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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES LOIS FONDAMENTALES DE LA THÉOSOPHIE Par Annie BESANT - 1910

I — LA PENSÉE ÉDIFIE LE CARACTÈRE

I — LA PENSÉE ÉDIFIE LE CARACTÈRE


Cette assertion est prouvée, soit par les nombreux témoignages du passé, exposée qu'elle se trouve être, très clairement, dans les Écritures sacrées du monde, soit par l'expérience individuelle. Cette dernière preuve est de beaucoup la plus évidente, car elle est personnelle et rien ne peut l'ébranler.
Les témoignages du passé sont très affirmatifs ; c'est ainsi qu'il est dit, dans les Chandogyopanishad :
"L'homme est créé par la pensée, l'homme devient ce à quoi il pense."
Le sage roi d'Israël s'exprime absolument de la même façon :
"Un homme est ce qu'il pense." [146]
On retrouve dans la Bhagavad-Gita une idée analogue :
"L'homme est ce qu'est sa foi."


Cinq mille ans plus tard, vous vous le rappelez sans doute, le professeur Bain émet la même théorie en disant que la conduite d'un individu dépend des croyances qu'il professe. Je pourrais citer nombre de passages se rattachant à cette même idée ; tous vous montreraient que les grandes Écritures de toutes les grandes religions sont d'accord sur ce point. On trouve d'ailleurs cette théorie exposée partout.
Or, s'il s'agit réellement d'une loi de nature, celle-ci peut être vérifiée. Toute théorie vraie émanée d'une loi de nature est vérifiable par l'expérience individuelle, et c'est le cas pour celle qui nous occupe. Si vous voulez vous convaincre que le caractère dépend de la pensée, essayez de mettre en pratique la méthode qui est très simple et qui démontre l'évidence du fait en un temps relativement court. J'insiste sur ces mots, relativement court, sachant que de nos jours les gens sont dans une hâte perpétuelle. Mais rappelez-vous que l'on ne peut acquérir de connaissances individuelles que par une longue patience, [147] que par des efforts persévérants. Supposez que vous veuillez vous rendre compte qu'il est possible, par la pensée, d'ajouter une qualité au caractère ou de supprimer un vice, l'égoïsme par exemple, ou tout autre défaut. Supposons tout d'abord que vous possédiez un caractère irritable ; ce n'est pas un crime, c'est une faiblesse commune à bien des gens. Dès l'instant où vous aurez reconnu ce défaut, n'y pensez plus, car s'il est vrai que la pensée construit le caractère, penser à un défaut, c'est le vivifier, c'est le développer ; penser à votre irritabilité serait vous rendre plus irritable encore et fortifierait cette faiblesse peu enviable. Pensez donc à la qualité contraire, à la patience ; méditez chaque matin cinq minutes sur la patience ; ne le faites pas une fois seulement pour rester quatre ou cinq jours sans méditer et recommencer ensuite. L'irrégularité détruit le travail déjà fait et vous serez un peu comme le soldat qui marque le pas sans avancer. Attelez-vous régulièrement au travail, c'est là une condition toute scientifique. Méditez donc chaque matin cinq minutes sur la patience ; faites-le comme bon vous semblera, variez si vous le voulez votre façon d'y penser, cela importe peu, l'essentiel, c'est que vous y pensiez. Il existe une excellente méthode qui consiste à [148] vous imaginer que vous êtes patient, que vous êtes un parfait exemple de la vertu que vous cherchez à développer en vous. Pensez alors aux personnes les plus agressives que vous connaissiez et que vous rencontrez souvent : imaginez-vous qu'elles vous provoquent ainsi qu'elles ont l'habitude de le faire quand elles se trouvent en votre présence ; figurez-vous qu'elles s'acharnent après vous, mais que vous vous montrez patient et inébranlable devant leurs attaques. Il ne doit y avoir dans votre pensée aucune tendance à vous irriter ; quelles que soient les provocations auxquelles vous êtes en butte, vous devez, dans cette image mentale, montrer une patience à toute épreuve. Adoptez cette méthode, en la variant, tous les matins pendant une semaine et vous serez tout surpris de constater que la patience devient chez vous presque automatique et sans effort dans votre vie journalière. Cela indique que votre méditation du matin est fructueuse. Vous avez créé dans votre mental une tendance à la patience ; tout d'abord vous n'y penserez qu'après un léger accès de mauvaise humeur et vous vous direz : "Oh, j'aurais dû être patient !" Mais persistez jusqu'à ce que l'idée de patience se présente à l'esprit en même temps que la provocation, et, alors, vous ferez un effort de [149] volonté dans ce sens ; continuez encore jusqu'à ce que l'idée de patience se présente à vous avant la Provocation et celle-ci n'aura plus aucune prise sur vous du fait que vous aurez pris l'habitude mentale qui vous aura rendu automatiquement patient.
Continuez et continuez toujours jusqu'à ce que, au bout de quelques mois (le laps de temps dépend de l'intensité de votre méditation), jusqu'à ce que vous puissiez constater enfin que la patience fait partie intégrante de votre caractère, que désormais vous n'êtes plus porté à vous irriter, en présence des petites vexations de la vie. Je sais que tout cela est vrai, car je l'ai expérimenté moi-même ; j'étais autrefois d'un caractère très impatient et je suis aujourd'hui une personne très patiente. Essayez cette méthode et, lorsque vous aurez reconnu l'évidence de la loi, vous aurez acquis une certitude, vous saurez qu'il est vrai que la pensée construit le caractère.
Nous pouvons de cette manière arriver à éliminer défaut après défaut, pour y substituer les qualités correspondantes. Vous pouvez faire votre caractère aussi surement qu'un maçon élève un mur, brique par brique. Voilà en quoi on obtient la certitude que ces lois naturelles s'exercent dans le monde [150] mental comme dans le monde physique. Vous deviendrez ce à quoi vous pensez. Si vous voulez faire cette simple expérience, et si, convaincus de l'importance de la question, vous voulez bien consentir à y sacrifier cinq minutes chaque jour pendant quelques mois, vous vous apercevrez que vous avez acquis le pouvoir de faire votre caractère ; dès lors, en ce qui concerne celui-ci, vous êtes devenu son maitre, et votre succès complet n'est plus qu'une question de temps et d'effort soutenu.
Cette méthode ne vaut-elle pas mieux que de soupirer toute votre vie en disant : "Oh, comme je voudrais être bon !" et continuer à répéter chaque jour les mêmes fautes et les mêmes sottises ? Il n'est pas de moyen plus sûr ; le pouvoir de la pensée est le pouvoir créateur par excellence ; Dieu par la pensée a créé le monde. Nos petits mondes à nous, c'est la pensée humaine qui les a créés. Aucun autre pouvoir créateur n'existe dans l'univers ; si les hommes connaissaient et utilisaient ce pouvoir, leur évolution serait beaucoup plus rapide qu'elle ne l'est. [151]

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