sera pas (39)…
Et c'est parce que ceux qui se nomment Théosophes ont étudié pendant de longues années… les questions profondes qu'implique tout changement extérieur dans [45] la civilisation, que je crois qu'une responsabilité vous incombe, Frères Théosophes : celle de participer à la tâche de former l'opinion publique en vue des changements futurs qui se produiront dans la vie nationale. Tous les citoyens portent une lourde responsabilité, mais la vôtre est particulièrement lourde parce que vous avez plus de savoir ; et plus l'on a de savoir, plus les devoirs et les responsabilités sont grands.
Nous avons besoin, dans ce vaste domaine, de connaitre les idées qui émanent de toutes les classes de la société afin que tous les intérêts puissent être pris en considération et afin, surtout, qu'une vie réellement humaine puisse être assurée à tous les enfants nés dans ce Commonwealth futur. Car tel est le droit de l'enfant. Un entourage choisi, une instruction complète, une éducation chique adaptée à son origine, tels sont les éléments que l'enfant est en droit d'attendre de ses ainés et ses ainés ont le devoir de façonner la société de telle sorte que l'Union internationale des Nations Libres dans le grand Commonwealth futur puisse les lui donner (23).
Il faut essayer d'aider les gens là où ils sont et non là où vous êtes.
La chose essentielle est le bien du peuple et il ne sert à rien de parler de la fraternité humaine si vous n'êtes pas décidé à aider celui de vos frères qui se trouve près de vous. Il faut mettre la Théosophie en pratique. C'est à cela que vous devez servir. Je crois qu'il sera bon, lorsque vous étudierez soigneusement votre rayon d'action, de déterminer les mouvements qui s'y manifestent déjà afin d'éviter le risque de double emploi. Entrez dans ces mouvements et inculquez leur un sens théosophique ; les résultats de cette méthode sont plus efficaces. Ne créez pas vos mouvements autonomes… Essayez de déceler dans votre entourage [46] la qualité qui manque le plus et faites l'apport de cette qualité. Je vous demande instamment de ne pas restreindre votre Théosophie à l'enseignement de certaines doctrines. La Théosophie est une force dans la vie. Il vous faut la suivre.


INTÉRESSEZ-VOUS À LA POLITIQUE


J'apprends que quelques-uns des meilleurs d'entre nous se tiennent à l'écart de la politique. Ils disent que c'est là une besogne fort sale et qu'ils ne veulent pas s'en mêler. Eh bien, occupez-vous de la politique et faites-en une chose propre. La politique est la vie d'un pays. Comment un pays peut-il rester grand si ses meilleurs éléments ne prennent pas part à cette vie ? Votre grande république n'a pas le droit de rester à l'écart des troubles que traverse, disons, l'Europe, ou toute autre partie du monde. Est-ce parce que cela impliquerait des ennuis ? Je ne connais pas très bien la doctrine de Monroë mais je pense qu'elle signifie qu'il faut se tenir éloigné du monde. Ne vous tenez pas en dehors de lui (15).
Le chemin que doit suivre le Théosophe me semble donc clair : c'est celui du sacrifice et de l'effort constants pour arracher ses frères à la pauvreté, à la misère, aux maux de toute sorte. Ce devoir est une lumière qui brille dans l'obscurité qui nous environne et qui sait si ce fanal, fidèlement suivi, ne sera pas le précurseur du Jour parfait (29) ?
Un Théosophe doit être autant citoyen du monde qu'il l'est de son propre pays ; il doit aimer toutes les autres nations et essayer de les rapprocher entre elles ; il doit les considérer avec respect et tenter de développer le sentiment de l'amitié qui, seul, est à même de [47] faire disparaitre les différences de races ; il doit préconiser la paix intérieure et extérieure : à l'intérieur, en rapprochant les communautés de façon qu'elles arrivent à former un tout ; à l'extérieur, en essayant de réunir les nations en une Fraternité, de façon qu'il ne puisse plus y avoir de guerre et que le monde soit exempt des malheurs qui l'accablent aujourd'hui (28).
L'unité fondamentale de l'espèce humaine est la vérité centrale de la race future ; les nations qui, les premières, comprendront et mettront en pratique cette haute conception se placeront en tête dans l'avenir et l'Humanité se rangera derrière elles. Ceux qui l'ont compris, ceux qui l'enseignent, peuvent échouer pour le moment, mais cet échec même est la semence d'où germera le succès certain.
C'est à nous, Théosophes, qui tenons pour vérité l'unité spirituelle du genre humain, qu'il incombe de mettre nos croyances en pratique en enseignant la Paix, la Fraternité, l'Union des classes, l'élimination des sentiments d'antipathie, l'acceptation des devoirs mutuels. C'est aux plus forts d'entre nous qu'il revient de rendre les meilleurs services, aux plus sages de fournir les enseignements les plus élevés. Que notre volonté à tous soit d'apprendre et de partager. Nous hâterons ainsi l'aube d'un jour meilleur et nous préparerons la terre à recevoir la race à venir (40).

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